make me love the pain (charlie)

charlie a beau être médecin et savoir à quel point c'est nocif, il ne peut pas s'empêcher d'allumer une cigarette de temps en temps, surtout quand il est stressé ou bourré (au plus grand désarroi de sa femme) + s'il a décidé de poursuivre des études de médecine c'est en grande partie à cause de ses parents, ils lui ont toujours plus ou moins mis la pression pour faire un métier de "prestige" et à leur mort il s'est entêté dans cette voie, comme pour leur faire hommage + charlie a rencontré sa femme grâce à des amis en commun connus à la fac et ils se sont tout de suite plu + leur mariage n'était pas prévu, tout comme leur fille, celle qui a complètement précipité les choses. lui n'a jamais regretté son choix et à l'époque déjà il a accueilli la nouvelle avec joie, ayant toujours rêvé d'une famille nombreuse, il ne sait pas s'il peut en dire autant de sa femme + jusqu'à présent s'ils n'ont pas eu d'autre enfant c'est à moitié parce que sa femme n'était pas convaincue et à moitié parce que le destin en a voulu autrement. il y a eu des périodes où ils ont retenté le coup, mais toujours sans succès + il a appris récemment qu'il avait une tumeur de l'estomac, pas à un stade assez avancé pour être terminal, mais déjà assez poussé pour l'obliger à passer par de la chimiothérapie avant de pouvoir être opéré + il n'en a aujourd'hui encore parlé à personne, à part au collègue qui suit son dossier bien entendu, dans un désir de ne pas inquiéter ses proches mais également par fierté + dans ce contexte personnel difficile sa femme vient de lui apprendre qu'ils allaient devoir héberger pendant un moment son petit frère adoptif, ce qui est probablement la dernière chose dont il a envie au vu du caractère de ce dernier

Charlie referma la porte doucement derrière lui, ne prenant pas la peine d’annoncer son arrivée comme il aurait pu le faire à une certaine époque. Ce n’était pas comme si sa fille risquait de débarquer en trombe pour venir lui sauter dans les bras, elle était devenue un peu trop grande pour ça. Depuis quelques années elle préférait rester enfermée dans sa chambre plutôt que de passer du temps avec son paternel et même si ça lui faisait toujours un peu de peine, il comprenait. Comme il aimait souvent le dire : il avait eu son âge à une époque. « Comment était ta journée ? » Sa femme était venue le saluer avec un bref baiser avant de retourner s’occuper de plier le linge. Charlie se frotta les yeux, plus fatigué encore que d’ordinaire. Il ne savait pas si c’était plus psychologique qu’autre chose mais depuis qu’il avait appris « la nouvelle » il était de moins en moins en forme. « Ça allait. » Répondit-il de manière laconique avant de poser son manteau sur le rebord d’une chaise. Il ne remarqua pas le regard inquisiteur que lui lançait sa femme, trop distrait pour ça. Ce fut elle encore une fois qui le sortit de ses pensées. « Tu es sûr que ça va ? Tu es bizarre en ce moment. » Il se força à lui lancer un sourire qu’il voulait rassurant et se rapprocha d’elle. Il déposa un baiser dans ses cheveux. « Oui, tout va bien, les journées sont longues en ce moment c’est tout. » Il était quasiment certain que sa femme n’en avait pas cru un mot mais il avait décidé dès le début de ne rien lui dire pour sa maladie et il était loin d’avoir changé d’avis jusqu’à présent. C’était pour le mieux, il ne voulait pas l’inquiéter pour rien, en plus de ça, il avait encore les choses en main. Il savait mieux que quiconque ce qui l’attendait et ce qu’il était censé faire. Si elle ne l’avait peut-être pas cru, elle n’insista pas pour autant. « Tu voudras manger quoi ce soir ? » Il haussa les épaules, très franchement c’était le cadet de ses soucis. « Ce qui te fait plaisir. » Elle continua à parler pour lui dire ce qu’elle avait décidé mais il avait déjà arrêté d’écouter. Il attrapa un bouquin sur la table basse du salon et s’assit sur le canapé, essayant de lire mais manquant cruellement de concentration.  Il était bloqué à la même phrase depuis cinq bonnes minutes quand sa femme vint poser sa main sur son épaule. « Je viens d’avoir mon frère au téléphone, il a quelques soucis en ce moment. » Charlie du se faire violence pour ne pas lever les yeux au ciel. Il n’avait jamais porté ce dernier dans son coeur, en partie parce qu’il avait une fâcheuse tendance à s'attirer des problèmes justement. « Je lui ai dit qu’il pouvait venir passer quelques jours ici s’il en avait besoin. » Expliqua-t-elle en grimaçant, et le jeune homme ne put s’empêcher de l’imiter. C’était la dernière chose dont il avait envie. Dont il avait besoin. Mais il ne pouvait pas lui dire non, la connaissant elle ne se serait de toute façon pas laissée convaincre. « Pas de problème, il pourra prendre la chambre d’ami. » Répondit-il au lieu de ce qu’il avait vraiment envie de dire et elle lui lança un sourire reconnaissant. Elle savait qu’ils ne s’appréciaient pas franchement et qu’il faisait des efforts pour elle. « C’est bientôt prêt. » Ajouta-t-elle en se dirigeant vers la cuisine et Charlie profita de cette excuse pour reposer son livre sur la table basse. Au final il n’avait même pas tourné la moindre page.