I'm underwater and I'm on fire

emma a été adoptée, ça elle le savait depuis longtemps déjà, en revanche elle vient d'apprendre qu'elle avait une sœur jumelle qui a été élevée à donwell + son père le lui a avoué sans le faire exprès après qu'elle l'ait encore une fois excédé avec ses frasques et après une petite investigation elle a compris que sa sœur avait eu droit à une bien meilleure vie qu'elle, elle a donc décidé de débarquer à donwell pour voir s'il y a pas moyen de profiter de la situation pour lui soutirer un peu d'argent + dire qu'emma n'a pas eu une vie facile comparée à celle de sa sœur aurait été l'euphémisme du siècle, ses parents ne l'ayant recueillie que pour recevoir les aides du gouvernement tous les mois. elle a toujours du se démerder toute seule emma et elle en veut déjà à sa sœur pour ça + elle a été obligée de faire preuve d'originalité pour se faire de l'argent dès qu'elle en a été capable, ado elle faisait le ménage ou gardait les enfants des couples assez crédules pour lui confier leurs gamins + plus tard elle a été serveuse dans plusieurs pubs de la capitale, elle a travaillé aussi comme danseuse dans un club de strip-tease pendant quelques mois, se faisant un peu d'argent sous la table en fournissant des services particuliers à certains clients prêts à payer plus + une de ses collègues de l'époque lui a aussi fourni un contact et elle a vendu son corps pendant quelques temps, elle a vite arrêté, sa fierté l'empêchant de continuer trop longtemps. elle a pourtant gardé les numéros de quelques anciens clients avec qui ça se passait bien et elle les revoit de temps en temps, surtout quand elle a vraiment besoin de tune + elle a su très vite qu'elle était bisexuelle, elle n'est même pas encore persuadée de ne pas être totalement gay, mais elle ne sait pas si son aversion intermittente pour les hommes n'est pas plutôt due à une déformation professionnelle + elle a débarqué à donwell il y a une semaine et elle s'est fait embaucher comme serveuse au white horse, son expérience de serveuse dans des pubs londoniens bien plus fréquentés ayant aidé

« Don… quoi ? » Sa colocataire avait l’air perdue, Emma ne pouvait pas dire qu’elle la blâmait. « Donwell. » La corrigea-t-elle avant de fermer son sac. Le peu d’affaires qui lui appartenaient y avaient été fourrés sans la moindre délicatesse, de toute façon ce n’était pas comme si elle avait le temps de faire le repassage. « Tu déconnes, je sais même pas où c’est. » L’idée que son amie aille s’enfermer dans un trou perdu alors qu’elle avait vécu toute sa vie à Londres était inconcevable aux yeux de sa colocataire apparemment. Encore une fois, Emma comprenait sa réaction. « Dans le sud. » Répondit-elle, restant volontairement vague. Elle n’avait pas particulièrement envie qu’elle vienne lui rendre visite, elle avait un peu honte de ce qu’elle allait faire là-bas. Pas la partie extorsion, non, elle avait honte d’avoir une sœur jumelle qui avait grandi avec une cuillère en argent dans la bouche. Non, elle avait appris à être fière de ses années de galère, ça faisait partie d’elle, et elle savait que sa coloc ressentait la même chose. Alors avoir une sœur bourge, ça la foutait un peu mal. Elle ne voulait pas se faire rejeter, c’était pas de sa faute, elle avait pas choisi après tout ! Ce qu’elle avait choisi en revanche, c’était de se rendre là-bas pour rencontrer sa sœur, et avec un peu de chance, profiter de la situation pour lui soutirer un peu d’argent. Comment ? Elle ne le savait pas encore exactement mais elle était sûre d’être plus inspirée une fois là-bas. De toute façon elle était trop curieuse de voir à quoi ressemblait la vie qu’elle avait failli avoir pour rester à Londres. Il fallait qu’elle y aille. Elle tendit une petite liasse de billet à sa coloc. « Tiens, ça devrait suffire pour le prochain mois mais pour le reste je peux pas t’aider. » Pour être honnête elle avait déjà dépensé quasiment tout l’argent qui lui restait dans son billet de train et elle lui donnait le reste parce qu’elle l’aimait bien. « Fais pas la gueule, je repasserai. C’est juste pour quelques mois, max. » Expliqua-t-elle, mais honnêtement sa coloc avait plus l’air défoncée que vraiment triste. Tant pis. Elle mit son sac sur son épaule et lui fit un signe de la main avant de sortir de l’appartement, prête à commencer sa nouvelle vie.


Le propriétaire du white horse fronça les sourcils devant son cv. Elle avait inventé la moitié des boulots listés dessus et apparemment ça se voyait. Elle lui lança son plus beau sourire, convaincue que c’était le seul endroit dans tout Donwell où elle pourrait trouver de quoi travailler. Légalement en tout cas. Elle était sûre qu’elle pourrait bien trouver un ou deux clients prêts à payer pour passer un peu de temps avec elle mais elle aurait préféré éviter tant qu’elle le pouvait. « Six mois en tant que comptable pour Nobles & Caldwell ? » Demanda-t-il, l’air clairement sceptique. Emma lui sourit à nouveau. Elle avait peut-être un peu abusé avec celui-là. « Oui, c’était un stage dans la boîte de mon père. » Il la regarda de haut en bas, l’air absolument pas convaincu. Bah quoi ? Elle faisait mauvais genre c’était ça ? Elle n’avait pas la tronche de l’emploi ? Dans d’autres circonstances elle lui aurait bien dire d’aller se faire foutre et d’arrêter de la juger mais elle avait désespérément besoin de ce boulot alors elle garda son sourire placardé sur ses lèvres et se força à fermer sa gueule. Il haussa les épaules. « Je vais être honnête, j’ai trop besoin d’une serveuse pour être trop regardant. La saison touristique arrive et on va bientôt être débordés. » Emma ne put s’empêcher de regarder autour d’elle, le pub était quasiment vide. Elle avait du mal à croire qu’un bled pareil puisse être « débordé » mais elle n’allait très certainement pas remettre ça en question alors qu’il semblait prêt à lui filer un boulot. « Je vous jure que vous serez pas déçu ! Servir des bières c’est ma vocation ! » Exagéra-t-elle en lui tendant la main par dessus le bar. Le gérant leva les yeux au ciel mais accepta tout de même sa main. « Je sens que je vais le regretter, mais ok. » Soupira-t-il, mais Emma, elle, était déjà en train de sautiller de joie. Elle aurait détesté devoir rentrer à Londres la queue entre les jambes.