[flashback] i feel my blood boil as our shadows fuse w/maeve r.

Comme une habitude qu’il a prise sans même rendre compte, Harper se retrouve, une nouvelle fois, dans un bar un poil trop sombre à son goût, une bière à peine entamée posée sur le comptoir auquel il est adossé. Avec un regard circulaire, il observe l’entièreté du pub en soupirant. Il n’est pas très tard, d’habitude, il sort de la tanière qu’est sa chambre d’hôtel plus tard en soirée. Mais ce soir-là, l’inspiration ne vient pas, et dans cet hôtel il étouffe. Ce n’est pas la faute de la chambre, encore moins du prestigieux établissement dans lequel ils séjournent tous, ou même de la magnifique ville dans laquelle ils doivent jouer le lendemain. Edimbourg a ce charme des villes anciennes et bourrées d’Histoire. Il fait encore face à l’une de ces sautes d’humeur qui le rendent souvent fou. Les autres lui ont bien proposé de regarder un film, de jouer un peu et d’ensuite aller en boîte ou de faire autre chose, quelque chose qui lui occuperait l’esprit, mais rien n’y fait. Tout ce que Harper veut, c’est encore boire plus que de raison pour finir par se coucher en ayant oublié la même raison même pour laquelle il n’allait pas bien auparavant. La raison ? Son père, comme d’habitude, qui lui manque comme pas permis. Alors ce pub, le premier dans lequel il a mis les pieds, suffit bien pour noyer sa peine, et qui sait, peut-être faire venir son inspiration.

Quand il ne s’enferme pas durant des heures dans une pièce, c’est ainsi que Harper puise toutes les idées pour ses compositions, en observant la vie secrète des gens, les conversations de bar, les réactions qu’ils ont quand les autres les frôlent, quand on leur parle. La façon qu’ils ont de boire, de grignoter, de rire, de vivre. Il emmagasine le tout, trie le bon du mauvais, le vrai du faux et recommence chaque soir, pour être le plus prolifique possible. Sans cela, il a la douloureuse sensation d’étouffer, d’être oppressé, de mourir à petit feu, comme si la seule chose qui le raccroche à la vie est cette musique, ces notes qu’il joue inlassablement, le conduisant inexorablement à cet idéal créatif qu’il n’atteindra jamais. Sa tête est remplie de notes qu’il ne jouera peut-être jamais. C’est ce qui fait la beauté de son art, de simplement choisir les plus explicites.

Il en est à sa troisième pinte de bière quand il sent une présence près de lui, qui le frôle d’abord. Puis un parfum, un mélange de fruits, de sucré, de frais. Harper tourne la tête vers la gauche pour découvrir qu’une jeune femme rousse s’est installée juste à côté de lui, au comptoir. Malgré le fait qu’il veuille être tout seul, et tranquille, il ne peut s’empêcher de détailler l’expression de son visage, elle semble être contrariée. Il observe avec attention ses yeux subtilement maquillés, son rouge à lèvres à peine voyant, le tout encadrant sa peau blanche comme de la porcelaine, laisse glisser ses yeux sur ses boucles d’un roux flamboyant, hypnotisant même, et prend même la peine de regarder sa tenue, jusqu’aux chaussures. Il lui semble que la fille se met à parler, sans qu’il n’entende quoi que ce soit, trop occupée à la regarder. Ses yeux remontent jusqu’à son visage et, sans dire un mot, il reprend sa bière et la vide d’un trait, ses pensées repartant aussitôt vers ses paroles et ses notes. Parfois, il oublie sa notoriété et quand elle lui revient en pleine tête, il croise les doigts en espérant que personne ne le reconnaisse. Par chance, il a un visage plutôt commun, et se fait rarement interpeller dans la rue. Mais encore une fois, une voix résonne à son oreille, cette fois-ci plus claire, plus cristalline. Harper tourne à nouveau le regard vers la nouvelle venue, qui le fixe à son tour. ‘‘Si tu te demandes, je t’ai pas reluquée, je trouve juste que t’es trop bien habillée pour aller au pub.’’ Il hausse les épaules, esquisse un demi-sourire d’excuse quand même, et commande encore à boire au barman qui doit le prendre pour un soulard de passage. Ses pensées s’enfuient à nouveau, bien vite retenues sur Terre par ce regard brûlant qu’il sent lui fixer la nuque et la joue. Harper n’a pas envie de discuter, pourquoi le ferait-il ? ‘‘Tu n’attends pas quelqu’un ? Il va être jaloux de te voir parler à un autre mec.’’ Quel âge peut-elle avoir ? Harper n’en sait rien, il est nul pour deviner les âges des gens. En fait, il n’est pas doué pour grand-chose à part sa musique, et clairement, il ne brille pas en société, avec les autres gens. Sans être autiste, disons qu’il est plutôt relativement handicapé, socialement parlant. Non pas qu’il ait développé de pathologie, au contraire, c’est plutôt le manque de relation humaine qu’il l’a conduit là. Il soupire en se rendant compte qu’elle ne part pas ni même ne se détourne, alors il hèle le barman à nouveau : ‘‘Rajoutez ce que veut la demoiselle ici, merci. C’est pour moi.’’ Foutu pour foutu, il sent que son envie d’être seul et de laisser la vie lui inspirer ses plus beaux textes se carapate, autant s’amuser un peu et discuter avec elle, ça ne peut pas lui faire de mal, et puis, ça change de toutes les fans avec lesquelles il passe très - trop - souvent ses soirées…

Le visage entouré de ses écouteurs blancs, Maeve marche d'un bon rythme en direction du pub où son date l'a conviée, quelques heures auparavant. Elle n'a rien d'autre à faire, en ce moment, de toute manière. Elle est en vacances, elle est techniquement loin de son chez-elle, ou en tout cas de son quotidien, et à mille lieues d'avoir des obligations. Profiter, c'est le maître mot qu'elle emploie depuis quelques semaines maintenant. Elle a réinstallé Tinder récemment, et a même eu le loisir de retomber sur quelques matchs qu'elle avait eus la dernière fois qu'elle l'a utilisé, il y a de cela des années. C'était quelques mois après son entrée à l'école d'arts, majoritairement parce qu'elle ne connaissait personne en ville, et qu'arriver dans un tout nouvel endroit sans contact aucun est terriblement effrayant, d'après elle.

Ses talons rouges claquent sur l'asphalte, presque au rythme de sa musique. Elle s'y tient jusqu'à entrer dans le bar légèrement après l'heure prévue, et pile au moment où son téléphone se met à vibrer. Elle passe les lourdes portes de bois maintenues ouvertes pour faire circuler l'air à l'intérieur de l'établissement, tout en gardant les yeux rivés sur son téléphone. Son rendez-vous lui annonce qu'il sera en retard, qu'il a eu un imprévu, mais qu'il maintient leur soirée. Repensant à son visage sur les photos, Maeve répond distraitement, et, c'est presque les sourcils froncés qu'elle s'installe au comptoir, histoire de ne pas attendre bêtement à une table dont les chaises se feront sucrer jusqu'à ce qu'elle ne soit plus que le seul élément autour de cette première. Elle n'y croit absolument pas, à ce retard dit imprévu. Elle pense purement et simplement qu'elle est en train de se faire poser un lapin. Ce serait bien l'un des premiers de sa vie... Elle lisse le bas de sa jupe patineuse pour cacher ses genoux, d'autant plus quand elle remarque qu'un mec à côté d'elle -qui semble avoir dépassé la trentaine- est en train de la reluquer. "Excusez-moi, je peux vous aider ?" demande-t-elle d'un air quelque peu dédaigneux quand il baisse les yeux vers ses chaussures. Au moins, il n'aura pas loupé un seul centimètre carré de sa tenue... Le barbu remonte vers son visage, plante ses yeux dans les siens, et sans un mot se contente de tourner sa tête et de retourner à sa bière. Un air interloqué se dessine sur le visage de Maeve, qui roule des yeux en posant son téléphone sur le comptoir, pour surveiller le moindre texto de la part de son date. "Encore tombée à côté d'un taré, super..." marmonne-t-elle, tout en se penchant quelque peu sur le comptoir pour voir où se trouve le serveur le plus proche. L'homme peut très bien être un touriste qui ne parle pas un mot d'anglais, mais ce n'est pas la pensée première qui vient à l'esprit de la rousse. Elle prend garde à ne pas laisser ses boucles rousses traîner dans un quelconque reste de bière sur le comptoir et se prépare à héler la serveuse qui vient de la regarder, quand le barbu à côté d'elle lui adresse la parole et l'interrompt dans son mouvement. Sa voix est rugueuse, de celles qui restent en tête. Maeve est définitivement intriguée. Il a d'ailleurs une façon bien singulière de la complimenter, ce qui a le mérite d'attirer son attention. "Mer...ci ?" tente-t-elle, toujours surprise par cet énergumène. Elle secoue la tête très discrètement une fois qu'il lui a souri, mais peine à se souvenir de ce qu'elle souhaitait quelques secondes auparavant.

Commander. C'est ce qui revient à son esprit quand elle se rend compte que le barbu a réussi à héler un serveur et à se faire entendre sans trop de peine. Elle aussi, elle pourrait agir de la sorte ! Pourquoi attend-elle poliment ? A la recherche d'un barman pas trop occupé, ses yeux s'attardent quelques instants sur la nuque du trentenaire, ainsi que sur sa barbe. Il a les traits fins, elle ne le trouve pas désagréable à regarder. Pas du tout, même. Maeve oublie qu'elle devait héler le serveur et manque d'avoir un mouvement de recul quand l'homme à côté d'elle lui adresse à nouveau la parole. Elle toussote et reprend quelque peu de sa verve avant de répondre, ses yeux évitant soigneusement son téléphone : "Peut-être bien. Il aurait des raisons d'être jaloux ?" demande-t-elle, presque aguicheuse. Son ton a certainement dû déclencher quelque chose chez le barbu, étant donné qu'il hèle la seconde d'après son serveur pour que Maeve puisse commander à son tour. Bien trop heureuse de l'aubaine, elle communique son envie de bière blonde et reporte son attention sur le brun à côté d'elle. "Merci, j'apprécie le geste." Son remerciement n'appelle à aucune réponse, et pourtant, elle ne peut s'empêcher d'y ajouter : "Je m'appelle Maeve."

C’est triste à dire, mais Harper sait d’avance comment la soirée va se terminer. Comme d’habitude, cette inconnue va engager la conversation, il va répondre sans trop en dire sur lui-même, et il la ramènera à son hôtel pour passer la nuit avec elle, avant de s’éclipser au petit matin. Il en soupire presque, rien qu’en pensant au fait que c’est dommage, parce que cette jeune femme est vraiment jolie. Alors, oui, en effet, l’homme qu’elle semble attendre aurait ses raisons d’être jaloux. Le trentenaire esquisse un sourire moqueur, à peine masqué, en imaginant l’homme en question le reconnaître. Il se demande comment il pourrait réagir. Est-ce qu’il laisserait Harper avec sa nouvelle proie tranquille ? Ou est-ce qu’il essaierait quoi qu’il arrive de maintenir sa soirée avec la rousse ? Sans se départir de son sourire, le brun leva les yeux au ciel en se disant que sa notoriété ne faisait quand même pas tout. Pour preuve, la rousse ne semblait pas l’avoir reconnu, et c’était tant mieux comme ça.

‘‘Maeve… c’est joli comme prénom..’’ lâche-t-il sans la regarder, d’un ton doux. Il se demande un instant d’où elle peut venir, mais la question ne subsiste que quelques instants avant qu’il ne se dise que son accent ne peut que la dénoncer. Elle est du coin, c’est sûr et certain. ‘‘Moi c’est Harper.’’ A nouveau, il tourna la tête vers la jeune femme, sans que son sourire ne quitte ses lèvres une seule seconde, et il lève son verre rempli de bière dans sa direction. Il sait qu’il vaut mieux la laisser tranquille, la laisser se concentrer pour qu’elle puisse faire la belle devant l’homme qu’elle semble attendre, mais maintenant qu’il n’est plus emprisonné dans son carcan de solitude, il se sent joueur. Et elle n’a pas l’air d’être mal à l’aise non plus, il faut bien le dire. ‘‘Tu es du coin ?’’ Néanmoins, ce n’est pas du tout dans ses habitudes d’être dans le flirt permanent, de chercher les informations, de poser des questions. La vérité, c’est qu’il ne sait pas trop faire ça, parce qu’à l’accoutumée, les filles tombent comme des mouches devant lui, ou bien savent exactement ce qu’il cherche et ne prennent pas la peine de faire des pirouettes. D’habitude, il passe à l’action avant même de savoir leur prénom. ‘‘Je suis juste de passage ici. Enfin je suis déjà venu une ou deux fois je crois…’’ C’est qu’il confond toutes les villes possibles quand ce n’est pas la sienne, Harper, et il est vraiment nul en matière de souvenirs. Il l’a toujours été, mais cette facilité à tout oublier s’est exacerbée à la mort de son père. Une chose est sûre, c’est que le visage qu’il a en face de lui, il ne l’oubliera pas de si tôt.

Harper. Un prénom qui fleure la classe, même si ce n'est pas ce qui saute aux yeux de Maeve de prime abord. Elle esquisse un nouveau sourire, plus pour répondre au sien que pour le remercier de son compliment. Elle aussi, trouve que son prénom est fort joli. Sa bière arrive l'instant d'après, et c'est avec un sourire bien plus poussé qu'elle remercie le serveur, avant de reporter son attention sur le dénommé Harper, qui vient de lui demander si elle était du coin. "On peut dire ça comme ça..." élude-t-elle avant de sentir son téléphone vibrer près de son poignet droit. Elle y jette un oeil, et un quart de seconde lui suffit pour voir qu'elle s'est fait poser un lapin. Peu importe, elle a sûrement déjà trouvé un plan de rechange si elle en croit son sixième sens.

"Merci pour la bière, Harper," lance-t-elle en soulevant sa pinte dans la volonté de trinquer avec ce dernier. Cela fait, Maeve boit une grande gorgée et décide de s'intéresser à ce bel inconnu qui, même s'il l'a abordée de la pire des manières, l'intrigue beaucoup. "De passage ? Pourquoi ça ?" reprend-elle, se souvenant de sa dernière réponse. Elle également, est de passage ici, en quelques sortes. D'ici une semaine ou à peine plus, elle sera déjà repartie vers Brighton, ses obligations professionnelles l'y attendant de pied ferme.

Sa réponse n’éclaire pas vraiment Harper, qui détourne les yeux en se retenant de marmonner qu’elle n’est pas très claire. Ce n’est pas qu’il n’aime pas les gens mystérieux, bien au contraire, mais il préfère quand les réponses sont claires quand il a un peu d’alcool dans le sang, sinon il s’y perd. Il joue doucement avec son verre, faisant remuer le liquide ambré à l’intérieur et observant les volutes de mousse, douces spirales de houblon. Il ne relève même pas quand elle le remercie pour sa boisson, il est encore perdu dans ses pensées. Mais ses oreilles entendent bien la question qu’elle lui pose, lui demandant pourquoi il est de passage seulement. Il rit, doucement. La question est innocente, et elle ne sait vraiment pas qui il est. Pendant une seconde, il se demande s’il doit lui dire la vérité ou non. Elle pourrait être intimidée, Maeve, et ça l’ennuierait beaucoup. ‘‘Disons que c’est à cause de mon travail.’’ La réponse est aussi vague que la réponse de la rousse, juste avant. Après tout, si elle ne lui dit pas clairement les choses, il ne voit pas pourquoi il le ferait de son côté. ‘‘Je voyage beaucoup, en fait.’’ A nouveau, il porte à ses lèvres son grand verre et boit une longue gorgée, avant de regarder de ses grands yeux bleus le visage de Maeve, qui l’intrigue autant qu’il l’apprécie. ‘‘Je ne reste jamais très longtemps à un même endroit.’’ A part quand il est à Donwell, sa ville d’adoption en quelques sortes, l’endroit où il est tranquille pour écrire et composer, là où il n’amène jamais personne à part son meilleur ami. Même sa mère n’y a jamais mis les pieds. Son cottage est comme son jardin secret. ‘‘Je passe ma vie dans des hôtels, en somme.’’ Son regard est ancré à celui de son interlocutrice, avec la hâte de voir chacune de ses réactions, notamment face à cette dernière affirmation. Après tout, peut-être qu’elle n’a pas du tout la même envie que lui, au final.

"A cause du boulot ?" se répète Maeve, en écho. Elle n'est pas sans demander pourquoi il reste si évasif sur le métier qu'il fait. Et s'il s'agissait d'un détective, ou de quelque chose comme ça ? De quelqu'un qui ne peut pas forcément dévoiler ce qu'il fait, au risque de se mettre en danger ? La rouquine lève un sourcil quand le dénommé Harper ajoute qu'il voyage beaucoup. Elle aussi, pourrait se décrire de la sorte. Elle voyage beaucoup, entre Brighton et Donwell. Plus loin, mais bien plus rarement, entre Brighton et Edimbourg. Comme maintenant. "Mmmh, je vois..." fait Maeve, dubitative, pendant que son acolyte de fortune boit une gorgée de sa bière. Elle l'imite pendant qu'il précise qu'il ne reste jamais longtemps au même endroit, et qu'il passe sa vie dans les hôtels. Cet homme l'intrigue de plus en plus. Elle ne se sent pas le moins du monde menacée. Après tout, elle est en plein milieu d'un bar. Même s'il s'agit là de quelqu'un qui cherche à fuir quelque chose, Maeve ne risque pas grand chose tant qu'elle ne sort pas de là en sa seule compagnie. Elle boit une nouvelle gorgée, très vite après sa dernière, et finit par demander, de but en blanc : "Pourquoi dans des hôtels ? Tu bosses dans quoi ?" Avant qu'il n'ait l'occasion de répondre, et pour l'inciter à être le plus sincère possible avec elle, elle lâche : "T'avais raison pour moi, je suis originaire du coin, mais je n'y vis plus. J'y suis juste en vacances."

Les yeux de Harper détaillent le visage de l’inconnue, ou plutôt, de Maeve. Il guette la moindre de ses réactions, en essayant de prédire à l’avance ce qu’elle pense, ce qu’elle imagine sur lui. Elle est surprise par ce qu’il lui raconte, et ce n’est pas étonnant, Harper n’est pas franchement le physique typique du baroudeur. Il se demande si elle se doute de ce qu’il fait dans la vie. Parce que là-dessus, il n’a pas vraiment le physique d’un homme d’affaires non plus. Les cheveux en pagaille, une barbe de bien plus de trois jours, il fait plus hippie que sérieux en tout cas. En fait, il n’apporte pas d’importance à son apparence. Il s’empêche de rire quand elle lui pose deux questions d’affilée. Il sent qu’elle est intriguée, qu’elle veut comprendre, savoir, avoir toutes les clés en main pour le connaître plus qu’elle ne devrait. Il ouvre la bouche pour lui répondre du tac-au-tac, mais Maeve est plus rapide que lui et embraye directement. Avec un sourire, il l’écoute lui dire qu’il avait raison et qu’elle est bien du coin, mais en vacances. Ainsi, ils sont tous les deux des outsiders dans cette ville, elle parce qu’il n’y vit plus, lui parce qu’il n’est que de passage. Intéressant. ‘‘Je ne pense pas que tu me croirais si je te disais la vérité.’’ Encore une fois, Harper détourne le regard. Il ne sait pas pourquoi il ne veut pas lui dire tout de suite, pourquoi il préfère encore parler avec elle sans qu’elle ne sache tout. Peut-être parce qu’il a peur qu’elle ne le voit plus de la même façon. Peut-être parce qu’il préfère rester anonyme encore quelques instants. Il soupire, Harper, parce qu’il est pris au piège de toute façon, comme d’habitude. Sauf que généralement, il n’a pas besoin de mentir ou de cacher la vérité, surtout avec les filles. ‘‘Je travaille dans la musique’’ soupire-t-il. Puis, il se rend compte qu’il va bien falloir lui dire à un moment ou à un autre, surtout s’ils envisagent de passer un moment ensemble dans la nuit. ‘‘En fait, je joue dans un groupe. On est en concert dans le coin.’’ Ses yeux ne détaillent plus du tout le visage de Maeve, ils sont comme aspirés par le fond de son verre de bière, et il attend comme une sentence, pour l’instant silencieuse, sans trop comprendre pourquoi il se sent gêné de lui avoir dit une chose pareille, qui n’est que la vérité, lui qui d’habitude est si fier de sa carrière, et son pompeux quant il s’agit de parler de ce groupe qui représente toute sa vie.

"Ok. C'est carrément un meurtrier." C'est la première pensée qui traverse l'esprit de Maeve quand Harper lui déclare qu'elle ne le croirait pas s'il lui disait la vérité. N'importe quelle fille se serait enfuie en courant, aurait prétexté n'importe quoi pour ne plus se trouver dans son orbite, mais pas Maeve. Son ampoule mentale d'alerte ne s'est toujours pas allumée, étrangement. Le dénommé Harper détourne même le regard. Ça devrait normalement déclencher quelque chose chez Maeve, mais pas cette fois. Sa méfiance s'est tarie, avec le temps. Il finit par soupirer, et plutôt que de le forcer à lui avouer ce dans quoi il travaille, Maeve se contente pour le moment de regarder la notification qu'elle a reçue sur son smartphone il y a déjà de longues minutes. "Imprévu de dernière minute. Désolé. On reporte ?" Un petit sourire sur les lèvres, Maeve range son téléphone dans son sac à main. Elle n'en a hypothétiquement plus besoin, pour ce soir. Dans la foulée, et alors qu'elle reporte à nouveau son attention sur lui, Harper informe Maeve qu'il travaille dans la musique. Elle lève un sourcil, intriguée. Elle aussi, en quelque sorte, travaille dans la musique. La rouquine ne réagit pas tout de suite, et elle fait bien, car son acolyte finit par lâcher qu'il joue dans un groupe, et qu'ils donnent un concert dans le coin. Elle est presque sûre de n'avoir jamais vu sa tête quelque part dans les médias, il ne doit pas tourner avec un groupe connu. Ou alors est-il seulement le batteur ou bassiste d'un groupe quelconque. Peut-être d'un groupe de vieux rock, à la Guns N'Roses. Maeve hoche la tête même si Harper ne la regarde pas, les sourcils toujours levés. "C'est marrant, ça, parce que moi aussi je bosse dans la musique." Elle attend que le barbu ait levé le nez vers elle pour lui déclarer : "Je suis photographe. Et je me suis spécialisée dans la photo de concert. Je bosse au Brighton Dome." Maeve finit par laisser échapper un petit rire. "Ah, merde, tu sais où je vis, maintenant, en plus."

Harper se doute qu’elle doit être en train de le regarder, de le détailler peut-être, pour déterminer si elle le connait ou non. C’est très étrange pour lui, il n’est pas habitué, mais c’est plutôt grisant de se dire qu’une femme qui lui parle ne le connait pas déjà. Sur cette pensée qu’il juge un peu désespérée, il rit intérieurement de lui-même. Pauvre type. Il ne lui faut pas longtemps avant que ses pensées ne repartent sur leur conversation, dès que Maeve reprend la parole. La vie fait souvent bien les choses, tout de même, puisqu’ils sont amenés à parler de sujets qu’ils connaissent tous les deux. Même si Harper n’est vraiment pas calé en photographie, il doit admettre qu’il apprécie souvent le travail que font les photographes lors de leurs concerts. Non pas qu’il apprécie se regarder sur des photos, mais il est souvent amené à choisir, avec ses camarades, des photographies choisies pour les poster sur les réseaux sociaux et autres sites internet. Peut-être que par hasard, il a déjà pu voir le travail de Maeve, d’une manière ou d’une autre. La jeune femme, par contre, lui reste une inconnue. Dans la pénombre d’une salle de concert, il n’a pas pu faire attention à rien d’autre qu’aux spots qui lui éclairent tous les soirs le visage. ‘‘Ah c’est plutôt drôle, parce qu’on a été à Brighton il n’y a pas si longtemps… je ne saurais pas te dire la date exacte, mais peut-être que tu étais là.’’ Il lui fait un sourire, il est persuadé qu’elle n’en a rien à faire de toute façon, elle ne sait pas qui il est. ‘‘Moi aussi je viens du coin de Brighton. J’y retourne de temps à autres, quand je ne suis pas en tournée…’’ Il ne sait pas vraiment ce qu’elle va faire de cette information, parce qu’après ce soir, quoi qu’il arrive, ils ne se reverront probablement pas. Il n’imagine pas qu’il puisse garder contact avec quelqu’un comme elle, même si elle lui plait plutôt bien. ‘‘Tu me montres ton travail, alors ?’’ Intéressé, Harper se tourne presque entièrement vers elle, glissant sur le tabouret de quarante-cinq degrés, sa bière à la main. Il attend patiemment qu’elle accepte, en espérant secrètement qu’elle tombe sur une photo au hasard de lui, et qu’elle se rende compte d’où elle a mis les pieds en parlant avec lui…

Maeve hoche doucement la tête, un léger sourire figé sur ses lèvres pulpeuses. "Peut-être bien, qui sait..." Elle ne se souvient absolument pas de son visage, en tout cas. Soit son groupe n'est jamais passé au Brighton Dome, soit ce n'est pas le genre de musique qu'elle écoute, soit elle ignore simplement la tête des membres de son groupe si ce dernier est connu et passe à la radio. Elle n'est pas branchée magazines ou autres papiers du domaine de la musique, même sur Internet. En revanche, d'apprendre qu'il vient du coin de Brighton fait tiquer Maeve, qui rebondit immédiatement dessus. "C'est drôle ça, si ça se trouve on s'est déjà croisés y'a longtemps... Tu n'aurais pas donné des cours de musique dans une école d'arts à Brighton, par hasard ?" tente la rouquine plus pour le taquiner que pour réellement apprendre à le connaître. Elle se souvient en tout cas du nombre d'étudiants inscrits en spécialités musicales, dans l'école qu'elle a fréquentée. A eux, avec ceux inscrits en dessin, ils représentaient plus de la moitié des effectifs.

Maeve est en train de boire une gorgée de sa bière quand Harper lui demande, après un silence de seulement deux secondes, si elle peut lui montrer son travail. Elle hoche la tête sans retirer le verre de ses lèvres et entreprend de récupérer son téléphone, qu'elle a rangé il y a peu dans son sac à main, et ouvre Instagram. L'application est un peu longue à charger étant donné qu'il n'y a pas tant de réseau que cela dans le bar, mais une fois qu'elle est sur son profil, Maeve se penche depuis son tabouret vers Harper pour faire défiler ses photos devant lui. Elle sait d'ailleurs pertinemment que de la sorte, elle est en train de lui offrir une vue plongeante dans son décolleté. "Ce n'est pas du grand art, mais il paraît que je fais bien ce dans quoi je bosse... Heureusement, tu me diras !" commente-t-elle sans cesser de faire défiler les images de son fil, ordonné et propre comme on le lui a appris à l'école, dans les modules de communication.

Le fait que Harper vienne également de Brighton semble retenir l’attention de Maeve et elle semble presque intéressée par le fait qu’ils soient tous les deux du même coin. C’est vrai qu’avoir grandi et vivre dans la même ville est peut-être un moyen de faire connaissance encore plus facile qu’un autre sujet. Elle semble chercher dans ses souvenirs si elle a déjà vu Harper quelque part, s’ils se connaissent peut-être de vue, mais Harper est affirmatif, et sûr de lui : il n’a jamais vu une jeune femme aussi belle qu’elle dans son quartier ou ailleurs… il s’en souviendrait sinon. ‘‘Je n’ai jamais donné de cours de musique non… la pédagogie, c’est pas trop mon truc.’’ Il déteste même devoir s’expliquer, ou expliquer ce qu’il a en tête. C’est la magie de son groupe : ses camarades de musique comprennent très souvent ce qu’il veut, ce qu’il souhaite, ce qu’il décide de lui-même. Parfois, il s’agit simplement qu’il joue deux ou trois notes pour que les autres comprennent. L’osmose entre eux cinq est très agréable, et Harper ne changerait cela pour rien au monde.

Harper ne peut s’empêcher de sourire quand la jeune femme accepte de lui montrer ce qu’elle sait produire en terme de photographie. Il est curieux de voir son style, ce qu’elle aime. Il imagine qu’elle ne fait que de la photo de concert pour le travail, mais qu’elle doit aimer d’autres sujets dans le privé. Les fleurs, la nature, les animaux, peut-être. C’est ce qu’aiment les filles, non ? Maeve commence à lui montrer toutes les photos qu’elle a postées sur instagram, et Harper essaie tant bien que mal de retenir son nom d’utilisateur, et aussi de retenir son regard de trop descendre sur la poitrine très dévoilée de son interlocutrice, qui a l’air de très bien comprendre ses intentions futures. ‘‘Tes photos sont très belles, j’aime beaucoup l’effet que tu y mets.’’ Pendant une seconde, ses yeux se baissent plus qu’il ne faut et il se retrouve déconcentré. Il est finalement très content que son date de ce soir ne soit pas venu, ça lui permet de se retrouver seul avec elle, sans que personne ne puisse venir les ennuyer. Il remonte ses yeux tant bien que mal sur l’écran du téléphone portable et les écarquille en voyant sa silhouette s’afficher sur le fil qu’elle continue de faire défiler. Il rougit, gêné. ‘‘Oh eh bien…’’ Il n’ose rien dire de plus, et observe le visage de Maeve, se demandant si elle va comprendre sa réaction ou non. Puis, il repose les yeux sur la photo et doit bien se rendre à l’évidence que la rouquine a beaucoup de talent. Il ne s’est jamais vu d’une aussi belle façon sur un cliché…

Haussement d'épaules de la part de la rousse. Etrangement, elle aurait pu se douter que le dénommé Harper ne donnait pas tellement dans la pédagogie. Ca se lit presque sur son visage, en un sens. La solitude donne des traits particuliers aux hommes, surtout quand ils commencent à prendre de l'âge.

L'heure est venue pour elle de montrer ce qu'elle produit, ce qui ne la dérange pas le moins du monde. Maeve adore les compliments, et même si elle a assez confiance en elle pour ne pas en dépendre, ça lui fait toujours un bien fou de les entendre. Le musicien semble d'ailleurs apprécier ce qu'elle lui fait voir, il ne s'en cache pas. Le sourire de Maeve est tel qu'elle aurait presque envie de se pencher davantage pour lui faire apprécier d'autres choses, qui sont certainement à venir pour eux.

Alors qu'elle a les yeux posés sur lui, guettant le moindre de ses non-dits, Maeve remarque que Harper se met à rougir, tout à coup. Elle hausse un sourcil et reporte son attention sur son téléphone. La photo sur laquelle elle s'est arrêtée en voyant les joues du musicien se teinter de rouge est celle de Fadings, un groupe qu'elle a eu l'occasion de prendre en photo l'année passée. "Tu connais ce groupe ?" demande-t-elle, naïvement. Elle examine plus attentivement son cliché pour essayer de voir si l'un des membres du fond ne serait pas Harper, quand elle remarque la ressemblance frappante entre le leader qu'on voit au premier plan, et lui. "Attends... Non, tu ES dans ce groupe ?" s'étonne-t-elle. "On dirait toi, là..."

Il déteste son putain de corps de le trahir aussi facilement. Harper maudit ses joues d’avoir pris cette teinte tomate qui a fait réagir Maeve. Il ne peut s’empêcher de fixer le cliché, puisque c’est bien la première fois qu’il ose se trouver élégant sur scène sur une photographie. Il faut dire que la petite rousse a du talent dans ce qu’elle fait, parce que toutes les photos qu’il peut voir dégagent quelque chose d’admirable, de fou, de magnifique. Elle reporte son attention sur son téléphone, délaissant son visage, et Harper essaie donc, pendant ce temps, de calmer les rougeurs de ses joues, de faire redescendre la température de sa tête. Il ne répond pas quand elle demande s’il connait ce groupe. Ce serait beaucoup trop facile de dire la vérité tout de suite. Maeve devine quand même assez rapidement que c’est lui sur la photo, malgré la résolution plutôt amoindrie de l’écran de téléphone. Il faudrait être aveugle pour ne pas faire le rapprochement. Il soupire. ‘‘Hmm.’’ C’est avec ce ton nonchalant qu’il répond, alors qu’il est plutôt flatté de se voir sur un fil instagram aussi bien mené. ‘‘Tu réussis plutôt bien tes clichés, je dois dire.’’ Il ne sait pas vraiment quoi dire d’autre, il est gêné par cette situation, alors qu’il l’a bien cherchée ! Il voit bien qu’elle attend des explications, qu’elle pose mille questions silencieuses, rien qu’avec ses yeux de biche. Il lève les yeux au ciel et se lance : ‘‘Ouiii, c’est bien moi sur ta photo, arrête de réfléchir.’’ Elle semble prête à le frapper devant ce ton si cinglant et il sourit pour adoucir la situation. ‘‘Je suis le chanteur, et.. je joue de la guitare et du piano aussi. Mais généralement on se souvient juste de moi en tant que chanteur… bref.’’ Harper observe le visage de la jeune femme, ne sachant pas bien interpréter ce qu’il y voit, peu sûr de lui. Il préférait quand ils flirtaient juste avant, finalement. Maintenant que ce n’est plus le cas, il se rend compte qu’il ne sait pas quoi dire pour briser la glace.

Harper élude carrément la question de Maeve, dont le sourcil se lève toujours plus haut. Elle le fixe, presque sans cligner des yeux, comme pour l'inciter à lui dire la vérité. Il finit par céder en levant les siens au ciel, ce qui a pour don de faire toussoter Maeve. Harper avoue qu'il est bien le chanteur de Fadings, et qu'il y joue également de la guitare et du piano. La rousse reste coite un instant, ne sachant que répondre. Elle essaie surtout de se souvenir de la soirée où elle a pu les photographier, lui et le reste des membres de son groupe. A dire vrai, elle ne parvient pas à poser des images sur ce concert. Seules les quelques photos qu'elle en a postées lui rappellent qu'il y avait beaucoup de cris, et qu'elle a plusieurs fois été touchée par des mains levées vers la scène pendant qu'elle tentait de faire son travail du mieux possible.

Maeve reprend enfin ses esprits et pose son téléphone sur le comptoir pour se remettre correctement assise. "Hum, d'accord. C'est chouette, vous avez l'air appréciés, je me souviens que ça criait beaucoup," lâche-t-elle en se mouvant. "Si tu veux en regarder plus, je te laisse mon compte Instagram, n'hésite pas à me suivre," propose-t-elle sur un ton neutre. "Alors, c'est quoi qui t'as conduit vers cette carrière ? Il existe tellement de métiers moins... contraignants... J'imagine que ça ne doit pas être de tout repos, surtout à l'égard de ta famille." Maeve reprend sa bière. Elle ne sait rien du degré de célébrité du groupe de Harper, et à vrai dire elle s'en fiche pas mal. Il reste un homme furieusement sexy, assis avec elle, au comptoir d'un pub, devant une pinte. L'instant présent est tout ce qui compte pour Maeve, ce soir.

Harper ne peut s’empêcher de ricaner, fièrement, quand Maeve lui explique qu’elle pense qu’ils sont appréciés et que la salle criait beaucoup quand ils étaient là sur scène. Il faut dire qu’ils sont jeunes et plutôt pas mal, en réalité, ce qui amène bien sûr son lot de groupies, en règle générale. Leur public est en réalité assez mixte, ce qui est plutôt rare pour un groupe de rock. En fait, Harper n’y a jamais prêté beaucoup d’attention, sauf lorsqu’il s’agit de se trouver une compagne pour la nuit. Il aime son public, qui le lui rend bien, mais il n’est pas très bavard, voire plutôt carrément timide, quand il s’agit de discuter avec un fan qui ne veut pas juste passer la nuit avec lui. C’est en partie pour la dernière raison citée qu’il n’est pas timide avec Maeve… et peut-être aussi parce qu’il a déjà un peu d’alcool dans le sang.

Le chanteur hoche la tête quand elle lui propose de la suivre sur instagram. Ce sera avec plaisir, ainsi il pourra garder un contact avec elle. On ne sait jamais, selon la seconde partie de cette soirée surprenante, peut-être qu’il aura envie de la revoir dans le futur. Quand il rentrera à Brighton, par exemple ! Il se note dans un coin de la tête le pseudo qu’il voit sur la page toujours ouverte et reporte son attention sur la jeune rousse qui lui demande pourquoi ce choix de carrière et comment ça a pu arriver. Il hausse les épaules, un peu nonchalant : ‘‘C’est pas moi qui ai choisi la carrière, c’est elle qui m’a choisi, on va dire.’’ Une réponse toute faite, pour une question qui le laisse un peu perplexe. S’il a fait ce choix, c’est parce qu’il avait envie de vivre une vie que son père aurait rêvé de toucher du doigt, peut-être, et parce que le talent dont il fait preuve l’autorise à être reconnu. ‘‘Le problème de la famille est vite réglé, ne t’en fais pas.’’ Il lui adresse un petit clin d’œil, histoire de lui faire comprendre qu’elle ne rendra personne cocu si elle tombe dans ses bras avant minuit. ‘‘Je passe ma vie sur la route, j’adore ça, je compose tout le temps et je ne rentre chez moi que très rarement. C’est la vie que j’ai choisi de mener, et elle me convient parfaitement.’’ Pas d’attache, nulle part, à part une légère à Brighton où vit sa mère, et à Donwell, où il part quelques semaines se ressourcer, de temps en temps. ‘‘Et toi alors ? Qu’est-ce qui pousse une jeune fille à devenir photographe ? Et pourquoi spécialisée dans les concerts, comme ça ? Tu as juste pris la première opportunité qui venait, ou bien tu aimes la musique ?’’ Harper sait qu’elle n’a possiblement aucune connaissance dans son domaine à lui, ce ne serait pas la première fois que quelqu’un fait un travail dans un domaine qu’il ou elle ne connait pas du tout…