and maybe one day you’ll magically transform into a handsome prince (oliver + alexander)

Alexander aurait presque préféré rester encore une heure ou deux tout seul, à faire semblant de bosser, mais il n’avait pas voulu donner une raison à Oliver de lui reprocher quoi que ce soit. Si on en croyait la scène de tout à l’heure, il ne se gênerait pas pour lui faire des reproches, bien au contraire. En temps normal, Alex se fichait bien de ce que ses superviseurs ou ses patrons pouvaient bien lui reprocher, mais il avait rarement provoqué une réaction aussi… viscérale. Il n’aurait pas su l’expliquer si on lui avait demandé, mais il avait eu l’impression qu’Oliver avait réagi plus violemment que nécessaire, comme s’il avait pris ses moqueries personnellement. Mais peut-être que ça avait été le cas. Après tout son père n’était pas réputé pour être un homme très tolérant, et maintenant qu’il y pensait, Alex se disait qu’Oliver avait sans doute été élevé dans une maison traditionnelle, avec des valeurs conservatrices, et donc sans doute homophobes. Oui, ça devait être ça. Cette réalisation ne fit rien pour apaiser son humeur en voyant la tête de son patron, bien au contraire. Il avait une vilaine envie d’en rajouter, de provoquer encore le blond jusqu’à le faire craquer. S’il avait réussi à l’énerver autant en moins d’une heure, il allait sans doute pouvoir le faire craquer rapidement. Le tout serait de le rendre assez fou pour qu’il lui fiche la paix, mais pas assez pour se faire virer. Alexander était en train de réfléchir à comment faire pour obtenir le résultat attendu quand Oliver lui répondit. Alexander avait bien vu que sa remarque l’avait crispé, presque agacé, et ça lui donnait envie d’en rajouter, de le faire réagir encore, de voir jusqu’où il irait. Il avait sans doute des tendances masochistes. Alex croisa les bras contre sa poitrine en écoutant son patron dire que ses propos de tout à l’heure étaient dépravés. Apparemment parler de cul avec son patron était  acceptable, à condition  de ne pas parler de relation homosexuelle. Une petite voix au fond de sa tête lui soufflait qu’il était de mauvaise foi, mais Alex l’ignora complètement. C’était bien plus simple de lancer un regard dédaigneux au blond pour voir comment il réagirait, pour lui faire comprendre qu’il ne se laisserait pas hurler ou marcher dessus. Oliver avait sans doute l’habitude que les gens se prosternent devant lui, il devait juste avoir à montrer sa carte d’identité pour que les filles tombent à genoux devant lui, mais s’il s’attendait à ce que ce soit aussi simple avec lui, il se trompait lourdement. Alexander était si pris dans ses pensées qu’il n’arriva pas à masquer la surprise sur son visage en entendant la suite. Il se trompait ou Oliver était plus ou moins en train d’admettre qu’il avait exagéré ? Il se reprit rapidement pour masquer son étonnement, mais quand Oliver recommença à l’attaquer, Alex ne croyait plus à la méchanceté de ses mots. Il avait l’impression que le blond l’attaquait juste pour sauver l’honneur, pour essayer de noyer ses excuses et Alexander leva les yeux au ciel, un petit sourire au coin des lèvres.

Il attrapa le regard du blond, se retenant à grande peine de lui faire un clin d’oeil. ”Non, en général on n'utilise pas de capotes. C’est plus agréable comme ça.” Alex plaisantait, bien sûr, et il savait qu’Oliver s’en doutait, même si une partie de lui aurait aimé penser qu’Oliver le croyait. Il aurait pu tuer pour voir sa réaction. Il hocha la tête avant de faire une fausse révérence. Parfait, il allait pouvoir se prendre un bon burger à côté et fumer quelques clopes. Alex n’avait pas l’habitude de travailler, comme Oliver allait sans doute rapidement s’en rendre compte. Il l’avait sans doute même déjà compris. Alors Alex avait hâte de pouvoir prendre un peu de temps pour cuver avant de devoir supporter les ordres de son nouveau patron. Il avait du mal à croire qu’il n’était arrivé que depuis quelques heures, il avait déjà l’impression d’avoir vieilli de cinq ans. ”Vous êtes trop généreux.” Alex hésita une seconde à proposer à Oliver de venir avec lui. La politesse aurait voulu qu’il lui propose en tout cas, mais Alex n’avait pas la force de se montrer si poli. Ça attendrait un autre jour. Il sortit du bureau sans regarder derrière lui tout en sortant une clope de son paquet. Enfin, la liberté.

Une demi-heure plus tard, Alex avait bien mangé et il aurait tué pour pouvoir faire une sieste. Malheureusement pour lui, il savait que ce n’était pas un option, pas si le blond veillait encore en tout cas. Il aurait vraiment aimé qu’Abi soit là, il aurait pu l’amadouer pour qu’elle fasse le boulot à sa place. Au lieu de ça, Alex traina des pieds jusqu’au bureau d’Oliver,  frappant doucement contre la porte avant d’entrer dans le bureau. Il fit mine d’attraper les pans d’une robe imaginaire tout en faisant une courbette qui était tout sauf gracieuse. ”Que puis-je faire pour vous, votre altesse ?” Alexander observa le visage du blond et il se demanda si Oliver avait pris le temps de manger. Maintenant qu’il y pensait, il aurait pu lui ramener quelque chose. Oh, tant pis. Alex avait presque envie de provoquer de nouveau le jeune Oakes, mais il se força à se retenir. Il valait mieux le laisser respirer un peu, tout était une question de timing. ”Si besoin, je peux rester devant le magasin pour appâter les clients. Je suis certain que ça amènera du monde.” Et puis ça lui permettrait surtout de fumer en paix.

Alexander n’avait pas eu autant envie de provoquer quelqu’un depuis un bon moment. Il s’amusait à taquiner les gens au pub, parfois même ses potes, c’était dans sa nature. Il s’était même amusé à aller provoquer un petit con à Brighton l’autre jour, rien que pour l’énerver, mais il se prenait rarement au jeu très sérieusement. Il gardait une distance, et surtout il savait quand s’arrêter. À priori, ce n’était pas le cas avec Oliver. Il avait un côté agaçant qui donnait envie à Alex de le torturer, de tenter de le faire sortir de ses gonds, et un côté presque amusant qui lui donnait envie de le provoquer juste pour le plaisir, juste pour voir s’il allait répliquer, s’il allait réussir à se tenir à son niveau. Il avait envie de le provoquer assez pour qu’il laisse tomber, qu’il abandonne et qu’il lui fiche la paix au boulot. Alexander avait appris à aimer son petit confort à la supérette, et il n’avait aucune envie que le jeune Oakes ne vienne ruiner ça. Si Alexander aimait bien aussi agacer le jeune blond, le faire un peu criser, c’était juste en bonus. Et il n’allait pas s’en plaindre. Alexander lui lança son plus beau sourire, essayant de paraître amusé sans pour autant donner l’impression de se foutre ouvertement de sa gueule. Bien sur, c’était le cas, mais il ne pouvait pas le lui faire comprendre de manière trop évidente. Il avait l’impression que le petit blond avait un problème avec le respect de son autorité, et s’il avait raison, le jeune Oakes allait surement tenté de lui répondre de manière cinglante, sans doute avec un commentaire homophobe en prime. Alexander devait admettre qu’il espérait presque une remarque acerbe, mais sans bien réussir à expliquer pourquoi. Il se disait que ça l’aiderait à ne montrer aucune pitié à son nouveau patron, mais il n’était pas bien certain que ce soit la véritable explication. Il avait envie qu’Oliver rétorque, qu’il lui réponde, même s’il devait encore lui sortir un commentaire homophobe. Il avait appris il y a longtemps à ignorer les remarques débiles sur sa sexualité, même s’il ne les appréciait jamais. À vrai dire, il espérait juste qu’Oliver trouverait mieux que ça, mais ce ne fut pas le cas. Alexander leva les yeux au ciel, exaspéré malgré lui même. Bon, d’accord, il le provoquait intentionnellement sur le sujet, mais il avait espéré un tant soit peu d’originalité. L’appeler “la belle” n’était ni vexant ni original. Ce n’était rien qu’Alexander n’entendait pas tous les soirs au pub, parfois même de ses amis. Il était sur le point de lui répondre qu’il ne voyait pas le problème dans le fait d’utiliser son corps pour obtenir ce qu’on voulait quand il observa l’expression sur le visage du jeune Oakes. Son regard avait changé l’espace d’un instant, il s’était assombri et Alexander fronça les sourcils en réponse. Il avait initialement pensé qu’Oliver plaisantait, qu’il ne faisait que le charier en retour mais il avait l’impression de lire du dégoût sur son visage, et Alexander sentit ses poings se serrer le long de ses hanches. Il avait l’habitude de ce genre de dialogues, de se faire vanner, de vanner les autres, mais pour une raison qu’il ignorait, Oliver semblait trouver des moyens encore insoupçonnés de lui donner envie de s’énerver. Bien sur, il ne le ferait pas, mais il devait avouer que l’idée était tentante.

Il écouta la suite sans sourciller, sans détourner le regard, et au début sans rien dire. Charmant, encore une fois. Pour une raison qu’il ignorait, Oliver avait l’air aussi coincé qu’un octogénaire né avec un balai dans le cul, mais Alexander n’avait aucune intention de se laisser faire. Il savait qu’il ferait mieux de reculer, de prendre une bonne bouffée d’air (ou de clopes) et de faire comme si de rien n’était. Il ne pouvait pas se permettre d’insulter son patron, pas dès son premier jour, mais il commençait à avoir du mal à se souvenir de pourquoi il se retenait. Il refusait de montrer du respect à quelqu’un qui ne lui en montrait aucun, il en était juste incapable. Alexander croisa les bras contre sa poitrine, et quand il commença à sourire cette fois, son expression n’était plus du tout amusée. Au contraire, son sourire aurait presque pu être menaçant. ”C’est vrai, mais j’ai moins l’habitude avec le nez. Donc si tu t’attends à ce que je te lèche le cul comme le reste des gens à qui tu parles, tu te trompes.” Il soutint son regard pour observer sa réaction, mais cette fois pas pour s’assurer qu’il n’avait pas dépassé les bornes. Non, cette fois il espérait presque les avoir dépassées. Cette fois, il avait eu envie de s’énerver, de vanner pour faire mal, pas pour le plaisir de charrier ou de provoquer. Mais il doutait qu’Oliver arrive à faire la différence, et il se força à détendre légèrement les traits de son visage. Alexander pencha doucement la tête sur le côté avant de lancer un regard innocent en direction du jeune Oakes. ”C’est toi le boss, tes désirs sont des ordres. Tu sauras où me trouver si tu cherches quelqu’un pour ôter le balai qu’on t’a coincé dans le derrière.” Alexander lui lança un grand sourire avant de faire demi tour et de sortir en claquant la porte avec un peu plus de force que nécessaire.

Alexander passa le reste de l’après-midi alternant entre le travail et les pauses, le deuxième élément occupant une majorité de son temps. Pour être honnête, il était en pause constante, mais se forçait à travailler de temps en temps pour qu’Oliver ne puisse rien lui dire. Le jeune Oakes était enfermé dans son bureau de toute façon, ce n’était pas comme s’il allait pouvoir le prendre en temps train de glander, et ça lui allait très bien. Il avait passé plusieurs heures à nettoyer les toilettes, majoritairement parce qu’il sortait fumer toutes les cinq minutes et qu’il passait plus de temps à se demander comment faire en sorte qu’Abi vienne l’aider qu’à vraiment travailler. Après les toilettes, Alex avait commencé à ranger les rayons, c’est-à-dire à déplacer des cartons d’un coin de la réserve à un autre tout en allant poser un nouveau produit en rayon de temps en temps. Et bien sur, toutes les quinze minutes, il s’accordait une petite pause clope devant la supérette, histoire de souffler. Même sans être efficace, Alex avait beaucoup plus travaillé que de coutume, et à la fin de la journée il aurait tué pour un verre. Il était en train de fantasmer sur la pinte qu’il allait boire cul sec en arrivant au bar quand il entendit du bruit venir du couloir et il se força à se décoller du mur contre lequel il s’était appuyé et à ranger son téléphone dans sa poche. Il commença à faire semblant de ranger des articles en rayon comme s’il n’avait pas fait attention au fait qu’Oliver venait d’arriver dans son dos. Il s’attendait à une remarque, mais ne put tout de même pas s’empêcher de sourire légèrement en entendant la réflexion du jeune blond. Il leva les yeux au ciel avant de se tourner vers lui, presque surpris de le voir déjà à la porte. Il s’était attendu à ce que le petit con fasse du zèle pour impressionner son père. Apparemment non. ”Bon, ok je les achèterai cette fois.” Alex le regarda partir avec un mélange de soulagement et un petit pincement au coeur qu’il n’arrivait pas à expliquer. Il avait l’impression que la dernière remarque d’Oliver avait été lancée comme on tend la main à son adversaire à la fin d’un match de foot. Quant à lui, Alexander avait le sentiment que le match était loin d’être terminé, et qu’ils le savaient tous les deux. Il n’avait aucune intention de devenir un employé modèle, ni même un employé potable d’ailleurs, et Oliver n’avait apparemment pas l’intention de le lâcher non plus. La seule idée de devoir se mettre au boulot tant qu’Oliver serait à la supérette le fatiguait à l’avance, mais il se rassurait en se disant qu’au moins il ne s’était pas fait virer malgré tout ce qu’ils avaient pu se lancer comme plaisanteries aujourd’hui. C’était toujours ça, et quelque part, Alex avait presque hâte de voir comment les prochains jours allaient se dérouler. Il n’aurait pas su dire qui avait gagné le match aller, mais le retour promettait d’être électrique.

Voilà qu’il se mettait à avoir hâte d’aller au boulot. Une journée passée avec un fou furieux et il commençait déjà à divaguer. Alex leva les yeux au ciel avant d’aller jeter les dernières affaires à ranger dans la réserve. Il ferma le magasin pile à l’heure de fermeture, ignorant le client en costume qui venait de sortir de sa voiture pour faire ses courses. Il attendrait demain. Ce soir, Alexander avait besoin d’un verre, et vite.