never gonna happen (alexander)

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Vendredi soir. Maxime commençait à être quasiment persuadé qu’il allait foirer ses examens et par conséquence son année et au lieu de rentrer chez lui pour jeter ses derniers efforts dans la bataille en révisant, il avait réussi à convaincre des amis à lui de la fac d’aller boire un verre. Un verre, puis deux, puis trois. C’était toujours comme ça que ça se finissait avec eux de toute façon, donc ils n’allaient pas jouer les innocences, s’ils avaient dit oui pour une bière avec lui un vendredi soir ils savaient très bien ce qui les attendaient : une très longue nuit et une belle gueule de bois le lendemain. Ils étaient allés se poser à leur QG habituel, un bar plutôt fréquenté par les jeunes à côté de l’université, où la bière n’était pas trop chère et la décoration sans la moindre prétention. Ce n’était pas cosy, c’était juste pas soigné, et ça Maxime, ça lui allait très bien. Il ne roulait pas sur l’or alors pour lui et sa bande de potes il s’agissait généralement de faire un compromis entre le prix des conso et l’éloignement de l’endroit où ils se trouvaient au moment où ils se décidaient à sortir. Dione n’avait pas pu venir ce soir alors il s’était retrouvé quasiment entouré de mecs, quelques filles s’étaient bien joint à leur groupe, dont une qu’il soupçonnait d’être intéressé par lui. De toute façon Maxime, ça lui importait peu, il n’était pas là pour baiser, il s’était récemment remis avec sa copine et comme à chaque fois, il s’était promis que cette fois-ci ce serait la bonne. Qu’il n’allait pas se lasser, qu’il allait bien finir par vraiment apprécier sa compagnie puisqu’elle lui manquait un peu quand ils se séparaient. Un peu comme un doudou peut manquer à un enfant en manque de repère. Il termina son troisième gin et tonic avant de se tourner vers l’une des barmaids et de lui lancer son plus beau sourire, se demandant si ça allait suffire à la pousser à lui offrir le prochain. Elle ne semblait pas totalement indifférente, mais soit elle était trop timide soit elle n’avait pas l’autorisation du gérant de distribuer les verres gratuitement car elle lui fit payer son quatrième gin et tonic. L’un de ses amis lui tapota l’épaule d’un geste railleur, le taquinant sur le fait qu’il était en train de perdre son don. Son don pour faire faire ce qu’il voulait à toutes les nana qui en pinçaient pour lui. Il rétorqua simplement qu’il n’avait rien perdu du tout avant de prendre une gorgée de son nouveau verre, dérangé à nouveau à peine une minute plus tard par un coup de coude dans les côtes cette fois-ci. Pile à l’endroit où il avait pris un coup de son père la semaine passée. Il faillit recracher sa gorgée et s’écarta plus brusquement que nécessaire de son ami, lui lançant un regard noir. « C’est bon, je t’ai à peine touché. » Maxime soupira, agacé. Ses côtes avaient recommencé à lui faire mal à cause de cet idiot, heureusement encore un ou deux verres et il serait incapable de sentir quoique ce soit. « Ouais bah la prochaine fois me touche pas du tout. » Répliqua-t-il sèchement avant de suivre le regard de son ami. Il était en train de lui désigner quelqu’un du menton. « Je crois que tu lui plais. » Lança-t-il d’un ton moqueur. Maxime perdit automatiquement son sourire en se rendant compte qu’il s’agissait d’un homme, un brun maigrichon qui semblait effectivement regarder dans sa direction. Maxime détourna aussitôt le regard. « T’es con. » Fut sa seule réponse avant de reporter son attention sur son verre.

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Maxime avait aussitôt détourné le regard, justement pour essayer de ne pas attirer l’attention du brun, mais apparemment ça avait raté. Il pouvait le voir venir vers lui du coin de l’œil et il se mordit la lèvre, essayant vainement de se tourner vers son ami pour entamer une conversation, n’importe quoi pour l’empêcher de se faire alpaguer. Il le voyait venir avec ses petits pieds et ses gros sabots et le regard qu’il lui avait lancé tout à l’heure n’avait rien eu d’innocent. Maxime ne voulait pas prendre de risque. Ou plutôt il ne voulait pas perdre son temps, sans compter qu’il trouvait ça insultant de se faire draguer par des mecs. Ce n’était pas la première fois et il savait que ce ne serait pas la dernière, mais il ne comprenait pas que les hommes viennent aussi naturellement vers lui, comme si c’était parfaitement normal, comme si c’était acceptable, comme s’il avait l’air pédé. Il reprit une grosse gorgée de son gin et tonic en comprenant que son ami n’allait pas voler à son secours, voire même que la situation semblait l’amuser. Cet enfoiré prit même un malin plaisir à s’écarter un peu, comme pour leur laisser un peu d’intimité et Maxime lui lança son regard le plus noir, restant pourtant à côté du nouveau venu plutôt que de s’éloigner à son tour. Maintenant qu’il le voyait de près il avait la sensation de le connaître, il avait même la certitude de l’avoir déjà croisé à Donwell. Mais il ne faisait pas partie des gens avec qui il faisait la fête, soit il était trop vieux pour ça, soit c’était un coincé du cul. Vu qu’il était là en train de boire un vendredi soir, Maxime était bien forcé de pencher pour la première option. Il leva les yeux au ciel avant de resserrer la mâchoire, il pouvait presque entendre ses amis pouffer de rire par dessus son épaule et ce n’était pas fait pour le mettre à l’aise. De toute façon il n’était jamais vraiment à l’aise quand il se faisait draguer par un mec, ce n’était pas franchement son élément. « Exactement. » Répondit-il sèchement tout en sachant très bien qu’il mentait, mais après tout pourquoi dire la vérité ? Moins ce déviant sexuel aurait d’information sur lui et mieux c’était. Il se mordit l’intérieur de la joue en l’entendant se présenter, baissant les yeux pour contempler sa main tendue pendant quelques secondes avant de relever la tête, ne prenant pas la peine de la serrer. « Bernard. » Lâcha-t-il, encore une fois comme si le moindre mot adressé à Alexander lui arrachait littéralement la gueule. Il aurait donné cher pour être loin d’ici, mais il avait l’impression que ses amis s’amusaient beaucoup trop de la situation pour l’aider, il avait même la sensation qu’ils feraient tout pour remuer le couteau dans la plaie s’ils en avaient l’occasion. « Je suis pas intéressé. » Lâcha-t-il brutalement, comme s’il avait l’habitude de dire ça, et la vérité c’était que c’était un peu le cas. Il devait dégager quelque chose qui attirait les hommes comme des mouches, ou bien peut-être que c’était sa coupe de cheveux. Oui voilà, il avait une coupe de cheveux gay à priori, n’importe quoi. « T’as le droit d’être pervers hein, je dis pas, mais sois-le loin de moi, merci. » Ne put-il s’empêcher d’ajouter, ne cachant pas le dégoût dans sa voix alors qu’il reprenait une gorgée de gin et tonic, encouragé malgré lui par les rires étouffés de ses amis derrière lui, qui, de toute évidence, ne rataient pas une miette de leur petit échange.

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Maxime fit claquer sa langue sur son palet, agacé aussi bien par l’attitude d’Alexander que parce ce qu’il disait et que par le fait qu’il soit encore là à lui pomper l’aide. Il pouvait sentir tous les muscles de son corps se tendre malgré lui et les ricanements et les messes-basses de ses amis par-dessus son épaule n’aidaient pas le moins du monde. Il ne se serait pas montré plus agréable s’ils n’avaient pas été là, mais peut-être qu’il se serait senti moins stressé, là il avait l’impression de jouer la comédie devant une audience et il détestait ça. Il avait beau aimer être adulé il détestait aussi se donner en spectacle, c’était une ligne bien précise sur laquelle il s’efforçait de marcher pour retenir l’attention des gens mais juste assez longtemps pour qu’ils ne se posent pas trop de questions sur lui. C’était le mec qui paraissait intéressant et dont on ne savait pourtant rien. Il faillit s’étouffer sur son gin et tonic en l’entendant assurer, d’une façon tout sauf conventionnelle, qu’il aimait autant les hommes que les femmes. Maxime n’était pas sûr de comprendre en quoi c’était mieux, quelque part il l’aurait plus respecté s’il avait été juste pédé, au moins il aurait accepté sa perversion jusqu’au bout. Mais non, là il mangeait à tous les râteliers, quelque part ça paraissait encore pire aux yeux du jeune homme. « Tu crois que j’ai quel âge ? » S’offusqua-t-il, tout en sachant très bien en le disant que ce n’était pas la partie à laquelle il aurait dû réagir. Il détourna les yeux, agacé tout seul, jetant un coup d’oeil derrière lui pour vérifier qu’il n’avait rien fait pour s’attirer des regards plein de jugement de la part de ses potes. Apparemment ils avaient toujours autant l’air de se bidonner, ce qui, réflexion faite, commençait à plus agacer Maxime qu’autre chose. Il sortit brutalement son portefeuille de la poche avant de son jean et posa un billet de dix livres pour payer pour le gin et tonic qu’Alexander avait tenté de lui offrir. Puisqu’il était déjà servi il n’allait pas refuser le verre, mais il ne comptait pas non plus accepter les avances du jeune homme. Il savait que ce verre n’avait rien de gratuit et qu’il avait une idée derrière la tête. Il ne voulait pas se sentir redevable envers un mec comme ça, il avait sa fierté. « Je préfère payer, merci. » Il avait prononcé le dernier mot avait tellement de sarcasme que sa réflexion arracha de nouveaux rires étouffés à ses amis derrière lui. Maxime s’énerva pour de bon et se tourna tout aussi brutalement vers eux. « Laissez-moi respirer un peu, vous faites chier ! » S’énerva-t-il avant d’avoir eu le temps de réfléchir aux conséquences de ses actions. Ses amis parurent vexés, et légèrement intrigués aussi, mais ils haussèrent les épaules, ayant plus l’air de penser qu’il était simplement de mauvaise humeur, avant de finalement s’éloigner. Assez en tout cas pour que Maxime puisse parler sans être entendu. Il se sentait déjà un peu plus détendu. « Occupe-toi de ton cul plutôt que du mien, tu veux bien ? » Cracha-t-il en terminant son ancien gin et tonic d’une traite et d’attraper le verre qu’Alexander avait commandé pour lui. Il l’énervait à l’aborder comme ça, d’une manière aussi naturelle, comme si c’était normal de venir emmerder les gens qui n’avaient rien demandé. C’était ça qui l’énervait le plus avec les types dans son genre, ils se croyaient tout permis et ils se sentaient obligés d’imposer leurs choix bizarres aux autres. « Mais disons que je me méfie, on sait jamais avec vous autres. » Il croisa alors le regard d’un homme à l’autre du bout bar qui les regardait en haussant les sourcils, comme s’il n’attendait que de les voir se draguer pour venir leur dire ce qu’il en pensait. Ce simple regard lui retourna l’estomac. « Tu ferais mieux de te concentrer sur les nanas je pense, à force de venir draguer les mecs pas intéressés tu vas te faire casser la gueule et tu l’auras bien mérité. » Ajouta-t-il d’un ton plein de dédain avant de reprendre une petite gorgée de gin et tonic, restant pourtant au bar au lieu de rejoindre ses amis. Une partie de lui avait envie de cracher son venin à la tronche de cet inconnu, de passer ses nerfs sur lui.

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Maxime leva les yeux au ciel, légèrement agacé par l’insulte d’Alexander. Il était assez certain de pouvoir lui foutre quelques droites si jamais ils devaient en arriver là. Il ne pesait pas bien lourd mais son interlocuteur non plus, ça n’aurait pas été le match de boxe du siècle mais il était certain de pouvoir conjurer plus de haine que son adversaire. Le problème, c’était surtout qu’il détestait se battre, l’aversion lui venait probablement de sa vie de famille d’ailleurs. « J’ai jamais dit que ce serait moi qui le ferait. » Se contenta-t-il donc de répondre, parce que c’était vrai, qu’il n’avait pas envie de se faire mal aux mains de toute façon et qu’il ne doutait pas qu’Alexander rencontrerait un jour un mec qui apprécierait encore moins de se faire draguer comme ça que lui. Il laissa échapper un soupir agacé en entendant la suite, super il faisait la gueule, eh bien parfait, si ça lui déplaisait il n’avait qu’à aller emmerder quelqu’un d’autre ! Il se retint de répondre exactement ça, convaincu que ça ne ferait que l’amuser encore plus. Peut-être que s’il adoptait une autre attitude, qu’il restait totalement stoïque et muet et lui donnait l’impression de parler à un mur au lieu de rebondir sur tout ce qu’il disait, alors peut-être qu’il finirait par se lasser et par s’en aller. Ça valait le coup de tenter après tout, alors il se força à ne rien dire et à simplement reprendre une gorgée de son verre, sentant bien que sa mâchoire ne voulait pas se desserrer pour autant. Il était incapable de se détendre totalement, c’était trop difficile pour lui. Il profita du fait qu’Alexander avait décidé de s’asseoir sur un tabouret pour faire un pas en arrière, histoire de mettre un peu de distance entre eux quand même, comme s’il avait peur que le jeune homme n’ai pas encore bien compris le message. Après tout il était venu s’installer à côté de lui non ? C’était qu’il n’avait clairement pas bien saisi le message… Il s’était promis de tenter de ne pas réagir aux remarques d’Alexander et pourtant il ne réussit pas à s’empêcher de rigoler – d’un rire sans joie – en l’entendant le traiter de has been. Vraiment ? Has been ? Il regarda par dessus son épaule, comme pour voir à qui Alexander semblait faire un signe, sentant ses joues rosir légèrement en comprenant que c’était au type de tout à l’heure. Il allait croire qu’ils étaient ensemble et qu’il était intéressé. L’idée lui retournait l’estomac et il hésita à faire un nouveau pas en arrière, se retenant seulement pour éviter de rentrer dans la personne qui buvait tranquillement sa pinte derrière lui. « Je savais pas que c’était has been d’avoir des valeurs. » Répondit-il avec tout le dédain dont il était capable, venant caresser du doigt la chaîne en or qu’il portait autour du cou depuis toujours et au bout de laquelle pendait une croix, symbole de sa croyance. C’était devenu un geste tellement habituel qu’il ne s’était même pas rendu compte qu’il l’avait fait et il laissa bientôt retomber son bras le long de son corps avant de venir reprendre une gorgée de gin et tonic. « Si c’est comme ça je préfère être homophobe qu’être un type dans ton genre. » Il s’accrochait aux valeurs enseignées par son père, allant jusqu’à rentrer en désaccord avec le pasteur de Donwell sur certains sujets, notamment celui de l’homosexualité. Il le trouvait trop tolérant à son goût et il aurait aimé qu’il revienne aux vraies valeurs de sa religion au lieu de prêcher la tolérance à tout point de vue. « Sois pédé si ça t’amuse, mais arrête de venir imposer ton style de vie aux gens normaux qui ont rien demandé. » Maxime avait déjà du mal à digérer le fait que le pasteur accepte la présence de plusieurs personnes ouvertement gay le dimanche pour la messe, mais lui ne voulait pas en côtoyer ailleurs s’il pouvait l’empêcher.

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Maxime était frustré d’avoir l’impression de parler à un mur, à vrai dire tout ce qu’il essayait de lui expliquer lui donnait même la sensation de pisser dans un violon, en tout cas il commençait à comprendre que ça aurait eu le même effet. Il n’aimait pas que le jeune homme semble se moquer de lui alors qu’il ne faisait que défendre ses valeurs, comme si les siennes étaient meilleures. Après tout, il était là à perdre son temps en soirée à venir draguer des mecs hétéros juste pour les emmerder, mais à regarder sa réaction il donnait l’impression d’en être extrêmement fier. Maxime avait envie de le frapper, ne serait-ce que pour lui faire perdre ce petit sourire amusé constamment placardé sur ses lèvres. Il resserra la mâchoire par réflexe en l’entendant commencer à répondre, s’attendant directement au pire. Il fit l’erreur de porter son verre à ses lèvres alors qu’Alexander s’apprêtait à parler et manqua à nouveau de s’étouffer sur son gin et tonic en l’entendant décrire ce qu’il s’imaginait que faisait un couple hétéro. Déjà que sa posture de vieux psy cliché avait commencé à l’irriter très sérieusement, il ne faisait rien pour rentrer dans ses grâces. Mais Maxime supposait, à raison, que ce n’était pas le but de la manœuvre et qu’Alex faisait désormais tout pour l’agacer ou tenter de lui prouver qu’il avait tort. Au moins il semblait résigné au fait qu’il n’obtiendrait rien de sexuel de sa part et c’était déjà du progrès, du moins c’était comme ça que l’étudiant se forçait à voir les choses. Il fit un signe de la main à ses amis qui l’attendaient encore un peu plus loin, comme pour leur expliquer qu’il voulait finir cette conversation. Ils avaient l’habitude de le voir rentrer dans des débats sans fin avec des défenseurs de la cause gay et ça avait fini par ne plus les étonner. « T’as raison, c’est exactement ça, bien résumé. » Lâcha-t-il d’un ton totalement sarcastique avant de risquer une nouvelle gorgée de gin et tonic, pour faire passer le reste qui était resté logé dans sa gorge suite aux réflexions d’Alexander. « On est pas mariés. » Ajouta-t-il, se rendant compte que ce n’était pas forcément une perspective qui le tentait non plus, même si dans sa tête il y était déjà un peu résigné. Il était avec Mila depuis un moment mais comme ils avaient tendance à rompre dès que les choses devenaient trop routinières et chiantes à son goût ils n’avaient jamais atteint ce stade là. Pas encore en tout cas, mais Maxime, même s’il aurait préféré crever que de l’admettre, savait que ça allait finir par arriver. « Mais vas-y explique-moi exactement ce que je rate puisque t’as l’air de mener une vie bien plus passionnante que la mienne. » Lâcha-t-il, son ton toujours autant rempli de dédain que tout à l’heure, peut-être même davantage. La position qu’arborait Alexander l’énervait encore plus et il avait envie de le repousser pour le forcer à se redresser et à se rasseoir normalement. D’un autre côté, il n’avait pas envie de le toucher, de peur de lui donner des idées. Il ne se faisait jamais entièrement confiance quand il avait trop bu, et ce soir, il était en assez bonne voie. « Se réveiller à côté d’un nouveau mec tous les jours, ne jamais connaître une vraie relation avec quelqu’un d’autre et crever du sida avant d'avoir eu trente ans ? » Cracha-t-il avant de reprendre une gorgée de son verre et de secouer la tête d’un air réprobateur. Non, les provocations d’Alexander ne marchaient qu’à moitié sur lui, il se sentait obligé de rentrer dans le débat mais ça ne risquait pas de lui faire regretter ses choix de vie. Bien au contraire. « T’as raison ça a l’air beaucoup plus tentant. » Ajouta-t-il d’un ton légèrement amer avant de détourner les yeux, comme s’il avait subitement peur d’affronter le regard d’Alex, comme s’il avait un peu peur d’être allé trop loin. Il tenta de se rassurer en se disant que c’était lui qui l’avait cherché.

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Maxime fit claquer sa langue contre son palet, essayant de se convaincre qu’il n’avait pas dépassé les bornes. Il se savait impulsif et le sujet dont ils étaient en train de discuter était un de ceux qui lui tenait à coeur. Un de ceux sur lesquels il se sentait obligé d’être inflexible, mais il savait qu’il n’avait pas été obligé de ramener la maladie sur le tapis. C’était bas de sa part et il en eut encore plus la preuve en entendant la réponse d’Alexander. Il entrouvrit la bouche en se tournant à nouveau vers lui, choqué par sa propre stupidité. S’il avait moins bu peut-être qu’il aurait plus eu la présence d’esprit de remettre ce qu’il disait en question, peut-être qu’il aurait pu supposer que c’était un peu gros et qu’il ne le disait que pour le forcer à se sentir coupable. A la place il tomba bêtement dans le panneau, il devait donner l’impression d’être un poisson en dehors de l’eau et toute l’animosité qu’il avait pu ressentir envers Alexander semblait s’être évaporée. Il reposa son verre sur le comptoir, tentant de chercher les mots pour s’excuser, lui dire qu’il n’aurait pas dû dire ça et qu’il était désolé. Il était sur le point de tenter de dire quelque chose pour rattraper sa connerie quand Alexander lui fit comprendre que c’était une blague. Une blague. Maxime mit encore quelques secondes supplémentaires avant de refermer la bouche et quand il y arriva il lui lança un regard noir. Il trouvait ça drôle ? Alors ok, c’était lui qui avait balancé ça pour tenter de lui faire faire fermer sa gueule, et il n’avait pas été particulièrement respectueux mais il trouvait ça drôle sérieusement ? Il avait une soudaine envie de lui foutre son poing dans la gueule mais à la place il termina son gin et tonic d’une traite avant de reposer violemment le verre vide sur le comptoir. « T’es vraiment un enculé. » Lâcha-t-il d’un ton glacial avant de se tourner vers le barman et de commander un nouveau verre, il allait en avoir besoin s’il espérait se remettre de ses émotions. « Tu trouves ça drôle ? » Demanda-t-il d’un ton agressif avant de payer son verre et d’en prendre une longue gorgée. Il n’arrivait pas à croire que quelqu’un puisse être con au point de trouver ça acceptable, alors amusant ? Il n’avait pas envie de se dire qu’il l’avait bien cherché et que c’était lui qui avait choisi d’en parler en premier. Sous le coup de la colère - et de la mauvaise foi - c’était plus facile de tout foutre sur le dos d’Alexander. Contrairement à tout à l’heure il ne recula pas en le voyant se pencher vers lui, il l’avait vraiment énervé et il ne voulait pas lui donner la satisfaction de réagir à ses provocations. Parce qu’il savait que c’était pour ça qu’il s’était penché vers lui : pour le provoquer. « Je cache rien du tout. » Lui assura-t-il avant qu’une certaine soirée de l’année passée lui revienne en mémoire et qu’il ne puisse faire autrement que de détourner les yeux. Il détestait ne pas savoir quoi répondre à cet idiot qui se croyait drôle et qui pensait mieux le connaître qu’il ne se connaissait lui-même. Il avait envie de se montrer méchant avec lui mais il avait appris de son erreur de tout à l’heure. Il était allé trop loin et ça s’était retourné contre lui. « J’ai pas besoin d’essayer pour savoir de quoi je parle. Ni pour savoir que c’est pas pour moi d’ailleurs. » Ajouta-t-il finalement comme pour le prévenir que ce n’était pas la peine de l’attaquer là-dessus avant de reprendre une gorgée de gin et tonic, se demandant pourquoi il était encore là plutôt que de retourner voir ses potes. Peut-être qu’il les avait déjà assez vus comme ça ou peut-être qu’il avait envie de défendre son honneur auprès du jeune brun. « Par contre j’ai du mal à imaginer que quelqu’un ai pu te supporter assez longtemps pour rester avec toi plus d’une soirée. » Alors ses critiques soit disant éclairées sur sa vie minable de couple il pouvait se les garder.

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Maxime était un peu vexé malgré lui, vexé de s’être montré naïf mais vexé aussi parce qu’il savait qu’il avait été trop loin et qu’Alexander aurait très bien pu réellement être malade. Autant dire qu’il n’aimait pas ça le moins du monde et que ça ne l’aidait pas à se montrer plus agréable. Les commentaires du jeune brun, eux non plus, n’aidaient pas d’ailleurs et Maxime leva les yeux au ciel, dans un geste volontairement exagéré, en l’entendant lui annoncer fièrement qu’il avait des talents cachés mais qu’il n’en profiterait pas tant qu’il ne changeait pas d’avis. Était-il seulement capable d’être sérieux deux minutes et de dire quoique ce soit sans en faire un sous-entendu vicieux ? Il inspira profondément devant la suite, la mâchoire de plus en plus crispée, parce qu’il n’aimait encore une fois pas les sous-entendus d’Alexander mais encore plus parce qu’il savait qu’il n’avait pas tort. Il était, après tout, encore là, alors qu’il aurait pu – dû ?  – rejoindre ses amis depuis un moment déjà. A la place il restait ici à se faire emmerder et à parler dans le vide. Pourquoi au juste ? Même lui n’en était plus tellement sûr et il s’efforça de tout mettre sur le dos du nombre de gin et tonic qu’il avait bus depuis le début de la soirée. Mais l’expression un peu plus sérieuse sur le visage d’Alexander le poussa à se détendre légèrement, comprenant qu’il n’était pas en train de chercher à l’agresser. Bien sûr, le soulagement qu’il avait ressenti en voyant les traits de son visage gagner en sérieux ne fut que de très courte durée et il reprit une gorgée de son verre avant de croiser les bras sur la poitrine, à nouveau sur la défensive. Il avait rarement rencontré quelqu’un d’aussi condescendant, du moins c’était ce qu’il se disait en suivant le regard plein de jugement qu’Alexander lançait à ses amis. Et était-il vraiment obligé de mimer des guillemets autour du mot « potes », comme s’il ne pouvait pas s’empêcher de lui donner son avis sur les gens avec qui il choisissait de passer du temps ? Il pouvait se le garder, très franchement. « Prends pas trop vite la grosse tête, je crois que j’aime juste bien me faire du mal. » Répliqua-t-il d’un ton mauvais avant de secouer la tête d’un air réprobateur. Il jeta un coup d’œil à son groupe d’amis et sentit ses épaules s’affaisser en se rendant compte qu’ils rigolaient, avaient l’air de bien s’amuser sans lui et que lui ne ressentait aucune envie de les rejoindre. Pourquoi ? Il finit par croiser le regard de l’un de ses amis et laissa retomber ses bras le long de son corps, légèrement surpris. Il avait été tiré de ses réflexions sans s’y attendre. Il plaça deux doigts devant ses lèvres en mimant le fait de fumer pour lui faire comprendre qu’il allait encore être ailleurs pendant quelques minutes. Il  tourna à nouveau le regard vers Alexander avant de finir le reste de son gin et tonic d’une traite, sentant l’alcool brouiller de plus en plus son esprit. Ça devait être pour ça qu’il ne détestait pas l’idée de rester avec Alexander à discuter, à apprendre à le connaître. « Je vais prendre l’air. » Expliqua-t-il sans trop savoir pourquoi il ressentait le besoin de se justifier. Il aurait dû tout faire pour se débarrasser de lui, et même si se montrer particulièrement brusque et malpoli jusqu’à présent n’avait rien donné, ça ne voulait pas dire qu’il aurait dû faire des efforts. Il haussa les épaules. « Bon courage pour trouver ta prochaine victime. » Lança-t-il d’un ton plein de sarcasme avant de reposer son verre vide sur le comptoir. « Et bon courage à elle surtout. » Ajouta-t-il d’un ton faussement agacé avant de contourner Alexander et de se diriger vers la sortie. Il jeta un dernier coup d’œil au jeune homme par-dessus son épaule avant de sortir, de s’adosser au mur du bar et de s’allumer une cigarette.