true disaster (jethro)

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Depuis ce que Charlie appelait l’incident sur le canapé, il n’avait presque pas recroisé Jethro, et ça lui allait très bien comme ça. Son beau-frère semblait lui en vouloir et prendre un malin plaisir à faire des sous-entendus sur ce qui s’était passé dès qu’ils étaient dans la même pièce que Jade ou Aaliyah. Autant dire qu’il n’aimait pas du tout ça, mais jusqu’à présent il avait préféré ne rien dire, faire semblant de ne pas comprendre, attendant que Jethro se lasse tout seul de ce nouveau petit jeu. Il semblait aussi s’être encore rapproché de sa fille, ce qui était, là encore, très loin de lui plaire, mais il n’avait pas plus de pouvoir sur leur relation qu’il n’en avait eu depuis le début. Après « l’incident » il en avait peut-être même moins. C’était lui qui avait le plus à perdre à ce que Jade l’apprenne après tout, donc il se voyait mal essayer de menacer Jethro à nouveau, de toute façon ça n’aurait servi à rien. Il faisait ce qui lui plaisait depuis qu’il avait débarqué et ce n’était pas près de changer. Alors il avait passé son temps entre son lit et l’hôpital, s’étant plongé plus que d’ordinaire dans le boulot, accélérant le rythme de ses traitements aussi. Il en avait assez de devoir cacher sa maladie à sa famille et il avait hâte d’être en état d’être opéré. Il n’avait d’ailleurs pas reçu de bonnes nouvelles de son collègue, les traitements n’avaient pas l’effet escompté et si la tumeur ne gagnait pas en taille, elle ne semblait pas non plus rapetisser. Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu entendre, à cette taille c’était impossible d’opérer, il allait falloir qu’il prenne son mal en patience. Et qu’il prie. Il ne pouvait rien faire de plus, il en avait bien conscience, et son collègue aussi. En tout cas ça ne l’avait pas rassuré, mais ça avait au moins eu le mérite de le distraire assez pour presque l’empêcher de trop repenser à ce qui s’était passé avec Jethro. Presque. Restaient tous les moments où il était obligé d’être chez lui, de continuer à faire comme si de rien n’était avec Jade, avec Aaliyah, et avec Jethro. La situation lui donnait la nausée et il ne savait pas combien de temps il allait lui falloir pour réussir à regarder sa femme dans les yeux sans que ça lui retourne l’estomac. Il avait été en train de discuter avec elle de tout et de rien dans la cuisine quand Jethro avait débarqué, un sourire déjà provocateur sur les lèvres avant même d’avoir prononcé le moindre mot. « Du coup ils m’ont confirmé qu’on pouvait nettoyer la tâche de café tout seul. » Finit d’expliquer Jade à propos de la tâche faite par Jethro sur le canapé quelques semaines auparavant. Charlie n’osa même pas tourner les yeux vers son beau-frère, il sentait déjà l’allusion arriver. Il fallait dire que Jade lui avait tendu une belle perche sans s’en rendre compte. Bien sûr, la remarque ne tarda pas à arriver. « Vous devriez peut-être appeler des professionnels pour le nettoyer complètement, je pense qu’il y a pas que du café dessus. » Lança-t-il d’un air tout sauf innocent avant de hausser les épaules, comme s’il avait dit ça sans rien vouloir dire de spécial. Charlie lui lança un regard noir et posa la tasse de café qu’il venait de finir sur le comptoir de la cuisine, probablement un peu plus brutalement que nécessaire. Il commençait à en avoir vraiment marre de son petit jeu. « Je reviens. » Lâcha-t-il, les dents serrées malgré lui. Jethro était déjà ressorti de la cuisine, la fleur au fusil, et Charlie attrapa son bras au passage avant de pratiquement le traîner dans le jardin. Il referma la porte fenêtre derrière lui, se doutant bien que Jade risquait de se poser des questions mais tant pis. Il trouverait une explication crédible plus tard. « Il faut vraiment que t’arrêtes ça. » Lâcha-t-il d’un ton énervé après s’être assuré qu’aucun voisin ne les épiait.

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Charlie resserra la mâchoire en voyant l’attitude de Jethro, alors ok, il avait le droit de ne pas aimer se faire traîner de force là où il n’avait pas prévu d’aller, mais il avait bien du se douter que ça finirait par arriver. Il faisait exprès de faire ses allusions pour le faire réagir, le médecin en était sûr, alors il n’allait pas jouer les effarouchés maintenant qu’il avait atteint son but. Il était énervé, il faisait attention à lui, c’était bon là il pouvait se calmer, arrêter de jouer au plus con et de faire semblant de ne pas comprendre exactement pourquoi Charlie s’était emporté. Il sentit son estomac se nouer légèrement en entendant la façon qu’il avait eu de prononcer son prénom, sentant bien que les choses risquaient de très vite mal tourner. Il aurait peut-être du le laisser bouder et faire ses remarques puériles encore quelques semaines, là il semblait prêt à tout pour l’emmerder. « Arrête de jouer au con. » Siffla-t-il entre ses dents en regardant Jethro s’éloigner de lui, il n’allait très certainement pas chercher à le retenir. Il ne tenait pas particulièrement à ce qu’il reste proche de lui, s’il avait été gêné de le recroiser dans la maison ces derniers temps, n’assumant pas du tout ce qui s’était passé, il était surtout énervé là tout de suite. Assez pour que la gêne ne soit pas le sentiment dominant en tout cas. Il écarquilla par contre les yeux en le voyant faire le porte-voix avec ses mains et balancer aux voisins qu’il fallait nettoyer le canapé parce qu’il s’y passait des trucs. Il était devenu complètement taré ou bien ? Il attrapa le poignet de Jethro le plus proche et le força à baisser l’un des deux bras, sans se soucier de savoir s’il allait apprécier ou pas. Il se foutait de sa gueule là ou quoi ? Bien sûr, il réussit parfaitement son coup et l’un de leurs voisins passa une tête au-dessus de la haie arborée qui séparait les deux jardins, l’air faussement inquiet. Charlie le connaissait très bien, il avait sentit une dispute et il était venu fouiner. « Tout va bien par ici ? » Demanda-t-il et Charlie afficha aussitôt un sourire poli sur ses lèvres, se métamorphosant à la vitesse de l’éclair pour cacher son énervement. La dernière chose dont il avait besoin à l’instant c’était d’un espion juste à côté de chez eux. « Oui, oui, tout va bien, c’est juste mon beau-frère. » Expliqua-t-il avant de grimacer, comme si le simple fait qu’il soit de sa belle-famille suffisait à justifier le fait que le ton soit monté. Il avait répondu immédiatement pour ne pas laisser le temps à Jethro de dire quoique ce soit. Il avait trop peur de ce qu’il serait foutu d’aller raconter encore. « Il a un sens de l’humour… particulier. » Il lança un regard qui en disait long à son voisin, espérant que ce serait suffisant pour le faire déguerpir, au moins pour l’instant. Ce dernier haussa les épaules avant de sembler s’éloigner. Charlie se tourna instantanément vers Jethro, son sourire poli ayant disparu de ses lèvres aussi rapidement qu’il y était arrivé. Quand il recommença à parler, c’était à voix basse, comme s’il se doutait que son voisin faisait encore tout pour entendre leur conversation, même s’il essayait de se faire plus discret. Il ne pouvait pas être trop prudent. « Tu trouves ça malin ? » Tout dans sa gestuel indiquait son agitation, et pour cause, il était tout sauf calme, et le fait de devoir avoir cette conversation avec Jethro dans le jardin n’aidait en rien. Mais au moins avec la porte fenêtre fermée Jade et Aaliyah ne pourraient rien entendre depuis l’intérieur. « Je croyais que tu n’avais rien à gagner à tout raconter à ta sœur ? T’as changé d’avis ? Parce que si tu continues comme ça elle va pas tarder à se douter de quelque chose. » Ajouta-t-il avant de croiser les bras sur sa poitrine, tentant tant bien que mal de ne pas se mettre à crier à son tour. « Enfin si les voisins ne vont pas tout lui raconter avant ça. » Lâcha-t-il avec à peu près autant de sarcasme que d’agacement. Il avait du mal à comprendre pourquoi Jethro faisait ça, honnêtement, il voulait juste qu’il baisse d’un ton. S’il avait un truc à lui reprocher il pouvait le faire, juste, à voix basse.

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Il y avait vraiment des jours où Charlie n’arrivait plus à supporter Jethro, et aujourd’hui faisait partie de ces jours. Il voyait bien qu’il faisait tout pour l’énerver et lui il ne marchait pas, il courait, il sprintait même ! Il voyait bien que Jethro prenait son pied, il n’avait pas eu besoin d’attendre sa réponse pour s’en rendre compte, il s’amusait à répondre au voisin, il s’amusait à faire des allusions devant Jade, il s’amusait à se foutre de sa gueule et il s’amusait à lui faire porter le chapeau. Charlie avait envie de s’énerver encore plus, de lui hurler dessus d’arrêter de jouer avec ses nerfs, mais il savait pertinemment que ça ne servirait à rien. Pire que ça, il savait pertinemment que Jethro avait en partie raison. Il sous-estimait peut-être un peu la perspicacité de sa sœur, même si Charlie n’avait pas eu la moindre réaction, elle aurait peut-être fini par se rendre compte qu’il ne le faisait que quand son mari était là, et qu’il semblait s’amuser à le provoquer. Elle était capable d’être très observatrice Jade, il la connaissait assez bien pour le savoir. Il la sous-estimait peut-être mais il avait raison sur un point : son attitude à lui était plus susceptible de lui mettre la puce à l’oreille que presque n’importe quoi que pourrait lui dire Jethro. Maintenant qu’il y pensait, il se demandait même si elle le croirait s’il lui disait ce qui s’était passé, elle croirait peut-être à une blague ou à une nouvelle provocation de la part de son petit frère. Ça ne voulait pas dire qu’il avait envie d’en arriver là et de prendre le risque, mais il n’avait jamais réellement vu le problème sous cet aspect là. Sans le vouloir Jethro venait peut-être de lui faire réaliser exactement ce dont il avait besoin pour pouvoir contrecarrer ses plans. Charlie n’aimait pas l’idée, ce n’était pas son genre, il aimait contrôler la situation, mais il en avait assez de tomber dans le panneau dès que Jethro venait le chercher. Il s’était senti obligé d’aller vers lui quand il avait fait sa scène sur la route à Brighton, il était venu lui donner de l’attention et l’engueuler quand il l’avait vu traîner avec sa fille, au final dès que Jethro cherchait à l’emmerder lui il lui donnait exactement ce qu’il voulait. Son attention. C’était de sa faute, il devrait savoir faire preuve de plus de self-control. Peut-être que c’était les mauvaises nouvelles de son collègue sur son état de santé qui le forçaient à relativiser un peu, ou à avoir envie de prendre des risques, ou peut-être que Jethro était allé trop loin et que Charlie avait enfin réalisé qu’il n’arriverait à rien en continuant comme ça, mais le médecin avait envie d’essayer un nouvel angle d’attaque. Il laissa ses bras retomber le long de son corps et se força à prendre une grande inspiration pour se détendre. « Tu sais quoi ? T’as raison. T’es pas assez explicite pour qu’elle comprenne quoi que ce soit, je devrais juste rester stoïque, froid, coincé, comme d’habitude quoi. » Après tout c’était exactement l’inverse de ce que Jethro voulait, et ce n’était pas comme s’il en était incapable. Il était bien coincé d’habitude, non ? Il suffisait de rester calme dès que son beau-frère rentrait dans la pièce. Il ne voulait pas que Jade l’apprenne, si ? Et s’il voulait tout dévoiler à sa sœur il n’y avait pas grand-chose que Charlie pourrait faire pour l’en empêcher quoiqu'il arrive. Alors pourquoi se prendre la tête ? Pourquoi rentrer dans le jeu de Jethro et stresser inutilement ? Il avait déjà assez de problèmes comme ça sans s’en rajouter. Il alla s’asseoir sur l’une des chaises autour de la table de jardin, tout de suite beaucoup plus calme, en apparence au moins. « Vas-y, va lui expliquer, je suis sûr que t’en meurs d’envie. C’est bien ça qui t’amuse non ? » Il faillit rappeler lui-même son voisin histoire d’avoir une audience et de pousser l’audace jusqu’au bout, mais il n’osa pas. « Vas-y je te dis, je t’en empêche pas, je démentirais même pas. Si t’as envie de le crier sur les toits je peux rien faire pour t’en empêcher alors vas-y, fais-toi plaisir ! » Son ton était monté légèrement en finissant sa phrase, malgré lui. Il savait que ce n’était pas très malin de provoquer Jethro, il le savait capable de le faire juste parce qu’on le mettait au défi, mais il en avait assez d’être sa marionnette. Ça ne l’amusait plus du tout.

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Charlie en avait eu marre de se laisser mener par le bout du nez par Jethro alors il avait tenté un coup de poker. S’il voulait se donner en spectacle et raconter à tout le quartier ce qui s’était passé, qu’il le fasse. Il ne pouvait pas le lui interdire de toute façon, et si Jethro comptait s’en servir comme moyen de pression sur lui, il allait bien vite comprendre que ça ne marcherait pas. S’il continuait à le laisser jouer avec lui comme ça ça n’en finirait jamais. Ne pas réagir, le laisser s’époumoner et le menacer sans broncher, c’était la seule solution qu’il lui restait. Il détestait cette situation, il détestait le fait de ne pas pouvoir simplement dire à Jethro d’arrêter son cirque, mais il ne lui laissait vraiment aucun choix. Il aurait voulu pouvoir discuter calmement avec lui, mais de toute évidence ce n’était pas sur le point d’arriver, il en eut d’autant plus la confirmation en le voyant traîner sa chaise de jardin vers la haie qui séparait leur jardin de celui des voisins. Quoi encore ? Charlie s’efforça de rester calme, stoïque comme il l’avait dit, de ne rien montrer. Au fond, ce n’était pas si difficile que ça, il avait fini par comprendre que Jethro cherchait juste à le faire réagir, alors ne rien dire, ne rien faire, c’était le meilleur moyen de l’emmerder. Et savoir ça, ça rendait ce qu’il devait faire beaucoup plus facile à supporter. Il avait même presque hâte de voir ce que Jethro lui réservait pour cette fois-ci, sûr qu’il n’allait pas réellement se mettre à raconter à tout le monde ce qui s’était passé. Il n’avait aucun intérêt à le faire, c’était pas ça qu’il avait dit ? Et s’il avait un intérêt à le faire alors il allait finir par le faire quoiqu’il arrive, ce n’était plus entre ses mains. Il hocha la tête en direction de son voisin quand celui se tourna vers lui, comme pour lui assurer qu’il ne s’agissait de rien de grave et qu’il pouvait bien jouer le jeu lui aussi. Jethro se comportait comme un gamin et son voisin devait bien s’en rendre compte lui aussi, essayer de justifier son comportement ou s’interposer ne ferait qu’amener de l’eau à son moulin. Tout ce qu’il s’était promis d’arrêter de faire. Il croisa les bras sur sa poitrine, un petit sourire amusé venant même étirer ses lèvres en regardant la petite scène se dérouler. La tête de son voisin aurait même pu le faire rire s’il ne s’était pas senti un peu désolé pour lui. Remarque, il avait passé sa tête en espérant assister à une scène de ménage, pour le coup il devait être servi ! Mais plus Charlie y réfléchissait et plus il se rendait compte qu’il n’y avait aucune chance que son voisin prenne tout ça au sérieux. Non, il le connaissait bien, il pensait que ce n’était pas son genre, il avait une réputation impeccable dans le quartier. Tout ce que Jethro allait réussir à obtenir c’était de passer pour un fou, au final ça arrangeait même Charlie. Plus personne ne risquait de le croire après ce qu’il venait de faire, il se décrédibilisait tout seul, Charlie n’avait même pas besoin de lever le petit doigt. Il aurait du faire ça depuis le début, ça lui aurait probablement évité quelques nuits sans sommeil. « Désolé John, je crois que c’est sa nouvelle façon d’attirer l’attention. » Expliqua-t-il, ce qui était parfaitement vrai aux yeux du médecin. Il haussa les épaules, comme s’il ne pouvait rien y faire, comme si ça ne le concernait pas. Il alla même jusqu’à lancer un petit sourire amusé à Jethro, il n’aurait pas cru mais en vrai, ça l’amusait. Il avait commencé à relativiser avec ce que lui avait appris son collègue et très franchement s’il essayait de l’énerver en pourissant sa réputation, il s’attaquait à la mauvaise cible. C’était le cadet des soucis de Charlie en ce moment, ça risquait plutôt d’agacer Jade, sans doute qu’elle allait en entendre parler. Charlie essaierait quand même d’aller s’excuser un peu plus sérieusement auprès de son voisin dans la journée, il ne l’aimait pas mais pas au point de vouloir lui imposer l’attitude de Jethro. Il n’avait rien à voir là-dedans après tout. « C’est pas très drôle en tout cas. » Lâcha-t-il sèchement, de toute évidence il n’était effectrivement pas amusé du tout, avant de s’éloigner à nouveau de la clôture. Il avait sans doute peur de ce dont Jethro serait capable maintenant. Le médecin se tourna à nouveau vers son beau-frère, son sourire toujours placardé sur les lèvres. « Tu veux recommencer avec les voisins de l'autre côté ou t’es prêt à avoir une discussion d’adulte ? » Le provoqua-t-il, se doutant qu’il aurait probablement mieux fait d’essayer de calmer le jeu. Mais la réaction de John l’avait conforté dans l’idée qu’il avait eue de le laisser faire son caprice. Il finirait bien par se rendre compte tout seul que ça ne servait à rien, alors autant aller jusqu’au bout. Il avait sans doute essayé de le forcer à revenir sur sa décision, à prouver qu’il ne faisait que bluffer, mais ça avait eu l’effet inverse. Si Jethro avait vraiment voulu tout raconter, il l’aurait fait depuis le temps.

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Charlie grimaça malgré lui en entendant les horreurs que Jethro était en train de balancer à son voisin. Il avait déjà prévu de s’excuser pour le comportement de son beau-frère mais là il allait falloir qu’il lui amène une caisse de vin s’il ne voulait pas se faire envoyer paître. Ça allait finir par lui coûter cher cette histoire et il commençait presque à regretter de lui avoir proposé d’aller emmerder l’autre voisin maintenant. Il n’avait pas que ça à foutre d’aller acheter des cadeaux d’excuses à ses voisins, il était occupé. Heureusement, ils ne semblaient pas être présents et Jethro avait apparemment commencé à se lasser de son jeu. Il avait du en retirer ce qu’il voulait, même si Charlie aurait été incapable de dire ce que c’était. A ses yeux tout ce qu’il avait réussi à faire c’était passer pour un taré aux yeux de ses voisins, il ne voyait pas ce que ça avait d’amusant ou en quoi ça l’avançait. Il était juste content de voir qu’il avait prévu de se calmer, ou au moins d’être un peu moins vocal dans sa provocation. Il haussa les épaules. « La quarantaine, pile poil ton type à priori. » Se moqua-t-il, sans la moindre méchanceté. Pour le coup il avait plutôt pensé à John en disant ça et il se rendit compte de son erreur en se rappelant que lui aussi approchait la quarantaine. Damn, il ne se ferait jamais à l’idée. Il le regarda ramener sa chaise à côté de la table, en face de lui, et s’y laisser tomber sans la moindre grâce. Charlie se détendit et laissa retomber ses bras sur la table en le voyant s’asseoir, au moins il avait décidé d’arrêter de traumatiser ses voisins, le médecin voyait ça comme une marque claire de progrès. Déjà il n’avait pas cédé à ce qu’il considérait comme un caprice et il avait obtenu de lui qu’il se calme. Il voyait bien que Jethro n’était venu que pour recommencer à l’emmerder et qu’il n’avait pas la moindre intention de discuter sérieusement, mais pour l’instant Charlie était surtout soulagé d’avoir réussi à maîtriser un peu l’orage. C’était mieux que ce dont il avait été capable jusqu’à présent. De toute façon il ne voulait pas faire traîner la conversation en longueur non plus, il avait des nausées récurrentes depuis ce matin et ces dernières commençaient à s’aggraver. Il allait peut-être devoir se rendre à l’hôpital pour s'assurer que son état n'était pas en train d'empirer. « Tu pourrais déjà commencer par m’expliquer ce qui t’énerve, ce serait un bon début. » Expliqua-t-il, tout en sachant qu’il y avait 99 % de chance que ça tombe dans l’oreille d’un sourd. Ça ne lui coûtait pas grand-chose d’essayer et peut-être que Jethtro avait juste envie de se plaindre, peut-être qu’il voulait se défouler une bonne fois sur lui et qu’après ils pourraient passer à autre chose. Il avait essayé de soutenir le regard de son beau-frère mais avait finit par le détourner, encore embarrassé par ce qui s’était passé entre eux. Non pas qu’il regrettait, il n’avait plus la force de se mentir à lui-même sur ce point là. Non, il savait pertinemment que si c’était à refaire il foncerait à nouveau tête baissée. Il avait été trop curieux de voir ce que ça ferait avant et maintenant il avait surtout envie d’aller plus loin. C’était plus fort que lui, sa curiosité n’était pas satisfaite, bien au contraire, il avait à peine gratté la surface, et il avait besoin de savoir si le reste serait aussi… excitant. Mais ce n’était définitivement pas le moment de penser à ça. « Tu sais, plutôt que de chercher à m’énerver et à me faire réagir ? » Ajouta-t-il, toujours sans s’énerver, plus pour essayer de lui montrer qu’il comprenait très bien pourquoi il se comportait comme ça et que ça ne servirait à rien d’insister. Maintenant qu’il avait compris que c’était le but ultime de son beau-frère, il ne comptait plus tomber aussi facilement dans le panneau. « Tu penses pas que ce serait plus simple comme ça ? » Dieu sait que lui en avait marre de son petit jeu, il avait mal au ventre, envie de vomir et il était fatigué.

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Charlie ne s’était pas attendu à grand-chose en proposant à Jethro de parler sérieusement pour changer, ou plus exactement il s’était attendu à ce qu’il l’envoie chier et refuse de jouer le jeu, alors il ne fut pas particulièrement surpris en l’entendant répliquer qu’il préférait continuer à l’emmerder. Au moins la discussion n’allait pas durer longtemps, il allait pouvoir aller vomir tranquillement avant d’aller à l’hôpital pour passer ses examens. Il était déjà en train de se demander s’il ferait mieux d’appeler un taxi ou s’il se sentait en état de conduire jusqu’à Brighton, et surtout s’il serait en état de ramener la voiture après, quand Jethro poursuivit. Il n’avait certes pas fait beaucoup d’effort sur la formulation mais au moins il avait admis ce qui semblait l’agacer. Sérieusement ? C’était ça son problème ? Il faisait la gueule comme un enfant parce qu’il lui avait dit d’aller se coucher ? C’était le truc le plus puéril que Charlie ait jamais entendu et il avait une fille de seize ans. Il écarquilla les yeux, le regard à nouveau sur Jethro, c’était plus fort que lui. Il était vraiment en train de lui dire qu’il s’était amusé à faire toutes ces allusions et à coller encore plus sa fille que d’habitude tout ça à cause de ça ? Charlie ne savait pas s’il avait plus envie d’en rire ou d’en pleurer, pour l’instant en tout cas il n’avait pas envie d’ouvrir la bouche parce qu’il était pris d’une nouvelle vague de nausée et qu’il préférait se concentrer pour essayer de la contrôler plutôt que de répondre. De toute façon Jethro n’avait pas fini apparemment. Charlie avait parfois tendance à oublier que son beau-frère semblait un peu susceptible, et il avait du mal à croire qu’il puisse se vexer pour aussi peu. Qu’il n’aime pas qu’on lui fasse la morale, en revanche, ça il ne l’avait pas oublié, et il répondit presque aussitôt : « Non je pense pas, c’est pour ça que j’allais rien dire de tout ça d’ailleurs. » Il fronça les sourcils, essayant de garder contenance malgré ses maux de ventre et son envie de plus en plus forte de vomir. Il sentait les couleurs disparaître peu à peu de son visage et il s’efforça de respirer normalement pour essayer de s’en remettre. Il ne pensait pas que ça allait marcher, mais ça pourrait peut-être lui permettre de gagner quelques minutes, assez pour se laisser le temps de finir cette discussion et de s’éclipser discrètement. Sa journée s’annonçait décidément spectaculaire, d’abord ça et après l’hôpital. Pour une fois Jade aurait raison de lui reprocher d’y passer sa vie, il ne se souvenait pas de la dernière journée qu’il avait passé sans y foutre les pieds. Il n’avait pas non plus été aidé par Jethro d’ailleurs. « C’est ça qui t’a énervé ? Que je te dise que tu ferais mieux d’aller te coucher ? Vraiment ? » Il était plus incrédule qu’autre chose et il n’y avait même pas le moindre jugement dans sa voix. Non, il était sincèrement surpris, franchement sur le cul que Jethro se focalise à ce point sur ce que lui vivait. Il était si égocentrique que ça ? Il n’avait jamais essayé de se mettre à sa place ou quoi ? « Tu t’attendais à quoi ? Enfin qu’est-ce que j’étais censé dire ? » Ce n’était pas comme s’il y avait un guide sur comment agir dans ce genre de situation, et c’était d’autant plus inédit pour le médecin. Mais apparemment il y avait une bonne et une mauvaise solution quand on se retrouvait à moitié nu sur le canapé familial avec son beau-frère à quatre heures du matin. Il s’éclaircit la gorge et baissa légèrement les yeux, il avait beau essayer de faire preuve de mauvaise foi, il pensait savoir pourquoi Jethro l’avait mal pris. « J’étais… gêné. Et j’avais envie d’être seul. » Ajouta-t-il de manière sincère. C’était exactement ce qu’il avait ressenti à ce moment là, une envie profonde de solitude, pour pouvoir digérer ce qu’il venait de se passer et il refusait de croire que Jethro n’était pas en mesure de comprendre ça. Ce n’était pas non plus un sociopathe, s’il faisait l’effort de se mettre à sa place ne serait-ce que deux secondes il devrait être capable de comprendre. Charlie se leva, un peu plus soudainement qu’anticipé, laissant sa main posée sur la table pour garder l’équilibre. Il ne se sentait définitivement pas bien et il espérait que Jethro ne serait pas capable de le lire sur son visage. « Je l’ai pas fait pour te vexer. » Expliqua-t-il avant de s’écarter légèrement de la table, sentant ses mains trembler. Lui qui avait parlé d’envie d’être seul, c'était un bel à propos. « Je dois passer récupérer des papiers à l’hôpital. » Se força-t-il à dire, tout en sachant qu’il n’y avait pas beaucoup de chance que Jethro y croit. Il en venait à espérer qu’il croit qu’il était encore en train de l’éviter à cause de ce qui s’était passé, pour une fois ça l’arrangerait.

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Charlie pouvait bien sentir que ses explications n’étaient pas suffisantes pour Jethro, eh bien tant pis, il n’en avait pas d’autres. C’était la stricte vérité et il avait été honnête avec lui, si jamais il s’attendait à des excuses ou à autre chose pour arrêter d’être vexé et de tirer la tronche il pouvait toujours courir. Le médecin ne risquait pas de s’excuser de sitôt juste parce qu’il avait eu le malheur d’avoir besoin d’être seul après ce qu’ils avaient fait. Dans d’autres circonstances il aurait été capable de prendre sur lui, peut-être, mais là il avait ressenti ce besoin viscéral de ruminer tout seul dans son coin et si son beau-frère était incapable de l’accepter c’était son problème. En plus de ça, Charlie avait soudainement d’autres chats à fouetter. Il avait beau avoir essayé d’être discret il savait que Jethro avait remarqué qu’il n’avait pas l’air dans son assiette. Vu la façon dont il se sentait, il ne s’était pas attendu à ce que ça passe inaperçu de toute façon, et le ton suspicieux de Jethro ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination quant à la crédibilité de son excuse. Il détourna le regard et recula, n’ayant pas eu le moins du monde l’intention de répondre quoique ce soit, quand son beau-frère lui posa une question vraiment inattendue. Son traitement ? Comment est-ce qu’il était au courant de ça ? Il fronça les sourcils, se souvenant soudainement de la remarque qu’il lui avait faite dans la voiture en revenant de l’hôpital la semaine passée. A l’époque déjà il s’était demandé si Jethro était allé fouiner et avait découvert quelque chose sur sa maladie, il venait d’en avoir la confirmation. Il se força pourtant à avoir toujours l’air plus surpris qu’autre chose. « Quel traitement ? Je ne vois pas de quoi tu parles. » Peut-être que Jethro n’avait pas entendu grand-chose, peut-être qu’il pouvait réussir à semer le doute dans son esprit, de toute façon il était trop fier pour admettre qu’il avait vu juste et ce n’était pas non plus le moment opportun pour en parler. Bien sûr, sa réplique aurait pu avoir un peu plus d’effet sur son beau-frère s’il ne s’était pas éloigné juste après pour aller vomir dans un rassemblement d’orties qui poussaient au pied de la clôture avec leurs voisins. Il n’avait pas eu le temps de réfléchir et il avait juste cherché à aller se mettre dans un endroit d’où il ne pourrait pas être vu depuis l’intérieur de la maison. Et merde. Au moins il se sentait un peu mieux maintenant que c’était sorti, juste un peu. Il ne pensait plus qu’à une chose, se rendre à l’hôpital. C’était un peu tard pour réussir à convaincre Jethro qu’il allait simplement chercher des papiers là-bas, mais même s’il savait que c’était peine perdue et que ça ne servirait à rien de mentir contre l’évidence, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne voulait pas que quelqu’un sache ça sur lui, et il avait encore moins envie que cette personne soit Jethro. Il attrapa une des serviettes qui séchait sur une corde à linge à côté de lui et s’essuya le visage avec. Il la garda à la main, faute de savoir quoi en faire maintenant. Il aurait aimé avoir réfléchi avant ça à une excuse crédible pour ce genre de situation, mais il avait préféré espérer que ça n’arriverait pas. « Je crois que j’ai mangé un truc qui est pas bien passé hier. » Expliqua-t-il, sans avoir le moindre espoir de convaincre Jethro, il se rendait bien compte lui-même que c’était du foutage de gueule, mais il n’avait pas le courage de dire la vérité et il n’avait pas de meilleur mensonge sous la main. Et ce n’était pas comme s’il lui devait la moindre explication de toute façon. Il détourna le regard aussitôt après et rentra dans la maison, commandant son uber en même temps qu’il expliquait qu’il devait faire un saut au boulot. Aucune réaction, Aaliyah était encore en haut et il ne savait pas où était passée Jade. Elles avaient l’habitude de toute façon. Il fit un rapide détour par la buanderie pour mettre la serviette dans la panière à linge avant d’attraper sa veste et de ressortir par la porte d’entrée, de l’autre côté de la maison. Plus qu’à attendre son uber, et à prier pour ne pas vomir à nouveau dedans.

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2 minutes. Il avait de la chance, un chauffeur venait de finir une course pas trop loin et avait accepté de l’amener à l’hôpital. Il mémorisa la plaque d’immatriculation de la voiture avant de remettre son téléphone dans la poche de son jean, se forçant à respirer profondément et régulièrement, essayant de se concentrer sur la sensation de bien être qui accompagnait chaque bouffée plutôt que sur les remous dans son estomac. Son collègue l’avait prévenu, les médicaments qu’il prenait pouvaient avoir des effets secondaires désagréables, dont des nausées et des vomissements. Il savait aussi que c’était un symptôme commun dans le cas de son cancer, alors il s’était attendu à ce que ça commence un jour, il aurait juste aimé repousser l’inévitable un peu plus longtemps. Il avait eu assez de mauvaises nouvelles comme ça cette semaine, il se serait bien passée de celle-là. Il croisa les bras sur sa poitrine et manqua de sursauter en entendant Jethro parler juste à côté de lui. Il avait été tellement absorbé par ses pensées qu’il ne l’avait même pas entendu se rapprocher de lui. Il s’était attendu à ce qu’il retourne dans sa chambre, ou à ce qu’il s’énerve tout seul dans le jardin. Il n’avait pas envisagé la possibilité qu’il le suive, en tout cas pas sans chercher à l’engueuler. Là, il avait presque l’air de faire semblant d’avoir cru à son excuse totalement bidon. Charlie tourna la tête pour le regarder. Est-ce qu’il avait les yeux baissés ? Son regard semblait rivé sur ses chaussures, il était… gêné ? C’était plutôt le genre de Charlie ça, il ne pensait pas avoir déjà vu Jethro se comporter comme ça et il ne savait pas s’il devait lui aussi être gêné, inquiet ou simplement touché. Il n’était pas débile, et Jethro non plus. Son beau-frère ne l’avait pas cru c’était évident, mais il faisait quand même semblant. Est-ce qu’il avait de la peine pour lui ? Ou bien est-ce qu’il avait essayé de se moquer de lui mais sans réussir à y mettre le ton approprié ? Le médecin n’en savait rien. « Tu vas pas me dire que je bosse trop, que je devrais me décoincer ? Me reposer ? » Se contenta-t-il de répondre, ce n’était pas comme si Jethro avait posé la question en s’attendant à une vraie réponse. Ils savaient pertinemment tous les deux que Charlie n’y allait pas pour récupérer des putains de papier. Il prit une grande inspiration en voyant le uber arriver et se garer devant la maison. Il avait envie de répliquer qu’il y était déjà trop allé, à Brighton, ces derniers temps, comme il le lui avait avoué l’autre fois. Mais si Jethro faisait semblant de ne pas comprendre alors Charlie allait suivre son exemple. Il allait faire semblant de ne pas comprendre pourquoi il avait choisi de l’accompagner. « Si tu veux. » Répondit-il donc à la place, essayant de garder un timbre de voix naturel. Il s’assura que le chauffeur était le bon et grimpa à l’arrière avec Jethro. Il descendit légèrement la vitre, essayant de laisser l’air pénétrer à l’intérieur de la voiture, ça lui faisait du bien. Il n’avait aucune envie de vomir à nouveau ici. « Tu vas voir ton pote de l’autre fois ? » Demanda-t-il, parce qu’il ne supportait plus le silence assourdissant qui semblait régner dans la voiture, et parce qu’il voulait s’occuper l’esprit. Tout pour ne pas penser au reste. Il garda pourtant les yeux rivés sur le paysage qui défilait à travers la vitre. Il était presque aussi fort que Jade pour faire semblant dis donc, mais si Jethro avait cherché une excuse pour justifier le fait de se retrouver dans la voiture avec lui, il venait de la lui offrir. « Si t’as besoin d’être déposé plus loin, dis-le moi, je peux ajouter la destination. » Ajouta-t-il, cherchant presque malgré lui à savoir s’il allait descendre avec lui ou non. Il n’était même pas sûr de savoir s’il en avait envie ou pas. Jethro en savait de toute façon trop pour qu’il puisse continuer à prétendre avec lui, et il s’en sentait presque soulagé. Il commença à mordiller nerveusement la peau de son pouce sans s’en rendre compte.