Can we fix what we've broken? - Charlie

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« Je ne suis pas en train de mourir, Jade. » Se sentit-il obligé de la corriger à nouveau, son ton empli de lassitude. C’était à croire qu’elle avait envie de penser qu’il n’allait pas s’en remettre, il n’avait pourtant jamais été aussi confiant sur son rétablissement depuis l’annonce de la mauvaise nouvelle. Mais c’était peut-être le côté dramatique de sa femme qui ressortait, peut-être qu’elle avait encore trop peur qu’il lui ai menti en minimisant la gravité de son état de santé. Mais il avait besoin qu’elle le croit au moins là-dessus, peut-être parce qu’il ne voulait pas qu’elle pense que tout ce qu’il avait dit ou fait avait uniquement été une conséquence de sa maladie. Il ne pouvait pas mentir et dire que ça n’avait pas joué, mais il savait au fond de lui-même que ça n’aurait pas suffit à tout expliquer et quelque part il en était content. Il était fatigué, drainé de toute énergie par cette discussion qu’ils avaient été obligés d’avoir, et il avait la sensation que toutes ces semaines passée à culpabiliser et à tenter de ne pas réaliser ce qu’il faisait étaient en train de lui retomber d’un coup sur la gueule. Comme si la fatigue s’était accumulée loin de lui et qu’il ne se prenait le contrecoup que maintenant. « Pas de ça... » Souffla-t-il, la lassitude encore bien présente dans sa voix, ne sachant pas pourquoi il avait tant besoin que ça de se défendre sur ce point là. Est-ce qu’il avait tant besoin que ça qu’elle sache qu’elle n’avait pas été présente pour lui alors qu’elle aurait pu ? Qu’elle aurait dû ? Mais la vérité c’était qu’il avait tout fait pour que Jethro ne se rende compte de rien non plus, il avait même peut-être fait des efforts supplémentaires avec lui uniquement dictés par son orgueil, et pourtant le résultat était bien là. Elle n’avait rien vu, ou elle n’avait rien voulu voir. Il n’avait pas envie d’assumer l’entière responsabilité là-dessus, convaincu que si elle avait voulu être plus présente, si elle avait fait autant d’efforts pour eux qu’elle semblait le croire, alors elle l’aurait vu, elle aurait compris avant qu’il ait besoin de venir lui en parler. Il ferma les yeux en entendant la résignation dans sa voix, se laissant quelques secondes pour encaisser l’énormité de ce qu’ils étaient en train de se dire. Il savait qu’il allait le regretter, à vrai dire il regrettait déjà sa décision. Mais il ne voyait plus comment faire autrement, l’idée de continuer à se faire du mal comme ça lui était insupportable et les regrets étaient mêlés à une espèce de soulagement. Il avait honte de le ressentir, ce soulagement, mais il voulait aussi s’y raccrocher pour se rassurer sur le fait qu’il faisait le bon choix. S’il ressentait ça c’était qu’il prenait la bonne décision, non ? Ou est-ce qu’il était en train de faire la pire connerie de sa vie ? Ce qu’il savait c’était qu’il n’avait plus la force de la regarder en face, de la toucher, de lui parler même. Il avait envie d’être seul, de digérer loin de tout le monde et il se leva du banc en l’entendant exprimer un souhait similaire. « Bien sûr, quand ça t’arrange. » Répondit-il, s’efforçant de garder un ton neutre, presque indifférent, comme s’ils étaient en train de se mettre d’accord sur quand ils sortiraient faire les courses et non sur quand ils se mettraient d’accord sur les termes de leur rupture. Le mot seul lui donnait envie de vomir mais il n’avait pas non plus envie de revenir en arrière. Il jeta un dernier coup d’oeil à Jade avant de s’éloigner, décidant de marcher dans la direction opposée de la maison, lui aussi avait besoin d’air, de temps pour digérer loin d’Aaliyah et loin de Jethro. Il envoya simplement un sms à ce dernier pour lui annoncer qu’il avait tout dit à Jade avant d’éteindre son portable. Il se serait senti trop coupable de ne pas au moins le prévenir, il ne savait pas quand elle allait aller lui parler mais il préférait ne pas supposer que ça attendrait le lendemain. Il erra dans le village jusqu’à se retrouver sur la plage de Donwell, assis sur le sable, perdu dans ses pensées en regardant les vagues venir s’écraser lentement à ses pieds.