this is going to be awkward. (Lily)

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Ça faisait des jours qu'il attendait qu'arrive enfin ce week-end là, et pour une très bonne raison. En effet, accompagné de Lily il allait se rendre à Londres pour assister à une convention. De quoi le remplir d'excitation car en général, ces réunions là étaient rares au cours de l'année, et surtout, il ne pouvait pas se rendre à chacune d'entre elle avec son boulot. Mais pour celle-ci, il avait pris les devants vu que c'était l'une des plus grandes et avait posé son week-end, avec l'accord de son boss. Il avait du l'amadouer un peu en jouant le Chat Potté, arguant qu'il ne demandait jamais rien en temps normal mais de le voir si empressé pour quelque chose l'avait fait sourire et elle lui avait même concédé un jour de plus. De quoi pouvoir récupérer après les deux jours intenses qu'ils allaient passer dans la capitale. Car au programme, il y aurait de quoi faire pour nos deux geeks. Entre les stands d'exposant où une bonne partie de son budget pour l'occasion allait sans doute disparaître, les sessions de questions-réponses avec certaines célébrités présentes et les séances d'autographe, sans compter évidemment les concours de cosplay et les rencontres faites avec les autres fans qui seraient présents eux aussi, oui clairement, un jour pour pouvoir se remettre ne serait pas de trop pour lui.

Puis ça lui faisait plaisir que Lily l'accompagne. C'était un peu une seconde petite sœur pour lui, elle aussi geek et nerd comme lui et Tilly, avec qui le courant été passé sans aucun problème, vu qu'ils avaient pas mal de points communs en plus. Notamment celui d'adorer les animaux et de se porter volontaire au refuge depuis des années. D'ailleurs pendant que la demoiselle se remettait à l'hôpital, c'est en grande partie Reed qui s'était occupé de sortir son chien quand elle ne pouvait plus le faire. Comme leurs deux propriétaires, les deux chiens étaient de vrais nounours, toujours à chercher les papouilles et à vouloir jouer sans arrêt. De quoi faire continuer à circuler l'idée que les animaux prenaient après leurs maîtres. Ça leur changerait les idées à tous les deux ce petit week-end à geeker sans se soucier du regard des gens, ce qui à Donwell n'était pas nouveau certes, mais pouvoir partager sa passion c'était aussi ce qui rendait les conventions si importantes pour n'importe quel geek qui se respecte. C'est donc en fin de soirée vendredi qu'ils étaient arrivés à Londres, s'installant dans une petite chambre dans un hôtel situé non loin du centre qui accueillerait la convention le lendemain. Une fois leur costume sortis et accrochés pour gagner du temps le matin, ils discutèrent de ce qu'ils voulaient absolument faire, échangeant aussi sur leurs derniers visionnages de séries avant de sombrer dans le sommeil sans qu'ils ne s'en aperçoivent, la fatigue du voyage et l'heure avancée ayant raison d'eux au final.

Nous étions à présent dimanche après-midi, les deux jours de convention ont tenus leurs promesses et Lily et Reed en avaient pris plein les yeux. On avait même pris la jeune femme en photo, il faut dire que son costume de Daenerys était vraiment bien réalisé et qu'elle avait un air de ressemblance avec l'actrice de la série qui aidait à vendre l'illusion encore plus. Lui avait fait dans la simplicité cette fois-ci, par manque de temps surtout, mais il aimait son costume, qui lui allait bien car comme Lee Pace, il était plutôt grand donc ça rendait bien. Car oui, Reed était déguisé en Red Bandit cette fois-ci. Et c'est toujours vêtus de leurs costumes qu'ils venaient de quitter la convention, prenant le métro pour aller regagner leur chambre à l'hôtel avant de repartir sur Donwell d'ici quelques heures. Sauf que, si en temps normal, chacun s'en serait tenu à s'occuper de sa petite vie durant le trajet, comme ça se passait d'habitude, là ça commençait à poser problème, parce qu'ils se retrouvaient coincés entre deux stations. La rame devant eux avait un soucis technique apparemment. « Il a fallu que ça tombe sur nous alors qu'on est encore en costume. » dit-il à Lily à voix basse, malgré tout amusé par la situation, s'imaginant ce que la même scène aurait pu être s'ils se trouvaient à Donwell plutôt.

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Reed & Lily

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Ce week end, Lily l’avait attendu de pied ferme, avec autant d’excitation que de crainte. C’était la première fois depuis son accident qu’elle se rendait à un tel événement, et elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Peur que son corps la lâche, peur de ne pas pouvoir tenir plus de cinq minutes debout, peur de se sentir complètement perdue. Ce qui la rassurait, c’était la présente de Reed. Là où tout en elle semblait lui échapper, imprévisible, parfois violent, il y avait quelques piliers sur lesquels elle ne pouvait s’empêcher de s’appuyer, et Reed en faisait partie. Ca l’avait aidée à se convaincre d’y aller, se jeter dans le bain, sortir du cercle entre chez elle et l’hôpital. La question du costume s’était évidemment posée, une question qui l’avait toujours mise dans une excitation enfantine. Elle ne comptait plus les heures qu’elle avait passées à choisir un costume qui soit à la fois impressionnant et pas trop compliqué à faire, ses talents de couturière étant assez limités. Mais cette fois-ci, elle s’était bien rendue compte que les choses risquaient de ne pas aller comme elle le souhaitait. Elle eut beau essayer, impossible de faire une couture droite. C’était comme si ça ne s’alignait pas correctement dans sa tête. Elle ne comprenait pas. Et elle avait renoncé, dépitée, désespérée même. C’était comme si à chaque fois, on lui rappelait tout ce qu’elle ne pourrait plus être, plus faire. Les choses si simples accessibles au commun des mortels étaient devenues des épreuves de force. En désespoir de cause elle avait fouillé dans ses placards et déniché ce costume de Daenerys Targaryen, qu’elle avait réalisé quelques années auparavant. Une robe bleue reprise de l’un des épisodes. Le décolleté était si profond qu’elle ne s’était jamais décidée à la porter, sans parler du dos pratiquement dénudé.

Jusqu’à ce week end. Peut-être qu’elle avait besoin de se sentir forte, confiante, mieux dans son propre corps. Quoiqu’il en soit, elle avait mis le paquet sur ce costume, de la perruque, aux accessoires, en passant par les lentilles de contact colorées. C’était une manière pour elle de rentrer à nouveau dans le jeu, à fond, d’essayer de se retrouver, et surtout d’affronter ses craintes et le stress qui avait pris naissance dans son ventre, jusqu’à atteindre son paroxysme au moment du départ. Mais peu à peu, ses craintes s’envolèrent et elle se laissa aller au plaisir du week end. Partager ses passions avec Reed, discuter avec lui sans fin de leurs envies pour la convention, des séries et films qu’ils avaient regardés de tel ou tel personnage qu’ils préféraient. Et le week end s’était poursuivi sur cette lancée. Bien sûr, il avait fallu faire des ajustements. Elle était souvent obligée de s’asseoir, elle devait noter ses questions avant de les poser lors des conférences pour être certaine qu’elle n’aurait pas de blanc en plein milieu de sa phrase. Elle n’avait pu s’empêcher de se regarder plusieurs fois pour vérifier que ses cicatrices ne se voyaient pas, surtout celles qu’elle trouvait les plus laides.

Deux jours plus tard, leur week end prenait fin et elle se rendait compte avec joie que pour la première fois depuis longtemps, elle s’était réellement amusée. Elle avait beaucoup ri, et même pleuré devant une projection qui l’avait émue. Elle s’affala dans le siège du métro, les jambes fatiguées par cette aventure et chargé d’un sac rempli de plusieurs souvenirs. Comme d’habitude elle ne s’était pas changée sur place, et Reed non plus. De toute façon, leurs affaires étaient à l’hôtel, ils auraient juste à reprendre leur apparence normale et à repartie pour Donwell. Elle sourit à son compagnon de route, prête à s’exclamer à quel point elle avait apprécié ce week end, quand la rame du métro s’arrêta. Aux paroles de Reed, elle jeta un oeil autre d’eux et s’aperçut que la plupart des passagers présents les fixait. « Je crois que tout le monde nous regarde. Peut-être qu’ils s’attendent à ce qu’on leur fasse un numéro de théâtre ou de danse ? » lui glissa-t-elle avec un léger rire. C’était quand même un peu gênant et elle ne put s’empêcher de croiser ses bras au niveau de sa poitrine. « J’aurais peut-être dû prendre un tee shirt. » L’annonce su métro lui répondit que la panne risquait malheureusement de durer un peu plus longtemps que prévu en remerciant bien sûr les passagers pour leur patience. C’était bien leur veine !

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En outre sa passion pour la pâtisserie, que leur fils soit un geek était un autre point de friction au sein de la famille, enfin ça l'avait été pendant un moment car comme pour bon nombre de personnes, ils ne comprenaient tout simplement quel pouvait être l'attrait de se déguiser en dehors d'Halloween ou d'une soirée à thème. Combien de fois il avait tenté de leur faire comprendre que ça n'était pas juste une question d'enfiler un costume ou de le créer soi-même. C'était tellement plus que ça. Faire partie d'une communauté mondiale (ok, pas toujours forcément très positive mais comme pour tout, il y avait du bon et du mauvais dedans), partager avec d'autres personnes autour d'un intérêt commun, la possibilité de conserver une part d'enfance à soi sans être jugé, et j'en passe. Sans compter la créativité que cela révélait chez certains, que ça soit par des dessins ou les costumes. Certains étaient même mieux fait que les originaux parfois. Mais comme toujours, vu leur propre éducation bien plus stricte et conventionnelle, ce genre de choses échappaient à ses parents mais Reed avait au moins la chance d'avoir autour de lui plusieurs personnes qui le comprenaient et même qui partageaient sa vision des choses. Lily en faisait partie bien évidemment et ça prouvait bien que tout ça n'était pas juste du vent, que ça rapprochait bel et bien les gens. Mais pas question de penser à ses parents ce week-end, pas le moment de gâcher ce moment qu'il attendait avec impatience depuis qu'ils avaient discuté de la convention avec la jeune femme.

Il avait fait un peu le forcing avec elle d'ailleurs, pour la convaincre d'y aller avec lui. Il se doutait qu'avec ce qu'elle venait d'endurer, ça n'était pas forcément quelque chose avec quoi elle serait très à l'aise mais il se doutait que s'il y avait quelque chose qui pouvait la motiver à quitter son chez elle durablement, c'était une convention avec une telle brochette de stars présentes et l'opportunité de dilapider leurs maigres économies en nouvelles figurines et autres produits dérivés qu'ils collectionnaient tous les deux. Et ça avait fonctionné. Les réservations avaient été faites dans la foulée, les pass achetés pour s'assurer d'avoir accès à tout ce qu'ils voudraient voir sur place et le jour J était enfin arrivé. Le plan des lieux en main à leur entrée, ils avaient rapidement décidé un plan d'attaque, histoire d'optimiser leur temps sur place, qu'ils puissent être sûrs de voir et faire le maximum. Surtout qu'ils ne seraient pas les seuls à vouloir avoir leurs quelques minutes avec les invités de la convention, vu que l'événement rassemblait plusieurs milliers de personnes, rappelons-le. Oui, ça serait sportif, mais il ne comptait pas la lâcher des yeux, l'intimant de se reposer dès qu'il sentait qu'elle en avait besoin. Heureusement pour eux, pour ce qui était de trouver une chaise ou de quoi s'assoir c'était simple, vu que quasiment partout dans les halls ou couloirs du centre, les chaises s'alignaient précisément parce que l'attente était souvent longue pour les visiteurs. Mais comme dit le dicton, quand on aime, on ne compte pas et tout bon geek qui se respecte savait à quoi s'attendre de ce côté là en convention.

Nos deux comparses se retrouvaient à présent sur le chemin du retour, le temps ayant défilé bien trop vite à leur goût mais cette petite parenthèse loin de Donwell leur avait fait beaucoup de bien à tous les deux, ça il n'en doutait pas. Ils avaient ri, souvent, parfois même jusqu'à en pleurer et fait quelques rencontres aussi. De quoi redonner le sourire à Lily et ça, il en était content, vu que c'était mine de rien aussi le but de cette petite virée dans la capitale même s'il ne lui avait pas dit. Mais ils n'étaient peut-être pas au bout de leur peine malgré tout, vu que leur métro se retrouvait coincé entre deux stations à présent. Pas de chance, surtout pour eux qui devenaient rapidement le centre d'attention des autres usagers. « J'sais pas pour toi, mais je danse comme un pied et pour ce qui est du théâtre, la seule réplique que j'ai retenu de MacBeth c'est 'to be or not to be' alors on ira pas bien loin. » répliqua-t-il tout en apercevant une vieille dame au regard réprobateur un peu plus loin. « Tu veux ma veste? » lui proposa-t-il en la voyant soudainement très consciente que les autres pouvaient se rincer l'oeil de façon patentée maintenant qu'ils étaient à l'arrêt. N'attendant pas sa réponse, il la déposa sur ses épaules et jeta un regard noir à un type qui essayait d'ores et déjà de tenter sa chance. « Petit con. » maugréa-t-il dans sa barbe doucement.

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Reed & Lily

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Lily avait toujours beaucoup investi d’elle-même dans son travail où elle ne comptait pas ses heures, dans les divers bénévolats qu’elle avait pu faire au cours de sa vie. Et ça lui plaisait, c’était ce qu’elle aimait, là où elle se sentait à sa place. L’univers de la pop culture était peut-être l’un des seuls loisirs qu’elle avait eus, une sorte d’échappatoire. Elle avait toujours été fascinée par ça, par le fait de pouvoir se déguiser comme quand elle était enfant, partir en convention et se retrouver au milieu de tas de gens comme elle, avec les mêmes centres d’intérêts, qui pouvaient très certainement passer pour des illuminés auprès du commun des mortels. Elle savait que de nombreuses personnes de son entourage avaient du mal à comprendre ces intérêts jugés puérils, à commencer par sa famille, mais elle ne cherchait plus vraiment à les convaincre. Les choses avaient un peu changé depuis son accident. Elle tentait de retrouver ses marques, ce qu’elle avait aimé. Mais ce qui lui avait semblé si naturel ne l’était plus à présent. Ca lui avait fait du bien, le temps d’un week end, d’avoir l’impression de se retrouver, surtout de pouvoir partager ces moments avec lui. Même ce trajet en métro. Elle réalisa que c’était la première fois qu’elle quittait Donwell depuis son accident, sans compter bien sûr Brighton où se trouvait l’hôpital. Et elle avait réussi. Elle avait survécu à ce week end, qui apparemment n’était pas terminé vu qu’ils étaient présentement bloqués.

« Tu te sous-estimes, ce n’est pas toi qui me récitait par coeur des répliques du Seigneur des Anneaux ? » lui lança-t-elle avec un sourire en coin. « Dommage, je suis sûre qu’on aurait fait sensation. » Elle pouvait voir que les passagers s’interrogeaient. Elle pouvait voir également que son propre costume attirait le genre de regard qu’elle ne souhaitait pas vraiment. Elle avait oublié comment pouvait être Londres et accepta avec reconnaissance la proposition de Reed. « Je veux bien, merci ». Elle enfila sa veste bien trop grande pour elle et couvrit le haut de sa tenue et se sentit déjà un peu mieux. Elle était également soulagée de ne pas être toute seule pour ce trajet. Elle se sentit agacée de devoir agir ainsi juste pour être tranquille. Elle pouvait sentir la boule de colère s’agiter dans le creux de son ventre, mais l’ignora. Elle se tourna vers le jeune homme avec un sourire, plaçant sa main sur la sienne en signe de reconnaissance. « Merci de m’avoir poussée à venir. J’ai vraiment passé un bon moment. » Elle se sentait soulagée que les choses se soient dans l’ensemble plutôt bien passées. Ca lui donnait comme un espoir quant à l’avenir. Elle était infirmière, elle savait que plus le temps passait, plus les séquelles physiques qui persistaient avaient des chances de subsister. Mais elle ne voulait pas admettre que tout ça risquait d’être permanent. Pas encore. Ce week end lui donnait l’espoir que ce ne serait peut-être pas le cas. Que tout allait pouvoir redevenir exactement comme avant, si elle était suffisamment patiente.

Il avait toujours été là pour elle, et avoir cette constante dans sa vie lui était d’un grand réconfort, c’est pour cette raison qu’elle eut envie de lui parler un peu plus à coeur ouvert. « Je ne te l’ai pas dit, mais il y avait une autre raison pour laquelle j’hésitais à venir… » Elle s’interrompit, voyant du coin de l’oeil qu’un type se rapprochait d’elle. Ca faisait déjà quelques minutes qu’elle sentait qu’il essayait d’attirer son attention. Elle sentit la boule de colère grandir, grandir, jusqu’à exploser. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se contrôler. D’un coup, elle fit volte face et le foudroya du regard. « QUOI ? T’as jamais vu une femme peut-être ?? » L’homme la regarda, stupéfait, avant de marmonner quelque chose entre ses dents et d’aller s’asseoir plus loin. Si certains passagers ne les regardaient pas encore auparavant, c’était maintenant chose faite. Lily se replaça correctement sur son siège, absolument mortifiée. A chaque fois que ça arrivait, c’était comme si quelque chose prenait possession d’elle. Elle savait que c’était quelque chose dans sa tête, elle ne croyait pas un instant au surnaturel, mais c’était un peu l’effet que ça lui faisait à chaque fois. Elle se tourna vers Reed les yeux écarquillés, ne sachant pas tellement si elle devait se mettre à rire ou à pleurer.

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On pouvait en dire autant au sujet de Reed à vrai dire. Certes il n'avait pas suivi les traces de ses parents dans l'armée, mais il aimait malgré tout aider les autres, simplement il le faisait de façon différente et sûrement pas aussi conventionnellement qu'on le pensait. Son boulot c'était sa vie, pour ainsi dire, il y passait la journée, mais bien plus quand on y pense puisqu'il cuisinait aussi chez lui quand il essayait de concocter de nouvelles recettes. Et ça le rendait heureux. Peut-être pas entièrement comblé ok, parce qu'il ne cracherait pas non plus sur une vie de couple mais il était fier de gagner sa vie en faisant ce qu'il aimait. D'être bénévole au refuge et d'apporter un peu d'amour à ces animaux qui le méritaient tout aussi sinon plus que certains humains qu'il pouvait connaître dans son propre entourage. Quitte à ce que cela le fasse passer encore plus pour un ovni dans ce même cercle, surtout si à tout ça on rajoutait son côté geek. Il était qui il était. Pourquoi renier le fait qu'il appréciait les comics, les séries télé et les films si lui, ça lui apportait quelque chose ? Ce que les gens ne comprenaient pas toujours car oui, même si l'opinion avait quelque peu évoluée avec le succès des films Marvel et DC ces dernières années, pour une grosse majorité, ça restait des choses enfantines, juste bonnes pour les gamins, histoire de vendre des produits dérivés par la suite. Mais non, c'était tellement plus que ça, quand on prenait la peine de ne pas juger immédiatement en se basant sur des préjugés stupides. C'était même à un certain égard, une autre famille. Avec comme partout, ces bons et ses mauvais côtés.

La preuve, c'est que leur passion commune avait réussi à motiver la jeune femme à quitter Donwell le temps d'un week-end, histoire d'oublier durant ces deux jours tout ce qui n'allait pas pour elle. C'était aussi ça qui était formidable, de voir que l'imagination pouvait être une alliée de choix quant il le fallait. Qu'elle offrait d'autres horizons plus clairs (même si illusoires) pour ceux qui ne la bridait pas sous prétexte qu'après un certain âge, on n'est plus censé s'amuser. Et c'est bien ce qu'eux avaient fait durant leur séjour, en compagnie d'autres geeks comme eux. Mais les passagers de leur métro eux les rappelaient à la réalité de façon très concrète pour le moment, à les regarder comme des bêtes étranges. Pourtant s'il y avait bien une ville où il se serait dit que les gens ne se formalisaient plus des vêtements portés par des inconnus c'était Londres. C'est bien là que les punks se baladaient avec des épingles à nourrices dans les oreilles et des chaînes autour du cou, alors pourquoi eux en ''simple'' déguisement attisaient tant leur courroux ? « Ah mais on parle pas de la même chose là, Tolkien c'est les saintes écritures voyons! » répliqua-t-il en prenant un air bien trop sérieux avant de sourire et acquiescer à ce qu'elle ajouta. « Ouais, surtout vu l'enthousiasme du public... » commenta-t-il clairement ironique, vu la tête que tirait la plupart des autres usagers. Enfin ceux qui se contentaient de les dévisager, car il y en avait une autre catégorie, bien plus désagréable encore. Les voyeurs et autres pervers habituels étaient de la partie et il proposa donc sa veste à Lily, histoire qu'elle puisse se cacher un minimum de leur regard insistant. « Content de te l'entendre dire. Moi aussi, ça sera à refaire. » confia-t-il à son amie dans un sourire sincère. C'était bon de savoir que cette petite virée avait pu apporter un peu de réconfort à Lily, elle en avait bien besoin avec ce qu'elle venait de traverser.

Fronçant légèrement les sourcils lorsqu'elle repris la parole ensuite pour lui dire qu'elle avait hésité à venir pour une raison qu'elle s'apprêtait à lui dévoiler, il les fronça bien plus fortement en voyant l'autre type tenter sa chance, de manière ô si subtile. Mais il fut soulagé et amusé de voir la demoiselle lui donner la monnaie de sa pièce en l'exposant bien devant tout le monde. Si bien qu'il ne pu s'empêcher de rire sans retenue quand elle retournait son regard sur lui après son éclat de voix. Non, là c'était fichu de chez fichu pour passer inaperçus. « La tête qu'il a fait. Magique! » laissa-t-il échapper entre deux respirations,sa main libre sur son ventre, sentant venir la crampe à force de rire. « Ça lui apprendre à s'en prendre à la grande Khaleesi, Daenerys de typhon de la Maison Targaryen, première du nom, Reine de Meereen, Reine des Andals, et je vais nous faire grâce du reste de son curriculum je crois. » déclara-t-il, encore en train de ricaner de la scène qui venait d'avoir lieu sous les yeux médusés des autres passagers. Oh oui, ce week-end allait véritablement être mémorable pour eux, jusqu'au bout.

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Elle regarda les visages désabusés des londoniens présents dans le métro, à la veille d’un retour au travail. La présence de deux hurluberlus en costume était peut-être le point phare de leur journée. Elle avait toujours adoré Donwell, mais bien sûr, à l’adolescence elle rêvait comme beaucoup de jeunes de son âge de partir vivre à Londres et mener une vie de bohème fantasmée. Ca ne s’était jamais réalisé, et elle se doutait maintenant que les années avaient passé que le rêve aurait certainement été bien loin de la réalité. Peut-être aurait-elle aimé la vie ici, peut-être pas. Elle n’avait pas vraiment de regret de ce côté là, et aujourd’hui elle n’y aurait vécu pour rien au monde, même si elle aimait y aller pour visiter, ou à l’occasion d’événements comme celui-ci. Il est vrai qu’elle avait beau aimer Donwell, la petite bourgade manquait de ce genre de choses. Si elle était sortie dehors dans cette tenue en dehors d’Halloween, ses voisins se seraient certainement empressés d’appeler l’asile le plus proche. « Ouais t’as pas tort, ils ne sauraient pas apprécier. » Ou alors eux aussi auraient l’idée d’appeler l’asile. Elle était heureuse que Reed ait lui aussi aimer ce week end, et encore plus heureuse de ne pas avoir plombé l’ambiance par ses réactions. C’était également quelque chose qu’elle avait craint. A présent, c’était comme si elle ne pouvait même plus totalement compter sur elle-même, se maitriser. Parfois, ça explosait, sans qu’elle puisse faire quoique ce soit pour l’empêcher, ce qui était extrêmement déroutant pour elle.

Un peu comme ce qui venait de se passer. Elle avait encore du mal à en revenir. Tout ce qu’elle voulait, c’était partager quelque chose de personnel avec son ami, et voilà qu’elle s’était retrouvée à crier sur un inconnu devant tout le monde. C’est quelque chose qu’elle n’aurait jamais fait avant, à moins d’être réellement provoquée. Elle lui aurait sans doute demandé de s’arrêter assez sèchement, mais c’est tout. Plus que les cris, c’était la colère qui la perturbait. Ca aussi c’était nouveau. Reed était écroulé de rire et elle lui tapa le bras en guise de protestation. « Arrête de rire, c’est pas marrant. » Elle aurait été néanmoins plus crédible si elle ne s’était pas mise elle-même à rire. Oui, quelque part ça faisait du bien de se défouler sur quelqu’un qu’elle ne reverrait jamais de sa vie. Elle n’en était pas forcément fière mais après tout, il l’avait mérité non ? C’était autre chose que de crier sur un patient sans raison. Là au moins elle ne se sentait pas coupable. Elle rit encore plus lorsqu’il se mit à énumérer les titres de la femme dont elle portait le costume. « Que veux-tu, il ne savait pas à qui il parlait visiblement. J’espère juste terminer de manière moins tragique. » Même si elle trouvait beaucoup de défauts à la série, elle l’avait suivie et avait été comme bien des fans particulièrement déçue par la fin. Néanmoins, ce n’était qu’à moitié une plaisanterie. Elle ne le disait jamais à voix haute, mais parfois, elle se faisait peur. Elle avait une telle colère à l’intérieur d’elle qu’elle ne savait absolument pas quoi en faire, ni où cela allait la mener. La seule chose qu’elle savait, c’est qu’elle détestait ça. Elle détestait cette donnée inconnue, cette partie d’elle qui avait établi ses quartiers et ne semblait pas vouloir la quitter.

Une fois remise de son fou rire, elle se tourna de nouveau vers Reed pour reprendre ce qu’elle avait souhaité dire avant d’être grossièrement interrompue. « En fait si j’hésitais à venir c’était aussi parce que j’avais peur de peut-être croiser Kyle. » Son ex fiancé, qui l’avait larguée lâchement par email deux mois après son accident, alors qu’il était censé être parti pour un entretien d’embauche à Londres. Trois lignes d’email, une faute d’orthographe à chaque ligne. « Je sais que c’est stupide, c’est une ville gigantesque et en fait je ne sais même pas s’il y vit maintenant. Mais je sais pas, je peux pas m’empêcher d’y penser. Je sais même pas ce que je lui dirais en plus si je le croisais vraiment. A part mon poing dans la figure, y a rien qui me vient. » Lorsqu’elle pensait à Kyle, c’était un sentiment de frustration mêlé de colère. Il ne lui manquait plus aujourd’hui, mais elle lui en voulait pour la manière dont les choses s’étaient terminées entre eux. Elle lui en voulait de l’avoir fait se sentir comme une moins que rien, d’avoir fait si peu cas de leurs onze années de relation qu’il n’avait même pas pris la peine de lui dire les choses en face.

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Londres et ses sirènes ne l'avaient jamais réellement attiré, mais ça tient sans doute plus du fait qu'il avait déménagé trop souvent plus jeune pour réellement développer le sentiment d'appartenance à une ville. Encore aujourd'hui, même s'il aimait vivre à Donwell, il ne se considérait pas comme un vrai de vrai, façon de parler, même s'il était un minimum investi notamment grâce au refuge. Mais non, la capitale ça ne lui donnait pas envie. Le bruit, la pollution, les gens de mauvais poils du matin au soir… C'est sûr que c'était là qu'avait lieu les conventions mais avec le train à disposition et un peu d'organisation, venir jusque là pour ça était plus simple et moins stressant pour lui. Mais point commun entre les deux villes, certaines personnes avaient le même air de jugement sur le visage alors qu'ils se retrouvaient coincés là dans leurs costumes. « Puis si déjà je devais me prendre pour Legolas, j'attendais au moins une standing ovation et là, je miserais plus sur les tomates à la tête, s'ils en avaient sous la main. » dit-il en plaisantant mais quasi sûr que ça aurait été ce qui se serait passé si en effet, les autres passagers (ceux les plus dérangés de leur présence en tout cas) s'en seraient donnés à cœur joie.

Comme ce type qui pensait réellement être subtil dans sa façon de se faire remarquer par Lily et que ça lui donnerait la moindre chance d'agir comme un dom juan de bas étages. Alors oui, en voyant la douce Lily soudainement lui gueuler dessus comme un putois (il le méritait, on ne revient pas là-dessus),Reed ne pu retenir un fou rire, vu la tête que fit le pauvre gars quand il se vit remettre à sa place de cette façon. Il fit une moue faussement accablée lorsque la jeune fille lui tapa le bras, continuant malgré tout de rire sur son siège tant il n'en revenait pas de ce qui venait d'arriver. « Oh si ça l'est ! Un peu plus et tu lui hurlais Dracarys dans la foulée. » Oui, en l'occurrence, elle avait fait preuve d'autant de charisme que son double à l'écran et il ne manqua pas de le faire remarquer et il sourit, se calmant petit à petit, à ce qu'ajouta Lily quant à la fin tragique de son personnage à l'écran. « J'espère aussi pour toi parce que ce que Benioff et Weiss lui ont fait, c'était littéralement un massacre. Daeny méritait tellement mieux. Et nous aussi. » largua-t-il avec une amertume à peine dissimulée. Oh oui, comme une grande partie des fans de la série, lui aussi avait été déçu de ce qu'avaient fait les deux producteurs/scénaristes avec la dernière saison. Heureusement il restait un peu d'espoir de voir une fin différente à la saga si ce cher George se décidait à enfin terminer d'écrire le dernier tome.

Tous les deux ayant retrouvés leur calme maintenant qu'on les laissaient tranquilles à nouveau, il écouta ce qu'avait à lui dire son amie et il hocha la tête, comprenant de quoi il en retournait pour elle. « Je comprends, Londres c'est grand mais les chances de le croiser ne sont jamais nulles malgré tout. » répliqua-t-il, car après tout, c'était vrai. Il y avait une infime chance que ça arrive même s'il y avait au bas mot plusieurs milliers de personnes à Londres. Il sourit à ce qu'elle dit ensuite, imaginant très bien la scène. « Le message serait au moins très clair comme ça. » dit-il avant de reprendre la parole. « Après c'est normal que tu y penses encore. Surtout vu comment il t'a dit ça. Ça fait trois ans que Laurie est partie et j'y pense encore parfois. Tu sais on est pas faits pour être seuls, l'Homme est un animal social. Alors forcément après de telles ruptures, c'est dur de passer à autre chose. » Oui, on sent même à sa voix qui se fait plus grave à l'évocation de ce qu'il a pu traverser lui-même que ça a laissé des traces. Il passa son bras autour de ses épaules et la blottit contre lui doucement. « Mais t'en fais pas, comme dit si bien Sam, ''it's only a passing thing this shadow; even darkness must pass; a new day will come''. » Oui, il citait le Seigneur des Anneaux de mémoire, comme elle l'avait dit plus tôt, il connaissait les films par coeur, mais ça résumait à la perfection ce qu'il pensait et voulait rappeler à la jeune fille.

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Dernière édition par Reed Marlowe le Jeu 18 Juin - 18:35, édité 1 fois

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Elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il n’avait pas tort, la foule présente avait l’air prête à les éjecter du métro au moindre signe de folie de leur part. Elle pouvait en voir certains qui échangeaient quelques messe basses visiblement critiques à leur encontre. Ce n’était ni Halloween, ni le carnaval et pourtant deux adultes s’amusaient à se promener en ville dans des costumes ridicules. Dix ans plus tôt, elle aurait sans doute eu un peu honte, elle qui était plus ou moins toujours passée pour la nerd de service qu’on avait tendance à trouver un peu bizarre. Aujourd’hui, ce n’était plus du tout le cas. Ca pouvait paraître puéril ou stupide, mais ses centres d’intérêt lui avaient tant apporté en réalité: une évasion quand les choses n’allaient pas bien, de l’inspiration, de l’imagination et bien sûr les rencontres formidables qu’elle avait faites. Reed en faisait partie, même si ce n’était pas de cette manière qu’ils s’étaient rencontrés, ça avait définitivement contribué à les rapprocher. Aujourd’hui ils étaient bien plus que des partenaires de convention, mais c’étaient toujours des moments qu’elle aimaient partager avec lui, surtout maintenant. Tout avait tant changé autour d’elle que ça lui faisait du bien d’avoir quelque chose de familier auquel elle pouvait se raccrocher. Contrairement à certaines personnes de son entourage, elle n’avait pas l’impression qu’il était en attente du moment où elle serait parfaitement guérie et où tout redeviendrait comme avant. Il était là, juste là, et c’était tout ce dont elle avait besoin.

Elle finit par le rejoindre dans son fou rire. Peut-être que se mettre en colère plus souvent pouvait avoir du bon finalement ? Elle n’avait jamais été du genre à se laisser complètement marcher sur les pieds, mais plutôt à toujours essayer de temporiser les choses. Elle avait toujours été d’une patience extrême, qualité qui lui manquait et sans laquelle elle avait l’impression de ne plus être tout à fait elle-même. Et pourtant, elle ne pouvait nier qu’il y avait quelque chose de libérateur dans ce qu’elle venait de faire. « J’aurais sûrement du. Je commence à croire que mon costume déteint sur moi. » Elle se souvint avoir vu un jour un épisode de série où les personnages se retrouvaient lors d’une fête d’Halloween à adopter la personnalité du costume qu’ils portaient. Mais elle doutait que le sien soit réellement magique. Dommage, l’idée d’être Daenerys Targaryen était plutôt séduisante. Sauf pour cette fin atroce. « Je suis bien d’accord ! 6 épisodes pour la dernière saison, franchement ! Et on dirait que ça a été écrit avec les pieds. » Si elle était totalement honnête, Game of Thrones n’avait pas été sa série préférée, elle avait plusieurs fois désapprouvé les choix scénaristiques, mais elle avait porté dans son coeur certains des personnages, notamment la célèbre Mother of Dragons.

Elle ne savait plus vraiment comment elle en était venue à parler de Kyle, mais elle en avait ressenti le besoin et elle savait qu’il comprendrait, qu’il ne la jugerait pas. C’était étrange que la même chose ou presque leur soit arrivée à deux ans d’intervalle. Au moins, chacun avait eu une épaule pour pleurer. Elle sourit, songeant que ses poings n’auraient pas fait beaucoup de dégâts. Avant peut-être, même si elle n’avait jamais été une athlète. Mais maintenant, avec sa condition physique, elle en doutait. Ou alors elle aurait mis une semaine à s’en remettre. « Tu l’as dit ! C’est bizarre, à la fois je ne veux plus jamais le revoir de ma vie, et en même temps j’aimerais juste avoir une discussion. Une explication, quelque chose. Savoir pourquoi. Même si au fond, je me doute du pourquoi. » Il ne l’avait pas aimée assez fort pour rester près d’elle après son accident, même après onze ans de relation. C’était extrêmement douloureux à assimiler. L’homme qu’elle avait aimé si longtemps l’avait abandonnée au moment où elle avait eu le plus besoin de lui. « Le pire c’est que j’y croyais vraiment. J’imaginais notre avenir ensemble. Je me sens si stupide ! » Elle se laissa aller contre Reed profitant de ce réconfort, écoutant cette citation qu’elle connaissait par coeur également. « Et pour toi, il est arrivé ce nouveau jour ? Je veux dire, est-ce que ça devient plus facile avec le temps, est-ce que tu as fini par te sentir prêt à passer à autre chose à un moment ? » La triste vérité était qu’à la veille de la trentaine, elle n’avait aucune expérience dans ce domaine. Sa seule et unique relations amoureuse était aussi son premier échec. « Sinon j’ai toujours l’option du couvent. » ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

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C'était un monde qu'il avait découvert il y a longtemps maintenant, celui de l'imaginaire et du fantastique, lorsqu'il a mis ses mains sur le Hobbit, qu'il avait dévoré en deux jours à l'époque, faisant naître en lui une passion qui ne s'était jamais arrêtée depuis. Sa propre imagination étant déjà bien prolixe à ce moment là, ça n'avait rien de surprenant donc qu'il soit devenu un nerd en bonne et due forme au fil des années. Après Tolkien, il avait découvert Marvel en piquant un exemplaire de Iron Man à son frère et après ça, aucun retour en arrière possible pour lui. Il avait embrassé cet univers de super-héros tous aussi complexes et différents les uns que les autres. Parce que quelque part, eux vivait une vie bien plus passionnante que la sienne, à être baladé de base en base au fil des affectations de son père. Puis c'était quelque chose qu'il partageait avec ses frères à la base, vu qu'eux aussi en lisaient. Mais lui avait franchit l'étape suivante en quelque sorte, en acceptant pleinement tout ce que ça pouvait dire d'être un nerd/geek : les costumes, les conventions et les fandoms. Avec ce que ça impliquait, bon comme mauvais (car il ne fallait pas se cacher que parfois, il y avait une sacré négativité associé à tout ça à cause de certaines personnes). Mais il pouvait ranger dans le bon ses amis connus via tout ça, ce qui était en effet en partie le cas de Lily. Ça faisait du bien d'avoir quelqu'un d'autre qui comprenait tout ça et qui ne trouvait pas qu'il était immature pour autant comme tout le monde extérieur à ce dernier pouvait le penser.

C'est aussi peut-être pour ça que lui aussi ne voyait pas la jeune femme comme une victime mais toujours comme son amie, même après son accident. Bien entendu, il avait noté quelques changements en elle (comment ne pourrait-il pas y en avoir après ce qui c'était passé) mais à ses yeux elle restait la même, pourquoi agir avec elle différemment alors ? Il s'assurait juste d'être là pour elle si le besoin s'en faisait sentir, comme ça se fait entre amis. Mais l'ayant toujours vu calme et patiente en temps normal, forcément de la voir s'emporter ainsi avec ce type qui ne savait plus où se mettre, probablement pas préparé à ce qu'une femme aussi menue le rembarre avec tant d'aplomb, il ne pouvait qu'exploser de rire, d'autant que la demoiselle s'était surprise elle-même de sa réaction. « Promets moi de pas vouloir envahir Donwell quand on sera rentré alors. » lança-t-il en la taquinant à nouveau, se calmant petit à petit de leur fou rire. Assez en tout cas pour déverser sa bile sur le traitement infligé à la pauvre Daeny dans la série. « Mais de toute façon, ils l'ont fait pour le fric, histoire de profiter du buzz, je crois qu'on aurait mieux fait que ces deux idiots. Heureusement ils se sont retirés du projet Star Wars, je crois que j'aurais fait une syncope si on massacrait encore un peu plus la saga. » dit-il en roulant des yeux, rien qu'à l'évocation de toute cette affaire. Avait-il une série préférée, j'entends une seule, non, quoi que peut-être Breaking Bad mais pourquoi se contenter d'une seule quand il y an avait autant méritant qu'on les apprécie à leur juste valeur ? Puis il en regardait tellement qu'il ne pouvait pas choisir, c'était justement ça qu'il aimait, pouvoir changer les univers à volonté.

Retour à des choses plus concrètes mais tout aussi problématiques quand elle évoqua l'autre raison pour laquelle elle avait hésité à l'accompagner à Londres. Non, clairement, il n'irait pas la juger, surtout que c'est vrai, ils avaient vécu la même chose l'un après l'autre, il savait donc ce que ça pouvait faire. Et aussi lui apporter un peu de réconfort en tentant de se montrer philosophe rapport à tout ça. « pas sûr que de savoir t'aiderait beaucoup plus. Moi elle m'a bien dit pourquoi elle partait et ça n'a fait rendre la chose que plus douloureuse. J'aurais presque préféré qu'elle me dise qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre, c'est dire... » Oui, ça aurait sûrement été plus simple de s'en remettre s'il s'était agit d'un autre homme et pas juste du fait qu'elle jugeait mérité mieux qu'une vie auprès d'un simple pâtissier content de vivre dans son petit patelin. « Hey non, tu n'es pas stupide pour ça ou on l'est tous alors. Je me répète mais c'est humain comme réaction, surtout quand tu penses que c'est sérieux. » Lui aussi son avenir il l'avait vu, imaginé et espéré pour le voir éclater en morceaux juste après, alors lui aussi était tout aussi stupide de s'être fait avoir avec ses propres espérances. « Le temps aide, pas assez vite à mon goût mais oui, la page est tournée même si le nouveau chapitre promet d'être tout aussi compliqué. » admit-il en se pinçant légèrement les lèvres. Oui, ça on pouvait le dire vu qu'il ne pensait pas avoir la moindre chance avec elle, d'autant que pour ne rien arranger, c'était la fille de sa patronne… « Choisis bien celui que tu veux intégrer alors, parce que pour certains, c'est vœux de silence obligatoire et ça, tu ne tiendras jamais. » dit-il en riant à nouveau, la taquinant clairement pour alléger l'ambiance qui s'était plombée avec tout ce qu'ils venaient d'évoquer.

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Reed & Lily

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Lily n’avait presque pas envie de rentrer en fait, elle s’en rendait compte. Etre en costume, au milieu d’individus qui partageaient sa passion lui avait permis de s’évader le temps d’un week end. Elle avait même l’impression qu’elle avait eu moins de troubles physiques que d’habitude, ou peut-être que ça ne l’avait pas affectée autant. La vérité était qu’elle était fatiguée par son quotidien. Elle avait l’impression de se battre constamment contre elle-même, contre ce que sa vie était devenue, de se battre pour que les choses redeviennent comme avant. C’était épuisant à la longue, et il lui semblait qu’à chaque pas en avant elle finissait par faire deux pas en arrière. Est-ce qu’elle allait y arriver un jour ? Est-ce qu’elle allait vraiment pouvoir redevenir celle qu’elle avait été ? Elle aimait à croire que oui. En fait, elle n’avait pas le choix, elle devait croire que oui. Sinon, autant tout laisser tomber, non ? C’était quelque chose qu’elle refusait d’envisager, parce qu’elle ne voulait pas regarder ce qui l’attendait si jamais il s’avérait que non, plus rien ne serait jamais comme avant. Alors, elle mettait des oeillères, et elle fonçait, tête baisser, luttait et continuerait de lutter jusqu’à ce que ça fonctionne, jusqu’à ce qu’elle puisse mettre l’accident, et toute cette période merdique derrière elle. Ce week end avec Reed avait été comme un moment de paix au milieu du champ de bataille. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait eu l’impression qu’elle pouvait respirer. Et elle avait peur que cela s’arrête, de replonger dans le bain tête la première.

« Je ne te promets rien, j’ai la soif du pouvoir maintenant. » lui répondit-elle avec un sourire malicieux. Elle adorait Donwell, elle considérait cette petite ville comme ça maison et n’aurait voulu vivre nulle-part ailleurs. Mais ces derniers mois, elle s’était aussi sentie étouffée: elle connaissait tout le monde (ou presque) et tout le monde (ou presque) la connaissait. Même si ses proches montraient beaucoup de compassion et de patience à son égard, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir cette pression qu’on attendait d’elle qu’elle se comporte d’une certaine manière. Mais elle n’était pas encore rentrée. Cet incident de métro lui donnait un peu de répit au moins. « Oui heureusement ! Je crois que je vais effacer la dernière trilogie de ma mémoire, ça vaut mieux parce que c’était vraiment la pire des catastrophes. » Quand elle pensait à quel point elle avait attendu la suite pourtant, après toutes ces années ! Elle avait trépigné d’impatience, elle y était allée dès la première séance, pour causer une déception qui avait été immense. Franchement, tout ça pour ça ?Il y avait de quoi pleurer de frustration et de désespoir.

La conversation prit un tour plus intime, malgré l’endroit où ils se trouvaient. De toute façon la plupart des passagers, qui commençaient à perdre patience, étaient plutôt focalisés sur eux-mêmes, leurs tracas, tel ou tel événement auquel ils allaient être en retard. Et puis, elle ne s’en souciait pas vraiment en fait. Elle l’écouta attentivement. Elle continuait de penser qu’il valait mieux savoir que rester dans l’ignorance, mais elle ne l’avait pas expérimenté, c’est certain. « Je vois…. Je ne sais pas. Je crois que j’aurais quand même aimé qu’il me parle, mais peut-être que je n’aurais pas apprécié ce que j’aurais entendu. » Si au moins il lui avait parlé en face. Ou même au téléphone. Tout sauf cet email affreux et impersonnel, qui en plus de lui briser le coeur l’avait faite se sentir comme la dernière des idiotes. Heureusement, Reed savait toujours quoi dire pour la réconforter. Elle savait qu’elle n’était pas responsable des actes de Kyle. Mais elle avait eu confiance en lui, et elle avait cru en eux. Tout ça pour ça… quel gâchis ! Elle espérait que son ami la rassurerait, lui dirait que oui elle allait s’en remettre rapidement. Elle ne s’attendait pas à cette demi confession en revanche. Elle sursauta soudainement et le regarda avec suspicion. « Hein quoi, mais quel nouveau chapitre ? T’es vraiment en train de dire ce que je crois que t’es en train de dire ? » Elle en avait oublié son ex fiancé, toute qu’elle était à sa curiosité, et surtout à sa surprise. Ca faisait trois ans que la vie sentimentale de Reed semblait plutôt déserte et voilà qu’il glissait ce sous entendu au milieu de la conversation. Elle rit à sa répartie tout en prenant un air vaguement offensé. « Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, je suis parfaitement capable de rester silencieuse. Surtout si tu me racontes tout sur ce fameux nouveau chapitre… »

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Une parenthèse, une petite bulle d'air qu'ils avaient partagés le temps d'un week-end, immergés dans leur monde à eux. Normal qu'aucun des deux ne veuillent que cela se termine, c'était tellement plus simple de rester dans cette ambiance là que de retourner à la réalité de la vie qui les attendaient dès qu'ils remettraient les pieds à Donwell. C'était aussi ça qu'il aimait tant dans l'imaginaire, cette porte de sortie qu'il pouvait atteindre à tous moments, simplement en se projetant à travers ses pensées. Combien de fois il s'était imaginé en sidekick d'un héros pour tromper sa solitude après un nouveau déménagement ou quand on s'en prenait à lui à l'école ? Une échappatoire, oui, ce mot là revenait souvent quand on interrogeait les gens présents à ces conventions et les fans en général. Et la demoiselle à ses cotés en avait bien besoin en ce moment, vu ce qu'elle avait vécu ces derniers mois. Son quotidien était chamboulé du tout ou tout, alors retrouver un peu de stabilité en venant là comme ils avaient déjà pu le faire par le passé, ça lui montrerait (il l'espérait en tout cas) que tout n'avait pas changé définitivement pour elle pour autant. Et qu'elle avait encore des raisons de se battre pour ne pas laisser son accident la priver de la personne qu'elle était avant, même si ça ne devait pas être simple à gérer, vu qu'elle luttait avant tout contre elle-même, de quoi compliquer les choses niveau combat.

On commençait à les laisser tranquilles et surtout à ne plus se focaliser sur eux après ce petit éclat de voix de la part de Lily, surtout parce que clairement, les gens commençaient à se lasser d'attendre de pouvoir reprendre leur trajet. L'égoïsme humain dans toute sa splendeur. Mais c'est tant mieux, au moins ils n'ont plus à être trop gênés d'être là dans leurs costumes. « Essaye juste de pas cramer la pâtisserie alors, j'ai besoin de mon boulot si j'veux pas que Leeloo se retrouve à la rue. » implora-t-il en faisant une moue, pour jouer la carte de leur affection pour les animaux sur ce coup, avant de rire à nouveau. Mais il n'y avait pas de quoi en faire autant en parlant de la dernière saison de Game of Thrones et encore moins avec Star Wars. « Y a des trucs qui auraient pu être super mais le politiquement correct a fait des dégâts là-dedans, comme dans trop de choses en ce moment. Attention, je dis pas qu'il faut pas être plus ouverts mais que ça soit systématique juste pour pas énerver une catégorie de personnes, c'est idiot, et mercantile. » Dernier exemple en date qui lui venait à l'esprit sur cette problématique, le fait qu'on ait senti le besoin de coller une sexualité à une éponge, dans un dessin animé censé être pour des gamins…

Passant presque du coq à l’âne pour le coup, ils discutaient maintenant de tout à fait autre chose mais de tout aussi important et sérieux pour eux. Lily a partagé avec lui une des raisons pour lesquelles elle avait hésité à l'accompagner à la convention et il n'allait pas juste ignorer le sujet parce que parler de sentiments ça n'est pas un exercice dans lequel il excelle. Puis il ne pouvait pas la laisser penser qu'elle était en tort sur quoi que ce soit qui avait pu se passé avec Kyle. « Ça peut-être oui, mais je comprends, il aurait au moins du avoir assez de corones pour te le dire en face et pas agir en lâche de première. » Il secoue la tête d'un tel comportement, complétement idiot à ses yeux même s'il se doute que peut-être, il n'avait pas voulu la faire souffrir encore plus en lui disant de vive voix, alors qu'elle était déjà accablée avec son accident. Toujours était-il que oui, il tachait de la conforter quand même, admettant que le temps faisait son œuvre à son rythme et que peut-être, il avait fini par tomber à nouveau amoureux après ce qui s'était passé avec Laurie. Ce qui semblait surprendre la jeune fille, vu sa réaction à cette confession. « N'en fais pas tout une affaire, par pitié. » dit-il en souriant, alors qu'il sent déjà qu'elle ne lâchera pas le morceau tant qu'il ne lui en aura pas dit plus. Ce qui ne l'empêche pas de la taquiner quand elle évoque la solution d'aller s'enfermer dans un couvent si d'aventure elle ne parvenait plus à retrouver quelqu'un de son côté. « On y croit ouais, on y croit. » lança-t-il avant de rouler des yeux face à la tête qu'elle fait pour l'encourager à parler. « Il se pourrait que j'en pince pour quelqu'un oui. Mais je ne sais pas si ça sera jamais plus que ça. C'est compliqué on va dire. » admit-il alors, semblant soudainement bien moins enclin à plaisanter.

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Reed & Lily

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Ca lui faisait bizarre de ne pas avoir vraiment envie de revenir à Donwell. Avant, elle sortait toujours de ces week ends heureuse et nostalgique, mais aussi fatiguée et malgré tout plutôt contente de rentrer chez elle, de retrouver son appartement, son chien, son quotidien tranquille. C’était un cruel témoignage d’à quel point les choses avaient changé. Déjà parce que son chez elle était redevenu sa chambre d’adolescente. Parfois c’était réconfortant, mais de plus en plus étouffant aussi. Elle aimait sincèrement être avec sa famille, elle leur était vraiment reconnaissante et elle se sentait en sécurité, mais plus les mois passaient, plus son indépendance lui manquait. Elle savait pourtant qu’il fallait voir les choses en face: en l’état actuel des choses, elle n’était pas encore capable de vivre totalement toute seule. Certains gestes du quotidien étaient encore inaccessibles ou dangereux, comme couper des légumes par exemple. Et puis, elle ne savait pas comment elle réagirait face à la solitude. Pour le moment, elle savait que c’était mieux, même si parfois ça lui coûtait. C’était particulièrement pénible à presque trente ans d’avoir l’impression de faire un retour en arrière.

L’idée de prendre le pouvoir à Donwell était plutôt séduisante. Elle se demandait si elle aurait fait une reine aussi classe de Daenerys, enfin avant le cataclysme de la fin de la série. « Tu plaisantes ou quoi, ta pâtisserie serait à l’honneur, je ne crois pas que je pourrais survivre sans tes gâteaux ! » Et c’était bien vrai. Peut-être qu’elle n’était pas complètement objective, mais pour elle les pâtisseries de Reed étaient les meilleures qu’elle ait pu manger et même en imagination elle n’aurait pas mis l’adorable Leeloo à la rue. Il avait fait mouche, il savait qu’elle aimait les animaux autant que lui et il la prenait par les sentiments. Elle hocha la tête lorsqu’il mentionna la série. Elle considérait pour sa part qu’il ne pouvait pas y avoir trop de représentation. Elle regrettait d’ailleurs qu’il n’y en ait pas eu plus lorsqu’elle était plus jeune, peut-être aurait-elle compris certaines choses avant en ce qui concernait sa propre sexualité. En revanche elle était d’accord sur le fait que c’était souvent fait n’importe comment, juste pour des raisons commerciales, ce qui faisait plus de mal que de bien à son avis. « De toute façon on dirait que tout ce qui compte maintenant c’est d’aller le plus vite possible et d’exploiter n’importe quel truc qui marche jusqu’à la corde pour avoir le plus de fric possible. » Elle pensait notamment à toute la série Marvel qu’elle avait adorés au début pour s’en lasser ensuite. Seuls quelques uns des films trouvaient encore grâce à ses yeux, mais les plupart du temps elle les trouvait ennuyeux.

Elle ne savait encore aujourd’hui toujours pas ce qui avait pu se passer dans la tête de Kyle pour qu’il se comporte ainsi. Avait-il si peu de respect pour elle, même après onze années de relation ? Elle se rappelait le temps où ils se disaient tout. Il n’avait pas seulement trahi leur couple, il avait trahi également l’amitié profonde qui les unissait. Serait-elle capable de faire confiance à quelqu’un d’autre un jour, de la même manière ? Elle l’ignorait et de toute façon pour le moment la question ne se posait pas. Mais apparemment elle se posait pour Reed. Lily n’en revenait pas: ils avaient passé le week end ensemble, dont deux nuits où ils avaient discuté jusqu’à pas d’heure, et à aucun moment il n’avait glissé cette information dans la conversation. Elle savait qu’il ne s’épanchait pas forcément beaucoup lorsqu’il s’agissait de sa vie privée et sentimentale, mais là il allait falloir qu’il parle ! « Et pourquoi pas ? C’est génial, non ? » Elle savait l’effet qu’avait eu sur lui sa rupture avec Laurie. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que le voir heureux avec une autre après tout ce temps. Il le méritait tellement ! Et pourtant, il devint soudain plus sérieux et la jeune femme cessa de sourire. Elle qui s’attendait à le voir pétiller comme un ado en pensant à son nouveau crush se trouva prise au dépourvu. « Oh… Tu veux en parler ? Tu peux si tu as envie… » En voyant la gravité du jeune homme elle décida de ne pas lui forcer la main pour qu’il se confie. Elle voulait juste lui faire savoir que la porte était ouverte, s’il en ressentait le besoin, et elle serra sa main dans la sienne.

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Quand la vie vous collait une claque de cet ordre là, forcément accepter ce que cela engendrait, sur quoi on avait aucun contrôle, c'était rageant, frustrant et insupportable. Et c'est dans ces moments là aussi qu'on était bien contents d'avoir des personnes autour de soi, que ça soit pour vous aider parce que vous ne pouvez plus faire les choses par vous-même ou pour vous soutenir mentalement. Il était fâché avec sa famille oui, mais il savait que si jamais il se retrouvait dans la panade un jour, il serait quand même aidé par ses proches (même si à coup sûr les remarques fuseraient à tous bouts de champs). Mais oui ça n'était jamais agréable de voir sa vie faire un pas en arrière, surtout de cette façon là. Ça vous confronte avec le fait qu'on pense avoir notre destin en mains mais qu'en finalité, ça n'est qu'une illusion la plupart du temps. Se changer les idées devenait une soupape de décompression, essentielle et nécessaire. Et il était content de l'avoir vu réellement profité de leur escapade entre geeks car il se doutait que même si elle ne le réalisait peut-être pas complétement là maintenant, par la suite ça l'aiderait quand même. A se dire que tout n'était pas perdu, qu'elle pouvait encore redevenir comme avant, que tout était possible encore, si elle le voulait et qu'elle laissait ceux qui voulaient l'aider le faire.

Madame le maire serait sans doute un peu moins contente de se voir chasser de son poste par la demoiselle qui s'imaginait bien libérer la ville telle son personnage dans la série, en sachant comment ça avait fini, ça pouvait être problématique, aussi en plaisantant, il implorait sa bonne volonté d'au moins épargner la pâtisserie histoire qu'il ne se retrouve pas à la rue avec sa chienne. « Enfin quelqu'un qui reconnaît mon talent à sa juste valeur! » qu'il rétorquait en claquant sa main sur sa cuisse, ne se prenant pas au sérieux du tout en vérité. Il ne faisait pas ce boulot pour être couvert de compliments après tout. S'étendant un peu plus sur un sujet qu'entre geeks ils ne pouvaient laisser passer, il fallait bien admettre qu'avec toute l'agitation que pouvait apporter les réseaux sociaux de nos jours en matière d'influence sur le processus créatif, difficile de ne pas parfois regretter certaines décisions prises à cause de ça. « Malheureusement oui, et même Marvel a cédé au chant des sirènes quand tu y penses. Hail Disney! » Le fric, une préoccupation devenue bien trop présente à son goût et dans beaucoup trop de domaines. Et quand on voyait ce que ça engendrait comme comportement ensuite, on pouvait vraiment se demander si au final l'humanité évoluait vraiment dans le bon sens.

En parlant de comportements incompréhensibles, ce qu'avait fait Kyle à la jeune femme rentrait parfaitement dans la case. Après autant d'années ensemble, la quitter par mail c'était lâche, et il était encore bien gentil de ne pas dire pire à son sujet parce que franchement, c'était lamentable à ses yeux. Même si ça avait été particulièrement douloureux d'entendre Laurie lui dire en face pourquoi elle partait, elle avait eut la décence de le faire face à face. Le temps avait fait son office avec lui, ça avait pris du temps (no shit) mais il était parvenu à tourner la page pour envisager d'un jour retrouver quelqu'un à qui confier son cœur. Détail qu'il venait de lâcher involontairement ou presque et qui pour sûr, n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. « Génial c'est peut-être un peu exagéré. » concéda-t-il, surtout qu'en vérité, rien n'était fait et il y avait même des bonnes chances pour que ça ne donne rien. Alors forcément oui, ça ne le faisait pas sourire comme ça le devrait quand on est censés être amoureux. « Je me suis dit qu'après Laurie, je ne pourrais plus être avec quelqu'un qui me regarde de haut parce que je ne suis qu'un simple pâtissier. Que si je devais retourner dans une relation, ça serait avec une personne qui comprendrait pourquoi je fais ça, qui n'irait pas me dire que je devais faire plus pour être intéressant. Je ne cherchais plus et j'ai réalisé qu'il y avait quelqu'un qui appréciait ce que je faisais. Qui m'acceptait moi, tout simplement. On dit bien que c'est difficile de voir ce qu'on avait sous le nez depuis longtemps et c'est vrai. Et maintenant que je l'ai réalisé, je ne sais pas s'il y aura la moindre chose, parce que c'est une amie, parce que je n'ai pas envie de tout gâcher si jamais ça n'est pas réciproque et pour ne rien arrangé, c'est la fille de ma patronne… Comme toujours, j'fais pas dans la facilité de ce côté là. » ironisa-t-il en passant une main dans ses cheveux. Et encore, il n'était pas au bout de ses peines, ignorant encore à quoi il risquait de s'exposer rapport au passé de la demoiselle.

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Reed & Lily

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Et une claque, on peut dire qu’elle en avait reçu une belle. Il avait fallu d’un instant pour que son monde entier s’écroule, d’un chauffard qui lui était rentré dedans et n’avait même pas eu la décence de s’arrêter pour appeler les secours. Ce jour là, elle avait perdu sa santé, son fiancé, toute sa vie telle qu’elle l’avait connue. Un peu d’elle-même aussi probablement. Elle y pensait, plus souvent qu’elle ne l’aurait voulu. Elle pensait à qu’elle point elle le (ou la) haïssait, un sentiment qui était pratiquement nouveau pour elle et dont l’intensité lui faisait peur, surtout quand elle pensait à là où elle en était, aux défis que représentait chaque jour, alors que lui (ou elle) devait vivre sa petite vie tranquille, une vie où il ne serait probablement jamais inquiété. Elle n’en parlait à personne, mais elle était reconnaissante à ceux autour d’elle qui lui permettaient d’y penser un peu moins. Reed en faisait partie, évidemment. Ce week end lui avait apporté la légèreté qui lui manquait trop ces derniers temps, elle s’en rendait compte à présent. Etre déguisée, écouter des conférences, assister à des projections, et surtout se retrouver au milieu de milliers de personnes qui ne la connaissaient pas, qui ne savaient pas ce par quoi elle était passée, qui ne se souciaient même pas de sa présence. Ca faisait un bien fou. Même ses gens dans le métro, qui l’avaient fixée parce qu’elle portait un costume ridicule, et non parce qu’elle avait eu un accident qui l’empêchait de fonctionner correctement.

Une idée aussi absurde que conquérir Downell lui permettait également de s’évader. Même si stratégiquement, c’était un non-sens total, elle aurait plutôt commencé par Londres. « Je ne suis sûrement pas la seule à reconnaître ton talent ! » Elle était plus sérieuse que lui cette fois-ci. Elle aurait aimé que Reed accepte de reconnaitre que oui, il était un excellent pâtissier et que les gens aimaient ce qu’il faisait. Les compliments faisaient du bien, et ils étaient largement mérités. Et non, elle ne disait pas ça juste parce qu’elle le connaissait depuis longtemps. En revanche, sur le sujet de Disney, ils étaient tous les deux d’accord. Elle voyait avec une certaine angoisse approcher le jour où tout appartiendrait à la célèbre entreprise et la mort de la créativité qui viendrait avec. Elle leva les yeux au ciel à cette idée. « Tu prêches une convertie ! »

En entendant ces surprenantes nouvelles concernant la vie amoureuse de son ami, elle en oublia Kyle et son stupide email pour porter son attention sur Reed. Elle voyait que quelque chose n’allait pas. Pourtant, ça aurait dû, non ? Mais elle n’était peut-être pas la mieux placée pour le savoir. Le couple, ça oui, elle connaissait bien, mais pour tout ce qui le précédait, la rencontre amoureuse, les sentiments naissants, tout ça était un territoire quasiment inconnu. La dernière fois que ça lui était arrivé, elle avait seize ans et elle était à peu près sûr qu’on ne pouvait pas comparer. A l’adolescence les enjeux sont si différents après tout. Elle l’écouta avec attention tandis qu’il lui expliquait la situation. Elle ne savait que trop bien à quel point il avait souffert suite à la manière dont Laurie l’avait quitté. Elle avait d’ailleurs détesté la jeune femme à ce moment là, et encore aujourd’hui elle ne la portait pas vraiment dans son coeur. De ce qu’il décrivait, la situation était en effet compliquée. Mais ça ne lui semblait pas être non plus sans espoir. Elle serra la main du jeune homme. « Reed… Je comprends que ça soit pas facile, mais… C’est la première fois en trois ans que tu me parles de quelqu’un comme tu me parles d’elle, et d’après ce que tu dis elle t’accepte comme tu es… Peut-être que ça vaudrait le coup de de voir si ce n’est pas réciproque ? » Elle se doutait qu’il avait peur de souffrir, mais elle craignait surtout qu’il le regrette amèrement s’il ne tentait rien. Elle passa un bras autour de son dos, à défaut de ses épaules vu leur différence de taille. « Elle est comment d’ailleurs cette fille ? Je la connais ? »

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les tribulations de geeks dans la capitale.

Life is unfair… Ces derniers mots du générique d'une série qu'il regardait plus jeune avec bonheur résumait bien ce qu'il pensait dans le fond. La vie était injuste, à plus d'un égard et souvent avec les personnes qui le méritaient le moins. Ça l'horripilait de voir des salopards s'en sortir parce qu'ils étaient blindés de thune ou protéger par des gens corrompus. Qu'il voyait des gens à la rue qui ont fait le bien autour d'eux mais qui suite à une mauvaise passe, perdaient tout parce qu'on accordait plus d'importance au fric qu'à autre chose. Et Lily elle aussi était un argument de plus de ce qu'il avançait. Elle était infirmière, elle aidait les autres, littéralement, et pourtant un connard (on va s'en tenir au masculin, mais homme ou femme au volant, l'insulte restera valide), qui avait délibérément bu et fait le choix de quand même prendre le volant derrière, lui avait presque retiré sa vie. Elle qui était une jeune femme adorable, pleine de vie et qui ne ferait pas de mal à une mouche, venez me dire en face qu'il y avait un sens à tout ça, un plan supérieur qu'on ne peut pas deviner… Non mais franchement, voilà aussi pourquoi depuis qu'il pouvait penser par lui-même, il était devenu athée à force. Puis surtout quand on regarde ce qu'on a pu faire au cours du passé sous couvert de la religion…

En tout cas, Reed était content d'avoir fait oublier un peu sa situation à Lily, le temps d'un week-end. Ca ne réglerait pas tout, évidemment, mais ça lui offrirait quand même une petite bulle d'air bienvenue. « Non, heureusement sinon j'crois que j'aurais déjà plus de boulot depuis longtemps. » qu'il rétorque, amusé et comme toujours, un peu gêné du compliment qu'on lui fait. Puis comme toujours quand ils se lançaient dans une discussion qui se rattachait de près ou de loin à leurs intérêts communs, on ne les arrêtaient plus. Et c'est qu'il y en avait des choses à dire sur l'influence néfaste de l'argent sur l'industrie du divertissement. De nos jours on créait du contenu pour vendre, pour raquer un max de fric et quitte à ce que ça trahisse des univers adorés par des myriades de personnes jusque là. Je sais, je sais. Je vous vois venir de loin. Tilly et lui regardaient des Disney chaque mois pendant leur soirée entre frère et sœur. C'était donc hypocrite de dire d'en dire du mal maintenant. Pas vraiment, parce que ces classiques là étaient la preuve que c'est bien pour plaire aux spectateurs qu'un film devait être fait, pour offrir un moment d'évasion, créer des souvenirs et des émotions. Pas juste engranger des billets vers ou pour figurer en pole position dans un classement à la noix sur le net. « Le pire c'est que je crois pas que ça va changer de si tôt. »

Changement de sujet total pour le coup, puisqu'on passait à un sujet sur lequel le pâtissier était beaucoup moins à l'aise et prêt à s'étendre. Sa vie privée. La source principale de vanne de sa sœur. Les inquiétudes de sa mère. Pas surprenant qu'il ne tenait pas forcément à en parler même si c'était de Lily qu'on parlait là, et qu'il savait qu'elle ne jugerait pas quoi que ce soit. Surtout que c'était en bonne partie grâce à son aide qu'il s'était remis de sa rupture avec Laurie. « Je sais que j'en saurais jamais rien si je lui demande pas, et que je dis toujours qu'il vaut mieux mourir avec des remords qu'avec des regrets, mais… j'veux dire si c'est pas le cas, je vais continuer à la croiser presque tous les jours et bosser avec sa mère et son frère… J'suis pas certain que le jeu en vaille la chandelle tu vois ? J'ai pas envie d'avoir à choisir entre mes sentiments et mon boulot. » Clairement oui, ça n'était pas un choix qu'il voulait se retrouver à devoir faire. Ça n'était juste ni pour Winnie ni pour lui quand on y pense. « Elle est belle. Elle a un sourire adorable je trouve. Elle n'a pas la langue dans sa poche, elle a un côté princesse Fiona, dans le sens où c'est une princesse par certains aspects mais capable de jurer comme un charretier et d'être un garçon manqué sans que ça paraisse pour autant bizarre tu vois? » L'analogie était peut-être mal choisie et peu flatteuse mais ça venait du cœur, et on pouvait le voir à la façon dont il s'exprimait en disant ça. « Je suis pas sûr, t'es déjà passé à la pâtisserie et y a vu une blonde de mon âge? » Il n'en avait pas souvenir pour sa part en tout cas, que les deux jeunes femme s'y soient déjà croisés, mais qui sait, il n'était que rarement dans l'avant boutique, ça avait donc pu arriver sans qu'il le sache.

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Sujet: Re: this is going to be awkward. (Lily)

» lily & hailee