i'm falling to pieces (leonard)

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Leonard Sherwood

T’ouvres les yeux sur une lumière aveuglante. Tu piges que dalle à ce qu’il se passe. Ton corps te fait mal, ta tête tourne. Tu lèves automatiquement l’un de tes bras pour venir le porter à ton crâne et tu repères quelque chose d’inhabituel. Dans ton bras, une aiguille s’est plantée afin de t’alimenter grâce à une perfusion qui est à côté de toi. Tu râles en essayant de te redresser et c’est à ce moment-là qu’une infirmière entre dans ta chambre. « Oh vous êtes réveillé monsieur Miller, je vais prévenir les médecins. » T’as plus de force, tu te laisses tomber comme une merde sur ce lit raide. Tu entends la porte claquer et ça te fait atrocement mal au crâne. Tu essaies alors de suivre le tuyau qui est relié à ton bras. Tu plisses les yeux en essayant de comprendre ce que tu fous accrocher à cette putain de perfusion. Pour l’instant c’est encore le gros black-out dans ta tête. Bordel, qu’est-ce que tu fous à l’hôpital ? Il faut que tu te lèves, que tu marches vers la fenêtre pour voir où tu es. Quel jour on est ? Tu as perdu la notion du temps. Dans quelle ville ? Tes repères dans l’espace sont devenus incertains. Tu souffles en fermant longuement les yeux, faut que tu respires, que t’essaies de te souvenir. Hier t’étais en compagnie de Leonard, tu picolais sans vergogne, comme d’habitude en fait. T’avais bien rigolé avec lui, c’était ce qu’il te fallait après cette journée de merde que tu venais de passer. T’avais passé l’après-midi en compagnie d’Iris et elle t’avait appris avec ses yeux larmoyants qu’elle avait perdu son père, que celui-ci s’était fait écraser par un connard il y a environ un an. Ton cœur avait cessé de battre sur le coup. Tu ne pouvais pas le croire, tu ne pensais pas que ce genre de situation aurait pu être possible. Pourtant voilà, la fille que tu avais eue devant toi était bel et bien la fille du mec que tu avais percuté. Tout ça te revient peu à peu en mémoire mais ta concentration perd peu à peu de son intensité au fur et à mesure que les minutes passent. Tu te revois juste accuser le coup et rejoindre l’un de tes bars préférés pour picoler comme un trou en compagnie de Léonard. Après… plus rien, le trou noir total. C’est le moment de t’intéresser à ton corps, de regarder ce qui ne va pas, ce pour quoi t’est là. Tu arrives à bouger tes membres avec certes une once de difficulté mais tu n’as l’air d’avoir rien de casser. En même temps t’es dur à la douleur, avec tout ce que tu t’es mangé dans ta misérable vie, t’es devenu plus que résistant. Chacun de tes os a cassé au moins une fois et les gens sont toujours étonnés de voir le nombre de cicatrices que tu peux avoir sur le corps. On pourrait écrire un putain de bouquin style dictionnaire si tu devais détailler chacune d’entre elles. Soudain, la porte se fait à nouveau entendre, tu vas peut-être avoir les réponses à toutes tes questions.

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Jekyll Miller

Vous savez cette impression que quelque chose cloche, que quelque chose a mal tourné, la sensation étrange d'une boule au ventre, d'une angoisse sans nom qui vous bloque les tripes. Il s'était réveillé avec cette sensation. Ce petit sentiment d'urgence, comme si il avait laissé la cuisinière ouverte, comme si il avait oublié d'éteindre un feu important. Cette sensation ; il ne l'avait pas ressentie depuis plus d'un an. Il éluda les dernières circonstances de ce genre de sentiment, mais il n'arriva pas à se sentir mieux.

Dès qu'il avait ouvert l’œil, il avait senti ce malaise, et ça n'avait rien à voir avec la soirée qu'il venait de passer. Non, c'était autre chose. Il avait hésité à appeler pour dire qu'il était malade, mais il s'était raviser à la dernière minutes. Il enclenche sa routine en essayant de faire taire le malaise, de l'enterrer, après tout, si il avait fait quelque chose de reprochable, on lui remettrait sans doute sur le nez. Il garde les paupières closes, tentant de se souvenir d'un petit détail qui pourrait expliquer pourquoi il sens tout à l'envers. Pour une fois, il n'avait pas trop bu. Il avait su arrêter. Lorsqu'il était seul, la tentation était plus forte, mais dès qu'il se trouvait en présence des plus jeunes, il se modérait comme il le pouvait. Surtout si Andie était dans le coin. Il devait être un exemple, ou du moins, un support lucide. Hadès et Jekyll, c'était la même chose. Il avait beau se sentir près d'eux, au final, c'était lui le vieux qui devait veiller sur eux.

Mais quelque chose n'allait pas. Il se souvient avoir quitter le White Horse avec Jekyll. Il arrivait souvent qu'ils erraient dans les rues jusqu'à l'aube, mais ils s'étaient quittés plus tôt que ça. Les lampadaires étaient toujours allumés et le ciel toujours d'encre lorsqu'il avait franchi la porte de son appartement. Il tente d'avaler ce sentiment et se prépare pour le boulot tandis que son alarme sonne pour une quatrième fois. Lorsqu'il regarde l'écran de son téléphone, aucun nouveau message ne vient accrocher son attention. Si quelque chose de grave s'était produit, on l'aurait appeler, non?

La journée se déroule sans anicroche jusqu'à ce qu'on le sollicite pour une opération d'urgence. Il accepte, évidemment, se prépare, glisse un livret de mots croisés de poche dans sa blouse, puis se rend au bloc opératoire, poussant même l'audace jusqu'à siffloter, comme si rien d'anormal ne trottait dans sa tête.

Mais lorsqu'il prend place au bout de la table et se rend compte de qui s'y trouve, il fige. Jekyll. Il foutait quoi devant lui, dans cet état? Il s'était passer quoi bordel? Il tremble, il a envie d'un verre mais il essai de faire comme si de rien était. On le remarque troublé, il répond avec impatience qu'il a oublier de prendre son petit déjeuner. Le plus minutieusement possible, il administre la dose d’anesthésiant afin que l'opération puisse se dérouler. Derrière son masque, il essai de ne pas régurgiter les derniers relents d'alcool qu'il a dans l'estomac. Il a l'impression d'y avoir passer des heures, et lorsqu'il est enfin libéré à la toute fin, il quitte rapidement le bloc pour aller se siffler une gorgée de whisky dans un placard.

Il ne se souvient de rien. Quand il l'avait quitté, il semblait bien aller. Il se trompait ; il était ivre, n'importe quoi aurait pu arriver au gamin. C'était sa faute. La panique s'empare de son corps, de ses pensées et il reste dans le placard jusqu'à ce que quelqu'un finisse par l'ouvrir, le découvrant avec stupeur. "Mauvaise salle." Il sort en trombe, erre dans l'hôpital, s'absente dans les salles de bain où il s'asperge le visage d'eau, puis décide de prendre le chemin de la chambre de Jekyll. Quel putain de bordel.

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Leonard Sherwood

Tu souffles, dépité par toute cette situation. Tu détestes les hôpitaux, tu t’en tiens éloigné le plus possible. La dernière fois où tu as foutu les pieds dans un endroit pareil c’était lorsque tu as eu ton accident sur un entraînement. Tu as trop tiré sur la corde, t’as voulu tester les limites de ton nouveau véhicule et sans trop savoir pourquoi, ton corps a mal réagi et tu t’es craché. Tu as eu une jambe bien abîmée mais tu n’as pas suivi les conseils des médecins, t’en a fait qu’à ta tête et tu t’en es bien tiré. L’avant-dernière fois que tu as été à l’hôpital c’est quand ton père t’avait tellement écarté la gueule que tu avais terminée dans le coma durant plusieurs jours. D’après ton paternel, c'était une mauvaise chute en skate dans un escalier, bah oui son fils était un casse-cou. Ridicule, encore aujourd’hui tu te demandes comment des professionnels de la santé ont pu croire à une histoire si stupide. En attendant, te revoilà dans un lit d’hôpital dur comme le sol, à attendre qu’un médecin veuille bien se pointer car l’infirmière à déserter. Tu n’as même pas d’assurance, de mutuelle et ce genre de connerie, comment tu vas payer encore toutes ces merdes ? Certes tu as encore du fric mais tu ne croules plus vraiment sous l’or et les dépenses et crédits commencent à s’entasser, la plupart d’entre eux concernant de l’alcool ou diverses drogues que tu te fous dans le nez. Tu soupires alors que t’entend la porte s’ouvrir mais la personne ne daigne pas entrer. Tu te fis à ton instinct, tu vois un bout de blouse dépasser alors que tu plisses les yeux. « Léonard, fais pas ton timide, je sais que c’est toi alors ferme cette porte et ramène ton cul. » Après tout qui ça pourrait être ? Ton médecin aurait rué dans les brancards, une infirmière serait rentrée sans l’ombre d’un doute et tu doutes franchement que Charlie soit au courant que tu sois ici, il ne reste donc plus que Léonard. Tu tentes alors de croiser les bras mais un rictus s’affiche sur ton visage, cette foutue aiguille t’emmerde. Tu laisses approcher ton pote et tu lui demandes « Tu veux me dire ce que j’fous ici bordel ? » T’as un trou noir énorme à la place de tes souvenirs, comme si ta carte mémoire avait été effacée. Tu plantes ton regard dans le sien avant de regarder à nouveau tes bras et la perfusion qui trône sur l’un. Tu vois son regard légèrement fuyant, tu étais avec lui hier, c’est tout ce dont tu te souviens, une bonne soirée alcoolisée. « Et puis merde, c’est quoi ce truc ? » T’as envie de l’arracher. Sur toutes les raclées que tu as prises dans ta vie, tu n’as jamais terminé à l’hôpital. En même temps il ne valait mieux pas car sinon tu aurais été retiré à tes parents, ta sœur également. Toi tu te foutais si cette situation venait à s’envenimer mais tu n’aurais jamais laissé ta mère déchirée par sa séparation avec ta sœur, la pauvre en bouffait déjà tellement à longueur de journée. Toi t’aurais probablement fini en foyer, t’aurais fugué, ton destin aurait peut-être été tout autre.

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Jekyll Miller

Il ne sait pas pourquoi il lui est tant difficile de franchir cette porte. Il se sent coupable. Pourtant il n’était pas responsable de ce qui lui était arrivé après qu’ils se soient quittés. Mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir cette boule au ventre ; il était quand même responsable de la quantité d’alcool qu’il avait ingéré. C’est sa voix qui le force à dévoiler sa présence ; il était réveillé c’était bon signe. Il avance en refermant derrière lui, l’air inquiet. “J’allais te poser la même question.” Il ne savait pas du tout ce qu’il foutait là ; il savait qu’il lui arrivait d’être assez sanguin et de se battre, mais au point de se faire perforer, là, c’était un autre niveau.

Il le sent perturber mais aussi énervé, pourtant il n’y a même pas quelques heures il était endormi sur la table d’opération, devant lui. Il avait fait mine de ne pas le connaître quand on lui avait demandé pourquoi il le dévisageait. C’était surtout de le voir couvert de sang qui lui avait retourné le cœur. Il savait qu’il était hautement intoxiqué grâce à ses analyses de sang, et il avait dû adapter la dose d'anesthésiant pour être certain qu’il ne se réveille pas en plein milieu de l’opération. Leon s’approche de lui et regarde la poche qui est reliée à son bras. “C’est des calmants, j’te conseille de ne pas l’enlever si tu ne veux pas souffrir.” Puis il se retourne vers lui, regardant son état. “Je suis désolé, je n’aurais pas dû te laisser rentrer seul.” Après, Leon savait très bien qu’en dehors de l’alcool consommé en sa présence, Jekyll s’envoyait autre chose. Mais il ne faisait semblant de ne pas remarquer, ça ne le regardait pas. Il était là pour s’amuser, tout comme lorsqu’il se trouvait avec Hadès, ou Neo. Ce n’était pas à lui de jouer les gardiens, même si pour le coup, il regrettait de ne pas l’avoir fait. “Apparemment tu t’es débrouillé pour t’empaler sur quelque chose. Ou quelqu’un t’as planté. Les médecins n’en savent pas plus. “ Il regarde autour de lui rapidement, puis s’assied sur le lit de Jekyll. “D’ailleurs, ils sont venus t’expliquer la chirurgie?” Il n’en avait pas l’impression vu comment son ami semblait dans le néant.

Sur le coup, il avait vachement envie de sortir des mots croisés pour se détendre, mais il resta les bras croisés à le regarder. À partir de maintenant, il savait qu’il devrait ajuster son comportement vis-à-vis de Jekyll. Il le savait destructeur, mais il ne voulait pas participer à son auto-destruction. Il avait déjà la sienne à gérer.

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Leonard Sherwood

Tu souffles, apparemment ton pote de beuverie n’en sait pas plus à sujet de ta présence ici. C’est étrange, tu as beau toujours boire jusqu’à plus soif, tu as beau de foutre des trucs dans le nez jusqu’à perdre la raison et fumer comme un pompier jusqu’au bout de la nuit, tu n’as rarement pour ne pas dire jamais de trou noir. Or là il te manque une partie de la soirée. D’un côté tu es plutôt satisfait car ne soyons pas dupes, si tu te fourres autant de merde dans le corps c’est dans l’espoir d’oublier certaines choses. Mais de l’autre tu es déçu puisque après tout tu ne sais pas comment tu es arrivé à un tel résultat et visiblement ce n’est pas Léonard qui va t’illuminer à ce sujet. Tu le vois alors s’approcher, te parler des calmants, tu prends alors une mine boudeuse et tu acceptes sans broncher, gamin terrible tu ne dis jamais non à des trucs capables de te soulage, si seulement ils pouvaient faire la même chose avec ta conscience… « Barf, j’ai encore mes deux bras et mes deux jambes donc j’considère que ça va. J’ai connu pire. » Et honnêtement tu sais au fond de toi que ce n’est pas la dernière fois que tu vas te retrouver à l’hôpital. Entre les accidents liés à ton métier et tout ce que tu as vécu lorsque tu étais petit. Tu soulèves un instant la couette pour constater que tout est en ordre sauf le grand bandage qui te recouvre une bonne partie du buste. Léonard peut certainement voir que tu en as bavé, après tout tu as des cicatrices partout, des coupures, des cercles de cigarettes que ton père venait écraser sur ton corps dans le but de les éteindre. Tu as recouvert certaines cicatrices un peu trop moches par des tatouages mais tu en as bien trop sur le corps pour toutes les cacher. Tu as appris à vivre avec, elles ne t’atteignent plus mais tu sais que les regards se font parfois curieux lorsque tu viens à te déshabiller. Tu fronces les sourcils, tu refuses de croire que quelqu’un t’a empalé, tu es plutôt doué au combat même dans un état second. Mais d’un autre côté t’empaler seul… Tu as le choix entre la version peste et la version choléra. « Nope, il y avait juste une jolie infirmière à mon réveil mais visiblement je lui ai fait un effet monstre puisqu’elle est partie chercher les médecins. Ils m’ont trifouillé les entrailles ? » Après tout Léonard va être capable de t’expliquer ce qu’ils ont foutus de ton corps.

 

“ i'm falling to pieces. ”
@Jekyll Miller

Il savait que Jekyll n’avait pas la vie la plus douce, mais il ne pensait pas voir autant de cicatrices recouvrir son corps. Il foutait quoi, sérieusement ? Leonard pensait avoir des tendances à l’autodestruction mais là c’était un tout autre niveau. Il profite du moment qu’il soulève les couvertures pour examiner le bandage qui semble bien en place. Il avait encore quelques heures avant le prochain changement. “C’est rien de très majeur. C’est ta rate qui a pris le plus gros coup. Le reste, ce sont des ecchymoses. Du coup ils ont réussie à te remettre à peu près en état, mais tu devras faire attention pendant une semaine ou deux, pas de mouvement brusque, etc. Et évite de mélanger l’alcool et les calmants tu veux?” Il sait très bien que Jekyll ne fera pas attention, mais il tente quand même de le convaincre en le regardant sérieusement. Il se sent toujours coupable de l’avoir laissé à lui-même. Mais c’était ça à chaque fois. Il rentrait rarement directement avec lui. Il se passe une main sur le visage, c’était quand la dernière fois qu’il avait passer du temps avec lui sans être complètement défoncé? Sans doute jamais. Il pensait sans doute ce genre de chose parce qu’il n’était pas ivre pour une fois, mais ce n’était pas prudent. Il devait être une sorte d’exemple...Mais si il commençait à le sermonner, il savait très bien que Jekyll cesserait de vouloir traîner avec lui.

“T’as quelqu’un pour s’occuper de toi à la maison?” Il se doutait de la réponse mais il préférait demander. “J’pourrais venir changer tes bandages si jamais.” Il croyait sincèrement qu’il n’accepterait pas, c’était son genre, mais il se pointerait quand même pour être certain qu’il n’y ait pas d’infection. “Et j’imagine que tu n’as pas d’assurance…” Il se mettait à penser comme un adulte. Comme un vieux trop sérieux. Il ne se reconnaissait pas, mais être sur son lieu de travail avait tendance à le rendre un peu plus mature, même si il aimait bien aller emmerder ses collègues parfois.