Fickle heart, fickle mind [Charlie]

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Charlie s’était toujours considéré comme quelqu’un d’intelligent, de patient et de compréhensif, mais s’il avait pu choisir la pire période possible pour accueillir un emmerdeur comme Jethro c’était bien en ce moment et il lui semblait parfois que le jeune homme faisait tout pour l’agacer. Peut-être que c’était lui qui était particulièrement de mauvaise humeur, c’était possible, mais son beau-frère semblait particulièrement fier de lui quand il réussissait à provoquer la moindre réaction chez lui. Et Charlie avait beau être fier lui aussi, et tout faire pour ne pas lui montrer à quel point il pouvait réussir à l’emmerder, il n’était pas si bon acteur que ça. Il venait de passer une partie de la nuit à l’hôpital, de garde, et en rentrant son mal de crâne l’avait empêché de fermer l’oeil. Puis sa femme s’était levée, ainsi que sa fille, et il avait été incapable de se rendormir après ça. Il avait donc fini par se lever naturellement, remarquant que même en ayant passé une nuit quasi-blanche il avait quand même réussi à se lever avant le petit con. Il soupira, se demandant malgré lui à quelle heure le jeune homme était rentré hier. Ce n’était pas comme si sa femme risquait de lui reprocher quoique ce soit, à ses yeux, il n’avait jamais tort. Ce n’était pas de sa faute, il avait vécu tellement de trucs pas drôle qu’il avait fini par avoir tous les droits à ses yeux. Il avait souvent essayé de lui faire voir Jethro pour ce qu’il était réellement mais sans succès, et après des années il avait fini par abandonner complètement, acceptant le fait que sa femme serait toujours aveugle à ses défauts. Il se prépara un café et alla s’installer dans le canapé. Il rêvait de pouvoir dormir mais ses yeux avaient beau le piquer et son cerveau à peine répondre, il savait qu’il n’arriverait à rien en fermant les yeux. Il attrapa donc le bouquin qui traînait sur la table basse depuis presque un mois et le rouvrit, essayant tant bien que mal de se concentrer dessus. Presque une heure plus tard il avait à peine avancé et il aurait même été bien en peine de raconter le plot de l’histoire quand il entendit quelqu’un débarquer dans la pièce. Ça ne pouvait être que Jethro, super. Il ne prit pas la peine de répondre à sa salutation et essaya de se reconcentrer sur son bouquin, s’y appliquant plus encore qu’avant, comme si c’était soudainement important d’avoir une véritable distraction. A peine une minute plus tard pourtant il en releva le nez, dérangé par la présence du jeune homme à côté de lui. Il se mordit la lèvre pour se forcer à ne rien dire quand Jethro lui grimpa presque dessus pour aller chercher la télécommande de la télé derrière les coussins du canapé. Il ne voulait même pas savoir ce qu’elle foutait là. Il écarta juste les bras par réflexe, essayant d’éviter au maximum les contacts avec le jeune homme, comme si sa connerie était contagieuse. Après tout, on ne pouvait jamais être trop prudent. « Très drôle. » Ne put-il s’empêcher de répliquer à sa dernière réflexion, le regrettant presque aussitôt. Il ne fallait pas qu’il rentre dans son jeu, c’était exactement ce qu’il voulait. Il lui lança un regard noir tandis qu’il allumait la télé, faisant très clairement comme s’il était chez lui. Charlie avait envie de blâmer sa femme, parce qu’elle était trop gentille avec lui, mais ça aurait été injuste. Elle n’y pouvait rien s’il c’était un petit con, ce n’était pas elle qui l’avait élevée. Il lâcha un long soupir avant de rouvrir son bouquin, le refermant brutalement à peine trente secondes plus tard, encore plus incapable de se concentrer dessus maintenant que la télé braillait juste à côté de lui. « J’essayais de lire au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. » Lâcha-t-il d’un ton irrité. Et merde, il s’était promis de ne pas lui laisser voir à quel point il l’énervait, mais c’était tellement dur. Ses nerfs étaient à vif à cause de la fatigue et très franchement il n’avait plus en lui la moindre once de patience. Surtout pas face à ce genre de comportement. « Tu ne pourrais pas aller regarder une série sur ton téléphone ailleurs ? Ou peu importe, aller faire ce que tu fais toute la journée pendant que les adultes travaillent. » Ajouta-t-il, ne cherchant pas à prendre des gants ou à faire semblant de l’apprécier. Il en avait déjà marre de jouer les hôtes compréhensifs et ça ne faisait même pas une semaine qu’il était là. Si sa femme avait été là, ça aurait été une autre histoire, il l’aurait probablement complètement ignoré. Mais puisqu’elle était absente, il n’allait pas s’empêcher de lui dire le fond de sa pensée.

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Charlie serra violemment les dents pour essayer de se contrôler en entendant le toupet dont faisait preuve Jethro. Il se foutait vraiment de sa gueule donc, et en plus ça le faisait rire. Il ne pouvait s’empêcher de se dire que s’il avait été son propre père, il lui en aurait collé une sans la moindre hésitation, mais heureusement – ou pas – il n’était pas comme son père et il se retint d’en venir aux mains. C’était la fatigue qui parlait et il savait au fond que ça ne servirait à rien à part envenimer encore plus les choses. N’empêche que c’était vraiment tentant. Le médecin se força à se détendre en le voyant baisser le son, il ne le faisait que pour l’apaiser un peu mais ça marchait, et Charlie était obligé de prendre les petites victoires là où il pouvait les trouver, voire même de les inventer là où elles n’existaient tout bonnement pas. Il avait tenté de reprendre sa lecture quand il fut à nouveau interrompu par la voix de Jethro. Pour être honnête il n’avait pas pensé une seule seconde que la conversation allait s’arrêter là mais il avait quand même voulu tenter le coup. Ou peut-être avait-il juste voulu essayer de lui faire comprendre qu’il n’avait pas envie de lui parler, aussi futile que ce soit. Jethro était plutôt du genre à n’en faire qu’à sa tête. Il était même du genre à tout faire pour le provoquer et Charlie leva les yeux au ciel en entendant sa tirade. Il n’était pas ophtalmo aux dernières nouvelles et très honnêtement il n’en avait rien à foutre de savoir s’il se bousillait les yeux ou pas, c’était le cadet de ses soucis, mais il ravala sa réplique et décida de ne rien dire. De laisser pisser. Il allait finir par comprendre que ça ne servirait à rien de venir l’emmerder. Mais au lieu de se lever et d’aller s’enfermer dans sa chambre ou ailleurs, il resta assis sur le canapé, assez longtemps en tout cas pour que Jethro lui fasse une nouvelle remarque sur le fait qu’il n’était pas en train de travailler non plus. Il referma à nouveau son livre et le lança sans la moindre délicatesse sur la table basse, comprenant enfin qu’il n’allait pas avancer. « C’est parce que je suis censé être de repos. Même si je suis agréablement surpris de voir que tu sais lire. » Répondit-il directement d'un ton hautain, comme un adulte aurait pu s'adresser à un enfant qui ne comprenait pas ce qu'il se passait, sans trop comprendre pourquoi il se sentait obligé de justifier la façon dont il passait son temps à Jethro. Il était déjà bien gentil de l’héberger et de le nourrir à l’oeil. « Je suis censé me reposer parce que moi au lieu de me mettre une race hier soir j’étais de garde à l’hôpital. » Il lui lança un petit sourire narquois, comme si c’était un exploit de savoir que Jethro était sorti la veille et qu’il n’était pas de la première fraîcheur ce matin. Il l’avait entendu rentrer, et même sans ça, ce n’était pas très difficile de deviner ce qu’il avait fait la veille au vu de la tronche qu’il tirait ce matin. « Autant dire que ça m’aiderait si tu n’étais pas dans mes pattes. Et en parlant de ça, ta sœur m’a dit que tu allais rester quelques jours... » Il insista sur les derniers mots et laissa sa phrase en suspens, comme pour mettre en évidence le fait que « quelques jours » étaient déjà passés et qu’il était encore là. « Ce n’est pas que ta présence n’est pas appréciée ici bien sûr mais je suis sûr que tu dois manquer à beaucoup de gens chez toi. » S’il avait commencé sa phrase d’un ton sarcastique, ça n’avait fait qu’empirer au fil des mots et il avait fini sa phrase avec tellement d'ironie que c’était à peine s’il n’avait pas levé les yeux au ciel.

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Charlie avait conscience d’être en train de rentrer dans son jeu et de s’abaisser à son niveau mais c’était plus fort que lui, il était trop impulsif. Et s’il était honnête le mal de crâne qui commençait à pointer le bout de son nez ne l’aidait pas particulièrement à avoir envie de se montrer aimable. Tout comme l’attitude désinvolte de Jethro. Sans déconner, il ne pouvait pas au moins faire semblant de faire un effort ? Ou au moins essayer de faire attention à l’endroit où il posait sa tasse, Charlie ne pouvait s’empêcher de la regarder de temps en temps, ayant peur qu’il ne la fasse tomber par erreur. Depuis quand était-il devenu aussi maniaque ? Aussi vieux ? La remarque du jeune homme sur sa façon de s’exprimer le vexa encore plus dû à la réalisation qu’il était en train d’avoir. Il l’énervait. C’était viscéral. Et lui aussi était con, c’était normal de vouloir faire attention à ses affaires et à sa maison, et puis il n’était pas si vieux que ça, il frôlait la quarantaine mais il n’était pas encore complètement décrépi ! Il sentit son corps se tendre légèrement en voyant le doigt de Jethro approcher son visage et il recula de quelques centimètres par réflexe, pas assez pour l’empêcher de le toucher pourtant. Il fronça les sourcils. « Tout le monde ne peut pas se permettre d’être aussi insouciant que toi. » Se contenta-t-il de répliquer, d’un ton bien moins cinglant qu’il l’aurait voulu. Une petite voix ne cessait de lui répéter que le jeune homme n’avait pas complètement tort, qu’il travaillait trop. Il était incapable de se rappeler de la dernière fois qu’il était sorti. Vraiment sorti. Mais l’idée d’aller boire en compagnie de personnes comme Jethro rendait ses regrets tout de suite beaucoup moins amer, peut-être qu’il ne ratait pas grand-chose en vérité. Il serra la mâchoire malgré lui en voyant Jethro mettre son pied sur le canapé avec autant de désinvolture. Sa femme lui avait dit qu’il devait se sentir à l’aise, « comme chez lui », mais là il abusait un peu quand même. Enfin, sachant que ça ne servirait à rien de lui demander de l’enlever et qu’il allait encore passer pour un vieux con, il se retint de dire quoique ce soit. A la place il le laissa lui expliquer combien de temps il comptait rester, ou plutôt ne pas l’expliquer. Charlie n’aimait pas ça, le connaissant il serait capable de squatter pendant des mois et c’était la dernière chose dont le médecin avait besoin en ce moment. Il ne chercha pas à cacher son agacement et sa déception en comprenant que son départ n’était pas imminent, même s’il doutait sincèrement que Jethro en ait quelque chose à foutre. Il n’avait pas l’air d’en avoir quelque chose à foutre de grand-chose honnêtement. Charlie fut en revanche plus troublé quand le regard de son beau-frère se porta sur lui, un petit sourire au coin des lèvres. Il se faisait des idées ou le regard qu’il était en train de lui lancer était loin d’être innocent ? Il resta bloqué malgré lui quelques secondes avant de détourner finalement les yeux, décidant d’ignorer purement et simplement le sous-entendu qu’il avait cru déceler, venant se frotter doucement les temps dans un effort qu’il savait vain de venir apaiser son mal de crâne. « No offense, mais je pense que j’ai déjà eu ma dose là. » Il savait qu’il aurait dû faire plus d’effort, ne serait-ce que pour sa femme, et que ça ne l’avançait à rien d’être aussi désagréable avec son beau-frère mais il avait du mal à trouver en lui la force de continuer à prendre sur lui. « En tout cas pendant les ‘quelques jours’ - et il mima les quotes en prononçant ces mots - où tu dois rester chez nous, j’apprécierais que tu fasses moins de bruit si tu dois rentrer en plein milieu de la nuit. Histoire d’éviter de réveiller toute la maison, et surtout Aaliyah. J’ai pas envie que tu lui donnes des idées. » La dernière chose dont il avait envie c’était qu’il déteigne sur elle. Elle était en pleine adolescence et il savait à quel point on pouvait être influençable à cet âge là. Sans compter qu’il avait remarqué les petits regards qu’elle lui avait lancé et il tenait à limiter les contacts entre eux autant que possible. Il tenait à profiter de l'absence de sa femme et de sa fille pour mettre les choses au clair sur ce sujet.

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Charlie devait vraiment être con parce que même les insultes basses et faciles de Jethro réussissaient à le vexer, comme les vannes sur son âge par exemple. Il blâmait l’approche de la quarantaine, le sujet commençait à devenir sensible et l’annonce de sa maladie n’avait fait qu’empirer les choses, lui rappelant qu’il n’était plus un jeune homme en pleine forme mais qu’il se rapprochait inéluctablement du vieillard incapable de vivre sans le support ou l’aide de quelqu’un. Il refusait d’y penser. Pas maintenant. Il se força donc encore à ne rien répliquer, sachant qu’il était juste en train de le chercher et qu’il ne fallait pas lui donner la satisfaction de donner de l’importance à ce qu’il disait. En plus de ça, la réflexion d’après le força à se concentrer sur quelque chose de plus essentiel : sa fille. Il détestait l’entendre parler de sa fille comme ça, pire encore, il détestait penser qu’il avait peut-être raison. Elle était de plus en plus secrète, c’était de son âge après tout, mais il n’avait jamais voulu penser qu’elle faisait le mur. Et encore moins qu’elle serait capable de traîner avec des gamins dans son genre. Elle valait mieux que ça. Et c’était exactement ce qu’il allait lui dire mais il n’en eut pas le temps, interrompu par le nouveau sous-entendu de Jethro. Il avait déjà ouvert la bouche pour répliquer et il se figea bêtement en l’entendant, rembobinant les dernières secondes dans sa tête, comme pour s’assurer qu’il avait bien entendu et qu’il ne se faisait pas des films. Mais il avait beau y réfléchir, il ne voyait pas comment il aurait pu se tromper sur le sens de la phrase du jeune homme. Même s’il avait eu quelque chose à répondre à ça, il n’en aurait pas eu le temps, Jethro reprenant dans la foulée, comme si de rien n’était. Charlie referma la bouche et détourna à nouveau les yeux, se sentant particulièrement débile. Il ne savait pas encore à quoi son beau-frère était en train de jouer mais ce qu’il savait par contre c’était que se montrer déstabilisé comme ça n’allait faire que l’encourager à continuer. Il allait falloir qu’il… quoi ? Qu’il se prépare mentalement ? Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. « Depuis quand tu te soucies de ce que ressent ta sœur ? » Lâcha-t-il sans réfléchir, avant d’avoir pu s’en empêcher. Le sujet « Jethro » était arrivé sur le tapis entre eux plus d’une fois au cours des années et Charlie avait remarqué que le jeune homme ne se souciait généralement pas de savoir ce qui pourrait contrarier ou blesser sa grande sœur. Autant dire qu’il doutait très fortement que ça ait changé dans les deux dernières minutes. Il lui donna d’ailleurs plus ou moins raison à la façon dont il expliqua sa manière habituelle de la manipuler et de la mettre dans sa poche pour éviter de s’attirer ses foudres. Quel petit con, mais Charlie ne put que secouer doucement la tête, l’air réprobateur. Il se sentait piégé, sa femme ne dirait jamais rien à Jethro sur son comportement, il le savait et le jeune homme le savait lui aussi. Et il n’allait pas se priver pour en profiter apparemment. Il allait gentiment lui dire d’aller se faire foutre quand ce dernier se releva brusquement du canapé en jurant. Charlie ne put réprimer un sourire amusé de venir étirer immédiatement ses lèvres. « C’est le karma ça. » Lança-t-il, ne cherchant pas à dissimuler son amusement, faisant écho aux pensées de Jethro sans le savoir. Il se tourna vers l’ancienne place du jeune homme et tendit le bras pour récupérer la tasse désormais quasiment vide et qui continuait à déverser son contenu. Sur le canapé. Super. Ça lui apprendrait à se moquer tiens. Il se leva à son tour et posa la tasse sur la table basse d’un geste agacé. « Tu pourrais faire attention, putain. » Il alla chercher des serviettes en papier dans la cuisine et en tendit une ou deux à Jethro, plus par politesse que parce qu’il avait envie de l’aider et tenta, vainement, d’éponger le café du canapé. Il y était déjà bien imprégné. Encore une bonne nouvelle. Au moins les dégâts semblaient restreints à un ou deux coussins d’assise seulement. « Tu devrais te changer. » Lui conseilla-t-il avant de se redresser, abandonnant sa mission de sauvetage du canapé. Ce ne fut qu’après qu’il se tourna vers lui et se rappela qu’il ne portait qu’un t-shirt et un caleçon. Vu les sous-entendus qu’il s’était mis à lui faire c’était peut-être un conseil qu’il aurait pu se dispenser de donner. Il détourna aussitôt les yeux, un peu plus brusquement qu’il ne l’aurait voulu. « Et en profiter pour aller prendre une douche tiens, ce serait pas du luxe. » Rajouta-t-il aussitôt avant de mettre les serviettes détrempées en boule et de retourner dans la cuisine pour les mettre à la poubelle. « Et après tu pourras me dire comment tu comptes nous rembourser pour le nettoyage des coussins. » C'était plus une menace en l'air qu'autre chose, sa femme n'oserait jamais le forcer à les rembourser bien sûr. Il avait envie de l’engueuler pour avoir sali le canapé, vraiment, mais il savait que ça ne servirait à rien. Il pouvait voir d’ici la réaction de sa femme, elle lui dirait que ce n’était pas grave et lui demanderait à la limite gentiment de faire plus attention la prochaine fois.

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Maintenant qu’il en était témoin, Charlie était en train de se rendre compte qu’il n’avait jamais réellement vu Jethro s’agacer. Il le voyait toujours avec son foutu sourire narquois au visage, l’attitude fière ou nonchalante, mais il l’entendait assez rarement pester. Probablement toujours trop occupé à jouer les petits cons. Quelque part ça le rendait moins insupportable aux yeux du médecin. Sauf que bien sûr ça ne dura pas, et à peine dix secondes plus tard il avait recommencé avec ses sous-entendus. Cette fois-ci Charlie se força à ne pas tiquer et se contenta de répliquer : « T’as raison, j’en rêve toutes les nuits. » Il avait lâché ça avec encore plus de sarcasme que d’habitude et il ne prit même pas la peine de le regarder. Il n’appréciait pas particulièrement cette nouvelle manie qu’il avait de faire ce genre d’allusions, mais au moins il était persuadé qu’il ne les oserait pas devant sa grande sœur. Heureusement qu’elle était souvent à la maison quand lui n’était pas à l’hôpital, ça allait lui faciliter un peu la vie. Charlie lui indiqua l’emplacement du lave-linge avant de refermer la poubelle, les serviettes sales jetées dedans. Sa journée commençait juste parfaitement. Il n’avait pas dormi, son beau-frère vivait chez lui et faisait tout pour l’emmerder et il avait un mal de crâne l’empêchant d’oublier ne serait-ce que l’espace d’une seconde la tumeur qui continuait à se développer en lui. Il déglutit rien que d’y penser mais essaya de se forcer à penser à autre chose. Quelque part, la présence de Jethro lui servait de distraction, aussi agaçante soit-elle, c’était peut-être mieux que l’alternative. Charlie s’arrêta brutalement dans son geste – il avait été sur le point de lancer le lave-linge – en entendant Jethro lui demander si des excuses suffiraient comme paiement. Il avait lancé ça sans trop y croire et il était agréablement surpris que son beau-frère ne l’envoie pas tout simplement bouler. Peut-être n’était-il pas totalement irrécupérable ? Il referma le hublot du lave-linge et lança la machine – il y avait déjà fourré des affaires à lui le matin-même donc ce n’était pas non plus une machine de lancée pour rien -, se redressa et lui fit face. Il avait oublié que son beau-frère était désormais à moitié nu et il eut une demi-seconde d’hésitation avant de se rapprocher légèrement de lui, les bras croisés sur sa poitrine. Comme depuis le début il n’avait pas envie de rentrer dans son jeu et si son jeu du moment c’était de le mettre à l’aise en faisant des sous-entendus et des allusions alors il allait faire son possible pour les ignorer et faire comme si de rien n’était. « Ouais. Carrément même. » Répondit-il, son air parfaitement sérieux. Depuis qu’il connaissait Jethro il ne l’avait jamais entendu s’excuser pour quoique ce soit, il n’en faisait qu’à sa tête, le faisait constamment tourner en bourrique par simple envie de s’amuser, foutait le bordel dans sa maison et jamais il n’avait pris la peine de s’excuser. De vraiment s’excuser en tout cas. Parce que bon, il ne comptait pas vraiment les « désolé » prononcés seulement pour rassurer sa grande sœur sur le fait qu’il n’était pas totalement mal élevé. « Vas-y, j’attends. » L’encouragea-t-il, ou plutôt le mit-il au défi. Parce qu’il restait persuadé que Jethro n’avait pas dit ça de manière sincère, comme tout ce qu’il disait d’ailleurs. Il était bien trop fier pour s’excuser. « Si t’as des excuses sincères à présenter je suis prêt à les entendre pour changer. Parce que ton petit numéro marche peut-être sur ta soeur, mais pas sur moi.  » Renchérit-il d’un ton défiant, se forçant à soutenir son regard. Bien sûr il ne parlait plus que du canapé mais de son comportement de manière générale, mais ça n’avait aucune importance, il restait persuadé que Jethro ne dirait rien, parce que s’excuser ça aurait été admettre qu’il avait fait une connerie et c’était trop lui en demander. Une petite partie de lui ne pouvait pourtant s’empêcher d’espérer que le jeune homme allait ravaler sa fierté et juste présenter ses excuses, il était probablement naïf.

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Charlie ne s’était jamais vraiment senti coupable de ne pas apprécier son beau-frère, ce dernier faisant tout pour que ce soit le cas, mais sa réflexion ne le laissa pas tout à fait indifférent. Oui, il faisait généralement comme s’il n’était pas là, et il ne s’était jamais demandé si c’était vexant pour Jethro. C’était juste sa réaction naturelle au comportement du jeune homme. Il ne savait pas quoi répondre à ça, et il n’eut pas besoin de trouver puisque quelques secondes après Jethro dit quelque chose qui l’estomaqua. Tout simplement. Il était en train de rêver ou bien il venait de s’excuser là ? Et pas juste pour qu’il lui lâche la grappe, non, ça ressemblait à de vraies excuses. Charlie se détendit aussitôt, laissant retomber ses bras le long de son corps. Très franchement il avait du mal à y croire, il avait été persuadé que Jethro allait l’envoyer chier ou juste ignorer ce qu’il venait de dire, il était agréablement surpris et l’espace de quelques secondes il commença à comprendre pourquoi sa femme était aussi tolérante avec lui. Il pouvait être attachant quelque part. Dans le genre chiant. Et peut-être qu’il le sous-estimait, peut-être qu’il ne se montrait pas très juste envers lui et qu’il lui devait une seconde chance. Bien sûr ce sentiment fut de très courte durée, puisque Jethro reprit presque aussitôt son attitude provocatrice, retrouva son sourire narquois, et recommença à jouer son petit jeu. Charlie détourna les yeux, ne supportant pas le regard perçant du jeune homme, ça combiné avec son petit sourire. Il trouvait ça gênant, même si c’était stupide. C’était exactement ce que Jethro cherchait, le mettre à l’aise, et ça marchait un peu trop bien au goût du médecin. « Oui je suis sûr que ça pèserait lourdement sur ta conscience. » Répliqua-t-il de manière sarcastique avant d’enfouir ses mains dans les poches de son jean. Il lâcha un petit soupir las avant de poursuivre. « Vas-y, tu me donnes froid comme ça. » A moitié nu et sans chaussettes sur le carrelage il devait être sincère quand il disait qu’il commençait à avoir froid. En tout cas Charlie avait obtenu ce qu’il voulait : des excuses. Il contourna le jeune homme et retourna s’asseoir sur le canapé, fermant les yeux et essayant de forcer son mal de crâne à passer. Sans beaucoup de succès. Il entendit Jethro monter à l’étage pour se rendre dans la salle de bain, et peu après le bruit du jet d’eau lui confirma cette hypothèse. Il se releva du canapé pour aller chercher l’un des cachets que son collègue lui avait prescris quand il ne se sentait pas bien et se rendit compte que la boîte était vide. Et merde. Il fallait que ça tombe sur l’un des rares moments où il n’était pas déjà à l’hôpital bien sûr. Il se mordit la lèvre, hésitant. Ce n’était pas comme si ça allait gêner Jethro qu’il s’en aille, et il ne devait pas s’intéresser assez à sa vie pour se poser des questions. Et il avait vraiment mal. Il monta à son tour et s’arrêta devant la porte entrebâillée de la salle de bain, gardant volontairement ses distances pour ne pas pouvoir regarder à l’intérieur. Il pouvait déjà imaginer ce que Jethro aurait dit. « Jethro ? » Appela-t-il pour s’assurer qu’il pouvait l’entendre avant de continuer. « Je dois m’absenter pour une petite heure, j’ai un truc à faire. » Il recommença à se frotter les tempes, il savait que ça ne servait à rien mais plus ça allait et plus son mal de tête empirait. Il allait peut-être en profiter pour passer quelques examens. « Je dois aller à l’hôpital. » Ajouta-t-il un peu maladroitement, se demandant pourquoi il n’avait pas dit ça directement au lieu de rester vague. Tant pis, c’était trop tard de toute façon, et Jethro serait sûrement trop content d’avoir la paix pour remarquer quoique ce soit. « Tu pourrais juste éviter de mettre la maison à feu et à sang pendant que je suis pas là ? » Il ne lui faisait pas confiance mais il n’avait pas vraiment le choix. Et le forcer à venir avec lui n’était pas non plus envisageable.

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Charlie commençait à avoir trop mal à la tête pour penser à autre chose, et ce n’était pas forcément un mal vu comment Jethro continuait avec ses sous-entendus. Il regrettait déjà d’avoir fait le détour pour venir le prévenir qu’il allait devoir s’absenter, il avait vingt-deux ans, il allait s’en sortir tout seul pendant une heure. Mais il aurait été trop inquiet sans ça, surtout qu’il avait plus peur pour sa maison que pour Jethro. Il n’y avait pas beaucoup de délinquance à Donwell mais le jeune homme aurait été foutu de se barrer en laissant la porte d’entrée grande ouverte et Charlie aurait bien aimé retrouver son canapé tâché en rentrant. Il était sur le point de s’en aller quand il entendit la voix de Jethro puis un grand bruit sourd. Il haussa les sourcils mais ne se rapprocha pas pour autant de la porte entrebâillée, de peur que ce soit un piège peut-être. Il soupira en comprenant que le jeune homme voulait le retenir, il n’avait pas que ça à faire. Et s’il n’avait pas cru comprendre qu’il s’était peut-être blessé en tombant il serait probablement déjà parti. Il ne savait pas ce que Jethro comptait trouver comme excuse pour l’empêcher de partir mais il n’avait pas particulièrement envie de l’entendre et de risquer de se laisser convaincre. Il écarquilla les yeux en le voyant passer la tête par l’ouverture, le nez en sang. Comment est-ce qu’il avait réussi à se faire ça ? « J’en suis pas si sûr, vu comment t’as l’air adroit tu serais capable de faire cramer la maison par accident. » Répliqua-t-il en levant les yeux au ciel, mais ça avait plus l’air de l’amuser qu’autre chose. Il fit quelques pas en avant dans l’optique de vérifier que le nez de Jethro n’était pas cassé mais il se figea en entendant sa demande. Et merde. C’était pas prévu au programme ça, mais il se voyait mal l’envoyer bouler sans raison. Il n’avait pas envie de devoir se justifier et il ne trouvait aucune excuse valable de lui dire non. Il allait falloir qu’il fasse attention. Il essaya de se rassurer en se disant que le jeune homme voudrait probablement juste qu’il le dépose quelque part et le laisse tranquille pendant que lui passait à l’hôpital. Sur le papier ça ne devait pas poser de problème. N’empêche que l’idée de passer encore plus de temps avec Jethro ne l’enchantait pas. Il lâcha un long soupir. « Du moment que tu me fais pas attendre trois heures pour te ramener je peux te déposer. » Concéda-t-il, blasé. Vu son état de fatigue il rêvait de solitude mais à priori son beau-frère ne l’avait pas encore compris. Ou bien il s’en foutait, c’était probablement plutôt ça. Il se rapprocha encore de la porte, s’arrêtant tout de même assez loin pour ne pas voir à l’intérieur de la salle de bain, juste assez pour pouvoir observer le nez de Jethro. « Bouge pas. » Demanda-t-il avant de rapprocher sa main de son visage, plissant les yeux pour essayer de mieux y voir. Il posa ses mains sur le nez de Jethro le plus délicatement possible, se doutant que ça ne devait pas être très agréable pour lui tout de même. Il appuya très légèrement sur l’arête et retira sa main quelques secondes plus tard. « C’est bon c’est pas cassé. Habille-toi vite, je suis pressé. » Ajouta-t-il avant de poursuivre dans le couloir de l’étage pour se rendre jusqu’à sa chambre. Il ouvrit la penderie et enfila sa veste avant de redescendre. Il attrapa ses clés et commença à jouer nerveusement avec. « Je t’attends. » Lança-t-il en direction de l’étage tout en sachant que Jethro n’aurait pas eu le temps de se sécher ou de s’habiller.