« i knew you were trouble. » — ((A&W#00))

Elle le voit gentil avec Lilac. Elle le voit la caresser, jouer avec elle. Winnie s’étonne à le trouver si attachant, si doux, soudainement. Mais rapidement, ses paroles froides la rattrapent. Évidemment qu’il ne compte pas la pardonner, pas avec une facilité aussi déconcertante. S’excuser, pourtant, elle ne l’a jamais fait, aussi têtue soit-elle. Deux fois. Elle a toujours été un peu trop fière, un peu trop impétueuse, même si elle acceptait ses torts. Face à lui, c’était différent. Elle ne sait pas pourquoi, elle n’arrive pas à faire semblant, elle n’arrive pas à vouloir lui faire du mal. Ce baiser a changé la donne, leur dynamique, leur… relation. Et c’est aussi déstabilisant que rassurant. Il finit par se lever, par la dépasser, d’une bonne tête et Winnie semble bien petite à côté de lui. Mais elle n’a pas peur, elle n’aura jamais peur. Doucement, elle relève sa tête vers lui pour y voir du défi lorsqu’il parle de son comportement. Qu’elle se fasse pardonner, même. Elle-même ne se le pardonne pas, alors elle n’ose pas imaginer combien elle a vraiment dû le blesser. « Pourtant, ce n’est que la stricte vérité. Je vis chaque instant avec énormément d’intensité. Beaucoup de passion. Le baiser, il m’a littéralement déstabilisé parce que… parce que je le voulais, que tu m’embrasses. Depuis ce jeudi, quand nos regards se sont croisés. C’était… mon premier vrai baiser et tu l’as senti aussi. » Quitte à jouer le tout pour le tout, autant qu’il sache réellement le fond de sa pensée, le pourquoi du comment, qu’il comprenne sa façon de réagir et d’appréhender les choses. « Je ne saurais pas l’expliquer et c’est sans doute idiot et stupide, mais t’es entré dans ma vie, comme un ouragan. Tu… as tout chamboulé sur ton passage et mes émotions n’en sont que… décupler ? Je n’ai jamais eu de petits copains. Je n’ai jamais eu cette sensation étrange de me consumer de l’intérieur juste parce qu’on pose les yeux sur moi. Et pourtant, je me sais désirer, malgré tout. » Winnie connait les regards lascifs qui la déshabillent, continuellement. Mais elle n’y prête pas plus d’attention que ça, parce que, au fond, ça ne l’intéresse pas. « Mais toi, toi, c’est différent. Ce baiser, ta façon de me dévorer à chaque fois que tu me regardes, quand tu me touches, la manière que tu as de me tenir avec possessivité. Pour la première fois, ça me plait et je n’ai pas peur. Tu ne me fais pas peur, bien au contraire. » Winnie finit par se rapprocher de lui, doucement, en ne quittant pas ses prunelles bleues. Elle s’y noie, elle s’y perd, parce que ces abysses l’attirent entièrement vers le fond. « Alors… si je dois me faire pardonner Stairs, je suppose que… je dois te le rendre, faire preuve d’audace et de courage à mon tour. » Winnie a compris que les gestes sont plus parlant que les mots pour lui, qu’il a besoin de preuves, pour accorder un minimum de son attention à la personne en face de lui. Que cela soit réciproque aussi, peut-être. Sa main se pose sur sa joue, tendrement, avant de déposer un baiser chaste sur ses lèvres. Sur la pointe des pieds pourtant, bien vite, ses bras passent autour de son cou pour le rendre plus vivant, plus affamé, plus passionné. Ça la brûle, elle en veut plus, beaucoup plus, se raccrochant à ses cheveux, sa nuque, autant qu’elle le peut. Au bout de quelques secondes, à bout de souffle, elle pose son front contre le sien. « I don’t know what I just did and… » Elle se racle la gorge pour retrouver une certaine contenance, toujours contre lui. « … but I liked. So much. » Son pouce caresse les lèvres de Stairs, rougies par le baiser qu'elle vient de lui donner pour se faire pardonner.

(( THEME )) // Les baisers la brûlent. Sur sa chair. Les mains qui parcourent brièvement son corps la font trembler. Elle n’a jamais ressenti une telle passion Winnie, jamais rien de similaire. En un seul baiser, elle a la sensation de prendre feu, un milliard de fois, avant que ses cendres la fassent renaître, de nouveau. Elle gémit quand il l’appelle Rosie. Elle s’agrippe à lui quand elle a l’impression de sombrer, que ses guiboles ne la soutiennent plus. Elle ferme les yeux pour mieux savourer ce désir qui la consume, là, dans ses viscères. Elle en voudrait plus, tellement plus. Mais est-ce réel ? Est-ce vraiment en train de se passer ? « Okay okay… calm down Stairs, okay ? » Le rire qui s’échappe d’entre ses lèvres est amusé, presque enfantin. Elle essaie de se défaire de son emprise, presque avec violence, parce que ça l’étouffe et elle se sent capable de réellement passer une étape qu’elle n’a même pas encore envisagé, ni même à laquelle elle n’a réellement réfléchi. « Je suis venue pour travailler à la base… mais quelque chose me dit que… tu as autre chose en tête non ? » Faussement, elle prend l’air de réfléchir en levant les yeux au ciel. Évidemment qu’ils ne vont pas bosser ce satané exposé, vu comme chaque contact les électrise. Pire, chaque instant était rempli d’une tension sexuelle intense. Ça ne l’aide pas, quand il la regarde avec une faim dévorante, presque quasi impossible à satisfaire. Un appétit vorace qui la ronge elle aussi. Mais elle apprécie à découvrir combien il est doux, attentionné, patient et bien plus incroyable encore, il sourit. Et ce sourire, elle le sait, elle ne pourra jamais, au grand jamais, se passer de le voir, de l’observer. Elle l’imprime sous ses paupières parce qu’il est une des plus belles choses qu’elle a pu voir dans sa vie. La colère contre le monde peut se transformer en paix éphémère et Winnie se dit que ça en vaut le coup, d’essayer. Quitte à se brûler les ailes pour y arriver.

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Ce sourire ne quitte pas ses lèvres. Rien ne peut l’enlever. Rien ne peut lui retirer cette joie qu’elle ressent. C’est nouveau, c’est puissant et elle pense voler, littéralement. L’amour adolescent est un concept qu’elle n’a jamais vraiment compris, mais peut-être que c’est ça finalement ? Juste se sentir bien ? Apprécier l’instant ? Nolan l’attend devant le lycée, il voit bien à sa tête que vendredi n’est qu’un lointain souvenir mais il ne comprend pas. Quand il l’a ramené vendredi soir, elle était dans un piteux état. « Hey… Winnie, ça va ? » Il s’inquiète, il ne sait pas trop comment lui parler et ce sourire un peu trop béat le déstabilise. « Oui, pourquoi ça n’irait pas ? » Elle fronce les sourcils alors qu’elle pose des affaires dans son casier. Presque avec des gestes robotisés. Son corps est là, mais son esprit est encore avec Stairs, samedi après-midi. « Bah… lorsque je t’ai laissé vendredi… t’étais pas très bien, pour ne pas dire carrément mal. — Oh. Eh bien, disons que samedi, je suis allée pour l’exposé et… je crois que. Je ne sais pas comment l’expliquer mais… on est ensembles ? » Nolan écarquille les yeux sous la surprise. Même elle, à l’idée de le dire à voix haute, ça lui donne des frissons. Comment ça pouvait être seulement possible ? « Peu importe, je ne l’ai pas vu depuis hier et on n’en a pas vraiment parlé. Même si on a passé notre temps à… s’embrasser au lieu de faire l’exposé. — Winnie ! — Je n’y peux rien… j’ai… je ne sais pas. Il n’est pas si mauvais. Quand il veut. » Nolan secoue la tête, amusé. En vérité, ce dont elle devrait s’inquiéter, c’est Brittany et sa bande. D’ailleurs, elles s’approchent toutes d’elle, pour l’encercler. Winnie les dévisage, gentiment. Personne ne peut lui enlever ce sourire, personne, sauf celui qui le lui a provoqué, Stairs. « Tiens Doherty. Remise de tes émotions de vendredi ? » Winnie lâche un soupire agacé. Elle ne s’arrêtera donc jamais. « Laisse-moi passer Brittany, il vaut mieux pour toi. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. Les mots sont une chose. Les coups en sont une autre. » Le rire que Brittany lâche lui fait serrer le poing le long de son corps, toujours avec le même sourire collé sur les lèvres. « Tu vas me frapper ? Really ? » Sa tête se penche sur le côté, alors que Brittany la plaque brutalement contre les casiers. Winnie soutient le regard, imperturbable. « You lose. Et puis, ton preux chevalier n’est pas là pour te sauver. Awww que c’est si triste. » Le rire tonitruant qui s’échappe de la bouche de Winnie surprend Brittany qui recule d’un pas. « Tu crois vraiment que j’ai besoin de lui pour me défendre ? Ce qui s’est passé vendredi était… un accident. Qui ne se reproduira pas. — Come on, Doherty. Tu n’es rien. Ni pour lui, ni pour personne. — Tu es jalouse ? » Elle frappe du poing sur le casier, mais Winnie ne la lâche pas des yeux, ni le sourire en coin qu’elle a encore pour la narguer. Mais sa tête se tourne vers l’entrée du hall. Elle n’écoute plus Brittany, ni le bruit ambiant, elle ne voit que lui. Stairs. Les rayons de soleil derrière lui le rendent encore plus beau que dans ses souvenirs de la veille. Sa beauté accroche sa rétine, avec violence. Il lui sourit, simplement. Ce sourire. De nouveau, sa tête revient à Brittany, qui est en train de lui hurler dessus. Mais elle n’entend pas. Elle ne veut pas l’entendre. Alors le coup part. Un coup de poing. Winnie sent le nez de Brittany se casser au contact de ses phalanges. Tout son bras vibre sous l’intensité du geste. Elle la voit vaciller, puis trébucher, au sol. Humiliée, détrônée, chutée de son piédestal. Le sourire qu’a Winnie cette fois n’est plus aussi chaleureux, ni aussi béat. Non, cette fois, son sourire est carnassier, vainqueur. « Tu m’as cassé le nez ! Sale garce ! — Mh. Ça ne te suffit pas ? Tu veux que je casse ta mâchoire ? Suffit de demander. — Tu vas me le payer ! — Tu aboies mais tu ne mords pas. Tu laisses les autres faire. Donc un conseil, fiche-moi la paix. Ainsi que les autres gens que t’estimes inférieur à toi juste parce qu’ils sont différents. Parce que ce n’est ni ton nez, ni ta mâchoire que je vais briser, mais toi. Tout ton être. Une chose après l’autre. Et… crois-moi, t’as pas envie que je le fasse. » Fair-play, elle lui donne malgré tout un mouchoir. « Tiens, t’es en train d’en mettre partout. C’est écœurant. »

L’échange qu’elle voit entre Brittany et Stairs la déstabilise. Il prend sa défense. Il. Prend. Sa. Défense. Elle voit rouge Winnie, si rouge. Elle serre le poing, prête à lui en donner un à lui aussi pour lui apprendre, mais… quand ses yeux accrochent les siens, comme toujours, elle se détend. Elle se décontracte parce que c’est l’effet qu’il a sur elle. Qu’il aura toujours. Tout feu, tout flamme. De la glace, qui redevient liquide. Mais à sa grande surprise, c’est Nolan qui répond à sa place. « Winnie n’a fait que se défendre… Brittany l’a provoqué, encore. — Nolan, please. — Sa main se pose sur son bras, doucement. — Ce n’est rien. Il sait et il comprend. Il n'a pas besoin de parler. » Parce qu’elle le voit dans ses yeux, ce n’est pas le coup de poing qui l’inquiète, c’est les conséquences de ce dernier. C’était un geste impulsif, non calculé. « Okay… trop de tension pour moi, je vais en cours ! » Nolan disparait au bout du couloir alors qu’elle n’arrive pas à détacher son regard de Stairs. Elle ne l’a pas quitté une seule seconde. Pourtant, elle se mord la lèvre en baissant la tête, un peu honteuse. « Nolan a raison. Elle l’a cherché. Elle a parlé de vendredi. Elle a… parlé de toi. Alors qu’elle ne sait strictement rien. Je n’ai juste pas pu… résister à l’envie de lui la faire fermer un peu. » Winnie croise ses bras sur sa poitrine, en s’adossant aux casiers. Un soupir lui échappe, elle n’est qu’une idiote. Ce week-end était trop beau pour être vrai, il ne l’a même pas embrassé. « Nevermind. Ce qui est fait est fait. Si elle veut se venger, qu’elle vienne, je l’attends. Ainsi que tous les autres. » Cette part d’ombre, enragée, désinvolte, elle ne pensait clairement pas la faire ressortir aussi rapidement. Peut-être que c’est lui, finalement qui l’y a aidé. « Je vais sûrement être convoquée de toute façon pour lui avoir brisé son magnifique nez. Elle a de la chance que ça ne soit pas autre chose. J’aurais pu faire bien pire. » Ses yeux se plissent, agacée. Stairs ne parle toujours pas et ça la contrarie. Est-il dégoûté par ce qu’il voit ? Par ce qu’elle peut être ? Winnie est tout ou rien, il n’y a jamais eu de juste milieu dans sa façon d’aimer, d’être passionnée. Par les gens, par les choses, par les études. Si elle aime, elle se donne entièrement, dans un plaisir si intense, que ça la brise, parfois. Si elle n’aime pas, au contraire, elle ne fera rien, limite indifférente et froide. Cette facette là de sa personnalité venait de son enfance un peu solitaire, en tant que fille unique. Aimer avec déraison, maladroitement, beaucoup trop. Mais au moins, faire semblant, c’est une chose qu’elle ne sait pas faire, qu’elle n’a pas encore appris. C’est bien là tout le problème de ses émotions, parfois décuplées, parfois annihilées, tantôt éteintes, tantôt inexistantes. Et il a été l’élément déclencheur de sa passion, de ce tout et de ce rien qui s’entremêlent en elle ; réveillant ce qu’elle peut donner de mieux, mais aussi le pire. Pour le meilleur. « Je vais en cours. » Un dernier regard en biais avant de s’extirper de lui mais elle songe au fait qu'elle espère au fond d'elle qu'il la retienne. Parce que Winnie obéit, tout du moins son corps, sera à sa merci. Comme ça le sera toujours.

Elle s’arrête au milieu du couloir avant de se retourner vers lui. Il n’y a plus personne à part eux, alors elle s’avance vers lui et le tire par le bras pour qu’il lui fasse face. Elle déglutit Winnie, il a toujours cet air en colère qui le définit si bien et la chose qu’elle fait, qu’elle est capable de faire, c’est de l’embrasser. L’embrasser pour tout balayer. L’embrasser pour tout oublier. L’embrasser parce qu’elle en a besoin, de le sentir contre elle, de sentir le goût de ses lèvres. C’est plus fort qu’elle, que sa raison, que son cœur. Ce week-end était bien trop beau pour tout gâcher. Et elle ne veut pas gâcher ça Winnie. Pas quand elle le désire si fort, si ardemment, si puissamment que ça la brise d’imaginer un seul instant qu’elle ne pourrait jamais plus recommencer. « C’était stupide. Mais je t’assure, elle l’a cherché et tu le sais mieux que moi. » Se justifier, elle sait déjà qu’aux yeux de Stairs, c’est inutile. Il ne veut pas des mots, il n’en a jamais voulu. Il veut des gestes. « Je ne me prends pour personne... sauf pour Winnifred. Je sais aussi frapper. Pas seulement avec les mots. » Les mots sont une arme, mais dans le cas présent, il n’y avait réellement que le coup de poing pour la terrasser. Du moins, c’est ce qu’elle croit. « Tes amis n’ont aucun respect pour moi... Nolan en a pour toi. Du vrai respect. Sincère. Pas du respect intéressé. Il ne te craint pas. Il sait simplement que tu n’es pas qu’une brute épaisse. » Et c’était vrai. Ils en avaient parlé tous les deux, longuement. Apparemment, tous les deux s’entendaient bien à une époque. Mais la vie, les évènements, les imprévus ont fini par les séparer. « Je ne veux pas gâcher le week-end qu’on a passé ensembles... Ni gâcher ce qu’on est en train de vivre juste pour le nez pété de Brittany. Je ne recommencerai pas. » C’est une promesse, même si elle sait qu’elle devra faire bien pire la prochaine fois pour se défendre. Mais ce qu’il lui importe, c’est lui, simplement lui. Alors sa main passe dans ses cheveux et elle enlace l’autre avec la sienne, si fort, comme si elle avait peur qu’il ne la laisse. Même si elle le mériterait amplement après tout ça. « S’il te plaît Stairs... » Et son regard se plante dans le sien, sincère avant de refondre doucement sur ses lèvres, au milieu de ce couloir. Sa main libre passe dans sa nuque et elle se colle à lui, aussi fort qu’elle le peut, épousant ses formes, pour s’en imprégner, pour se rassasier un peu de cette faim qui la brûle. Cette faim de lui impossible à assouvir pour l’instant. Le souffle lui manque, mais elle s’en moque Winnie, s’il faut qu’elle s’étouffe ici et maintenant juste pour lui prouver combien elle tient à lui, alors elle le fera. Et lorsqu’elle se retire, essoufflée, elle pose son front contre le sien, son nez caressant le sien. « Don’t let me down again. » La supplique est dite avec peur, mais aussi de rage. Elle ne supportera pas qu’un jour sa main ne se referme sur rien parce qu’il n’est plus là.

Winnie est prise de court quand il la tire par la main pour l’emmener avec lui. Loin du lycée. Loin d’eux. Loin de la vie même, s’il le fallait. Elle le sait, elle le lit dans son regard. Mais elle n’a jamais séché les cours, elle n’a jamais été une mauvaise élève, sauf pour se battre et se défendre. Quelques heures de colle, mais rien de bien méchant en soi. Pourtant, ce goût du danger, elle veut y goûter, pleinement. Se plonger avec lui au moins pour quelques heures, dans son monde. Savoir réellement qui il est et l’accepter (même si c’est déjà entièrement le cas). Le comprendre un peu plus et sa raison tente de lui dire que c’est mal, qu’elle va le regretter, mais n’a-t-elle pas déjà mis un pied dans la tombe en l’embrassant ? Ne s’est-elle pas déjà condamnée pour cet amour malsain qui lui broie le cœur ? Alors au final, ça ne changerait pas grand-chose, si ce n’est céder, à la tentation, de plein fouet. Juste pour un de ses sourires. Juste pour le voir aussi calme et apaisé, parce qu’elle est là, à ses côtés, avec lui. Elle ne se sent plus seule Winnie, elle n’a même plus peur des représailles de Brittany, encore moins de son père qui risque de la mettre plus bas que terre pour avoir enfreint les règles. Non, ça ne l’effraie pas. Parce qu’un sourire sincère de Stairs vaut bien mille tourments, si ce n’est pas plus à ses yeux.

« Tu es beau quand tu souris. » Sur le ponton de la plage alors qu’ils sont assis l’un à côté de l’autre, regardant les vagues, le silence, les pieds ballants. L’horizon s’offre à eux et elle rêve Winnie alors que ses iris se perdent dans la houle en face. « Okay, même quand tu ne souris pas, mais c’est mieux quand tu souris Stairs. » Elle le regarde quelques secondes dans les yeux, en se mordant la lèvre, parce qu’il l’intimide. Ce regard qu’il pose sur elle est intimidant, mais elle se sent comme la plus belle chose du monde. Comme mise à nue face à quelqu’un qui comprend tout ce qu’elle peut ressentir, simplement en posant ses yeux sur elle. « Je n’ai… je n’ai jamais ressenti ça avant. Pour personne. » Winnie baisse la tête, un peu gênée. Ces sentiments l’atomise chaque fois qu’elle le voit. Contradictoires. « Je n’ai pas l’habitude de perdre… le contrôle des choses. » Ou plutôt de sa raison. Elle n’arrive même plus à réfléchir lorsqu’il est là, à côté d’elle, dans un coin de son esprit. Même la nuit, il en est venu à hanter ses rêves, les plus intimes. Les plus inavouables. « Mais… je n’ai pas peur. Je me sens bien. Juste bien… et tu sembles plus… calme en ma présence. Un peu plus apaisé. C’est ça qu’on appelle l’amour ? Le... coup de foudre ? » Elle ne pourrait pas l’expliquer, elle ne l’a jamais été auparavant. Bien trop préoccupée à avoir le nez dans ses bouquins, à aider son père lorsqu’il faisait des missions non loin de chez eux, ou encore à rejoindre sa mère à la pâtisserie. Finalement, elle n’avait jamais vraiment pensé à elle. Mais Stairs était comme… l’électrochoc d’un battement de cœur, réveillant toute l’alchimie qui pouvait y être créée. Et c’est grisant à ressentir. Chaque baiser est délicieux. Chaque caresse est divine. Chaque souffle est enivrant. Et Winnie ne veut jamais que cela s’arrête. Elle en redemande même, sans cesse, par peur d’en avoir jamais assez. Parce qu’à chaque fois qu’ils recommencent, elle (re)découvre encore de nouvelles sensations, de nouveaux chocs émotionels. Elle ne s’en lasse pas. « C’est stupide pas vrai ? » Oui, peut-être que ça l’est, parce qu’ils sont jeunes, que ça n’a pas de sens, que c’est juste leurs hormones. Mais Winnie le sent, ce n’est pas que ça, ce n’est pas qu’eux, c’est bien plus fort que tout ça. « I hope this isn’t just in my head. » Il doit se jouer d’elle, elle passe son temps à douter. Quand elle voit les autres filles minauder devant lui pour le séduire… elle ne comprend pas Winnie comment il a pu la choisir elle. Ce n’est même pas cohérent. Alors elle veut se rassurer et se dire qu’elle n’est pas la seule à ressentir toute cette avalanche délicieuse à chaque fois qu’ils sont ensembles – même lorsqu’ils ne le sont pas. Leurs cœurs s’appellent et se réclament, même à distance. Affamés de l’autre. Elle enlace ses doigts avec les siens avant de poser sa tête sur son épaule. L'instant est simple, hors du temps.

Elle retient un soupir de plaisir quand sa main passe sous son haut. Elle se cambre légèrement contre lui Winnie pour ne pas trop y penser mais… elle se sent marquer, là, dans sa chair. Alors pour toute réponse à tout ce qu’il lui a répondu, elle l’embrasse, passionnément, déraisonnablement, venant s’asseoir sur son bassin. Comme une promesse, comme l’aveu chaste d’un amour qui les consume. Elle ne veut plus parler Winnie, elle sait qu’ils n’en ont pas besoin. Il lui suffit d’un regard pour qu’elle comprenne tout ce qui la traverse et inversement. En posant son front contre le sien, un peu essoufflée, elle caresse ses lèvres avec son pouce, alors qu’elle hume son souffle chaud. « You drive me crazy Alistair Cheesman. » Avant d’enfouir son visage dans son cou et ses bras autour de sa taille.

Ce n’est que sur le chemin du retour, qu’elle se dit que peut-être, ça en vaut la peine finalement. De se brûler les ailes pour ce genre de moments, pour vivre dans l’interdit. Elle n’a pas pensé une seule seconde aux conséquences. Et c’est bien pour ça que sa chute va être terrible. « On est arrivés… c’est ici que j’habite et ma chambre est là-bas. » qu’elle la désigne du doigt, alors qu’il commence à faire nuit. Elle s’approche timidement de lui, sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser. Elle n’arrive pas à s’y résoudre, à le laisser partir. « Ça va être si long jusqu’à demain... » qu’elle murmure dans un dernier baiser, avant de se détacher de lui.

Mais en entrant chez elle, Winnie comprend immédiatement que quelque chose ne va pas. Ses parents l’attendent dans le salon, assis et son père est le premier à se lever, furibond. « Winnifred, tu étais où ? » Le ton de sa voix est autoritaire, mais il le dit calmement et Ethel tente de le retenir. En vain. Winnie se décompose, en sursautant. Rarement il s’était énervé contre elle, alors forcément, pour une fois. « Tu te bats ? Tu casses le nez à une de tes camarades ? Pire, tu sèches les cours ! Réponds Winnifred ! » De nouveau, elle tressaille, prise de court en reculant de quelques pas, se prenant le mur. Incapable de parler. Le changement est trop brutal pour elle. Entre la journée qu’elle a passé avec Stairs et ça… ça la désarçonne de plein fouet. « Je… » Elle essaie, mais les mots ne sortent pas. Ils ne veulent pas. Ils restent bloquer au fond de sa gorge. « Tu quoi Winnifred ? — Elle m’a cherché et je n’ai fait que me défendre. » D’une traite, sans flancher, son poing serré. Pourtant, intérieurement, son cœur est partagé entre la tempête que Stairs provoque en elle et la colère qu’elle ressent à ce moment précis à cause de Brittany. Elle fronce les sourcils, pour montrer sa désapprobation. Mais Logan, son père, ne l’entend pas. « Tu es exclue, une semaine. Tu as de la chance qu’elle n’ait pas porté plainte ! Et tu es punie, jusqu’à nouvel ordre ! — What ? Mais je– — Il n’y a pas de mais Winnifred. Tu es allée trop loin ! J’ai dû arrêter une manœuvre pour venir te chercher et me rendre compte que tu n’y étais pas ! Imagine l’inquiétude de ta mère ! La mienne ! » Elle se retient de hurler, alors elle prend sur elle pour ne rien dire. Elle acquiesce simplement. « J’ai demandé à Nolan qu’il t’amène tes cours de la semaine et qu’il passe le soir pour récupérer tes devoirs, pour les rendre à ta place. Tu me déçois… Monte dans ta chambre. » Winnie tente un regard vers sa mère qui est tout autant désolée. Elle dévisage son père avant de se précipiter dans sa chambre et d’y trouver Lilac qui l’attend. Elle se laisse tomber sur son lit, en regardant le plafond. Soudainement, elle sourit. Dans le tumulte de la dispute, il lui reste les souvenirs de la journée avec Stairs. Et ça la rend malgré tout heureuse.

Le manque est cruel. Winnie s’occupe l’esprit comme elle le peut pour ne pas penser à lui, ni à cet après-midi-là sur le ponton. Bien sûr, elle se plonge dans ses cours et ses devoirs, faisant même ceux de Stairs pour ne pas y songer. Aux repas, elle est absente. Elle réfléchit, se demande si au moins lui aussi éprouve le manque. Elle n’a jamais ressenti ce genre de choses, si déstabilisantes, si enivrantes. Et pourtant, le vide la pétrifie. Quand elle s’allonge dans son lit et se met sur le côté, elle caresse le coussin où il n’y a personne. Dans sa tête, elle imagine qu’il est là, avec elle. Que peut-être, il fait la même chose. Winnie soupire, agacée, parce qu’elle est dépendante, ça l’angoisse. Pour autant, elle n’arrive pas à réprimer ce besoin constant le concernant. Elle en vient même à en rêver, de lui. Dans des moments un peu trop intimes qui la perturbent. Le réveil est brutal, presque douloureux. Parce qu’il n’est pas là.

Le lendemain, elle bosse Winnie. Elle bosse tellement qu’elle ne voit pas le temps qui passe. C’est le bruit de coups sur sa vitre qui la sort de sa torpeur. Lilac aboie alors en se mettant devant et en secouant la queue. Alors qu’elle se lève pour observer, en se penchant, elle voit Stairs en bas. Elle fronce les sourcils avant de se détendre quand il l’appelle Raiponce. Il est venu, incapable de tenir sans elle. Quand il monte, elle a peur qu’il se fasse mal. Ce garçon est complètement taré, mais cette folie douce la touche, en plein cœur. Lorsqu’il s’assoit sur le bord de la fenêtre et lui dérobe un baiser, elle frissonne, entièrement. Elle se recule pour le laisser entrer dans sa chambre avant de refermer derrière lui. « Tu es complètement malade ! » qu’elle commence à voix basse en le frappant sur le bras doucement. « Mes parents sont juste en bas. Ils partent dans quinze minutes pour dîner chez des amis… » Mais il s’en moque, il la regarde en souriant, de ce sourire qu’elle seule provoque chez lui et elle l’a bien compris. Elle croise les bras sur sa poitrine Winnie, exaspérée, mais elle ne peut nier qu’elle apprécie le geste. Se mordant la lèvre, en se rendant compte de sa tenue, elle préfère changer de sujet. « Je… je t’ai fait tes devoirs, en faisant les miens. Vu que j’ai dit que je serais ta prof particulière. » Mais elle sent son regard sur elle, la détailler. Elle n’a pas été maligne, il faut dire. Porter un tee-shirt loose, avec un boxer qui lui colle à la peau et des collants en laine qui arrivent à ses cuisses… elle se maudit presque pour être si facilement désirable, bien malgré elle. « Lilac semble contente de te voir. » qu’elle fait pour tenter de détourner son attention, mais il la regarde, comme s’il était prêt à la dévorer, entièrement. La tension est palpable et elle se retient Winnie, de lui sauter dessus, même pour l’embrasser. S’approchant de lui. Frôlant ses lèvres. Effleurant ses doigts. Ancrant ses yeux dans les siens. Soufflant contre sa peau. « I missed you so much too… Stairs. » Ses mains se posent sur sa nuque, qu’elle masse tendrement et son front contre le sien, avant d’enrouler ses jambes autour de sa taille. Et le désir est plus fort que sa raison, elle dévore, affamée, sa lippe avec acharnement, innocence.

Elle n’a jamais ressenti ça auparavant Winnie. Ce plaisir intense, cette envie dévorante, ce besoin oppressant de l’autre, constamment. Toute la journée, elle y a songé. Comment elle allait réagir face à lui, comment elle ferait si… il se pointait en tapant chez elle, tout simplement. Mais il a fait bien pire. Il est monté par sa fenêtre, comme un preux chevalier. Elle n’y croit pas, pourtant, aux contes de fée, Winnie. Elle croit en la passion, en l’amour, dans le fait que l’on aime beaucoup trop, parfois, au point d’en avoir mal. Et c’est qu’elle ressent. Dans ses bras, contre lui, ses doigts courant sur elle. Essoufflée, elle pose son front contre le sien, en ne sachant pas comment ils ont atterri dans cette position étrange. Bien trop intime, bien trop grisante aussi. Alors qu’elle sent son désir contre l’intérieur de sa cuisse – et qu’elle pourrait lui claquer entre les doigts. Alors même qu’elle ressent l’envie et le besoin de le lui dire, de le lui crier. Mais rien ne sort, juste ce souffle chaud, empli de désir incommensurable pour lui. « Si à chaque fois c’est comme ça… je ne garantis pas de tenir tout le temps... » Ses doigts passent sur son visage, redessinant ses traits, les effleurant, avant que son pouce ne caresse ses lèvres. Elle se mord la sienne, inférieure, avant de refondre sur lui, avec plus d’empressement. Cette fois, il n’y a plus de barrière, plus de retenue, plus aucune raison de lutter. Surtout quand il lui affirme qu’elle lui a manqué, elle aussi.

« Winnifred ? Est-ce que ça va ? On a entendu du bruit et Lilac aboyée… rien de grave ? » Elle ouvre grand les yeux et les ancre dans ceux de Stairs, qui sourit, bien évidemment. Elle est frustrée et Winnie réfléchit le plus vite possible pour trouver une excuse, en posant sa main sur la bouche de Stairs, parce qu’elle le sait, il est capable de répliquer à sa place. « Herm oui ! Lilac voulait s’amuser pendant que je bossais mon devoir… » Mais elle le sait, il ne va pas la croire aussi facilement. Winnie ne sait pas mentir et elle se trahie. « Laisse-moi entrer s’il te plaît ! — Je… je ne suis pas présentable ! Attends ! » À contre-cœur, elle se défait de Stairs et le pousse dans son placard en lui intimant de ne pas l’ouvrir une seule fois. Winnie reprend contenance avant d’ouvrir à son père. « La vérité, Winnifred. — Ok, je me faisais un karaoké… ça me détend. — Tu vas me sortir toutes les excuses du monde ? — Je n’ai pas encore tout à fait tout user, alors j’ai encore un peu de marge. » qu’elle fait en haussant les épaules. Logan ne la croit pas et scrute sa chambre, par-dessus la tête de sa fille. Il ne voit que Lilac avec sa peluche sur le lit, qui le regarde avec un air taquin. « Satisfait ? — Ta mère et moi, on revient dans deux heures normalement. On t’a laissé à manger dans le frigo si tu as faim. Ainsi que le numéro de nos amis s’il y a un problème. — Comme s’il allait y en avoir un. — Dois-je te rappeler que tu t’es battue et que tu as cassé le nez d’une de tes camarades ? Tu as été expulsée Winnifred Doherty ! Cela ne te ressemble pas. — Je t’ai déjà dit qu’elle l’avait cherché. — En effet. Mais tu ne m’as pas dit pourquoi et j’attends toujours des explications. » Du coin de l’œil, Winnie regarde la porte de son placard en songeant au fait qu’il y a Stairs dedans et qu’il doit bouillonner d’impatience. Alors, elle crispe ses doigts sur sa porte, pour le lui dire. Au moins, ça sera fait comme ça. « Vendredi soir, à la fête… j’ai joué au jeu de la bouteille. J’ai… j’ai embrassé un garçon. Et comme… comme c’était mon premier vrai baiser, j’ai réagi de façon bien trop… passionné. Elle s’est moquée. Devant tout le monde. Sur le moment, j’ai juste pleuré et j’ai fui avec Nolan, parce que c’était bien trop douloureux à gérer. C’est pour ça que j’étais en colère et que le lendemain, je n’étais pas bien. — C’était Nolan le garçon ? » Winnie pique un fard monumental. Nolan. Elle. S’embrasser. L’idée ne lui avait jamais traversé l’esprit et ça la fait doucement sourire. « Come on dad… Nolan ? Really ? — C’est un gentil garçon. Pourquoi pas Winnifred ? — Non, c’était… quelqu’un d’autre. » Winnie baisse la tête, un peu tristement. « Écoute Winnifred. Si tu l’as laissé t’embrasser, c’est que tu estimais qu’il le méritait. Pareil pour ce coup de poing. Est-ce que tu l’aimes ? » Vivement, elle relève son visage vers lui en écarquillant les yeux et en ouvrant sa bouche en forme de o. C’était donc ça l’amour ? Ce sentiment si étrange… ce vide quand l’autre n’est pas là. « Est-ce qu’on est obligé de mettre un nom sur ça ? — Alors c’est que tu l’es. Mais en revanche… il va falloir qu’on l’invite à dîner. — Si c’est pour que tu le questionnes comme à Guantanamo, merci mais non merci. — Eh, je te signale que tu es ma fille. Il faut bien que je sache qui est le garçon qui a dérobé ton cœur. Mais je comprends mieux maintenant. » Winnie le serre contre elle en souriant, alors qu’il lui rend son étreinte. « Thanks dad. — Je dois y aller. Ta mère va encore criser sinon. J’en parlerai avec elle pour le dîner, dans la semaine. » Winnie referme la porte derrière lui et souffle de soulagement alors qu’elle voit Stairs sortir du placard. « Tu te moques de moi, je te jette par la fenêtre Stairs. » qu’elle dit sérieuse, avec pourtant un petit sourire qui dessine ses lèvres.