Far from the madding crowd - Charlie

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Charlie rageait intérieurement en voyant son collègue discuter avec sa femme, pas par principe mais parce qu’il pensait savoir exactement de quoi il était en train de lui parler, surtout s’il se fiait à la façon dont il avait baissé la voix en le voyant arriver. Il ne voulait pas qu’il entende ? C’était assez suspect pour qu’il n’ait pas besoin d’entendre justement, il espérait juste que Mark n’ait pas eu le temps de tout lui dire. Il reprit une gorgée de punch à son tour, essayant de se forcer à se détendre, une contradiction en soi, mais il était incapable de se relaxer alors que son collègue essayait de lui pourrir la vie et qu’il pouvait clairement voir le trouble dans les yeux de sa femme. Il savait que c’était de sa faute, qu’il n’avait qu’à lui dire, mais il aurait aimé pouvoir penser à autre chose et juste passer du temps avec elle sans courir le risque que quelqu’un ne vienne lui dévoiler l’un de ses pires secrets. Il se rassurait juste en se disant que ça aurait pu être pire, Jethro aurait pu venir et lui avouer le reste. L’idée le fit frémir et il s’efforça de sourire quand Jade se tourna vers lui, hochant la tête et faisant la moue en l’entendant dire qu’on l’avait forcée à faire un discours. Il savait à quel point elle n’aimait pas parler en public et surtout devant autant de gens. Il vint poser sa main dans son dos et le caressa tendrement, essayant de la rassurer comme il le pouvait. « Je peux aller la voir et lui dire que tu ne te sens pas de le faire si tu veux. » Souffla-t-il pour tenter de la calmer, ne réussissant pas à s’empêcher de lancer un bref regard assassin à son collègue. Il avait envie de l’étriper et si Jade n’avait pas été là il serait aller lui dire exactement ce qu’il pensait de son comportement. « Ou je peux t’aider à écrire quelque chose, puisque apparemment je suis sensible ça devrait être dans mes cordes. » Plaisanta-t-il à moitié en lançant un sourire en coin à sa femme. Si elle n’avait pas envie de faire de discours lui n’avait plus qu’une idée en tête : s’enfuir d’ici. Entre la collègue de Jade qui cherchait à foutre la merde pour une raison qu’il ignorait et Mark qui semblait déterminé à rajouter son grand de sel il commençait à regretter d’être venu, purement et simplement. Il avait tellement compté sur cette soirée pour s’amuser avec Jade, comme avant, comme au bon vieux temps, avant que la fausse couche ne leur tombe dessus, avant les disputes et le train-train quotidien. Il n’avait pas encore envie d’abandonner cette idée, il en avait trop besoin, surtout en ce moment. Il savait en plus qu’il serait incapable de profiter du moindre moment passé ici avec l’épée de Damoclès en forme de Mark au-dessus de sa tête. Il se pencha vers Jade et vint murmurer dans son oreille une idée folle : « Ou sinon on peut s’en aller. » Son ton était on-ne-peut-plus sérieux et ça le surprenait lui-même. Ce n’était pas vraiment leur genre de partir en plein milieu d’un mariage et surtout alors que Jade connaissait bien les mariés, mais Charlie était persuadé qu’ils s’en remettraient et il avait l’intime conviction que eux ça leur ferait du bien. « On peut aller prendre un verre, juste tous les deux. » Comme avant en somme. Il n’avait pas beaucoup d’espoir sur le fait que Jade accepte mais il avait ressenti le besoin de lancer l’idée, il commençait à étouffer ici.

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Charlie avait lancé l’idée comme il aurait pu lancer une bouteille à la mer, sans vraiment croire que ça pourrait amener à quelque chose de concret. Aussi fut-il surpris en sentant la main de Jade venir caresser sa joue, se demandant si elle aussi pensait à la même chose que lui, si elle aussi ressentait ce besoin viscéral de prendre la fuite avant que la réalité ne les rattrape. Alors qu’elle venait l’embrasser d’une façon que Charlie avait cru à jamais dépassée pour eux, il avait envie d’y croire en tout cas. Encore plus quand elle vint lui souffler un de ces « je t’aime » dont elle avait le secret, le genre qui le faisait frissonner bien malgré lui. Lui il le disait de manière presque mécanique avec les années mais elle, c’était beaucoup plus rare et donc d’autant plus beau. Il sourit en entrelaçant ses doigts avec les siens, se levant juste après elle, plus soulagé à l’idée de partir d’ici qu’il ne l’avait lui-même anticipé. Il se laissa entraîner jusqu’à l’extérieur du restaurant, explosant de rire une fois dehors, hilare et euphorique. Ça ne leur ressemblait tellement pas, et c’était ça qui était jouissif. Il passa ses bras autour de sa taille quand elle se rapprocha de lui, ne réussissant pas à se départir de son sourire. « Tant mieux. » Souffla-t-il contre son visage, il ne voulait pas qu’elle regrette non plus ou que ça lui cause des soucis. Enfin pour les conséquences ils verraient bien demain, cette soirée Charlie avait décidé qu’elle n’était pas faite pour ça. Il avait envie de l’embrasser et cette simple pensée était rassurante, oui, le médecin avait besoin de se rassurer depuis l’autre fois et Jade semblait prête à jouer le jeu. Ou peut-être qu’elle avait aussi le même besoin, cette pensée ne traversa même pas l’esprit de Charlie alors qu’il commença à courir pour rejoindre sa femme vers la voiture. « Merci, j’ai la pression maintenant ! » Répliqua-t-il avant de recommencer à rigoler bêtement, ivre du simple fait d’avoir réussi à s’échapper de ce mariage qui s’était transformé en véritable cauchemar pour lui. Il allait falloir qu’il ait une discussion avec son collègue mais tout ça, c’était pour plus tard. Il jeta un coup d’oeil derrière eux en direction du restaurant, comme pour s’assurer que personne ne les cherchait, avant de déverrouiller la voiture et de se jeter sur le siège conducteur. Il attendit que Jade soit assise à ses côtés pour mettre le contact et démarrer de manière volontairement dramatique et exagérée, comme s’il s’attendait à ce que quelqu’un court derrière la voiture pour tenter de les empêcher de partir. « J’ai peut-être une idée, tu me fais confiance ? » Demanda-t-il d’un ton taquin avant de lui lancer un sourire malicieux. De toute façon elle n’avait pas le choix c’était lui qui conduisait. Il ne s’arrêta que brièvement au niveau d’une des deux supérettes de Donwell pour aller acheter de quoi boire et grignoter avant de poser le sac sur la banquette arrière et de reprendre la route. Puisque madame semblait vouloir se couper du monde le temps d’une soirée il avait un endroit en tête qui risquait de lui rappeler des souvenirs. Un endroit où ils avaient l’habitude d’aller au début de leur relation, il n’était même pas sûr que ce ne soit pas là-bas qu’Aaliyah ai été conçue. Dix minutes plus tard il se gara sur un parking avant de sortir de la voiture, de récupérer le sac et d’attendre Jade. « Ca te rappelle des souvenirs ? » Il l’espérait parce que ces derniers étaient venus le fouetter en plein visage dès qu’il avait remis le nez dehors. D’ici il pouvait déjà entendre le bruit des vagues qui venaient s’écraser contre la falaise et l’odeur salée de l’eau était toujours aussi évocatrice. C’était au bord de cette falaise qu’ils venaient contempler l’horizon, parfois avec leurs amis, parfois juste tous les deux. Un banc était installé au sommet de la falaise, surplombant la Manche et offrant une vue imprenable. En deux minutes ils y seraient et de là-bas ils pourraient voir les plages des alentours ainsi que Donwell, qui créait juste assez de lumière pour pouvoir apercevoir une partie de la mer.

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Charlie choisit d’ignorer purement et simplement le pincement au cœur que la remarque de Jade provoqua en lui, elle avait confiance en lui, il le savait, et il savait tout aussi bien qu’il la trahissait cette confiance, mais il n’avait pas envie de se concentrer là-dessus. Ce n’était pas ce que cette soirée était, pas à ses yeux. D’ailleurs, il oublia tout quand il sentit la main de Jade dans la sienne et qu’il l’entendit dire que c’était une bonne idée. Il avait eu peur qu’elle trouve ça nul et qu’elle regrette d’avoir quitté le mariage pour ça. Visiblement ce n’était pas le cas et le sourire qu’elle affichait en tira un similaire à Charlie alors qu’il se laissait traîner vers le rebord de la falaise. Il explosa de rire quand elle ramena Megan Fox sur le tapis, si elle continuait à en parler il allait finir par croire qu’elle l’avait pris au sérieux tout à l’heure. Il mit sa main libre sur son cœur, comme pour exagérer un peu plus l’effet dramatique : « Je n’ai jamais amené Megan Fox ici, je te le jure. » Lança-t-il d’un ton faussement solennel, comme s’il avait été en train de prêter serment. Il perdit bien vite son sérieux, faisant semblant d’être offensé par la nouvelle remarque de Jade. Comment ? Elle osait insinuer qu’il était incapable d’être spontané ? Il n’avait pas de mal à admettre que ce n’était pas son fort, mais il avait des moments où ça lui venait plus naturellement, et ce soir il avait tellement envie de se reconnecter à Jade qu’il aurait été prêt à tout pour elle, pour eux. Alors, essayer de se décoincer un peu et de faire preuve de spontanéité, ce n’était pas ce qu’il faisait de mieux mais il pouvait faire des efforts quand il sentait que ça valait le coup. C’était le cas ce soir. « Et je peux savoir ce que tu veux dire par là ? » Il haussa un sourcil, se rapprochant de Jade d’un air faussement menaçant. « Tu trouves ça plus crédible que j’ai prévu notre évasion du mariage depuis le début plutôt que je sache faire preuve de spontanéité ? Je suis vexé. » Expliqua-t-il, faisant semblant de bouder l’espace d’un instant avant de venir la chatouiller au niveau des côtes, faisant juste attention à ce qu’elle ne se rapproche pas trop du bord de la falaise encore dans son dos. Il savait à quel point elle était chatouilleuse et le fait d’être ici, à un endroit où ils avaient autant de souvenirs, ça l’avait poussé à s’en rappeler. Il avait l’habitude de l’embêter comme ça régulièrement quand ils étaient plus jeunes, il aurait été incapable de dire exactement quand il avait arrêter. Il explosa de rire, l’euphorie n’étant pas encore redescendue, et il croisa le regard de Jade alors qu’il arrêtait de la torturer. L’espace d’une seconde, d’un instant, il faillit tout lui dire, tout lui avouer. Les mots étaient au bord de ses lèvres, tout à coup ça lui paraissait criminel de lui cacher des choses pareilles, mais les explications restèrent coincées dans sa gorge et il reprit vite ses esprits. Il fit un pas en arrière, comme pour essayer d’esquiver les éventuelles représailles avant de ramasser le sac qu’il avait posé au sol au moment où il s’était décidé à attaquer. « Tu as soif ? J’ai pris du vin et du rhum, je ne savais pas ce que tu voudrais. » Il avait aussi pris des snacks pour qu’ils évitent de mourir de faim, heureusement.

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Organisation. Train-train. Zone de confort. Charlie aurait aimé se défendre contre tout ça, mais la vérité c’était qu’il savait qu’elle avait raison. Oui il était plutôt casanier, et oui il aimait ses petites habitudes, et non il n’était généralement pas très spontané. N’empêche que ça lui faisait un peu mal au cœur de l’entendre comme un reproche de la part de Jade, ça lui donnait l’impression qu’ils n’étaient pas compatibles et ça il ne voulait pas y penser, et très certainement pas ce soir. Heureusement Jade changea légèrement le ton de sa voix et Charlie laissa même échapper un petit rire avant de lui tendre la bouteille de rhum. Ça lui plaisait de la voir déraisonnable comme ça, il se sentait moins seul, il avait moins l’impression d’être un connard fini, même s’il était désespérément en train d’essayer de comparer ce qui n’était pas comparable. Il se rapprocha à son tour du banc, fronçant légèrement les sourcils en l’entendant dire qu’elle voulait lui poser une question. Son cerveau ne pouvait s’empêcher de penser aux pires questions qu’elle pourrait lui poser, celles qui risquaient le plus de le mettre dans l’embarras. Il avait sans arrêt l’impression qu’elle lisait en lui comme dans un livre ouvert et, malgré le fait qu’ils ne soient plus autant in sync qu’avant, il était étonné qu’elle n’ait pas l’air de remarquer plus que ça le bordel qui était gentiment en train de s’installer dans sa tête. « Vas-y, je t’écoute. » L’encouragea-t-il avant de venir s’asseoir à côté d’elle, récupérant peu après la bouteille de rhum pour en prendre à son tour une gorgée. Il arrêta son geste en plein milieu l’espace de quelques secondes, réfléchissant presque sans s’en rendre compte. A quel point pouvait-il se permettre d’être honnête avec elle ? Il n’en savait rien, il n’était même pas sûr d’avoir lui-même une réponse à cette question. Il termina de boire et lui tendit à nouveau la bouteille avant de hausser les épaules. « Je sais pas. » Finit-il par répondre, décidant de se montrer honnête. Il y avait bien des idées qui le titillaient depuis que Jethro l’avait embrassé l’autre fois, des choses qu’il aurait aimé découvrir et expérimenter, ne serait-ce que pour s’assurer que ça n’avait rien été de très sérieux, juste l’effet de l’alcool, mais il ne pensait pas pouvoir définir ça comme un fantasme. Et ça, c’était sans compter sur le fait qu’il ne pouvait pas balancer ça comme ça à Jade, même lui ne comprenait pas exactement ce qu’il s’était passé, il ne voulait pas qu’elle se fasse des idées sur lui alors que jusqu’à présent, rien ne lui avait prouvé que ça avait été plus qu’une bêtise de mec bourré. La vérité, c’était qu’il n’avait jamais réellement fonctionné comme ça, Jade se moquait de son côté sensible mais c’était juste sa façon d’être, il n’avait jamais été vraiment uniquement physiquement attiré par quelqu’un. Il y avait toujours eu quelque chose chez eux, quelque chose d’indescriptible, qui faisait qu’il était intéressé. « C’est triste que j’ai rien de spécifique en tête ? » Demanda-t-il, un petit sourire au coin des lèvres, alors qu’il tournait la tête vers Jade, s’attendant déjà à ce qu’elle se moque de lui. Encore un côté où elle devait le trouver inintéressant au possible, mais c’était pourtant la vérité. Il passa rapidement sa langue sur ses lèvres avant de poser sa main sur son bras qui était posé sur le rebord du banc, caressant tranquillement sa peau. « Et toi alors ? Ton fantasme inavoué ? » Demanda-t-il, toujours amusé. « Attention, il n’y a qu’une seule bonne réponse à cette question. » Plaisanta-t-il en utilisant sa main libre pour se désigner lui-même, s’attendant bien entendu à ce qu’elle réponde autre chose. Après tout, on parlait bien de fantasme inavoué. Il remonta sa main le long de son bras puis de son cou jusqu’à venir caresser sa joue. « Je suis content qu’on soit là. » Souffla-t-il, toujours aussi sincèrement, elle ne pouvait sans doute pas imaginer le bien que ça lui faisait, qu’elle lui faisait.