just tell me eveythring and i'll be your listenning ear (aaliyah)

Alors qu'il venait de passer son samedi soir à l'association pour le cours de particulier de Maxime, vu qu'il avait oublié son double des clefs du bâtiment où ils avaient pris l'habitude d'aller, voilà que Jamie s'y retrouvait dès le lendemain. Normalement, c'était son meilleur ami -et co-président de l'asso avec lui- qui aurait dû y aller ce dimanche mais mais il avait eu un empêchement de dernière minute. Jamie n'avait pas pu s'y rendre dès le matin car il avait lui-même une obligation et ils avaient tous les deux trouver une solution de remplacement pour la matinée, jusqu'à ce que Jamie puisse prendre le relais. Retourner dans les locaux si tôt après la soirée mouvementée et pleine de confidences d'hier n'était pas forcément la meilleure des idées, mais il tenait beaucoup trop à l'association pour la laisser fermer, ne serait-ce qu'une journée. Parce que les discriminations, les problèmes ou les questionnements n'attendaient pas le lundi matin pour venir frapper à la porte et qu'ils avaient tous mis un point d'honneur à assurer en permanence quotidienne, depuis plusieurs mois, se relayant à tour de rôle. Les amplitudes horaires de présences n'étaient pas toujours régulières le week-end car elles se faisaient sur la base du volontariat, mais les locaux n'étaient jamais vides plus de quelques heures la journée. La nuit, ils venaient uniquement si ils recevaient un appel d'urgence des services sociaux ou de la police pour pouvoir accueillir convenablement une personne subitement mise à la rue, faute d'avoir des places en foyer d'accueil. Parfois, il arrivait qu'ils donnent des doubles de clefs à certains jeunes dans le besoin, mais c'était assez rare. Bref, donc en ce début d'après-midi du dimanche, il était seul dans les locaux de l'asso, au niveau du bureau d'accueil qu'on pouvait trouver sur la gauche en arrivant. Apparemment, il y avait eu quelques allées et venues ce matin mais plus rien depuis midi. Il se leva de sa chaise et, comme par nostalgie de la soirée de la veille, se dirigea les mains dans les poches vers le bureau où Maxime et lui s'étaient installés pour travailler. Il appuya son épaule dans l'encadrement de la porte ouverte et ne put s'empêcher de sourire. Ça avait été une de ces soirées qu'on avait envie de garder en mémoire. Un souvenir qu'il n'avait pas envie de voir s'estomper parce qu'il avait eu la sensation de faire partie de la vie du jeune homme, dans cette pièce, parce qu'il lui avait fait suffisamment confiance pour lui parler d'un sujet sensible, intime, difficile. Il soupira, se maudissant d'être aussi satisfait d'une chose aussi infime. Il fût tirer de ses pensées par un bruit et passa sa tête dans le couloir, sans bouger. Il aperçu une silhouette qui venait de pénétrer dans les locaux et qui se tenait devant le petit écriteau "Pride en No Prejudice" qu'on pouvait voir sur la porte principale. Prenant la direction de l'entrée des locaux, il arriva avec un sourire chaleureux sur le visage. Bonjour... il hésita une seconde en plissant légèrement les yeux. Aaliyah, c'est ça ? Tu es l'amie de Franky, il me semble. il se faisait toujours un point d'honneur à se souvenir des noms, des visages, des identités de chaque personne qu'il croisait et tout particulièrement au sein de l'association. C'était important pour lui que chaque membre, chaque personne qui mettait les pieds ici se sente accueillie et considérée. Qu'est-ce que qui t'amène ici, aujourd'hui ? demanda-t-il d'une façon légère, souriante, souhaitant immédiatement qu'elle se sente à son aise, en confiance. Il adoptait presque une attitude paternaliste lorsqu'il se trouvait face à des adolescents, ce qui était régulièrement le cas, et il avait pris l'habitude d'être très calme, de ne jamais se montrer trop brusque. Concernant la jeune fille qu'il avait en face de lui, il n'avait pas appris à la connaître plus amplement mais il la savait  engagée et curieuse, deux qualités qu'il appréciait tout particulièrement. En faisant quelques pas vers la petite cuisine qui donnait sur l'entrée, il lui demanda. Tu as envie de boire quelque chose ?

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Ce bruit strident dans ta tête qui ne s'arrête pas. T'as essayé de calmer la douleur de cette horrible gueule de bois en prenant un cachet d'anti-douleur dans l'armoire à pharmacie de tes parents. Si Charlie a déserté le lit conjugal depuis quelques heures, tu sais cependant que ta mère n'a, une fois de plus, pas passer la nuit à la maison. Salle de bain bien trop rangé pour savoir qu'elle n'y a pas mit les pieds depuis la dite discussion qu'elle a eut avec ton père. Tu te pinces les lèvres quand ton regard croisé ta silhouette dans le miroir. Mon dieu, les heures de sommeil te manquent, tu devrais faire un effort pour être au moins présentable, tu sais que tu devrais te calmer sur ces soirées organisées mais rien y fait, il n'y a finalement que dans ces instants que tu arrives à te retrouver. Loin de cette immense maison qui te paraît de plus en plus vide et silencieuse.
Tu checkes finalement ton téléphone, Franky te demande de la rejoindre à l'association, cet endroit où une fois de plus tu te sens bien. C'est elle qui t'a donné l'adresse, qui t'as emmené dans ces lieux afin que tu puisses y découvrir son monde, jusqu'à l'année dernière tu n'y connaissais pas grand chose, tu pensais qu'il s'agissait d'un effet de mode et pourtant, pourtant tu connais le parcours de la belle Franky, une histoire triste qui t'a confirmé que jamais tu ne pourrais la laisser tomber.

Un rapide ravalement de façade et tu arrives, certainement en avance, elle n'est pas spécialement connue pour sa ponctualité. Tu te mords l'intérieur de la joue avec nervosité, hésitante entre l'idée de l'attendre dehors ou bien de rentrer. Tu sursautes quand il s'approche de toi, hochant la tête en guise de salut. « Oui c'est ça, on devait se retrouver ici mais il semblerait que Madame se fasse désirer. » Et tu lui tends un magnifique sourire même si de tout ton être tu sembles épuiser d'une soirée certes ennuyante mais pleine d'herbe que tu as fumé. « Franky m'a parlé d'une manifestation qui doit se dérouler à Londres dans quelques semaines, elle voulait qu'on vienne en discuter ici plus tôt que chez elle... » Profonde inspiration, tu jettes un rapide coup d'œil à ton téléphone, elle ne semble pas encore être réveillée et pourtant, de vous deux, tu es celle qui est sortie la veille. « Vous êtes Jamie c'est ça ? » Tu l'avais déjà croisé dans le coin, sans jamais vraiment lui adresser la parole. Disons que vos « manifestations » semblent se faire de manière sauvage sans en avertir de comité au préalable, oh mais tu es jeune encore, on te le pardonne facilement.

« Je veux bien un grand café si c'est possible. » Sourire timide quand tu le suis jusqu'à la petite cuisine aménagée. Ça t'aidera sûrement à te faire tenir debout si tu dois attendre ton amie, si elle se décide à arriver un jour. « Vous êtes ici de puis longtemps ? » C'est pour toi quelque chose de nouveau cette cause que tu défends, tu en as même parlé à tes parents qui t'avaient d'ailleurs fortement encouragé.

S'éloignant vers la cuisine, il l'écouta lui parler d'une prochaine manifestation dont il n'avait pas entendu parlé. Il savait que certaines personnes défendaient les droits de la communauté LGBT dès que l'occasion se présentait -ou dès qu'ils se présentaient à l'occasion- et ça ne le dérangeait pas, bien au contraire. Toutefois, si une manifestation devait avoir lieu sous le drapeau de l'association, il préférait systématiquement en être informé, ce qui semblait logique et c'était d'ailleurs accepté par le plus grand nombre. Il savait néanmoins que Franky prévoyait régulièrement des sorties qui pouvaient parfois se terminer de façon nébuleuses ou chaotiques et il faisait de son mieux pour la canaliser dans ses idées. Il ne se lança pas tout de suite dans les curiosités et lui répondit Oui, Jamie, c'est moi. avec un sourire accueillant sur les lèvres lorsqu'elle lui posa la question. Pendant que la machine a café tournait afin de lui servir le café souhaité, il se tourna vers elle, adossé au comptoir de la petite cuisine et en profita pour la détailler discrètement pendant qu'elle le rejoignait dans la pièce. Elle semblait fatiguée et pas entièrement à son aise, probablement parce qu'elle ne s'attendait pas à se retrouver toute seule avec quelqu'un d'autre que son amie et c'était compréhensible, vu qu'il lui semblait ne l'avoir jamais vu sans elle ici. Il haussa les épaules en souriant avant de répondre à sa question. Un certain temps, oui. commença-t-il modestement avant de se retourner pour récupérer le grand mug de café puis de le lui tendre. J'ai commencé en étant membre, je devais avoir 19 ans, un peu plus vieux que toi, donc. il continuait de lui sourire parce qu'il était fier que l'association existe encore après plus de 10 ans et qu'il pouvait aujourd'hui accueillir des gens encore plus jeune que lui à l'époque. Il se tourna de nouveau pour rallumer la cafetière afin de se servir à son tour. Maintenant je co-préside l'association et c'est peut-être mon plus bel accomplissement. il était entièrement sincère en lui disant ça et prenait toujours le temps de répondre aux questions qu'on lui posait car il était conscient que cette attitude aidait à la confidence par la suite. Il se saisit de son café et l'invita à s'asseoir sur un des tabourets qui encadraient la petite table haute trônant au milieu de la pièce. Tu as trouvé des réponses, en venant ici ? il partait du principe qu'elle avait des questions à se poser, comme si c'était une évidence, et il espérait ne pas se tromper. A dire vrai, il pensait ne pas se tromper, car quand on intégrait une association telle que celle-ci, on avait forcément des questions. Et pas nécessairement sur son identité ou ses préférences sentimentales, mais peut-être aussi dans ses réflexions sur une meilleure compréhension du monde auquel appartenait ses proches. Et c'était aussi ça, pour Jamie, la beauté de cette association. On pouvait y venir, y parler, y être entendu, qu'on fasse partie intégrante de la communauté LGBT ou simplement un fervent défenseur de celle-ci voire même simplement désireux d'en apprendre plus à ce sujet ou de revoir ses préjugés. A ce dernier mot, ses pensées filèrent instantanément vers Maxime et il baissa les yeux vers son café, un léger sourire sur son visage.

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Tu écoutes attentivement ce qu'il te dit. Au moins t'es rassurée, tu n'as pas à faire à un espèce de psychopathe qui se fait passer pour un simple gars de l'accueil. Oui t'as une imagination débordante, sûrement venue des nombreux documentaires que t'as regardé sur les tueurs en série. Ils ne sont pas qu'aux États-Unis c'est ce qu'il fait savoir.
Franky t'as parlé de lui, le présentant comme un homme toujours à l'écoute, d'ailleurs t'as certains doutes concernant une éventuelle attirance de la jeune fille pour lui, mais là encore c'est ton imagination débordante qui doit prendre le dessus sur ta raison. Il semble tellement impliqué dans ses propos que ça te décroche un sourire et tu comprends dès lors l'intérêt que peuvent avoir les gens pour cette association. « Je ne suis pas là depuis longtemps mais je vois ce que vous avez réussi à faire, c'est beau. » D'un naturel très enthousiaste, ce genre d'action te prend aux tripes, c'est pourquoi tu t'efforces à chaque instant de participer de manière sauvage ou non à ce qu'ils entreprennent.

Après l'avoir remercié pour cette énorme tasse de café qu'il te sert, tu prends une gorgée, dieu que ça te fait du bien de pouvoir sentir le caractère de ce liquide, ça semble de réveiller, te faire immerger sans pour autant faire passer ce mal de crâne que tu tiens depuis le réveil. Tu devrais peut-être arrêter tes sorties pour voir, non impossible pas depuis... Tu ne veux pas y penser, pas tout de suite. Finalement il te sort de tes pensées, tu prends une profonde inspiration. « À vrai dire je ne suis jamais vraiment trop posée de questions. » Ou peut-être que tu t'en es posé énormément mais que tu ne sais pas laquelle tu dois poser en premier. Tes doigts se resserrent autour de la tasse, fixant le liquide avec un certain attrait pour ce dernier. « J'aimerai pouvoir faire tellement plus parfois et en même temps je me dis qu'il suffirait simplement que les gens pensent comme nous... » Plus facile à dire qu'à faire. « J'aime Franky, de tout mon cœur je l'aime, c'est ma meilleure amie et c'est vrai que parfois... » Parce qu'en un simple regard vous vous comprenez. « Je comprends pas pourquoi ils veulent que l'on aime qu'une personne enfin je veux dire qu'un genre, si j'étais un garçon on penserait que je la drague alors que l'on peut être ami avec des filles, mais je suis une fille aussi et quand je m'approche d'un garçon il pense tout de suite que je cherche plus et il y a ce garçon... » Un petit sourire s'affiche sur ton visage rien qu'en pensant à lui, il te fait vibrer, c'est bête, il n'est pas là, tu te mords la lèvre inférieure en repensant au baiser que vous avez échangé, sensation que tu n'as jamais ressenti, même lorsque tu as embrassé Franky la première fois, pour tester, ça ne t'avait pas fait la même chose. « Je dois être bizarre comme fille, je crois que j'aime tout le monde. » Conclus-tu en haussant les épaules.

L'entendre le complimenter sur le parcours de l'association le toucha, parce qu'il savait qu'il avait mis beaucoup de sa personne afin de rendre cet endroit accueillant, chaleureux et sécurisant. C'était un lieu de confidence, un lieu où on pouvait cacher ses secrets au besoin, un lieu où on avait le droit de dire ce qu'on pensait, un lieu où on pouvait chercher des conseils et une main tendue. Il était aussi conscient qu'il n'aurait jamais rien pu faire sans l'aide de nombreuses personnes. Des membres, des donateurs, des mécènes, des gens qui soutenaient simplement leur cause et puis chaque personne étant simplement passée, ayant pu donner des suggestions. Tout était bon à prendre, toute expérience valait la peine d'être entendue et chaque personne méritait d'être écoutée. Et Aaliyah, qui commençait par dire qu'elle ne se posait pas de question, avait apparemment besoin d'être écoutée, quand elle parlait en regardant sa tasse de café. D'une oreille attentive, il nota dans sa tête chaque point qu'elle abordait, la laissant terminer avant de lui répondre, buvant une gorgée de son propre café. Rien qu'en venant ici, tu fais déjà beaucoup tu sais ? commença-t-il en essayant de lui faire comprendre dans son regard qu'il était touché par ses mots et sa volonté de faire plus. Tu défends une cause importante, du moins à mes yeux, et chaque petit geste à son utilité. Ne te mets pas la pression pour ça, tu as le temps de trouver comment tu veux y contribuer. c'était pour lui primordiale que dans son esprit d'adolescente elle ne se jette pas sur toutes les occasions de prouver son dévouement, qu'elle pouvait choisir la façon dont elle voulait soutenir la communauté LGBT et qu'elle n'était pas obligée de se donner à corps perdu pour que le monde sache à quel point elle était investie. Pour ce qui est des mentalités, on finira par y arriver, tu verras. ajouta-t-il avec un petit clin d'oeil, ses lèvres s'élargissant dans un sourire bienveillant. Et tu as le droit d'aimer plusieurs personnes, tu sais ? L'amour est fluctuant, indécis, imprécis aussi. Essaie de te concentrer sur ce que toi tu veux et pas sur ce que tu penses que les autres veulent de toi. Écoute-toi, c'est ça qui est important, même si c'est pas toujours évident. et il en savait quelque chose... Franky, tu l'aimes comme une amie ou c'est différent ? Et ce garçon dont tu parles, il s'appelle comment ? Il compte beaucoup pour toi, aussi ? il avait souvent l'impression qu'en réussissant à mettre des mots sur ce qu'on ressentait, les choses finissaient par s'imbriquer, à avoir plus de sens. Tu dis que tu aimes tout le monde, est-ce que c'est parce que tu pensais n'aimer que les femmes alors qu'en fait tu penses aussi aimer les hommes ? il faisait face à une adolescente, une enfant quasiment, même si il ne connaissait pas son âge exact, alors il faisait tout son possible pour être doux dans ses questions, pour ne pas la brusquer et la laisser lui dire ses doutes, mais il voulait aussi la mettre sur la voie de quelque chose qu'elle ignorait peut-être. Il se souvenait d'avoir eu son âge et d'avoir été soumis à ses propres questionnements, d'avoir été suffisamment bien entouré pour en parler à ses parents et d'avoir été accompagné dans un cheminement vers l'acceptation, en douceur, facilement. Et il voulait que chaque personne ayant des doutes sur ses préférences puisse avoir la chance de vivre la même chose.