Can we fix what we've broken? - Charlie

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Charlie n’avait pas fermé l’œil de la nuit, ça ne l’avait pas surpris mais il était d’humeur exécrable ce matin. Il avait pu discuter avec Aaliyah la veille au soir et le trop plein d’émotions de ses conversations successives avec sa femme et sa fille l’avait empêché de dormir. Il avait passé la nuit à ressasser ce qu’ils s’étaient dit, à essayer de se convaincre qu’il avait fait le bon choix et qu’il n’avait pas tout foutu en l’air, sans grand succès. Il attendit lâchement que sa fille soit partie au lycée avant de sortir de sa chambre, content de retrouver un semblant de normalité après avoir passé la nuit sans Jade à ses côtés. Il savait qu’elle devait passer récupérer Aaliyah ce soir, ce qu’il ne savait pas en revanche c’était quand il la reverrait après ça. Il voulait croire que la nuit lui avait aussi porté conseil, que l’éloignement lui avait permis de se calmer et qu’il pourrait peut-être la faire changer d’avis, la pousser à rester. Il y croyait sans y croire et après avoir passé la journée à tenter de lire, à aller se promener et à tout faire pour oublier l’échéance qui arrivait, comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il sentit son cœur se serrer en entendant les clés de Jade tourner dans la serrure de la porte d’entée. L’heure était venue et il était très loin d’être prêt. Il prit son temps pour aller l’accueillir dans l’entrée, autant par fierté que parce qu’il lui en voulait encore un peu de sa réaction de la veille. Il jeta un coup d’œil aux chaussures qu’elle avait enlevées et laissées dans l’entrée, s’interdisant d’espérer sur ce que ça pourrait vouloir dire. Il pouvait voir qu’elle était plus calme qu’hier mais il la savait aussi bornée que lui et il n’imaginait pas qu’elle ait pu changer d’avis du tout au tout en l’espace d’une nuit. Il croisa les bras sur sa poitrine avant de hausser les épaules, ne sachant pas trop comment répondre à cette question. Comment se sentait-il ? Probablement aussi mal qu’elle, potentiellement plus mal encore, mais il n’avait pas le cœur de prononcer ces mots, persuadé qu’elle n’avait fait que demander par politesse de toute façon. « Elle est pas encore rentrée. » Répondit-il d’un ton neutre, s’efforçant de faire comme si tout était normal, comme si Jade n’avait pas décidé de partir de chez eux pendant une durée indéterminée la veille et d’emmener leur fille avec elle. Comme s’il avait l’habitude qu’elle l’abandonne quand il en avait le plus besoin. Il la suivit dans le salon et resta stoïque en l’entendant dire qu’elle n’avait pas été très ouverte à la discussion, se retenant de dire que c’était même l’euphémisme du siècle. Hier il s’était senti coupable de lui annoncer ça comme ça, de lui avoir caché pendant aussi longtemps, mais son attitude s’était un peu durcie pendant la nuit, comprenant de moins en moins que sa première réaction ait été de partir. Apparemment ils étaient tous les deux lâches. Il fronça les sourcils en l’entendant dire qu’elle voulait lui parler de quelque chose, se demandant quel nouveau reproche elle allait bien trouver à lui faire. Il haussa à nouveau les épaules, feignant une indifférence qu’il était bien loin de ressentir. « Bien sûr, je suis prêt. » Il n’était pas sûr de ce qu’elle voulait lui dire mais il savait qu’il ne se serait jamais pardonné de l’envoyer bouler maintenant. Sa colère initiale avait l’air d’avoir disparue et il se devait d’entendre ce qu’elle voulait lui dire. « On peut aller se promener si tu préfères ? Ou aller à Brighton. » Proposa-t-il avant de glisser sa main dans la poche de son jean, s’assurant qu’il avait bien ses clés de voiture. Il se dirigea à nouveau dans l’entrée et rouvrit la porte, attendant que Jade remette ses chaussures pour sortir et refermer derrière eux. « Je t’écoute, qu’est-ce que tu voulais me dire ? » Demanda-t-il, l’estomac noué, alors qu’ils se mettaient en route suite au choix de Jade. Il avait posé la question la mort dans l’âme, comme s’il avait compris avant l’heure que les révélations qu’il s’apprêtait à entendre allaient sans doute tout chambouler, une fois de plus.

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Charlie acquiesça en l’entendant accepter d’aller marcher. Il n’avait pas été très confiant à l’idée de prendre le volant vu le stress communicatif de Jade. Plus il la regardait et plus il avait peur de ce qu’elle comptait lui avouer. Elle avait décidé de le quitter ? Une nuit avait suffit à la convaincre que sa trahison était impardonnable ? Le médecin essayait de ne pas y penser, de ne pas commencer à psychoter sans savoir, mais c’était difficile. Il la suivit sans dire un mot, attendant qu’elle vide son sac et lui dise ce qu’elle avait sur le cœur. Il baissa les yeux et évita son regard en l’entendant s’excuser pour sa réaction d’hier, il ne savait pas quoi dire à ça. Il lui en avait voulu d’avoir réagi de manière aussi violente mais maintenant qu’elle semblait le regretter il avait aussitôt envie de tout lui pardonner, de lui dire que lui aussi avait été con et qu’ils pouvaient juste tenter de passer à autre chose s’ils étaient tous les deux prêts à faire un pas vers l’autre. Au lieu de ça il ne dit rien, intrigué par le fait qu’elle avance une autre raison de s’être enfuie. Cette partie là l’inquiétait plus, qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir à lui annoncer ? Il était sûrement naïf mais à aucun moment il n’envisagea ce qu’elle s’apprêtait à lui dire, des théories toutes moins crédibles les unes que les autres traversaient son esprit mais pas ça. Peut-être qu’il l’avait toujours mise sur un piédestal et qu’il ne l’aurait jamais imaginée commettre le même genre de fautes que lui, peut-être qu’il n’y avait tout simplement pas plus aveugle que celui qui ne voulait pas voir. Son rythme cardiaque s’accélérait à chaque mot prononcé par sa femme, comme s’il s’attendait d’ors et déjà au pire, et vu la façon dont Jade amenait le sujet il commençait à se dire qu’il avait probablement raison. Il s’arrêta quelques pas derrière elle et la regarda lever les yeux au ciel, laissant inconsciemment de la distance entre eux comme si ça allait l’aider à mieux encaisser la révélation qu’elle était en train de lui faire. Il se figea et fronça les sourcils en l’entendant. Dans un premier temps il crut avoir mal entendu. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? L’information refusait de remonter jusqu’à son cerveau, il refusait d’admettre que ces mots venaient vraiment de quitter les lèvres de Jade. Il la fixa pendant des secondes qui lui parurent durer des heures, totalement immobile. Il ne savait pas quoi dire, quoi faire, il était complètement sous le choc. « Quoi ? » Furent les premiers mots qui s’échappèrent de sa bouche, mais il fut surpris de ne pas entendre la moindre accusation ni même le moindre reproche dans sa voix. Juste de l’incrédulité. Il n’avait pas encore bien réalisé ce qu’elle lui disait mais plus les secondes passaient et plus ça devenait difficile d’ignorer l’information. Il fit quelques pas de côté pour s’éloigner et alla se laisser tomber sur un banc un peu plus loin. Il enfouit son visage dans ses mains, essayant de digérer. Il avait désespérément envie de savoir avec qui mais il était aussi terrifié à l’idée de connaître la personne en question. L’idée que quelqu’un d’autre ait pu la toucher lui donnait encore plus la nausée et il avait à la fois envie de frapper quelqu’un et de s’écrouler. Mais surtout il se sentait encore plus coupable. Il aurait dû ressentir un certain soulagement de se dire qu’elle aussi l’avait trompé mais la vérité c’était qu’il ne pourrait jamais se pardonner de ne pas être entièrement honnête avec elle maintenant. Mais se dire ça, ça supposait de regarder en face exactement ce qu’il avait fait. Il avait l’impression d’être une autre personne, d’avoir été spectateur de sa vie ces derniers mois et de seulement maintenant retrouver le contrôle de son corps. Juste au moment d’assumer ses conneries. Il releva les yeux vers Jade, les yeux légèrement humides, incapable de contrôler le torrent d’émotions contradictoires qui le submergeait. « Moi aussi. Moi aussi je t’ai trompée. » Souffla-t-il, juste assez fort pour qu’elle puisse l’entendre, un aveu qu’il n’aurait jamais cru faire un jour dans sa vie et pourtant maintenant que les mots étaient sortis il en ressentait presque du soulagement. Il baissa les yeux et glissa ses mains dans ses cheveux, se demandant à quel moment exactement ils avaient décidé de se faire autant de mal l’un l’autre. A quel moment ils avaient cessé d’être Jade et Charlie. « Je le connais ? » Demanda-t-il tout en sachant pertinemment qu’il n’aurait pas dû poser la question, parce que son instinct lui disait que oui, il le connaissait, et parce qu’il était terrifié à l’idée que Jade lui retourne la question.

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Charlie pouvait encore entendre les excuses de Jade résonner dans sa tête et il était presque soulagé d’avoir réussi à lui avouer que lui aussi l’avait trompée. Il pouvait voir le choc se dessiner sur son visage et il ferma les yeux quelques instants en la voyant reculer. Comment est-ce qu’ils en étaient arrivés là ? Se balancer les pires horreurs à la tronche, refuser de se parler après la fausse couche, faire semblant que tout allait bien au mariage des amis de Jade, tout ça n’était rien en comparaison de ce qu’ils étaient en train de se faire maintenant. Charlie sentit son coeur se serrer encore un peu plus dans sa poitrine quand Jade lui demanda avec qui et quand et il lui lança un regard empli de tristesse. Il avait envie de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas envie de connaître la réponse à cette question, qu’elle ferait mieux de la retirer avant qu’il ne lui avoue toute la vérité parce qu’elle n’allait plus jamais pouvoir le regarder de la même façon si elle savait. Tout comme elle ne pourrait probablement plus regarder Jethro de la même façon. Mais bien entendu elle avait besoin de savoir et il avait beau attendre qu’elle change d’avis et lui explique que finalement elle préférait encore ne pas savoir, que c’était plus facile sans s’imaginer, rien ne vint. Alors à la place il attendit qu’elle lui réponde, qu’elle lui dise avec qui, parce qu’il avait beau espérer qu’elle n’insiste pas pour savoir, lui était apparemment déterminé à se faire du mal. Il eut l’impression de recevoir un poing en plein estomac en entendant le prénom d’Ewan. Ewan. Vraiment ? Son meilleur ami Ewan ? Il entrouvrit à nouveau la bouche, encore plus sous le choc que tout à l’heure. Il n’avait jamais voulu imaginer que Jade pourrait lui faire ça mais ça avait été pareil avec Ewan et il était en train de passer en revue tous les moments de ces derniers mois où ils avaient été ensemble, où il était venu se confier à Ewan à propos de ses problèmes de couple et où il lui avait conseillé d’en parler à Jade. Il se souvenait même de la jalousie qu’il avait ressentie et pensée stupide quand il avait comprit que sa femme s’était confié à lui. Il se sentait tellement idiot de ne pas l’avoir vu et en même temps il avait encore du mal à y croire, comme si c’était désormais évident et impensable à la fois. Il se releva brutalement du banc, commençant à faire les cents pas devant, essayant de se distraire et de ne pas s’imaginer ce qu’Ewan avait bien pu faire avec sa femme. Les images refusaient de s’en aller et il les visualisait en boucle. Il avait envie d’être en colère, de crier, de lui dire qu’elle n’aurait probablement pas pu choisir pire personne pour le trahir mais il s’arrêta en se rendant compte qu’il avait fait exactement la même chose. Comme s’ils l’avaient tous les deux fait exprès, comme si ça avait été leur façon à eux de se faire le plus de mal possible. Il tourna le regard vers Jade, ouvrant à nouveau la bouche alors que le mot qu’il voulait prononcer restait coincé au fond de sa gorge. Il lui fallut encore quelques secondes avant que le prénom accepte de bien vouloir sortir. « Jethro. Ça fait quelques semaines. » Il n’arrivait pas à croire qu’il l’ait dit et le fait que Jade soit au courant rendait le tout tellement plus honteux qu’il avait l’impression de se faire enterrer vivant sous le poids de la culpabilité. Le dire à haute voix l’avait forcé à réaliser ce qu’il avait vraiment fait, et tout ce qu’il avait pu se dire pour essayer de rationaliser ses actions n’avaient plus aucune valeur alors qu’il devait affronter le regard de Jade. Il avait envie de dire quelque chose, parce que le silence lui paraissait oppressant au point de l’empêcher de respirer correctement, mais il ne savait pas ce qu’il aurait pu dire ou faire pour alléger sa douleur ou celle de Jade.

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Charlie se sentait encore plus coupable de voir Jade lui demander de réagir, de s’énerver, la vérité c’était qu’il en voulait plus à Ewan qu’il ne lui en voulait à elle. Elle il l’avait trahie, elle avait eu le droit de se sentir délaissée, mais lui. Lui à qui il avait fait confiance, lui pour qui il avait toujours essayé d’être là, lui à qui il s’était confié. Il savait que ce n’était pas juste d’en vouloir autant à l’un et pas à l’autre mais la culpabilité ne l’aidait pas à ressentir les choses de manière rationnelle. Il avait besoin de s’en débarrasser de cette culpabilité, il avait besoin que Jade arrête de se blâmer parce qu’il savait qu’il avait fait infiniment pire. Et pourtant, il avait beau avoir cru être prêt à tout encaisser, il eut l’impression de se liquéfier en voyant sa réaction. Au début il s’était forcé à soutenir son regard pour ne pas paraître lâche mais maintenant il n’arrivait juste plus à détourner les yeux. Il pouvait lire de la stupéfaction dans son regard mais surtout du dégoût et ça le cloua littéralement sur place. Lui aussi se dégoûtait mais c’était bien la première fois qu’il lisait une émotion pareille dans les yeux de sa femme et il ne savait pas comment il allait pouvoir apprendre à vivre avec. Il avait déjà la sensation que ce regard allait le suivre partout où il irait à partir de maintenant. Il avait envie de se défendre, de dire que ce n’était pas arrivé tant de fois que ça si on comptait le laps de temps depuis la première fois, mais il savait que ça n’excuserait rien, et une petite partie de lui avait envie de garder les détails les plus intimes entre Jethro et lui. Il tressaillit en la voyant se rapprocher, incapable de reculer alors qu’il en mourrait d’envie, ne faisant un pas en arrière que quand elle le repoussa une fois, puis deux, manquant de trébucher la seconde fois. Il était tétanisé, il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire, il ne savait pas ce qui aurait pu arranger ou empirer la situation. Il avait l’impression que rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait changé quoique ce soit, comme s’il avait déjà atteint le pire truc qu’il aurait pu lui faire. Jade lui rappela pourtant juste après que ce n’était pas le cas et qu’il avait encore des trucs à lui avouer qui risquaient de la dégoûter encore plus. « Je le suis pas. » Répondit-il dans un souffle, lui-même ayant du mal à entendre le propre son de sa voix tellement il avait manqué d’assurance. Et pourtant il en était sûr, il n’irait pas jusqu’à mentir en disant qu’il n’avait pas aimé ça mais il avait l’absolue certitude de ne pas être gay. Il baissa les yeux en entendant la suite, sachant très bien que ne rien dire constituait un aveu en soit et que Jade l’aurait peut-être un peu mieux pris s’il avait au moins eu le cran de l’admettre. Il avait envie de lui répondre que ça dépendait de ce qu’elle considérait comme coucher mais il se retint heureusement avant d’avoir pu expliciter sa pensée à haute voix. « J’ai rien calculé du tout, c’est juste… arrivé. » Il pouvait entendre à quel point ses explications étaient pathétiques et une partie de lui avait envie de remettre le focus sur sa propre infidélité, mais il en était incapable. Parce que la réaction de Jade lui avait fait voir à quel point il aurait dû avoir honte d’avoir agi de la sorte, et s’il avait pensé ressentir de la culpabilité jusqu’à présent ce n’était rien en comparaison du trou noir qui avait pris la place de son coeur et aspirait toutes les émotions positives qu’il avait jusque là été capable de ressentir. « C’est arrivé quelques fois, en quelques semaines. » Expliqua-t-il, restant volontairement vague parce qu’il n’osait pas admettre lui-même que c’était arrivé assez de fois pour qu’il ait arrêté de les compter. « Je sais pas quoi dire. » Soupira-t-il, le désespoir clairement perceptible dans sa voix. Il avait envie qu’elle continue à lui hurler dessus, qu’elle l’engueule, qu’elle l’insulte, tout pour essayer d’alléger au moins un fragment de la culpabilité qu’il ressentait.

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Charlie sentit un frisson le parcourir des pieds jusqu’à la tête en entendant le rire de Jade, il ne s’était jamais senti aussi jugé de toute sa vie et pourtant il en avait connu des disputes houleuses avec elle. Mais là c’était différent il se sentait insulté à un niveau auquel il n’aurait jamais pensé que Jade aurait pu le toucher, aurait pu vouloir le toucher. L’entendre rire comme ça l’énervait et lui redonnait de la contenance presque malgré lui. Parce qu’il savait qu’il avait merdé, il savait qu’il avait fait quelque chose d’horrible, mais il trouvait qu’elle oubliait un peu trop vite ce qu’elle avait elle-même fait, allant même jusqu’à tenter de jouer les victimes en disant qu’elle avait voulu arrêter de le voir quand elle avait pensé qu’il pourrait le découvrir. Du coup ça excusait tout ? Et la suite le fit serrer les poings malgré lui, il la laissa retomber au sol, les dents serrés. « Je suis vraiment désolé de t’avoir forcée à pourrir ton amant, vraiment c’était pas intentionnel. Et je suppose que je devrais aussi lui envoyer une lettre de remerciement pour s’être gentiment écarté après t’avoir mise dans son lit ? » Grogna-t-il parce qu’il avait beau se sentir coupable il avait du mal à croire le culot dont Jade était capable de faire preuve. Alors lui avait tous les torts et elle aucun ? Et Ewan non plus ? Non, Ewan c’était le grand prince qui n’avait jamais voulu faire de mal à personne mais qui l’avait sautée par accident, bien entendu. Elle avait réussi à l’énerver, à lui donner envie de crier à son tour, de lui dire qu’elle avait autant participé à la destruction de leur couple, qu’elle soit capable de l’admettre ou non. Il avait envie d’être mesquin et de lui dire qu’il ne pouvait rien dire de tout ce qu’elle attendait parce qu’il n’avait jamais su mentir mais il se retint heureusement encore une fois, parce qu’il n’était pas encore prêt à tirer un trait sur leur histoire et qu’il savait que ça les aurait directement envoyés six pieds sous terre. La vérité c’était qu’il s’était senti plus proche de Jethro ces derniers mois que d’elle, qu’il avait eu l’impression de recevoir plus de compassion de sa part que de la part de sa propre femme. Il secoua la tête de gauche à droite en l’entendant lui demander, ou plutôt lui ordonner d’appeler Jethro. Il n’avait même pas pensé à l’impact que ça allait avoir sur lui, parce qu’encore une fois il s’était montré égoïste, il avait placé ses intérêts avant ceux des autres. Mais il ne comptait pas le mettre encore davantage au milieu de tout ça. « Non, je vais pas l’appeler. Si t’as quelque chose à lui dire tu peux le faire sans moi. » La dernière chose dont il avait envie c’était de devoir s’expliquer devant Jade et Jethro, très franchement vu leurs caractères il ne voyait pas comment ça pourrait finir autrement qu’en bain de sang. « Tu veux que je te dise ce que je pense vraiment ? » Demanda-t-il de manière rhétorique, essayant juste de préparer Jade au fait qu’il avait fini de se laisser faire. « Je pense que tu rejettes toute la faute sur moi parce que t’es incapable d’admettre que t’as ta part de responsabilité. Tu veux faire quoi ? Tu veux qu’on comptabilise les points de trahison pour voir qui était le pire de nous deux ? C’est ça que tu veux ? Prouver que j’ai fait pire que toi et que c’est moi qui ait tout détruit tout seul ? » Il commençait à en avoir marre d’être la cible facile, s’il avait eu peur de lui parler de son cancer c’était nécessairement de sa faute et pas de la sienne, et il avait envie de lui dire que si Jethro avait été au courant avant elle ça n’avait pas été une coïncidence, que ça avait été parce qu’il avait été moins égocentrique qu’elle sur les derniers mois et qu'il avait juste ouvert un tout petit peu les yeux, mais il n’arrivait pas à se résoudre à l’idée de la blesser autant.

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« Mais parce que je pensais pas avoir besoin de me justifier sur le fait que je me sois senti coupable. Bien évidemment que j’ai pensé à toi, que j’ai pensé à Aaliyah, tu crois qu’il s’est passé quoi dans ma tête ? » Cria-t-il, s’énervant presque autant que Jade désormais. Il n’avait même plus la présence d’esprit de regarder si leurs hurlements attiraient les oreilles de quelques curieux, probablement que oui mais il avait dépassé le stade où il en avait quelque chose à faire il y a bien longtemps. A peu près au moment où Jade avait exprimé du dégoût quand il lui avait annoncé qu’il avait voulu parler de Jethro. « Arrête de tout décrire comme si tu savais exactement ce que j’avais ressenti. » Il détestait quand elle faisait ça, quand elle interprétait ses silences pour des aveux alors que la vérité c’était que la moitié du temps elle ne lui laissait juste pas l’opportunité d’en placer une. Bien sûr qu’il avait eu des remords et il secoua la tête en l’entendant dire que ce n’était arrivé qu’une seule fois avec Ewan et qu’elle avait passé le reste du temps après rongée par les remords. Il avait envie de lui faire comprendre à quel point ça l’avait bouffé aussi, à quel point il s’était senti incapable de résister, mais il savait que ça n’aiderait pas. « Parce que toi tu n’as pas attendu que je te dise que j’étais malade pour venir m’en parler, bien entendu, c’est ça ? C’est juste une énorme coïncidence que tu aies choisi aujourd’hui ? » Oui, il avait été lâche, et non, peut-être qu’il aurait attendu encore longtemps avant de lui en parler, parce qu’il ne s’en était pas senti capable, parce qu’il avait eu peur de la perdre, mais il n’était pas naïf au point de penser que l’idée de ne jamais lui en parler ne lui avait jamais traversé l’esprit. Après tout elle n’était pas venu tout lui avouer dès le lendemain non plus, alors il avait envie de la forcer à descendre de ses grands chevaux et à repartir sur un pied d’égalité dans la discussion. Bien sûr, c’était trop lui en demander. Il tenta de se rappeler de toutes les occurrences où il avait quelque chose à se reprocher avec Jethro, hésitant quelques secondes, ce qui risquait clairement de ne pas jouer en sa faveur. « Ça a dû arriver quatre ou cinq fois, t’es contente ? Tu vas en déduire que je suis environ cinq fois plus une ordure que toi donc ? » Demanda-t-il d’un ton à la fois sarcastique et excédé, parce qu’il en avait marre de compter les points. Ils en étaient vraiment arrivés là ? A essayer de savoir qui avait commis la pire trahison ? Il n’avait pas envie d’avoir cette discussion si Jade ne voulait pas entendre raison, et le pire restait encore à venir. Il lui lança un regard noir, plein de reproche. « C’est dégueulasse. C’est vraiment le genre de mère que tu veux être ? Tu veux utiliser ta fille pour te venger parce que je t’ai fait du mal ? Vraiment ? On en est là ? Je refuse de participer à ça. » Il se calma un peu en la voyant s’approcher mais ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en l’entendant dire qu’elle l’avait choisi. Oui, elle avait gardé le choix par défaut parce qu’Ewan, le preux chevalier Ewan, s’était senti trop coupable pour continuer leur liaison. Il n’arrivait pas à l’imaginer autrement et très franchement le fait qu’elle essaye de se faire passer pour la victime parce qu’elle avait fini par larguer son amant ne faisait que l’énerver. Il poussa un long soupir, essayant de se calmer et de ne pas laisser sa colère guider entièrement ce qu’il s’apprêtait à dire. Il la regarda longuement, cherchant une réponse qu’il ne risquait pas de regretter, mais il avait beau essayer de se calmer, essayer de faire des efforts, il ne voyait qu’une seule réponse possible. « Je peux pas continuer à être avec toi après tout ça Jade, pas maintenant. Je peux juste pas. » Il apparaissait presque plus défaitiste qu’énervé à présent et il savait en le disant qu’il se montrait simplement honnête. « Je peux pas continuer à me battre contre toi comme ça, je t’aime mais j’ai plus la force de me battre contre toi en plus du reste. » Il avait besoin de gens qui allaient l’épauler et pas de gens qui allaient tout faire pour l’enfoncer et lui rendre la vie plus compliquée encore. Il s’écarta, mettant volontairement de la distance entre eux comme s’il se préparait physiquement à recevoir les insultes de sa femme, comme si elles feraient moins mal s’il se tenait un peu plus loin.

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« Une fois. » Avoua-t-il, parce que c’était la vérité, que la première fois qu’il avait vraiment touché Jethro ils avaient été dans le salon pendant que Jade et Aaliyah dormaient à l’étage et ça lui nouait l’estomac d’en reparler, parce que sur le coup il s’était laissé emporter par ses émotions et son désir et que c’était sans doute le moment qu’il avait le plus regretté dans toute cette histoire. Non pas qu’il s’imagine qu’elle lui aurait plus facilement pardonné s’il avait répondu que non, elle n’avait jamais été présente. Il détourna les yeux quand elle lui demanda d’expliquer exactement ce qu’il avait ressenti, il avait l’impression de ne pas pouvoir mettre de mot dessus. Il y avait trop de facteurs extrêmement privés qui étaient rentrés en compte dans sa décision, des éléments qu’il n’avait pas envie de partager avec elle parce qu’il avait encore du mal à les accepter lui-même, et ce fut peut-être cet aveu silencieux qui lui fit réaliser à quel point il avait arrêté d’essayer de les sauver. Il s’en voulut de ressentir une pointe de soulagement en l’entendant dire qu’elle ne lui aurait jamais avoué, parce que quelque part ça allégeait un peu sa culpabilité, ça faisait d’elle une personne toute aussi abjecte que lui. Elle n’avait pas été moins lâche, il lui avait simplement forcé la main sans le savoir. Il n’avait aucunement envie de justifier ce qui l’avait poussé à s’arrêter parfois ou à continuer, parce que sa pudeur l’en empêchait. Il n’était pas sûr que ça fasse du bien à Jade de savoir qu’il n’avait pas su ignorer une partie de lui qu’il s’était découvert à quasiment quarante ans. Il avait eu tellement peur et s’était senti tellement loin d’elle, et tout ça ça avait participé, inconsciemment il savait que ça avait joué. Il savait que si les circonstances avaient été différentes il n’aurait pas agi de la même façon et il ne pouvait pas juste décrire tout ce qui lui était passé par la tête comme si c’était aussi simple qu’une cause qui entraîne une conséquence. Même alors qu’il savait que c’était peut-être sa dernière chance d’être honnête avec elle il ne réussissait pas à lui en parler, c’étaient ses émotions à lui, à lui et à personne d’autre. Il fut au moins soulagé de voir qu’elle avait abandonné l’idée de se servir d’Aaliyah contre lui et il se calma aussitôt en la voyant aller s’asseoir sur le banc. Sa colère semblait être retombée et elle paraissait plus brisée qu’énervée. Charlie regrettait presque le moment où elle lui hurlait dessus, ses mots lui brisaient le cœur encore à un autre niveau parce qu’ils étaient prononcés avec tellement de calme qu’ils en devenaient glaçants. Il tressaillit à la mention du mot divorce, ça aussi ça avait été un mot qu’il s’était interdit de prononcer ou de penser ces derniers mois. Il retourna s’asseoir sur le banc à côté d’elle, laissant volontairement le maximum d’espace entre eux. Quand il reprit la parole, son ton était à nouveau calme également, comme s’il ne s’était énervé que pour pouvoir tenir tête à Jade. La vérité c’était qu’il se sentait drainé et que la personne à qui il en voulait le plus n’était pas là aujourd’hui. « Parce que je pensais déjà qu’il n’y avait plus d’espoir. » Souffla-t-il, se rendant compte de la véracité de ce qu’il disait en prononçant les mots. Cette pensée, il la traînait depuis des mois, au fond de son esprit, très loin, là où il n’osait jamais aller regarder. Mais dès l’instant où était allé embrasser Jethro il avait tiré un trait sur eux, il avait su qu’ils ne pourraient jamais revenir en arrière et il s’était voilé la face jusqu’à maintenant, rien de plus. « A n’importe quel moment tu aurais pu être là pour moi. » Il ne voyait plus l’intérêt de ménager ses sentiments, pas alors qu’apparemment elle avait décidé de se montrer honnête sur ce qu’elle ressentait et de rejeter toute la faute sur lui. « C’est vrai je t’ai repoussée, j’ai repoussé tout le monde, mais tu vas me dire que tu t’es battu pour nous ces derniers mois toi ? Tu n’as pas envie de l’entendre mais je vais le dire quand même, c’est pas un hasard si Jethro s’est rendu compte que j’étais malade et pas toi, et c’est pas parce que j’ai fait moins d’effort pour le lui cacher. » Il regardait droit devant lui, essayant de ne pas prendre un ton trop accusateur, essayant de le garder factuel comme si ça pouvait adoucir un peu les reproches qu’il était en train de lui faire. « On s’est éloignés avant que je sois malade et tu le sais très bien. » Même avant la fausse couche les premiers signes avaient été là, après le reste s’était enchaîné tellement naturellement que Charlie n’aurait su dire à quel moment ils avaient cessé de se parler, dans sa tête ça avait été un million de petites choses qui avaient fait que. « Divorçons alors. » Les mots avaient eu du mal à quitter ses lèvres mais il savait en les prononçant qu’il n’y avait pas d’autre alternative pour lui.