true disaster (jethro)

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Charlie pouvait d’ors-et-déjà sentir que la soirée n’allait pas finir de manière particulièrement innocente, et s’il était parfaitement honnête avec lui-même, c’était très loin de le déranger. On aurait même pu dire que c’était exactement ce qu’il avait cherché. C’était cliché, il s’en rendait bien compte, d’arrêter de se poser autant de questions et de n’en faire qu’à sa tête juste parce qu’il risquait de mourir. Il détestait voir ça comme ça, lui qui détestait faire comme tout le monde, il avait toujours eu horreur des gens qui disaient vouloir tout changer à la façon dont ils vivaient juste parce qu’ils avaient frôlé la mort. Et voilà qu’il commençait presque à faire pareil. Il savait qu’il n’aurait peut-être pas cédé aussi facilement sans les mauvaises nouvelles de son médecin, sans sa petite frayeur d’aujourd’hui aussi. Il était fatigué de devoir se battre contre tout, et il en avait envie non ? Il était curieux, et de toute façon ça n’avait pas servi à grand-chose d’essayer de se retenir jusqu’à présent, si ? Alors à quoi bon ? En plus de ça il pouvait clairement voir que Jethro était prêt à rentrer dans son jeu, lui non plus n’avait pas envie d’être raisonnable – ça aurait bien été une première de toute façon ! - et ça ne l’encourageait pas franchement à rester sage. Il ne chercha pas à retenir un sourire amusé au souvenir de Jethro qui était allé embrasser son voisin ce matin, il avait presque oublié toute cette histoire, déjà à ce moment là il avait été plus concentré sur ses maux de ventre qu’autre chose. Il avait tout de même du mal à croire le virage que leur journée avait pris, comment est-ce qu’ils s’étaient encore retrouvés à Brighton, et dans le même bar que l’autre fois ? Charlie n’allait pas s’en plaindre, il allait devoir passer beaucoup plus de temps que d’ordinaire chez lui pendant les prochaines semaines, les prochains mois même peut-être, alors il allait profiter de ne pas être cloîtré à la maison pour l’instant. Alors comme, ça allait lui coûter cher ? Il tenta de camoufler son sourire malicieux derrière son verre alors qu’il reprenait une gorgée de bière, quasiment certain d’avoir lamentablement échoué. Il n’avait pas le moindre doute sur ce que Jethro avait en tête en terme de paiement, et ça l’amusait. Pire, ça lui faisait plaisir. Il ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu flatté, c’était con, mais c’était comme ça. Il fit semblant d’avoir mal en sentant son coup de coude, en vérité, il l’avait à peine senti, mais ça le faisait rire qu’il se sente assez à l’aise pour le frapper alors qu’il venait d’apprendre qu'il avait le cancer. Il n’avait clairement pas cherché à lui faire mal, mais c’était pour le principe. Il reprit une gorgée de bière, se forçant à reprendre un air parfaitement sérieux. « Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Quelle tête je suis censé avoir ? » Il se tourna vers Jethro, se forçant à garder son air naturel et devant lutter pour ne pas exploser de rire. Faisant toujours semblant de ne pas comprendre ce qu’il voulait dire et d’avoir dit ça de manière tout à faite innocente, il reprit une gorgée de bière. « Je pensais te payer un verre ou deux, pourquoi ? A quoi tu pensais toi ? » Ajouta-t-il, ne pouvant résister à l’envie d’en rajouter un petit peu. Il savait exactement ce à quoi il pensait, et pour une fois, il n’avait aucunement l’intention de lutter ou d’essayer de le contrarier. Il n’avait pas oublié Jade, ni Aaliyah, il n’avait juste plus envie de continuer à se battre contre lui-même. Il savait que ça n’aurait été que repousser l’inévitable, il avait fini par comprendre qu’il ne pourrait pas s’arrêter tant qu’il n’aurait pas au moins satisfait sa curiosité, alors autant en profiter. « De toute façon maintenant que tu le dis, c’est vrai que ta journée n’était pas non plus très bien partie. Je sais pas si je te dois quoique ce soit en fin de compte. » Il haussa les épaules, continuant son petit rôle d’innocent, attendant impatiemment de voir la réaction de Jethro mais n’osant pas non plus croiser son regard de peur de perdre immédiatement son sérieux.

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Oui, Jethro avait raison, jusqu’à présent le simple fait de l’avoir fait boire avait plutôt bien marché sur lui, enfin si le but avait été de lui faire faire des bêtises ça avait même incroyablement bien marché ! La réciproque était d’ailleurs vraie, Charlie s’était toujours montré plus… ouvert après avoir bu, et il se doutait bien que c’était exactement l’état d’esprit que Jethro espérait qu’il allait avoir. Enfin s’il en croyait son petit sourire en coin. Non pas que ça l’embêtait, bien au contraire même, c’était ce qu’il avait espéré. C’était rassurant que son beau-frère soit capable de le voir autrement que comme un malade, comme le mec qui avait vomi dans les plantes de son jardin il y a quelques heures, il n’aurait jamais cru que ce serait possible mais il préférait qu’il le regarde comme ça. Comme s’il avait envie de lui. Il n’y avait pas à dire, c’était quand même plus agréable, même si une petite partie de lui refusait encore de l’admettre. Le médecin tourna la tête vers Jethro quand il sentit son regard sur lui, s’efforçant de garder un visage impassible tout en comprenant qu’il ne réussissait pas à le tromper le moins du monde. Sans compter que c’était dur de ne montrer aucune émotion quand Jethro plongeait son regard dans le sien comme ça et affichait ce petit sourire en coin. Non, il ne réussissait définitivement pas à lui faire croire qu’il lui était complètement différent, et Jehtro le lui faisait bien sentir. Il s’était attendu à ce qu’il soit un peu plus contrarié face à son attitude, quelque part, ça le vexait presque. Il se doutait que son beau-frère ne le faisait que par fierté, et parce qu’il savait qu’il n’avait pas besoin de beaucoup venir le chercher pour obtenir ce qu’il voulait, mais quand même. Il aurait presque préféré le voir s’énerver, comme à son habitude quand les choses ne tournaient pas comme il les avait imaginées. « T’as raison, je n’ai qu’une parole. » Répliqua-t-il avant de reprendre une gorgée de bière. « Juste un verre ou deux, et tu devras t’en contenter. » Ajouta-t-il pourtant juste après, juste pour l’embêter, comme si sa plus grande crainte était que Jethro n'en commande dix et ne le ruine. Il savait pertinemment que ce n’était pas ce que Jethro avait eu en tête quand il avait dit que ça risquait de lui coûter cher. Il se tourna sur son tabouret pour faire face à son beau-frère, gardant son verre dans la main gauche, encore posé sur le bar. « De toute façon tu n’as pas tellement le choix, à moins que tu n’ai prévu de m’extorquer. » Il n’avait pas réussi à retenir un petit sourire malicieux de venir étirer ses lèvres cette fois-ci. Oui, c’était bas, parce qu’il savait pertinemment que même Jethro ne se servirait pas de sa maladie pour chercher à le faire chanter, au contraire même, ça risquait de l’amadouer. Il savait aussi que Jethro n’aurait pas besoin d’avoir recours à ça, et lui aussi le savait bien. Il se leva doucement de son tabouret pour pouvoir se rapprocher et tendit la main vers le visage de Jethro, glissant délicatement son pouce sur sa lèvre, là où elle était ouverte. « Ça te fait encore mal ? » Jethro aurait peut-être pu croire que c’était l’inquiétude qui motivait sa question s’il n’y avait pas eu autant d’intensité dans son regard. Non, ce n’était clairement pas sa préoccupation principale. Il laissa retomber sa main quelques secondes après et la posa sur le torse de Jethro, comme si ça avait été sa place naturelle depuis le début. Il ne prit même pas la peine de vérifier qui était susceptible de le regarder faire, si ça les amusait ils n’avaient qu’à regarder, il ne connaissait personne dans ce quartier de toute façon.

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Non, il n’avait pas intérêt à essayer de l’extorquer, ça risquait de mal finir. Heureusement Charlie pouvait bien voir qu’il avait dit ça d’un air amusé, ce n’était clairement pas au programme. Il aurait été surpris, Jethro était capable de beaucoup de choses pour le rendre dingue mais il ne l’aurait jamais cru capable de ça. Sinon il ne lui aurait pas dit la vérité de toute façon. Il n’avait plus envie de penser à tout ça, il voulait mettre la maladie et l’hôpital de côté juste quelques heures, il avait la sensation que ça allait lui faire un bien fou. Il avait même envie d’oublier sa femme et sa fille, de profiter du fait qu’il soit avec Jethro, que pour une fois ils ne soient pas en train de se foutre sur la tronche, et qu’ils aient tous les deux l’air d’avoir envie d’aller plus loin. Rien ne pourrait le forcer à revenir à la réalité ce soir, et très certainement pas le petit sourire en coin qu’affichait son beau-frère. Il le regarda feindre de l’ignorer pendant quelques secondes, stressant malgré lui, tout en sachant très bien qu’il s’agissait d’une ruse, qu’il n’allait pas l’envoyer bouler maintenant, c’était tout simplement plus fort que lui. Il n’arrivait toujours pas à comprendre ce qu’il se passait entre eux alors il n’était jamais vraiment certain que les choses allaient se dérouler comme il les avait envisagées. Jusqu’à présent, il avait même souvent été surpris. Bien sûr Jethro finit par reposer son verre et par le forcer à enlever sa main de son torse pour le rapprocher de lui. Charlie n’essaya même pas de prétendre qu’il avait envie de se défendre, ni qu’il était surpris, il se laissa gentiment faire et vint glisser directement sa main dans ses cheveux pour l’empêcher de s’éloigner. Tant pis si ça picotait un peu ses lèvres, il n’avait qu’à se concentrer sur autre chose, sur lui par exemple. A chaque fois c’était la même chose, il se demandait comment il avait pu réussir à se convaincre qu’il allait pouvoir s’empêcher de recommencer, comment il avait pu réussir à oublier à quel point il aimait ça. Sentir Jethro contre lui, ses lèvres sur les siennes, c’était électrisant, bien plus que tout ce qu’il avait pu vivre ces dernières années, et le fait que ce soit la première fois qu’il y ait des gens autour pour le voir, ça n’atténuait en rien cette sensation. Tant pis, il n’avait pas la force ni la volonté de le repousser, il préférait encore que les gens regardent, si ça pouvait les amuser tant mieux pour eux. Il finit par reculer légèrement ses lèvres, juste assez pour pouvoir parler et reprendre un peu son souffle, ne cherchant même pas à réprimer un petit sourire malicieux. « Alors ça va ? C’est supportable ? » Il n’avait pas intérêt à dire non. Il aurait aimé pouvoir aussitôt se réapproprier ses lèvres mais il pouvait sentir un regard sur lui et il se sentait un peu mal à l’aise. Il fit l’erreur de détourner les yeux pour voir de qui il s’agissait. Oh non. Il commençait déjà à amèrement regretter de ne pas avoir regardé qui était présent dans le bar avant d’embrasser Jethro. Il déglutit et recula pour de bon cette fois-ci, ne lâchant pas son collègue des yeux, celui dont il avait senti le regard. Il ne l’avait définitivement pas inventé. Ce dernier était en train de sourire, comme s’il faisait le malin. Et merde. Il sentit un nœud se former dans son estomac, tout était fini, comme ça ? Juste parce qu’il n’avait pas été assez prudent pour une fois ? Il avait soudainement la gorge sèche mais il n’osa pas reprendre une gorgée de bière en voyant son collègue venir dans sa direction. A son petit sourire il avait vite compris qu’il n’allait pas se contenter de fermer les yeux et de faire comme s’il n’avait rien vu. Non, lui il avait vu une opportunité. « Salut Charlie. » Lança-t-il, essayant clairement de faire le malin. Il avait les cartes en main pour après tout. Le médecin avait l’impression que son alliance le brûlait, mais même sans ça, il aurait été foutu. Il ne parlait pas spécialement de sa vie privée à l’hôpital mais même s’il n’était pas proche de ce collègue en question c’était de notoriété publique qu’il était marié et avait une fille. De toute façon sa tête effarée en croisant son regard aurait suffi à lui faire comprendre qu’il avait quelque chose à se reprocher. Charlie ne prit pas la peine de répondre, sa mâchoire était serrée et tous les muscles de son corps tendus. Bordel. Il essayait de réfléchir à un moyen de se sortir de cette impasse. « Vous avez des drôles d’arrangements avec ta femme. » Ajouta-t-il d’un ton amusé, mais Charlie l’entendait pour ce que c’était : une menace à peine voilée. Il voulait juste lui faire comprendre qu’il n’était pas dupe. Charlie baissa les yeux et tomba sur le verre de whisky presque vide que son collègue tenait et il répliqua aussitôt. « Ouais, un peu comme toi et le directeur je suppose. » Il releva les yeux, se forçant à soutenir le regard de son collègue. Son ton était sec, il n’avait pas envie de jouer. « Je suis surpris qu’il te laisse boire alors que ta garde commence dans quoi… ? » Il fit mine de vérifier l’heure sur sa montre. « Une heure ? » Son collègue perdit aussitôt son sourire et Charlie se détendit aussitôt un peu. Il avait à moitié bluffé pour être honnête, il lui avait semblé qu’il était de garde mais ce n’était pas comme s’il avait vérifié le planning tout à l’heure. Apparemment il avait visé juste. « Ouais, on trouve toujours un moyen de s’arranger. » Son ton n’était plus enjoué du tout. Il termina son verre et le posa sur le comptoir à côté de Charlie avant de s’éloigner, après lui avoir lancé un regard noir. Charlie attendit quelques secondes avant de laisser échapper un soupir de soulagement. Finalement e retour a la réalité avait bien eu lieu et il avait été… brutal. Il vida le quart de sa pinte d’une traite avant de la reposer sur le comptoir. Ça lui avait coupé l’envie de s’amuser.

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Charlie était encore secoué par l’interruption de son collègue, ça l’avait forcé à réaliser plusieurs choses. La première, qu’il n’était en sécurité nulle part et que s’il était avec Jethro il avait intérêt à faire attention aux gens autour d’eux. La deuxième, qu’il avait méchamment sous-estimer l’impact de ce qu’il avait été en train de faire, il n’avait pas manqué le jugement dans les yeux de son collègue et ça l’avait forcé à se rendre compte de l’image que ça projetait de lui. Troisièmement, qu’il s’était peut-être un peu trop laissé emporter par son envie de faire ce dont il avait envie. Après tout, demain finirait bien par arriver et il allait falloir qu’il assume tout ce qu’il comptait faire ce soir. Il ne pouvait pas juste arrêter de réfléchir et prier pour ne jamais en subir les conséquences. Il aurait tellement aimé que ce soit le cas, qu’il puisse essayer ce qu’il avait envie d’essayer avec Jethro, qu’il puisse suivre son instinct et que ça ne lui revienne pas en pleine tronche juste après. C’était naïf de sa part, la vie ne marchait pas comme ça. Jethro, en tout cas, semblait très bien s’être rendu compte de ses réflexions intérieures ainsi que de ses états d’âme, et apparemment ça ne lui plaisait pas. Rien d’étonnant pour une fois. Charlie se força à relever les yeux vers lui, plus triste que vraiment énervé. « Justement, j’ai essayé d’ignorer le monde extérieur et regarde où ça m’a mené. » A menacer un collègue, pire, à devoir étouffer un secret particulièrement dérangeant. Il n’avait pas envie de travailler avec quelqu’un qui venait prendre des whiskys au pub avant de commencer son tour de garde, et pourtant il allait y être forcé. Enfin quand il reviendrait. Il n’avait plus moyen d’aller voir le directeur pour en parler, et c’était aussi de sa faute, tout ça parce qu’il ne voulait pas que son propre petit secret arrive jusqu’aux oreilles de Jade. Ça le rendait malade. Il finit par s’agacer légèrement en entendant le ton employé par Jethro et il ne put s’empêcher de répliquer du tac-o-tac : « Oui bah moi non plus je sais pas à quoi tu t’attendais. » Il l’avait dit par pur énervement, parce qu’il n’aimait pas le ton de reproche de Jethro, parce que lui aussi était frustré malgré tout et que ce n’était pas comme s’il avait choisi que son collègue vienne les interrompre. Il détourna les yeux et reprit une gorgée de bière avant de venir se frotter le visage, essayant de remettre de l’ordre dans ses idées. Il ne savait plus quoi faire, il n’était plus franchement dans le mood et il avait désormais l’impression que tous les yeux étaient braqués sur lui, prêts à l’épier et à le juger. Il ne supportait pas ça. Il n’avait pas envie de rentrer pour autant, non une petite partie de lui avait envie de simplement continuer à boire jusqu’à ce que son cerveau arrête enfin de réfléchir, jusqu’à ce qu’il ait le courage de faire ce qu’il crevait d’envie de faire sans peur d’être jugé. Son énervement avait été de courte durée et il baissa les yeux sur le comptoir, défaitiste. Il commanda un whisky auprès du barman avant même d’avoir fini sa bière. Une petite partie de lui avait envie de s’enfuir, mais une autre partie de lui avait aussi terriblement envie d’un whisky. Il pensait l’avoir mérité après le coup de stress qu’avait provoqué l’arrivée de son collègue. Il fit l’erreur de croiser le regard de Jethro en attendant que son whisky arriver et il se calma aussitôt. « Je sais pas quoi te dire, c’est pas facile pour moi. » Rien n’était facile pour lui dans cette situation, et il n’aimait pas que Jethro semble lui reprocher de se prendre la tête, comme s’il n’avait pas raison de se poser des questions, de se sentir coupable. La vérité, c’était qu’il était perdu et que lui aussi aurait rêvé que personne ne vienne les interrompre. Maintenant tout était plus compliqué. « J’ai pas envie de partir encore. » Il n’avait pas envie d’abandonner encore l’idée de pouvoir faire ce qu’il avait eu en tête, il n’était pas encore complètement remis de ses émotions, mais l’idée de rentrer chez lui maintenant lui était insupportable.

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Charlie était très loin de penser qu’il s’en était bien sorti, devoir menacer un collègue et surtout le laisser continuer à boire avant de venir travailler, non, le médecin était très loin de considérer ça comme une victoire. Il préféra cependant ne rien répondre, à quoi bon ? Il savait très bien pourquoi Jethro avait dit ça, pour le forcer à dédramatiser et à arrêter de se prendre la tête. Ça n’avait pas marché, loin de là, et il n’avait rien à gagner à essayer de le faire comprendre à son beau-frère. A la place il reprit une gorgée de whisky, se demandant combien de temps encore il allait pouvoir cacher ça à Jade. Est-ce qu’il n’avait pas intérêt à aller la voir et à tout lui raconter maintenant ? Avant que les choses ne dérapent encore plus ? Il savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle l’apprenne, avant qu’il soit obligé d’assumer ses conneries, est-ce que ça n’aurait pas été mieux que l’information vienne de lui au moins ? Mais il n’avait pas le courage ni la volonté de lui en parler, pas encore. Il savait très bien que tout changerait après ça, et que le jeu perdrait forcément de son intérêt pour Jethro. Cette idée ne lui plaisait définitivement pas, il ne voulait pas encore que ça s’arrête. Il ne put s’empêcher de croiser le regard de son beau-frère, surpris par sa réponse. Il s’était attendu à ce qu’il s’énerve, à ce qu’il lui reproche de trop se prendre la tête, à la place il semblait faire l’effort de se mettre à sa place. C’était bien une première ça, tiens, et Charlie ne pouvait s’empêcher d’être un peu touché. Peut-être que Jethro ne prenait pas toute cette histoire autant à la légère qu’il choisissait de le faire croire, quelque part c’était bon à savoir, Charlie se sentait moins seul. Il ne put réprimer un petit sourire en sentant ses doigts glisser sur les siens, il le regarda lui voler une gorgée de whisky avant de finir son verre et de recommander à son tour, sans dire un mot. Il comprenait que c’était la façon de Jethro de faire un effort, d’y aller un peu plus doucement. Il appréciait, sincèrement. Il s’était tellement attendu à ce qu’il s’énerve encore et à ce qu’il recommence à lui reprocher tout et n’importe qu’il avait ressenti un énorme soulagement en le voyant se rapprocher à nouveau de lui, prenant pour excuse le fait de recommander son verre. Il lui lança un petit sourire reconnaissant avant de reprendre une petite gorgée de whisky, ne réussissant pas à s’empêcher de lancer des regards furtifs aux autres clients du bar autour d’eux. Ils ne semblaient pas faire le moins du monde attention à eux et pourtant Charlie se sentait toujours épié. Il se rapprocha quand même à son tour de Jethro, sans chercher à trouver d’excuse, juste parce qu’il en avait envie. Les gestes de son beau-frère avaient réussi à lui redonner de l’assurance, juste un peu, assez pour qu’il vienne glisser ses doigts dans l’une des boucles de ceinture du jean de Jethro, comme pour l’empêcher de s’écarter à nouveau. Il avait toujours du mal à affronter son regard mais il y avait déjà du progrès. « C’est peut-être pas plus mal qu’on se soit fait interrompre. » Expliqua-t-il, se forçant à garder un ton sérieux, comme s’il regrettait même d’avoir fait quoique ce soit. C’était loin d’être le cas, l’interruption l’avait refroidi, sans aucun doute, et il allait y réfléchir à deux fois avant de recommencer à l’embrasser en public, mais il était toujours déterminé à ce que cette soirée rattrape la journée horrible qu’il venait de passer. Il voulait juste le taquiner en lui faisant peur. « Vu ce que j’avais en tête on se serait probablement fait virer du bar. » Finit-il donc par ajouter, un sourire moqueur aux lèvres. Oh oui, il y avait définitivement une grosse partie des choses qu’il avait eu envie de faire tout à l’heure qui les aurait fait virer du bar, voire qui aurait pu les faire arrêter. « Je suis sûr qu'on peut trouver une meilleure façon de finir la soirée. » Ça devait pouvoir se trouver oui, mais Charlie savait très bien que Jethro comprendrait ce à quoi il pensait.

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Charlie était content d’avoir réussi son coup, il trouvait toujours ça hilarant de pouvoir surprendre Jethro, la tête qu’il faisait était tout bonnement impayable et son sourire s’étira encore un peu plus. C’était à se demander pourquoi ils se prenaient la tête pas plus tard que ce matin, pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas toujours discuter comme ça, simplement et calmement ? Ah oui, parce que Charlie refusait parfois de rentrer dans son jeu, voilà pourquoi. Ce soir, c’était trop tard pour revenir en arrière, pour faire semblant qu’il n’était pas intéressé, il n’en avait aucune envie de toute façon. La réplique de Jethro lui arracha un petit rire, oui, il y avait d’autres bars, ce n’était pas vraiment l’objection que Charlie avait voulu formuler. Ce n’était pas le risque de manquer de bière qui l’inquiétait, mais il n’avait jamais été du genre à se faire virer de quoique ce soit, il avait toujours été trop sage et respectueux pour ça, et très franchement, ça lui allait très bien comme ça. Il ne comptait pas commencer ce soir. Il reprit une petite gorgée de whisky tout en observant Jethro faire semblant de ne pas comprendre, il était très mauvais menteur. Bien sûr il n’avait probablement pas cherché à être très crédible, il n’était plus en position pour, tout comme Charlie n’était plus en position de nier qu’il avait envie de lui. Il sentit ses joues rosir très légèrement en entendant le sous-entendu de Jethro et en sentant sa main venir tapoter son torse, il pouvait très bien imaginer ce que Jethro avait en tête et il ne doutait pas un seul instant qu’il serait capable de lui faire perdre assez le contrôle jusqu’à les faire virer pour de vrai. Bien sûr que ça ne dépendait que de lui, et il allait aussi lui dire que s’il se jetait sur lui ça allait être de sa faute tiens. Il déglutit avant de devoir détourner les yeux en sentant son portable vibrer dans sa poche. Il l’en sortit pour se rendre compte que c’était Jade qui l’appelait, et il le remit là où il l’avait pris sans prendre la peine de décrocher. Elle avait l’habitude qu’il rentre plus tard que prévu quand il allait à l’hôpital, elle ne devait pas être inquiète, elle avait probablement juste voulu avoir des nouvelles, et vu l’effet que ça avait eu sur eux la dernière fois qu’il avait choisi de décrocher il avait décidé de ne pas répéter la même erreur. Il ne voulait pas sortir de leur petite bulle, s’il pouvait éviter que quelqu’un d’autre ne vienne les y déranger il avait bien l’intention de le faire. « J’avais pas prévu de te décevoir ou de te contrarier. » Expliqua-t-il, son petit sourire moqueur de retour au coin de ses lèvres, comme pour le rassurer. Non, il n’avait pas l’intention de contrecarrer ses plans, pas ce soir. « Par contre s’il y a une possibilité qu’on ne finisse pas au poste, je préfère encore. » Autrement dit, il allait falloir qu’ils trouvent un endroit un peu plus discret s’ils voulaient pouvoir passer aux choses sérieuses. Il détacha ses doigts de la boucle du jean de Jethro pour venir poser sa main sur sa hanche,  caressant le bas de son ventre avec son pouce à travers son t-shirt. Son regard s’attarda malgré lui quelques secondes sur les lèvres de Jethro, se retenant de les attaquer à nouveau, avant de terminer son verre de whisky et de le reposer sur le comptoir à côté de lui. « Tu as encore un appartement en ville ? Tu penses que ce serait possible d'y aller ? » Demanda-t-il, se rendant compte qu’il ne savait pratiquement rien, encore une fois, des circonstances qui avaient poussé Jethro à venir s’installer chez eux. Il se doutait qu’il avait cherché des noises à des gens énervés et qui n’avaient pas peur d’en venir aux mains, mais il ne savait pas s’il n’allait plus chez lui parce qu’il avait peur qu’on l’y retrouve ou tout simplement parce qu’il n’avait plus d’appartement. Ce qu’il savait en revanche, c’était qu’il allait leur falloir un endroit un peu plus isolé pour finir la soirée.

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Charlie ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en entendant la blague de Jethro, du moins il espérait que c’était une blague. Le connaissant il n’avait pas de mal à croire qu’il ait déjà passé une nuit ou deux au commissariat, mais il doutait sincèrement que ce soit confortable. Ou que ce soit la meilleure façon de terminer la soirée pour eux. Son sourire disparut en même temps que celui de son beau-frère en comprenant que l’option de l’appartement n’allait pas être possible. Et merde. Il n’avait pas vraiment pensé à ça avant maintenant, il n’avait pas réalisé qu’ils risquaient de se confronter à un problème logistique. Charlie regrettait presque de ne pas être venu en voiture jusqu’à Brighton tiens, ça aurait fait une solution de secours. Il était encore en train d’essayer de se forcer à dissiper sa déception quand Jethro lui redonna espoir et il haussa un sourcil, se demandant dans quoi son beau-frère allait encore l’entraîner. La façon dont il avait poursuivi ses explications ne lui disait définitivement rien qui vaille, mais il était assez désespéré pour accepter sans poser trop de questions. Ils étaient allés trop loin pour reculer maintenant, du moment que ce n’était illégal ça lui irait – pour être honnête il avait un peu peur de poser la question aussi, peur de savoir sur quoi il serait prêt à fermer les yeux juste pour arriver à ses fins. Il laissa échapper un petit rire en l’entendant continuer. « Tu sais, j’étais pas vraiment sérieux tout à l’heure. » Répliqua-t-il d’un ton amusé, et un peu effrayé aussi. Il savait que si quelqu’un essayait de le frapper à nouveau il allait s’interposer, il avait été au moins sérieux sur ce point là, mais c’était justement ça qui lui faisait peur. Son collègue lui avait recommandé du repos, pas de se faire cogner en plein visage, et il avait comme la sensation que ce dernier n’apprécierait pas de le voir débarquer à l’hôpital le soir même avec le nez cassé. « Mais ok, je te suis. » Oh oui, il avait peur que ça tourne mal, Jethro n’avait pas franchement fait quoique ce soit pour le rassurer et il craignait un peu de découvrir le plan qui avait commencé à germer dans son esprit. Mais il n’allait pas le refuser alors que c’était à priori leur seule solution. De toute façon ce n’était pas la soirée pour avoir des états d’âme ou des remords. Il attrapa le verre de Jethro et en but une gorgée, grimaçant aussitôt en reposant le verre. Il ne savait pas comment il pouvait boire ce genre de truc, définitivement pas à son goût, mais plus vite il aurait fini son verre, plus vite ils pourraient s’en aller. Il glissa sa main libre dans les cheveux de Jethro et rapprocha son visage, ses lèvres venant frôler les siennes. Il était en train de devenir dingue à rester là sans pouvoir le toucher, pas alors qu’il savait pertinemment à quel point ils en avaient tous les deux envie, pas alors que pour une fois il avait enfin réussi à faire taire sa conscience, juste pour quelques heures. Il voulait en profiter, c’était rare, et il n’était pas sûr que sa culpabilité ne revienne pas le hanter dès le lendemain. « C’est quand tu veux. » Souffla-t-il tout doucement, ses lèvres continuant à frôler les siennes à chaque mot qu’il prononçait. Il avait déjà payé leurs consommations à chaque fois qu’ils avaient commandé, ils n’avaient plus qu’à sortir. Il ne put résister à l’envie de glisser ses lèvres sur les siennes, doucement, presque timidement, comme s’il avait peur de ne pas réussir à se retenir s’ils les laissaient contre les siennes plus de deux secondes de suite. « C’est peut-être le bon moment pour te dire que j’ai jamais été très patient. » Glissa-t-il d’un ton malicieux avant d’écarter légèrement ses lèvres, pour s’empêcher de continuer, ça le distrayait trop et il voulait tellement plus que ça… Mais pour ça ils devaient d'abord partir.

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Comment ça il fallait qu’il finisse son verre ? Il se moquait de lui ? Il espérait bien que oui parce qu’il n’avait pas la patience d’attendre tranquillement que Jethro sirote son cocktail, pas alors qu’il était en train de le déshabiller mentalement. Il commençait à regretter de lui avoir dit qu’il n’était pas patient, parce que oui, justement il commençait à un peu trop bien le connaître son esprit de contradiction, il se souvenait encore de la façon dont il s’était amusé à jouer avec ses nerfs l’autre fois sur le canapé, et il ne tenait pas à ce que ça recommence. Il le regarda boire presque la moitié de son cocktail d’une traite, ne réussissant pas à s’empêcher de sourire en voyant la réaction sur son visage. Visiblement il était aussi pressé que lui, quelque part c’était rassurant. Il le regarda s’éloigner, frustré et impatient à la fois, parce qu’il avait compris qu’il ne le faisait que pour se forcer à sortir du bar. Et sortir du bar c’était un pas en avant, c’était un effort nécessaire s’ils voulaient vraiment passer aux choses sérieuses. Il remit sa veste et s’assura rapidement qu’ils n’avaient rien oublié avant de sortir à son tour, essayant d’ignorer les regards en coin qu’on lui lançait. Il ne savait pas si c’était lui qui les imaginait ou pas, il n’avait pas le courage de vérifier. L’air frais de l’extérieur lui fit un peu de bien, et il fut rassuré de voir que Jethro était dehors en train de l’attendre. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’il soit parti sans lui, mais quand même. Il se tendit par contre aussitôt en entendant sa remarque, il y avait pensé aussi, bien sûr qu’il y avait pensé, mais il n’aimait pas l’entendre le dire lui aussi. Parce que c’était sa faute s’ils n’étaient pas venu en voiture, parce qu’il n’avait pas été en état de conduire. Il n’aimait pas repenser à ça, et surtout, il n’aimait pas que Jethro y repense, ce n’était pas l’image qu’il voulait que son beau-frère garde de lui, et surtout pas maintenant. « C’est fait, c’est fait. » Répondit-il, un plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu, parce que sa remarque l’avait mis sur la défensive malgré lui. Il se doutait que Jethro n’avait pas dit ça pour lui faire un vrai reproche, mais c’était plus fort que lui. Il baissa légèrement les yeux. « C’est loin ? » Demanda-t-il, un peu plus doucement. Ils pouvaient toujours commander un uber ou attendre un taxi, ils allaient bien finir par en voir passer un si jamais ça valait vraiment le coup. Jethro finit par commencer à marcher et Charlie le suivit en silence, se plaçant à côté de lui, se maudissant de s’être braqué en entendant la réflexion de Jethro. Il avait aimé quand les choses étaient simples et faciles et qu’il n’avait pas besoin de repenser à ce qu’il s’était passé durant la journée, mais il commençait à avoir l’impression que l’ombre de ce moment allait planer sur toute la soirée, qu’il le veuille ou non. Il allait falloir qu’il apprenne à faire avec. Il s’arrêta en passant devant un magasin encore ouvert et attrapa doucement le poignet de Jethro pour le forcer à s’arrêter. Apparemment la logistique c’était lui qui gérait, et il ne se voyait définitivement pas arriver là-bas tout ça pour se rendre compte qu’ils ne pourraient rien faire. « Il y a tout ce qu’il faut là où on va tu penses ? » Il se sentait déjà assez coupable comme ça de faire ça à Jade sans en plus faire quoique ce soit sans capote, il n’avait pas envie de la mettre bêtement en danger, sans compter qu’il aurait été rassuré d’avoir du lubrifiant avec lui. C’était déjà assez stressant pour lui sans rajouter ce genre de problématique et il se serait senti trop con d’être passé devant un magasin sans saisir l’occasion.