assuming nothing happens that we don't really know (emma + lizzie)

Lizzie essayait de se calmer en se rappelant que toute façon ce seraient ses parents qui allaient payer, que dans le fond elle ne perdait rien, mais l’attitude de sa soeur n’aidait pas. Si elle avait été dans un cartoon, elle aurait eu le torse bombé et un sourire hautain aux lèvres, et ça donnait envie à Lizzie de la frapper, juste pour effacer son sourire satisfait, son ton condescendant. Elle n’avait pas l’habitude qu’on lui parle de cette manière, en tout cas pas longtemps. Ceux qui avaient essayé s’en étaient mordu les doigts, mais surtout parce que Lizzie pouvait d’habitude compter sur l’appui (et l’influence) de ses parents. Contre Emma, ça ne lui servirait à rien, et elle se sentait tout à coup impuissante. Seule, elle n’avait pas tant de pouvoir que cela, mais cette idée ne faisait rien pour la calmer. Bien au contraire. Elle lui lança un regard noir, se retenant à grande peine de lui envoyer son verre à la gueule. Ce n’était pas l’envie qui manquait, mais elle n’avait pas envie d’attirer l’attention sur elle. Les autres clients avaient l’air absorbés par leurs propres verres, mais elle doutait de pouvoir vider son cidre sur une barmaid sans attirer quelques regards curieux au mieux, et le patron du pub au pire. Elle n’avait pas envie de se prendre une remarque la prochaine fois qu’elle viendrait ici avec les autres. Alors Lizzie serra son poing contre sa jambe tandis qu’Emma continuait à la toiser du regard. Elle avait envie de lui répondre qu’elle ne pouvait pas compter sur le fait que leurs intérêts n’allaient pas s’éloigner un jour, mais elle se retint. Ça ne servirait à rien de rentrer dans un débat stérile. Elle attrapa sa pinte pour en boire une longue gorgée avant de la reposer sur le comptoir, presque assez fort pour en renverser une partie. ”Très bien, tu me donneras une adresse pour que je passe te filer la thune. Je n'ai pas envie que tu te fasses remarquer à côté de chez moi. Tu fais un peu tâche dans le paysage, les voisins risquent de te reconnaître.” Son visage se durcit à nouveau en regardant le visage d’Emma. Ce qu’elle n’aurait pas donné pour lui mettre son poing dans la figure, là maintenant. Au lieu de cela, Lizzie devait se contenter de se défouler verbalement. Malheureusement pour elle, les mots la défoulaient moins que d’habitude. ”Mais soyons claires. Si tu penses une seconde que tu as gagné, et que je vais te payer ton loyer pendant dix ans, tu te fourres le doigt dans l’oeil.” Elle allait bien trouver quelque chose pour faire chanter Emma à son tour, pour l’obliger à lui foutre la paix. Même si elle devait y passer toutes ses heures libres des prochains mois. Elle était venue au White Horse sans trop savoir à quoi s’attendre, en se demandant presque si elle n’avait pas de la chance quelque part de s’être découvert une soeur… Maintenant elle réalisait à quel point elle avait été stupide. Elle ne rêvait plus que d’une chose : revenir à une époque où Emma n’existait pas. Et elle trouverait un moyen d’y arriver. Lizzie n’était jamais aussi acharnée, aussi efficace que quand quelqu’un essayait de lui refuser ou de lui prendre quelque chose. Et ce qu’Emma essayait de lui prendre, elle n’accepterait pas de le perdre. Si ce n’était qu’une question d’argent, elle l’aurait sans doute laissée faire. Qui sait, elle aurait peut-être même pris un peu de plaisir à voler ses parents, mais Emma avait attaqué Matthew. Et ça, Lizzie ne le laisserait pas passer. Elle ouvrit la bouche pour reprendre la parole quand elle entendit son nom dans son dos. ”Lizzie ? Qu’est-ce que tu fais là ?” Elizabeth se figea une demi seconde avant de se forcer à sourire. Elle se tourna sur son tabouret, regrettant son geste brusque lorsque sa tête commença à tourner légèrement. ”Alicia ! Je prenais un verre pour échapper à mes parents.” Alicia hocha la tête, un sourire compatissant aux lèvres avant d’apercevoir Emma. Elle fronça alors les sourcils en avançant vers les deux soeurs. Lizzie l’adorait, mais elle aurait préféré qu’elle fasse demi-tour et qu’elle parte en courant. Elle n’avait aucune envie qu’Emma se mette à parler à ses potes. Elle avait déjà suffisamment d’informations sur elle sans avoir besoin d’en rajouter. Alicia attrapa son regard et Lizzie lut la question clairement, sans qu’elle n’ait besoin de la prononcer. Elle n’avait pas vraiment le choix. Raide sur son tabouret, Lizzie se tourna en direction d’Emma, lui lançant un regard noir au passage pour lui faire comprendre qu’elle avait plutôt intérêt à la suivre. Emma avait l’air assez pénible pour vouloir faire l’inverse de ce que Lizzie disait juste pour le plaisir de la faire chier, mais elle n’avait pas d’autre option. ”C’est Emma, une ancienne camarade de classe. De la maternelle.” Elle n’avait pas envie qu’Alicia ne juge ses fréquentations, alors il valait mieux qu’elle pense que les deux ne s’étaient pas parlé depuis longtemps. Qu’Emma n’était qu’une erreur de jeunesse, d’un âge où Lizzie n’avait pas encore appris à choisir ses amis correctement. Et puis, dans le fond, c’était presque la vérité. Emma et Lizzie ne s’étaient connues que quelques semaines peut-être, quand elles étaient toutes petites, puis leurs chemins s’étaient séparés. Lizzie aurait préféré que ça reste ainsi.

Lizzie n’avait aucune envie qu’Emma rencontre Alicia. Qu’Emma rencontre qui que ce soit qui faisait partie de sa vie à vrai dire, elle en savait déjà beaucoup trop elle. Même si Alicia ne pourrait rien lui apprendre de bien scandaleux ou qui puisse lui servir de nouvelle raison de lui extorquer de l’argent, Lizzie n’appréciait tout de même pas l’idée qu’Emma approche les gens qu’elle connaissait. Elle avait l’impression que sa “soeur” allait pouvoir les polluer, d’une manière ou d’une autre. Elle avait déjà bien démarré avec Matthew, et Lizzie avait peur de ne pas réussir à cacher ce secret au professeur bien longtemps. Seulement elle le savait, si Matthew l’apprenait, il y avait toutes les chances qu’il rompe. Non pas pour la première fois de l’après-midi, Lizzie fut prise d’une envie folle de jeter son verre à la figure d’Emma, mais elle se retint, cette fois plus pour ne pas choquer Alicia que par besoin de finir son verre. Elle avait déjà assez bu. Son regard oscilla entre Alicia et Emma et elle se trouva à la fois soulagée et stressée de voir que son amie n’avait pas l’air impressionnée par la barmaid. Elle ne pouvait pas la blâmer, mais elle n’avait pas envie que ça lui retombe dessus. Elle n’osait même pas imaginer ce qui allait arriver si quelqu’un apprenait qu’Emma était sa soeur. Maintenant qu’elle y réfléchissait, c’était un autre sujet sur lequel la jeune femme aurait pu faire pression, mais Lizzie pria pour qu’elle ne s’en rende pas compte. Au moins Emma jouait le jeu et n’essayait pas de la jeter sous le bus, c’était déjà ça de gagné. Cet après-midi, Lizzie avait décidé de prendre ses victoires où elle pouvait, même petites. Même minuscules. Elle avait l’impression qu’elle n’aurait pas mieux. Elle observa Emma presque s’affaler sur le comptoir pour saluer Alicia et manqua de se taper le front contre la paume de sa main. Elle n’allait pas en manquer une, décidément. Lizzie lança un sourire dans la direction d’Alicia, espérant lui faire comprendre qu’elle savait, mais qu’elle s’était retrouvée bloquée et qu’elle aurait préféré ne pas approcher la barmaid non plus. C’était assez compliqué à faire comprendre via un simple regard, mais les deux femmes se connaissaient assez pour que Lizzie tente le coup. Alicia commanda un verre et Lizzie profita du fait que son attention soit occupée pour lancer un regard noir à Emma, comme une menace. Elle savait que c’était futile, qu’Emma ferait ce qu’elle voulait de toute façon, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle avait l’impression d’être en chute libre, de ne plus rien contrôler, et elle détestait cette sensation. Elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose, n’importe quoi, même un semblant de contrôle. Elle se força à sourire quand Emma partir préparer le gin tonic d’Alicia. ”Hm… vous êtes encore proches ?” Lizzie se redressa sur son tabouret, vérifiant rapidement qu’Emma était trop loin pour les entendre. ”Pas. Du. Tout. Je l’ai croisée par hasard, et j’ai accepté de prendre un verre rapidement pour éviter de la vexer.” Lizzie n’était pas certaine qu’Alicia allait la croire, après tout elle n’avait jamais eu de problème pour envoyer les gens chier, alors son amie pouvait se douter qu’elle aurait très bien pu le faire avec une ancienne copine de classe. Mais si Alicia ne la crut pas entièrement, elle n’en dit rien. Elle se contenta de hausser les épaules, et Lizzie eut presque envie de la prendre dans ses bras. Elle aperçut Emma revenir vers elle avec le gin tonic d’Alicia et elle se tendit de manière imperceptible. Elle se força à lancer un sourire hypocrite à sa soeur. Heureusement pour elle, elle avait de l’expérience en la matière. ”Oui, on ne voudrait surtout pas t’attirer des ennuis.” Lizzie ne rêvait de rien d’autre que de lui attirer des ennuis, mais elle savait aussi que si Emma perdait son boulot, ça lui retomberait probablement dessus, et elle n’avait pas envie de devoir la payer plus chère que ce qui avait été convenu. C’était déjà trop. Elle se força de nouveau à sourire, pour qu’Alicia ne se doute de rien. De toute façon, Emma devait bien savoir que Lizzie n’avait aucune envie d’être cordiale avec elle, et la jeune femme arrivait assez bien à lire de dédain dans son regard aussi. Lizzie hocha la tête avant d’attraper le bout de papier qu’Emma lui tendait. Elle attendit que la jeune femme soit partie pour le plier sans cérémonie et le caler dans le fond de son sac. Elle n’avait plus envie de le voir avant que ça ne devienne nécessaire. Elle se tourna vers Alicia. ”On peut y aller ? Franchement c’est glauque ici, on peut aller s’échauffer au King’s Arms avant de rejoindre les autres.” Alicia fronça les sourcils en pointant son verre du doigt. ”Mais je viens de payer mon verre.” Lizzie se leva du tabouret et attrapa son sac, lançant un sourire à son amie. ”Je t’en paierai trois des gin tonics si tu veux, allez.” Alicia râla mais se leva à son tour, et Lizzie commença à se diriger vers la sortie. ”On t’a déjà dit que tu étais pénible ?” Lizzie leva les yeux au ciel, mais sans se retourner. Elle n’avait aucune envie de rester dans le pub plus longtemps que nécessaire, elle aurait même mieux fait de ne jamais y mettre les pieds. Elle avait espéré trouver des réponses, mais elle repartait finalement avec plus de questions qu’elle n’était arrivée. Avec des questions, et un sentiment de trahison qu’elle avait du mal à expliquer. Elle poussa la porte du pub d’un grand geste du coude. ”Souvent. Mais tu m’aimes quand même.” Le rire d’Alicia ne suffit pas à la faire sourire franchement.