so you're deep like the ocean, pull me underwater (jamie)

Lorsque Jamie avait tourné les yeux vers Maxime après avoir admis qu’il voyait en son petit frère toutes les choses auxquelles il avait dû renoncer, il avait pu lire dans les yeux du jeune homme quelque chose qui s’apparentait à de la compréhension. Il lui avait sourit, comme pour le convaincre silencieusement qu’il ne le jugeait pas et ça avait suffit à Jamie pour l’aider à poursuivre, même s’il se sentait presque obligé de se justifier sur les raisons qui le poussaient à ressentir ça envers William. Parce qu’il n’avait pas envie que Maxime pense qu’il était simplement jaloux de la vie qu’il avait choisit de mener, mais qu’il avait aussi de bonnes raisons d’être en colère. Du moins, c’est ce que lui estimait. Alors quand il eut finit de s’expliquer, de lui raconter brièvement sans trop l’inonder de détails, il ne put s’empêcher de lui demander son avis. C’était un peu idiot, Maxime ne pouvait pas se faire une idée de la situation, de la réalité, simplement en l’écoutant quelques minutes. Il ne fut donc pas tellement surpris quand il lui expliqua ne pas savoir si l’attitude de son frère était normale. Jamie haussa les épaules, comme Maxime venait de le faire juste avant car finalement c’était peut-être la seule chose à faire, et il bu une autre gorgée de bourbon en le regardant, toujours dans son entrée. Maxime lui précisa néanmoins qu’il trouvait normal son attitude à lui, le fait d’être en colère et de l'envier. Et Jamie ne su pas trop quoi répondre, parce que c’était exactement ce qu’il avait eu besoin d’entendre mais que maintenant que Maxime le lui disait, il se sentait un peu bête, puéril presque. Alors il haussa de nouveau les épaules en lui souriant timidement, comme un signe de remerciement à ses mots réconfortant. Il ne perdit pas son sourire lorsque Maxime finit par quitter son vestibule pour se rapprocher de lui, n’arrivant pas à le quitter des yeux à mesure qu’il se s'avançait, sentant son cœur battre un peu plus vite. Sûrement que l’alcool y jouait, mais alors que Maxime se trouvait juste à ses côtés, Jamie perdit son sourire en se demandant si ce n’était finalement pas mieux lorsqu’il était plus loin. Maintenant, il déglutissait difficilement et ne savait pas quoi faire de ses yeux, de ses mains, de son corps. Il l’observait avec une certaine intensité et il cligna ses paupières quand Maxime lui confirma qu’il voulait bien boire avec lui, l’obligeant à se ressaisir légèrement pour ajouter des glaçons dans son verre avant d’y verser le liquide ambré. Il lui tendit le verre et leva le sien en même temps, laissant un petit rire franc lui échapper quand Maxime souhaita trinquer, ayant le sentiment qu’il n’avait pas ri depuis deux semaines. A la famille. Répondit-il avant d’entrechoquer leur contenant. Il secoua la tête en souriant et bu une nouvelle gorgée sans remarquer que Maxime grimaçait en portant le verre à sa bouche. Il se tourna vers lui en l’entendant ironiser  sur toute cette situation, sur le fait que Maxime aurait dû lui demander de venir avec lui au commissariat plutôt que s’occuper de ses propres affaires familiales et Jamie hocha la tête en haussant les sourcils, ne pouvant qu’être d’accord avec lui. Tu aurais dû, oui. Plaisanta-t-il en buvant une gorgée avant de finalement se raviser et secouer la tête en guise de négation tout en fronçant les sourcils. Non en fait, je crois que j’aurais finis par me battre avec ton père. Ou la police. Finalement, tu as bien fait de pas me laisser venir. Il souriait, essayant de poursuivre sur la lancée de Maxime, sur sa volonté de dédramatiser toute cette situation, de détendre l’atmosphère, de réussir à trouver un moyen de rire de tout ça, parce que ça lui faisait un bien fou et que le bourbon l'aidait à le faire. Il en oubliait même de préciser qu’il ne s’était pas vraiment battu, qu’il avait surtout essuyé le crochet du droit de son frère sans répliquer mais finalement, à quoi bon le préciser vu que Maxime n’avait pas l’air de le juger pour cette altercation. Jamie remarqua qu’il avait perdu son sourire et il perdit également le sien en l’entendant parler de cet été, le ramenant à cette journée où ils avaient prévu de partir ensemble quelque part juste avant que tout ne change. Moi non plus… souffla Jamie en s’adossant au comptoir de la cuisine, se sentant nostalgique. Son été aurait dû être ponctué par la présence de Maxime, par un voyage à ses côtés et il allait finalement se résumer à ce qu’il avait déjà commencé à faire : aller à l’association, peut-être arrêter d’ignorer ses amis et se décider à les voir, aller chez sa mère ou chez Charly. Sauf qu’il se demandait si Will serait là bas, s’il allait devoir se poser la question à chaque fois "est-ce qu’il est chez l'une ou l'autre ?" avant de se décider à s’y rendre. Mais il n’allait certainement pas s’empêcher de vivre à cause de lui, c’était hors de question. Il bu une longue gorgée de bourbon, se rendant compte que penser à son frère suffisait à l’énerver doucement. Heureusement, Maxime le ramena à la réalité, même si celle-ci était tout aussi dure à cause du sujet abordé. Jamie se tourna vers lui, lui souriant doucement pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à s’en vouloir de ne pas avoir pensé au futur de Jamie alors que lui-même avait déjà beaucoup de trop de choses en tête. Son visage toujours tourné vers Maxime, ayant encore du mal à apprivoiser les marques sur sa peau, surtout maintenant qu’il était tout près de lui, Jamie détourna un peu les yeux, honteux de la réponse qu’il s’apprêtait à donner. Je n’y ai pas encore très bien réfléchit… admit-il doucement. C'était vrai, il avait complètement éludé le sujet et s'était convaincu qu'il avait le temps de voir venir, qu'il avait d'autres choses sur lesquelles se concentrer et que sa vie professionnelle pouvait bien attendre, vu que de toute façon elle était au point mort maintenant. Il n'était pas prêt à enseigner de nouveau, parce qu'il ne se sentait plus tout à fait légitime et il ne savait pas quoi faire d'autres, pour l'instant. Il était dans ses pensées quand Maxime s’excusa pour la perte de son poste. Jamie le regarda de nouveau dans les yeux en fronçant les sourcils. Tu n’as pas à t’en vouloir, Maxime. Commença-t-il en posant son verre sur le comptoir avant de se tourner entièrement face à lui. Au-delà de ce qu’il s’est passé il y a quinze jours, j’aurais dû démissionner bien avant. Il se passa une main dans la nuque, réalisant qu’il n’avait pas encore été capable de dire à quelqu’un d’autre que lui-même les mots qu’il s’apprêtait à prononcer. J’aurais dû savoir que c’était pas bon de continuer quand j’ai compris que j’étais prêt à te noter présent à mes cours pour t’éviter des problèmes, quand tu as arrêté d’y venir après qu’on se soit embrassés la première fois. Il sentit son cœur s’emballer, comme un adolescent, simplement parce qu’il avait prononcé ces derniers mots et que ça avait suffit à lui donner envie de recommencer à s’approprier ses lèvres, qu’il n’arrivait pas à s’empêcher de se souvenir à quel point il aimait ça, à quel point ça lui manquait. Ses yeux dérivèrent brièvement vers la bouche de Maxime avant qu’il ne se force à détourner le regard. J'arrivais pas à choisir entre toi et mon boulot, je pensais que je pouvais avoir les deux… Et finalement, je me suis planté. Il se tourna vers lui en souriant tristement avant de prendre son verre pour boire une gorgée et poursuivre. Mais c’est absolument pas de ta faute, il y a tellement de choses que j’aurais pu faire pour m’éloigner, pour rester professionnel, et je l’ai pas fait. Il se mordilla l’intérieur de la joue. J'en avais pas envie… finit-il par admettre en baissant les yeux, parlant subitement un peu moins fort. Il repensait à tous leurs moments, toutes les fois où il avait eu des pensées déplacées envers Maxime avant même qu’ils ne commencent à se fréquenter, à toutes les fois où il aurait dû dire "non" mais qu’il avait dit "oui", à toutes les fois où il avait proposé des choses qui les avaient mener vers un terrain dangereux et qu’il l’avait fait en connaissance de cause. Non, Maxime n’avait pas à s’en vouloir le moins du monde. Il releva la tête, n’osant plus vraiment croiser son regard maintenant qu’il avait admit toutes ces choses et il soupira, finissant son verre d’une traite pour se donner le courage de continuer sur cette lancée de la franchise, parce que lui dire le fond de sa pensée, la vérité, le soulageait. Tu me trouverais dégueulasse si je te disais que la seule chose que je regrette vraiment, malgré tout, c’est qu’on ait été vus ? Et que si c’était à refaire, je le referai sans rien changer ? Il se retourna vers le comptoir pour se servir un autre verre et se sentit sourire, l’alcool commençant à avoir l’effet escompté : celui de le désinhiber, de l’autoriser à se détendre. Enfin, si, j’aurais changé un truc : j'aurais installé un store dans cette salle de TD. ajouta-t-il en plaisantant avant d'oser tourner de nouveau son visage vers Maxime pour observer enfin sa réaction, pour lire dans ses yeux quelque chose, n'importe quoi, qui le raccrocherait encore un peu à eux.

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Maxime ne put empêcher un large sourire fier de venir étirer ses lèvres en entendant Jamie rire d’un rire franc, ayant soudainement l’impression d’avoir réussi à l’aider ne serait-ce qu’un peu en détendant l’atmosphère. Plus les secondes et les minutes passaient et plus lui aussi se détendait. Il commençait à reprendre un peu ses marques ici, à se rappeler qu’il n’avait rien vécu de désagréable dans cet appartement, bien au contraire, et qu’il était à l’abri du monde extérieur s’il voulait le rester. Même la remarque de l’étudiant de tout à l’heure finissait par disparaître de ses pensées, submergée par l’histoire que lui avait raconté Jamie, par l’alcool qui commençait à couler dans ses veines ainsi que la façon dont son rire avait résonné contre les meubles et murs de la cuisine. Il avait bien fait de venir ici et le peu de doute qu’il avait conservé s’évapora en entendant Jamie plaisanter de bon cœur. Il reprit une petite gorgée de bourbon, se rendant compte qu’il n’y était pas allé aussi doucement qu’il se l’était promis et que son verre était déjà quasiment vide. Il releva les yeux vers Jamie, essayant de sonder ses pensées, de comprendre à quoi il pensait alors qu’il venait d’avouer que lui non plus n’avait pas pensé passer l’été comme ça. Est-ce que lui aussi pensait à cette escapade dont ils avaient parlé la dernière fois ? Est-ce qu’il regrettait autant que Maxime le fait que tout ai changé et que le plan semblait finalement être tombé à l’eau ? Ou bien était-il juste anxieux de devoir trouver un nouveau travail alors qu’il y a encore quelques semaines il avait eu un poste garanti à l’université pour la rentrée ? Maxime sentit son estomac se nouer légèrement et il termina son verre avant de le poser sur le comptoir de la cuisine, imitant le geste de Jamie. Il releva les yeux vers lui en le sentant se tourner dans sa direction, comprenant qu’il réclamait son attention, qu’il s’apprêtait à répondre sérieusement. Il déglutit, anticipant déjà le fait qu’il n’allait pas aimer ce qu’il allait entendre. Il sentit les battements de son cœur s’accélérer à la simple mention de ces quelques jours où il avait arrêté de venir à ses cours de droit pénal après la première fois où il avait osé l’embrasser. Repenser à tout ça lui faisait mal, parce que malgré toute la difficulté qu’il avait pu avoir à assumer son geste à ce moment là, ça n’avait rien été en comparaison de ce qu’il avait vécu ces dernières semaines. Il sentit le regard de Jamie se poser sur ses lèvres avant de s’enfuir à nouveau et il baissa les yeux à son tour, se sentant rougir légèrement. Il inspira profondément en l’écoutant poursuivre, expliquer qu’il aurait pu tout faire différemment, que ça leur aurait sans doute évité de se retrouver dans une telle situation, et Maxime ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment il aurait réagi si Jamie l’avait repoussé quand il lui avait demandé de mettre de côté son statut de professeur, de continuer à accepter de le voir. Est-ce qu’il aurait été capable d’attendre ? Est-ce qu’il se serait braqué ? Il n’en était pas sûr lui-même et quelque part ça ne servait à rien de se demander comment les choses se seraient passées s’ils avaient fait telle ou telle chose différemment, mais même après tout ça il avait du mal à regretter. Parce que le fait de s’imaginer avoir été forcé à revenir à une simple relation professeur/élève avec Jamie pendant les dernières semaines de cours lui retournait l’estomac. Il sentit ses lèvres s’étirer en un fin sourire quand Jamie fit écho à ses pensées, lui avouant que malgré tout ce qui s’était passé ces dernières semaines si c’était à refaire, il referait tout à l’identique. En revanche il fronça les sourcils brièvement en l’entendant revenir sur sa parole et explosa de rire quand il finit par avouer qu’il aurait installé des stores à la porte de la salle de TD. Il ne s’y était pas attendu et ça lui faisait un bien fou de rire. Il se força à se calmer rapidement, un large sourire amusé refusant pourtant encore de quitter ses lèvres alors qu’il se resservait à son tour. « T’aurais pu y penser plus tôt. » Plaisanta-t-il avant de reprendre une petite gorgée de bourbon, sentant que l’alcool, à lui aussi, lui faisait du bien. Il retrouva un peu de sérieux en croisant finalement le regard de Jamie, son sourire se faisant plus tendre malgré lui, parce qu’il se rendait compte à quel point ces moments lui avaient manqué, à quel point être capable de rire avec lui lui faisait du bien, à quel point le simple fait d’être ici avec lui lui faisait du bien. « J’étais en train de réfléchir à la même chose, et je pense que je referai tout de la même façon aussi, tu sais. De toute façon je crois que j’aurais pas été capable de faire les choses différemment. » Avoua-t-il en haussant doucement les épaules, parce qu’à partir du moment où il était venu voir Jamie pour lui demander de l’aider à préparer ses examens il avait été perdu. Peut-être que dès l’instant où il l’avait vu pour la première fois il avait été perdu. « Je pense que je t’en aurais plus voulu de regretter. » Ajouta-t-il avant d’avoir eu le temps de réaliser qu’il allait le dire. Mais c’était vrai, il n’en avait pris conscience que quand les mots avaient quitté ses lèvres mais il le pensait sincèrement. Il n’aurait pas supporté qu’en plus de tout le reste Jamie en arrive à regretter ce qui s’était passé entre eux. Il détourna le regard et reprit une petite gorgée de bourbon avant de poser le verre sur le comptoir pour se forcer à boire plus lentement. Il laissa quelques secondes s’écouler en silence avant de lâcher un peu plus brutalement qu’il ne l’avait voulu : « Je suis pas allé passer mes examens. » Il lui avait déjà dit qu’il n’était quasiment pas sorti ces dernières semaines mais il avait senti le besoin de lui avouer qu’il avait été trop lâche pour remettre les pieds à l’université, même en sachant qu’il allait rater son année, que tous les efforts qu’ils avaient fait ensemble allaient être réduits à néant. Il déglutit, se forçant à soutenir le regard de Jamie. « J’ai pas été capable d’y retourner. Je pense même arrêter la fac et chercher un travail cet été. » Avoua-t-il avant de faire un petit pas pour se rapprocher de Jamie, doucement, juste assez pour pouvoir glisser sa main sur le comptoir du bar et pouvoir effleurer gentiment la sienne. Il laissa ses yeux descendre sur ses doigts qui caressaient doucement sa peau, à la fois électrisé et étrangement rassuré par ce contact. Refusant de relever les yeux vers Jamie et d’affronter à nouveau son regard, il soupira longuement. « Tu es déçu ? » Il avait l’impression d’avoir trahi sa confiance en refusant d’aller passer ses examens. Il avait hésité, il avait failli réussir à se tirer de son lit et à aller à l’université mais l’idée de croiser les autres étudiants, de sentir leurs regards curieux ou méprisants sur lui lui avait trop retourné l’estomac pour lui permettre d’aller au bout de son idée. « L’idée d’y retourner… ça me rend malade. » Expliqua-t-il, toujours sans oser affronter le regard de Jamie, décidant finalement que quitte à être honnête, autant l’être jusqu’au bout. « Et je me disais que si j’avais un boulot je pourrais peut-être aider Connor. » Avoua-t-il avant de se gratter nerveusement la nuque de sa main libre. Il finit par se forcer à relever les yeux vers Jamie, parce que s’il n’était même pas capable d’avoir le courage de faire ça alors il n’aurait jamais le courage de faire ce qu’il avait en tête. « Que je pourrais peut-être devenir son tuteur légal. » Finit-il par avouer, se sentant aussitôt bête d’avoir exprimé cette idée à haute voix parce que maintenant que les mots avaient quitté ses lèvres il se rendait compte de la difficulté que ça allait représenter. Il laissa échapper un soupir faussement amusé. « C’est stupide comme idée, pas vrai ? » La vérité c’était qu’il y avait déjà réfléchi plusieurs fois au cours des dernières années, que ça avait même parfois été une source de motivation pour se pousser à mieux travailler ses cours, qu’à chaque fois qu’il finissait par se convaincre que ça ne serait jamais possible l’idée revenait au galop malgré lui.

Après avoir osé plaisanter sur cette fameuse journée où tout avait basculé, Jamie n’avait pu s’empêcher de regarder Maxime pour voir sa réaction, ne sachant pas immédiatement s’il allait trouver ses propos déplacés ou s’il allait continuer d’ironiser avec lui. Mais Maxime éclata de rire, le rassurant instantanément, et Jamie l’accompagna brièvement, ne le lâchant pas du regard et se sentant grisé d’avoir provoqué ça chez lui, se sentant subitement beaucoup mieux de pouvoir rire avec lui, de l’entendre s’amuser grâce à ses mots, de le voir détendu juste à ses côtés dans sa cuisine. Qu’est-ce que ça lui avait manqué, qu’est-ce qu’il avait pu lui manquer… Quand est-ce qu’il allait enfin oser le lui dire, est-ce que seulement il oserait le lui dire à un moment donné ? Jamie le dévorait littéralement des yeux, ayant de plus en plus de mal à ne pas se rapprocher de lui et à cacher tout le bien que ce moment lui faisait. Malgré tout il se força à rester à sa place sans cesser de sourire lorsque Maxime continua à plaisanter sur le sujet en lui disant qu’il aurait pu penser au coup des stores plus tôt. Je sais, je sais. Dit-il en secouant la tête sur un ton faussement désolé avant de reprendre une gorgée de bourbon. Jamie attendait aussi que Maxime lui réponde, qu’il lui dise s’il trouvait ça mal de ne pas regretter tout ce temps ensemble, de ne vouloir rien changer, alors il fut largement soulagé de l’entendre lui confirmer qu’il ressentait la même chose, qu’il n’aurait pas été capable de faire différemment. Peut-être qu’au fond, Jamie le savait déjà, peut-être que grâce au fait que Maxime ne l’avait pas rejeté aujourd'hui et qu’il était de nouveau chez lui, il avait commencé à se rassurer. Mais l’écouter lui dire avec ses mots, le voir sourire en lui disant tout ça, avait eu pour effet de réchauffer son cœur et son corps tout entier. Il ne regrettait pas, et c’était probablement tout ce qui comptait en cet instant. Tant mieux… souffla-t-il, admettant par la même occasion qu’il se réjouissait du fait qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes. Jamie ne savait pas comment il aurait réagit si Maxime lui avait dit l’inverse, s’il lui avait balancé qu’il aurait préféré que rien ne se passe comme ça, qu’il aurait préféré ne jamais l’avoir rencontré, qu’il lui en voulait d’avoir proposé ce verre dans ce bar, d’avoir mis de côté son statut de professeur… Il retrouva un peu son sérieux en pensant à tout ça, car l’éventualité que ça ait pu être le cas lui nouait l’estomac même si Maxime venait pourtant de le rassurer. Il capta de nouveau son regard quand il lui affirma lui-même qu’il lui en aurait sûrement voulu s’il avait regretté et ça suffit à Jamie pour retrouver son sourire. Maxime avait souvent le don pour dire les choses au bon moment, pour l’empêcher de trop se torturer l’esprit, pour le ramener à lui, à eux, quand il partait trop loin dans ses pensées. Ils étaient en train de se fixer des yeux et Jamie fit inconsciemment un léger mouvement en avant pour se pencher vers Maxime avant que ce dernier ne détourne le regard. Jamie détourna les yeux aussi, un peu gêné, ne sachant pas si Maxime s’était détourné parce qu’il l’avait vu se rapprocher et ne sachant pas non plus ce qui lui était passé par la tête en le faisant. Est-ce qu’il était vraiment sur le point de l’embrasser, là ? Jamie bu une nouvelle gorgée de bourbon pour se ressaisir, profitant du silence qui s’était doucement installé entre eux pour reprendre ses esprits. Il se tourna de nouveau vers lui quand il lui avoua ne pas être allé à ses examens et Jamie pinça les lèvres sans rien dire, parce que même si personne ne le lui avait dit, il en était déjà quasiment persuadé sans trop savoir pourquoi. Il le laissa poursuivre, lui expliquer les raisons qui l’avaient poussé à prendre cette décision, lui dire qu’il voulait arrêter la fac et chercher du boulot. Il aurait voulu répondre quelque chose mais en le voyant se rapprocher un peu plus de lui, son cœur fit un bond dans sa poitrine et il crut même qu’il avait manqué un battement quand il perçut les doigts de Maxime effleurer le dos de sa main qui était posée sur le comptoir. Il tourna la tête pour observer ce geste qui suffisait à l’électriser et réalisa en même temps que Maxime n’avait peut-être pas compris qu’il s’était penché vers lui pour l’embrasser, qu’il ne l’avait peut-être même pas vu faire. Jamie déglutit, se regarda répondre à son geste en bougeant légèrement sa main pour venir l’appuyer doucement sur celle de Maxime. Il ne réussit à quitter ses yeux de leurs mains uniquement lorsqu’il l’entendit lui demander s’il était déçu. Tournant son visage vers Maxime qui fuyait son regard, Jamie secoua la tête avant de percuter qu’il ne pouvait probablement pas le voir faire. Non, bien sûr que non… il posa son verre sur le comptoir pour poser sa main libre sur le côté de l’épaule de Maxime en la pressant doucement sous ses doigts. Je sais pas pourquoi mais j’avais le sentiment que tu n’y étais pas allé et quand tu m’as dit que tu étais resté chez toi pendant deux semaines… il haussa les épaules en caressant celle de Maxime du pouce, sans finir sa phrase. C’est sûr que j’aurais aimé te voir obtenir la meilleure note de ta promo, grâce à mes cours exceptionnels. dit-il en souriant, essayant de dédramatiser la situation. Mais tu n’avais pas envie de faire du droit, tu me l’as dit. Il lâcha l’épaule de Maxime en se demandant si sa prochaine question était pertinente, s’il n’allait pas penser qu’il le jugeait sur son choix d’arrêter les études et de travailler. Tu ne veux même pas tenter la littérature, avant de tout arrêter ? lui demanda-t-il simplement en retournant sa main posée sur le comptoir pour laisser ses doigts et ceux de Maxime continuer de s’effleurer tendrement. Maxime lui répondit qu’il n’avait pas envie de retourner à la fac du tout et Jamie hocha la tête. Il comprenait son appréhension mais il avait aussi envie de le rassurer, de lui dire qu’il ressentait ça maintenant mais qu’il ne devait pas se fermer à l’éventualité de construire son futur avec des bases solides, que les gens allaient passer à autre chose même si ça pouvait prendre du temps, que lui aussi passerait à autre chose. Toutefois il n’en fit rien, parce que Jamie n’avait pas envie de le braquer, de rentrer dans cette discussion maintenant. Et quand Maxime lui précisa qu’il voulait travailler pour aider son frère, Jamie sentit sa poitrine se serrer et une pointe de culpabilité l’envahir parce qu’il n’avait pas pensé à ça. Est-ce qu’il voulait lui mettre de l’argent de côté pour lui assurer un avenir ? Maxime leva enfin les yeux vers lui pour lui expliquer qu’il songeait à devenir le tuteur légal de Connor et Jamie le regarda avec toute la tendresse dont il était capable. La notion de sacrifice, de don de soi, c’était quelque chose avec lequel il était familier et voir Maxime songer à mettre de côté ses études pour pouvoir offrir une meilleure vie à son petit frère l’émouvait bien plus qu’il n’aurait jamais osé l’admettre. Jamie secoua de nouveau la tête en l’entendant soupirer et lui demander si cette idée était stupide et il laissa sa main libre venir inconsciemment et naturellement se glisser sur la joue de Maxime, la caressant de la pulpe de son pouce, souhaitant le rassurer avec ce geste. Pourquoi tu dis que c’est stupide ? C’est pas stupide du tout. Il lui sourit tendrement avant de poursuivre. Tu as envie de l’aider, c’est normal, c’est ton petit frère. Il retira sa main de sa joue afin d’essayer de se concentrer pour trouver les mots justes, en pensant à ce qu’il avait vécu, ce à quoi il avait renoncé et à quel point il lui arrivait parfois de le regretter aujourd'hui même s’il se détestait pour ça. Il n’avait pas envie que Maxime fasse les mêmes erreurs que lui, qu’il se lance à corps perdu dans un combat compliqué. Mais est-ce que sa mère ne va pas vouloir la même chose ? demanda-t-il à Maxime, car même s’ils avaient déjà vaguement évoqué le fait que la mère de Connor n’était pas présente, dans ce genre de situation les choses pouvaient évoluer dans un sens auquel on ne s'attendait pas toujours. Et… Il détourna les yeux, espérant que Maxime verrait en ses paroles des conseils et non un jugement. Tu pourrais peut-être essayer de continuer tes études quand même, dans un domaine qui te plait mieux, en travaillant à côté. Tu peux obtenir une bourse, au vue de... la situation. Comme ça, l’argent que tu gagnerais tu pourrais l’utiliser pour toi et Connor. Son regard se posa sur leurs mains qui se touchaient et il entrelaça leurs doigts et serra la main de Maxime pour l'empêcher de s’éloigner, parce qu’il avait peur qu’il prenne mal ses propos, qu’il prenne mal le fait qu’il lui conseille une autre façon de faire, qu’il lui parle des obstacles. Je dis ça simplement pour que tu réfléchisses... Parce que l’idée est loin d’être stupide mais tu dois aussi penser à toi, à ton futur, à dans 10 ans, 15 ans. Et tout abandonner pour essayer de sauver quelqu’un, c’est pas toujours la meilleure solution. Finit-il par admettre, étant parfaitement conscient qu’il était en train de se projeter, de parler de Maxime autant qu’il pouvait parler de lui aussi, des choix qu’il avait fait par le passé et Jamie était persuadé que le jeune homme allait comprendre ce double sens. Il espérait seulement qu'il ne lui en voudrait pas trop d'insister.

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Maxime recommença à respirer normalement en entendant Jamie lui dire qu’il n’était pas déçu, sans trop savoir pourquoi il attachait encore autant d’importance à ce qu’il pouvait bien penser de lui et de ses choix de vie. Il avait tout fait pour s’éloigner, pour se donner de l’espace et du temps pour digérer, mais toute la colère qu’il s’était efforcé de cultiver à l’égard de Jamie avait commencé à s’évaporer peu à peu depuis qu’il l’avait vu entrer dans sa chambre d’hôpital, l’amenant jusqu’ici, le poussant à revenir chercher son attention, son approbation. Sa fierté lui disait qu’il aurait dû s’en aller et se débrouiller tout seul, mais les caresses réciproques de Jamie sur sa main le calmaient, lui coupaient toute envie de s’éloigner à nouveau. Sa remarque le fit sourire, légèrement amusé, même s’il avait du mal à se détendre à cause de ce qu’il savait qu’il allait envie d’aborder comme sujet, et il tenta de tuer dans l’œuf l’idée de Jamie de le pousser à reprendre des études de littérature. Il ne se voyait pas remettre encore une fois les pieds à l’université, pas maintenant ni même dans dix ans. Il s’efforça de poursuivre ses explications sur ce qu’il comptait faire, sentant un début de soulagement s’immiscer en lui en voyant la façon dont Jamie avait commencé à le regarder, comme s’il était la meilleure chose qu’il ait jamais eu l’occasion de voir. Il lui lança un petit sourire timide en l’entendant répondre que ce n’était pas stupide avant de hausser les épaules, ne sachant pas comment expliquer pourquoi il avait souvent trouvé l’idée ridicule. Jamie ne pouvait de toute façon pas ignorer le fait que ce serait difficile, que ça lui demanderait un nombre important de sacrifice, que même avec toute la bonne volonté du monde il n’y avait aucune garantie que ça marche. Il hocha la tête en sentant la main de Jamie quitter sa joue et recommencer à caresser tendrement sa main. Son soulagement se transforma pourtant vite en méfiance quand Jamie poursuivit, tenta de lui rappeler que la mère de Connor voudrait probablement aussi avoir la garde de son fils. Il sentit les muscles de son corps se crisper malgré lui, aussitôt sur la défensive. Jamie ne savait pas de quoi il parlait, il ne connaissait pas la situation, il essayait de lui donner des conseils sans avoir toutes les informations nécessaires. Du moins c’était ce que Maxime ne cessait de se répéter en l’entendant continuer de tenter de le dissuader de tout laisser tomber pour son petit frère. Il baissa les yeux sur les doigts de Jamie désormais entrelacés aux siens, ayant une envie soudaine de les enlever pour pouvoir reculer. Il n’en eut pas le temps, la seconde d’hésitation qu’il avait eue avait suffi à permettre à Jamie de resserrer son étreinte sur sa main, l’empêchant de s’éloigner, comme s’il avait lu dans ses pensées exactement ce que Maxime avait eu en tête. Ça ne fit que l’agacer davantage encore et il releva les yeux vers Jamie, son regard n’exprimant plus la moindre tendresse, ni même le moindre doute. A vrai dire, plus Jamie parlait et plus Maxime était convaincu de vouloir le faire, et il savait que c’était en partie parce qu’il était têtu et n’aimait pas qu’on lui prouve par A + B que ses idées pouvaient ne pas toujours être brillantes, mais il ne pouvait pas s’en empêcher, c’était dans sa nature. Il laissa échapper un rire sans joie en entendant Jamie conclure et essayer de comparer son idée avec celle qu’il avait eue d’abandonner ses plans de devenir avocat pour s’occuper de sa mère. Maxime bouillonnait intérieurement, vexé, et il répliqua avant d’avoir pris le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire. « Arrête de projeter tes regrets sur moi, c’est pas la même situation. C’est pas parce que tu regrettes ton choix que je vais regretter le mien. » Lâcha-t-il un peu plus méchamment qu’il n’en avait eu l’intention, regrettant quasiment instantanément ses mots alors que la colère qu’il avait ressentie commençait déjà à se dissiper. Il lâcha un soupir frustré avant de détourner les yeux, reculant légèrement malgré le fait qu’il n'ait pas lâché la main de Jamie. Il savait qu’il aurait probablement dû s’excuser mais il était encore un peu trop énervé pour ça, et sa fierté l’empêchait de reconnaître qu’il avait sans doute eu tort de dire ça. Alors à la place il poursuivit. « Sa mère il la connaît même pas, elle s’est barrée quelques mois après sa naissance, elle a jamais pris la peine de donner des nouvelles. Rien, même pas une lettre ou une carte postale pour faire semblant de s’intéresser à lui au moins. Pourquoi elle commencerait à s’occuper de lui maintenant ? » Il ne voulait pas qu’elle revienne dans la vie de Connor, c’était trop facile, elle l’avait abandonné, et elle avait abandonné Maxime aussi, ça non plus il ne l’avait jamais oublié, la rancœur était encore bien présente. « Même si je réussissais à obtenir une bourse, et j’en doute, ce serait jamais assez. Ils ne font que couvrir une petite partie des frais, et c’est sans compter le coût du logement. » Il était allé se renseigner sur le site de l’université de Brighton et du gouvernement pendant les deux jours qu’il avait passés à l’hôpital, parce que malgré sa répugnance à y retourner il avait voulu savoir quelles seraient ses options au cas où il changerait d’avis. Ça n’avait fait que le conforter dans son idée qu’il n’y retournerait pas. Il aurait toujours eu la possibilité de faire un prêt étudiant, c’était commun après tout, mais il refusait de s’endetter autant pour se forcer à faire quelque chose qui le rendait de toute façon malade. Plus il en parlait et plus il réalisait que sa décision avait été prise depuis longtemps. « Je retournerai pas à la fac, c’est impossible, arrête d’insister. Je vais déjà essayer de trouver un taf pour pouvoir louer un appart ou quelque chose, et si je peux je demanderai à être le tuteur légal de Connor, même si tu penses que c’est une mauvaise idée. » Il prit une longue inspiration avant de détourner les yeux, se sentant à la fois soulagé et un peu honteux de s’être emporté comme ça sur Jamie. Son regard se posa sur leurs doigts encore entrelacés et il attendit quelques secondes pour caresser brièvement la main de Jamie de son pouce, comme pour tenter de s’excuser de s’être énervé alors qu’il essayait simplement d’aider, comme toujours. Mais Maxime avait déjà su avant d’en parler à Jamie que ce serait difficile, que ce serait un énorme sacrifice, qu’il ne pourrait probablement jamais faire son boulot de rêve, qu’il risquait de regretter lui aussi son choix, mais toutes ces considérations étaient balayées dès qu’il repensait à son petit frère à l’orphelinat. Il avait toujours été débrouillard, il s’en sortirait encore une fois, il trouverait quelque chose, et s’occuper de Connor le rendrait heureux, plus heureux que de commencer des études de littérature. Il n’avait pas besoin de payer dix milles livres par an pour vivre sa passion, et tant pis si ça voulait dire qu'il ferait sans doute partie de tous ces gens qui détestaient leur boulot mais le faisaient quand même. Au moins il serait encore capable de se regarder dans le miroir tous les matins plutôt que de culpabiliser d’avoir abandonné lui aussi Connor.

Jamie fixait toujours sa main, dans laquelle se trouvait celle de Maxime, et il ferma les yeux en entendant ce dernier commencer à lui répondre sur un ton qui n'avait plus rien de détendu, de tendre, de joyeux. Sa réflexion lui fit mal, parce qu'elle était pertinente et qu'il avait vu juste, que Maxime n'avait pas été dupe quand Jamie lui avait conseillé de réfléchir, qu'il avait comprit que Jamie n'arrivait pas à ne pas faire de comparaison même si les situations étaient différentes. Il essaya de se concentrer sur ses doigts, sur la sensation de la peau de Maxime contre sa paume, et de ne pas se sentir trop meurtri par ses reproches, par la vérité blessante qu'il lui balançait dans le visage. Il ne répondit rien et n'ouvrit pas les yeux pendant plusieurs secondes, préférant se taire et n'ayant pas non plus envie de s'excuser pour ses mots, parce qu'il les pensait sincèrement. Car même si leurs vies étaient différentes, leurs choix également, il y avait tout de même des similitudes et Jamie s'en serait plus voulu de ne pas le prévenir des risques, des sacrifices, plutôt que de le laisser faire sans rien dire. Il ne rouvrit les yeux que lorsque Maxime continua de s'emporter en lui apportant des précisions sur la mère de Connor, sur le genre de personne qu'elle était et la faible probabilité qu'elle vienne chercher son fils. Jamie resta silencieux, parce qu'il avait déjà vus des parents qui revenaient sur leur décision, qui voulaient à un moment ou un autre revenir dans la vie de leur enfant pour pleins de raisons. Peut-être que la mère de Connor allait finalement culpabiliser ou avoir envie de l'aider, quand elle apprendrait la situation. Ce n'était pas impossible même si Maxime imaginait que ce soit peu probable. Toutefois, Jamie avait retenu la leçon et ne souhaita pas lui préciser car il n'avait pas envie de continuer à l'énerver, il n'en avait pas la force. Maxime continua d'essayer de démonter ses arguments un à un en parlant de la bourse qui ne serait jamais suffisante pour couvrir tous les frais et Jamie ne réalisa probablement qu'à cet instant que Maxime avait déjà réfléchit à tout, qu'il avait probablement dû penser à cette possibilité de demander la garde de Connor depuis longtemps. Il se sentit un peu con d'avoir pensé que l'idée n'avait germé que récemment dans sa tête, d'avoir pu imaginer qu'il avait peut-être dit ça sur un coup de tête à cause de tout ce qui s'était passé ces dernières semaines. Maintenant qu'il y réfléchissait en l'écoutant parler, Jamie se doutait bien que Maxime avait dû avoir pensé plusieurs fois à comment se sortir, lui et son petit frère, de l'enfer dans lequel ils vivaient tous les deux. Il n'avait juste pas imaginé que Maxime était prêt depuis si longtemps à demander d'être le tuteur légal de Connor et il s'en voulait pour ça, de l'avoir presque sous-estimé. Jamie tourna finalement la tête vers lui lorsque Maxime lui demanda d'arrêter d'insister, son regard se faisant à la fois triste et désolé et il secoua une énième fois la tête en l'entendant lui reprocher de penser que son idée était mauvaise. Il soupira, cherchant ses mots quelques secondes et sentit une légère caresse sur sa main qui le fit frissonner parce qu'il ne s'y attendait pas. Leurs doigts étaient toujours entrelacés et Jamie se raccrocha à ça, au fait que Maxime avait beau s'être un peu emporté contre lui, contre ses mots, il avait quand même continué de garder un contact entre eux. Il serra sa main un peu plus fort et fit un pas vers lui, puis un deuxième avant de finalement passer son bras libre autour de ses épaules pour le serrer doucement contre lui. A quel moment tu m'as entendu dire que c'était une mauvaise idée ? lui demanda-t-il avec un sourire dans la voix, essayant de faire redescendre la tension qui s'était élevé entre eux, en Maxime. J'ai juste dit que c'était pas toujours la solution, mais j'avais pas réalisé à quel point tu avais muris la question, désolé. Il posa sa joue dans ses cheveux en fermant les yeux, sentant son coeur s'emballer un peu de pouvoir s'autoriser à faire ça, de pouvoir sentir son odeur et ses boucles contre sa peau. Tu fais des choix, des bons choix, mais tu peux pas m'en vouloir de m'inquiéter pour toi, si ? demanda-t-il de façon un peu rhétorique, toujours en souriant légèrement pour essayer de dédramatiser ses reproches, parce que même si Jamie avait été blessé par ces derniers, il le serait encore plus si Maxime lui en voulait vraiment de vouloir l'aider. Même si, je sais : je m'inquiète un peu trop souvent. finit-il par admettre en souriant de bon coeur cette fois avant de le serrer un peu plus contre lui. Il se mordit la lèvre, parce qu'il avait envie de réitérer une proposition qu'il avait faite deux semaines auparavant mais il avait peur d'oser demander à nouveau. La première fois qu'il avait proposé ce qu'il s'apprêtait à proposé de nouveau, Maxime l'avait éconduit, lui avait dit qu'il ne pouvait pas laisser Connor tout seul. Maintenant, les choses avaient changé et si auparavant Jamie avait déjà eu du mal à laisser Maxime rentrer chez lui en sachant ce qui l'attendait, aujourd'hui il s'en sentait tout bonnement incapable. Même si un procès allait probablement avoir lieu, ce genre de choses pouvait durer dans le temps et il était impensable de le laisser retourner dans la maison de son père. Est-ce que tu veux t'installer chez moi ? demanda-t-il tout bas, sentant son coeur palpiter si fort contre sa cage thoracique qu'il se demandait même si Maxime n'allait pas l'entendre, le sentir. Il déglutit, ayant tellement peur de sa réaction maintenant qu'il avait laissé les mots s'échapper qu'il ne put s'empêcher de faire des précisions un peu maladroites. Au moins le temps que tu trouves un travail, un appartement... Ou le temps que tu veux, en fait, t'es même pas obligé de partir à un moment. Les mots se bousculaient un peu dans sa tête et il savait que l'alcool qui coulait dans ses veines ne l'aidait pas du tout à construire son discours. Tout en laissant son bras autour des épaules de Maxime, il passa sa main sur son propre visage, se sentant bêtement gêné, idiot. Enfin, c'est peut-être pas idéal si tu veux faire une demande de garde pour Connor mais... Je sais pas... Je... J'suis con. finit-il par lâcher en sentant un petit rire sans joie lui secouer les épaules, laissant ses doigts frotter ses yeux, n'osant plus retirer sa main de son visage par peur de devoir affronter le regard de Maxime.

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Maxime savait que sa colère envers Jamie n’avait été qu’à moitié justifiée, tout au plus, et il s’en voulait de s’être laissé emporter comme ça, surtout maintenant que Jamie venait vers lui, le prenait dans ses bras. Il laissa échapper un long soupir de contentement et ferma les yeux pour profiter de la sensation du corps de Jamie si près du sien, de l’odeur de son parfum désormais si familière et qui lui avait manquée sans qu’il ne s’en rende compte. Il se détendit aussitôt contre lui en l’entendant répondre calmement, de manière presque amusée même, réussissant à tirer un petit sourire en coin à Maxime. Il glissa sa main dans le dos de Jamie en sentant sa joue venir se poser contre ses cheveux, gardant toujours les yeux fermés, profitant de ce moment de calme et de répit. Il en venait à se demander comment il avait pu s’énerver contre lui moins d’une minute auparavant, mais la voix presque moqueuse de Jamie avait tendance à l’apaiser. Il laissa même échapper un petit rire en l’entendant avouer qu’il s’inquiétait généralement trop souvent. « C’est vrai, tu t’inquiètes trop. Et trop souvent. » Souffla-t-il doucement avant de caresser doucement la main de Jamie et de la lâcher pour pouvoir l’entourer de ses bras. Il rouvrit les yeux et s’autorisa à venir se blottir un peu plus contre lui, le laissant le serrer plus fort sans broncher, ne réussissant pas à ignorer le soulagement et la joie que cette proximité réussissait à lui procurer. « Mais je t’en veux pas de t’inquiéter, j’aurais pas dû dire ça, c’est moi qui suis désolé. » Finit-il par ajouter calmement, parce que le peu de rancœur qu’il avait conservé après avoir fini de parler avait désormais totalement disparu, remplacé par le bien-être que les bras de Jamie faisaient renaître en lui. Il se souvenait encore très bien de toute la haine qu’il avait éprouvée envers lui les dernières semaines et il savait qu’elle avait été nécessaire, que ça avait été son point d’ancrage alors qu’il attendait que le couperet tombe, que son père découvre la vérité, qu’on vienne le voir pour se moquer de lui, mais à l’instant il avait du mal à croire qu’il ait réussi à le repousser aussi violemment et aussi longtemps. Il allait s’écarter de quelques centimètres pour réitérer ses excuses mais Jamie reprit la parole avant de lui en avoir laissé l’opportunité. Maxime sentit les muscles de son corps se crisper et il déglutit. C’était stupide de réagir comme ça, ce n’était pas comme s’il n’avait pas lui-même envisagé la possibilité. Il n’avait pas été certain que Jamie soit d’accord mais il avait su en se réveillant à l’hôpital qu’il ne pourrait plus retourner vivre avec son père, qu’il n’y arriverait pas. Alors, oui, il avait pensé demander à Jamie s’il voulait bien l’héberger quelques jours, quelques semaines tout au plus, juste le temps qu’il trouve une solution plus définitive, mais la façon dont Jamie avait formulé la proposition avait fait rougir Maxime malgré lui. Il se mordilla nerveusement la lèvre, essayant de trouver la force nécessaire pour ravaler sa fierté habituelle et lui dire que, oui, il voulait bien venir squatter chez lui quelques temps, parce que très franchement il n’avait pas le choix. Mais Jamie lui coupa à nouveau l’herbe sous le pied en reprenant la parole, tirant un petit sourire moqueur à Maxime qui aimait le voir s’embourber dans des explications de plus en plus maladroites. Il eut quand même un petit coup de stress en entendant Jamie insinuer qu’il pourrait aussi s’installer ici de manière définitive, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. À la place il le laissa continuer à pédaler dans la semoule encore quelques secondes avant d’écarter légèrement son visage pour pouvoir relever les yeux vers lui, l’obligeant à arrêter de se frotter le visage. « Je veux bien venir dormir ici quelques temps, c’est gentil de me dépanner. J’avoue que j’avais pas franchement envie de retourner chez moi. » Finit-il par avouer pour empêcher Jamie de continuer à s’enfoncer, mais choisissant volontairement des mots plus neutres que Jamie pour désigner ce qui allait se passer. Il n’allait pas s’installer ici, il allait juste y dormir quelques temps. Il ne savait pas exactement où se situait la limite avec Jamie, il n’était même pas sûr de savoir ce qu’il voulait réellement. Ce qu’il savait en revanche c’était que c’était compliqué, et flou, et que le fait de vivre ici n’allait probablement rien arranger. « Promis, tu remarqueras même pas que je suis là, j’ai l’habitude de me faire discret. » Ajouta-t-il avant de reculer pour de bon, laissant ses mains glisser le long du dos puis des flancs de Jamie, prenant plus de temps que strictement nécessaire parce qu’il avait beau essayer de garder une distance qu’il jugeait vitale pour lui il avait tout de même du mal à retirer ses mains de Jamie. « Et ouais si je veux avoir une chance d’obtenir la garde de Connor il va falloir que je trouve mon propre appart, c’est sûr. Je pense que ça jouera pas en ma faveur s’ils voient que je squatte le canapé d’un... » Il avait prévu de dire « ami » mais le mot était resté coincé dans sa gorge, refusant résolument de sortir. Ami ? C’était ça qu’ils étaient désormais ? Il n’en savait rien et il n’était pas sûr d’avoir envie de se poser la question trop longtemps. « De quelqu’un d’autre. » Se rattrapa-t-il rapidement, mais probablement pas assez pour que Jamie n’ait pas compris les raisons de sa maladresse. Il détourna le regard et en profita pour récupérer son verre sur le comptoir et en but une longue gorgée. « Par contre je te préviens, moi non plus je sais pas cuisiner. » Lança-t-il d’un ton amusé, essayant désespérément de détendre l’atmosphère, d’agir comme si la situation était totalement normale et que l'idée d'habiter sous le même toit que Jamie pendant plusieurs semaines ne faisait pas accélérer les battements de son cœur, ne le rendait pas bien plus nerveux qu’il n’avait envie d'admettre. « Mais j’ai un peu d’argent de côté encore, je pourrai contribuer au budget take-out. » Ajouta-t-il, un petit sourire toujours amusé aux lèvres, même s’il avait été parfaitement sérieux en le disant, le regard toujours posé sur son verre pour ne pas avoir à affronter le regard de Jamie, pour éviter d’y lire quelque chose qui lui ferait mal.

Avoir Maxime contre lui, dans ses bras, avait continué de faire renaître en Jamie le flot d'émotions qu'il avait de plus en plus de mal à refouler. Alors que quelques heures plus tôt il ne se sentait pas légitime d'être sans sa chambre d'hôpital, qu'il avait même pensé à le laisser seul, qu'il n'imaginait pas un seul instant mériter de le toucher, voilà que maintenant il l'enlaçait de son bras et qu'il pouvait sentir Maxime répondre à son étreinte, venir se blottir un peu plus contre lui. Il n’avait pu s’empêcher de désamorcer la petite bombe qui semblait sur le point d’imploser en Maxime lorsqu’il l’avait vu s’emporter après ses remarques, mais après tout ce qu’ils avaient traversés, séparément, ces deux dernières longues semaines, Jamie n’avait pas eu le cœur à surenchérir, à contredire. Il avait espéré, par ce geste de paix que représentait cette étreinte, que ça suffirait à calmer l’animosité que Maxime pouvait ressentir envers lui. Jamie fût donc ravi de réaliser que le jeune homme lâchait sa main pour venir l’enlacer à son tour, s’excusant même des mots qu’il avait prononcé, ce qui provoqua un sourire doux sur les lèvres de Jamie. Ils en étaient là, à se dire pardon, à laisser de côté une potentielle dispute, parce qu’ils avaient probablement envie tous les deux de simplement passer un moment simple et agréable. Qu’est-ce que c’était satisfaisant de prendre conscience qu’ils voulaient la même chose, que Maxime préférait être dans ses bras plutôt que s’éloigner. Qu’est-ce qu’il aurait pu donner pour rester comme ça. Alors la proposition d’une collocation provisoire lui sembla parfaitement appropriée, opportune, au moment où les mots franchirent ses lèvres, même s’il s’embourba complètement dans des suggestions bien trop poussées et maladroites. La gêne qui l’envahissait le rendait vulnérable et si Jamie n’avait pas envie de lâcher Maxime, ce n’était plus uniquement parce qu’il voulait le garder près de lui mais aussi pour ne pas avoir à affronter son regard probablement moqueur ou effaré. Il choisissait vraiment bien ses moments pour boire du bourbon, Jamie, se laissant emporter par ses émotions, ses envies. Oui, avoir Maxime avec lui au quotidien le temps que sa situation de stabilise lui semblait être une idée délicieuse et pertinente. Mais non, lui suggérer de "ne jamais partir" n’était objectivement pas très intelligent et ce pour tout un tas de raisons évidentes. Il sentit Maxime desserrer son étreinte pour s’éloigner légèrement et Jamie retira sa main de son visage afin de baisser les yeux vers lui, ne réussissant pas vraiment à cacher son début de honte. Il l’écouta accepter sa proposition et Jamie nota clairement que Maxime parlait simplement de quelques nuits, minimisant les mots qu'il avait employé plus tôt et l’enfonçant un peu plus dans son malaise. Il détourna les yeux quelques secondes en se pinçant les lèvres mais n’ajouta rien de plus. Maxime finit par lui admettre ne pas vouloir retourner chez son père et l’estomac de Jamie se noua à l’idée, car il aurait été très difficile pour lui de le laisser faire ça, quitte à lui payer une chambre d’hôtel s’il n’avait pas voulu rester chez lui. Maxime précisa qu’il saurait se faire discret, que Jamie ne le remarquerait même pas, et comme pour appuyer ses propos il s’éloigna définitivement de lui en laissant ses mains glisser le long de son dos, provoquant un long frisson le long de son échine. Jamie n’essaya pas de le retenir mais ne put s’empêcher de sourire avec amusement. J’en doute… murmura-t-il plus pour lui-même que pour Maxime. Comment allait-il bien pouvoir faire pour ne pas remarquer sa présence chez lui ? A quel moment était-ce seulement possible quand on savait tout ce que la simple vision du jeune homme à l’intérieur de son salon pouvait éveiller en lui ? Maxime poursuivit en expliquant qu’il serait plus judicieux de se trouver un appartement à lui s’il voulait devenir le tuteur de son petit frère et Jamie ne put s’empêcher de remarquer l’hésitation dans sa voix au moment de préciser que rester chez lui éternellement n’était pas très vendeur, butant au moment de le qualifier. Est-ce qu’il allait dire "ami" ? "Pote" ? "Ancien professeur de droite raté" ? Finalement, le "quelqu’un" utilisé le contenta. Parce qu’il préférait être "quelqu’un", une personne non totalement définie dans la tête de Maxime, plutôt qu’un ami. C’était probablement idiot et peut-être que le lendemain, quand l’alcool aura quitté son organisme, Jamie pensera qu’être un ami était beaucoup mieux que n’être rien du tout. Mais pour ce soir, il se contenta de lui sourire doucement, comme pour lui faire comprendre qu’il avait compris sa gêne quant à toute leur situation, leur relation quelle qu’elle soit, et qu’il la partageait. Maxime but une gorgée de bourbon et Jamie l’accompagna, ayant pour l’instant beaucoup de mal à réaliser qu’ils venaient d’acter leur semi-collocation en quelques minutes et qu’elle avait en quelque sorte déjà commencée. Il ne put retenir un petit rire qui lui secoua doucement les épaules lorsque le jeune homme lui avoua qu’ils partageaient leur manque de compétences en cuisine mais il retrouva son sérieux en l’entendant évoquer ses économies et sa volonté de piocher dedans pour contribuer aux livraisons. Il fronça légèrement les sourcils et posa son verre sur la table avant de se tourner vers lui. Tu ne vas pas toucher à un centime de tes économies. lui dit-il sur un ton qui, il l’espérait, ne laissait place à aucune négociation même si on n’y percevait aucune colère. C’était simplement clair, dans la tête de Jamie, que Maxime n’allait participer à aucun frais pour l’instant. Trouves un boulot et on reparlera budget à ce moment là, ok ? ajouta-t-il en souriant avant de se détourner de lui pour prendre une nouvelle gorgée, une idée venant de germer dans son esprit. D’ailleurs… J’ai peut-être quelque chose qui pourrait apporter deux solutions d’un coup… commença-t-il sur un ton légèrement mystérieux, laissant trainer les secondes volontairement avant de se tourner vers Maxime. Charly croule sous le travail, le restaurant marche de mieux en mieux et elle a besoin de bras supplémentaires. Je peux lui demander si elle peut te trouver un truc à faire. En attendant que tu trouves autre chose, peut-être. Ça serait un début. Il sourit en buvant une nouvelle gorgée, finissant par la même occasion son verre. Il le posa sur la table et haussa les épaules avant de poursuivre. C’est une idée comme une autre mais, comme ça, tu aurais un travail et... En plus tu apprendrais à cuisiner. Il ne put retenir un petit rire en imaginant Maxime s'essayer à la cuisine chez lui ou se faire remonter les bretelles par sa soeur un peu excessive sur les bords bien que foncièrement adorable. Il reprit son sérieux un peu vite en se raclant la gorge, l'alcool ne l'aidant pas dans ce changement soudain d'attitude, car il fut subitement percuté par l’idée que Maxime n’avait probablement pas très envie que Jamie l’introduise à sa soeur. Par la même occasion, il se souvint qu’il n’avait jamais dit au jeune homme qu’elle était au courant de tout ce qu’il s’était passé entre eux, et ce depuis le lendemain du fameux samedi soir. Jamie ne lui avait jamais mentionné le nom de Maxime, mais Charly le connaissait mieux que personne et elle comprendrait à la seconde où il lui demanderait ce service. Il chassa ces pensées de son esprit avant de poursuivre. Je lui dirai que c’est pour… il se mordit l’intérieur de la joue. Pour quelqu’un. Ne put-il s’empêcher d’ajouter en souriant, essayant de cacher tant bien que mal le fait qu’il trouvait subitement son idée aussi bonne que mauvaise.

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Maxime ne s’était pas franchement attendu à une autre réaction, n’empêche que la réponse de Jamie le piqua au vif. Il ne voulait pas qu’il paye pour lui, après tout ce qui s’était passé il ressentait un certain besoin d’indépendance. Il était aussi resté aussi longtemps chez son père parce qu’il dépendait financièrement de lui, et même s’il voyait bien que les situations étaient différentes et qu’il n’avait pas envie d’accepter aussi par orgueil, il n’aimait pas l’idée de dépendre de Jamie. Mais il n’eut pas vraiment le temps de lancer de débat étant donné que ce dernier lui expliqua aussitôt avoir une idée de là où il pourrait justement trouver du travail. Maxime croisa les bras sur sa poitrine en attendant d’entendre l’idée de génie de Jamie, à la fois intrigué et légèrement méfiant en voyant le regard mystérieux de son ancien professeur. Il laissa presque aussitôt ses bras retomber le long de son corps quand Jamie finit par lui expliquer ce à quoi il avait pensé. Sa première réaction fut de l’excitation, parce qu’il n’avait pas espéré trouver un boulot rapidement et qu’il se rendait compte que cette piste pourrait grandement lui faciliter la vie. Il était prêt à prendre n’importe quel job du moment que ça pouvait l’aider à obtenir l’éventuelle garde de Connor et si Charly avait besoin d’aide ça tombait à pic. Ce ne fut que dans un second temps qu’il réalisa que l’idée pouvait ne pas être si excellente que ça, justement parce que Charly était la sœur de Jamie. Il perdit un peu de son sourire et commença à se mordiller la lèvre, réfléchissant. Un autre détail le fit réfléchir encore plus quand Jamie le taquina en expliquant qu’il dirait à sa sœur que c’était pour « quelqu’un ». Bizarrement il avait du mal à croire que Charly serait ravie de donner un boulot à la personne responsable de la démission de son frère… Maxime grimaça légèrement et se resservit un peu de bourbon avant d’en prendre une gorgée. « Elle sait qui je suis ? » Demanda-t-il un peu plus timidement qu’il ne l’aurait voulu, parce qu’il n’avait jamais vraiment su ce que Jamie avait raconté de toute cette histoire à ses proches mais qu’il se doutait bien qu’il avait du en expliquer une partie à sa famille. Au moins pourquoi il s’était senti obligé de quitter son boulot. « Pas sûr qu’elle soit très enthousiaste à l’idée de m’engager si elle sait que c’est à cause de moi que tu bosses plus à la fac. » Expliqua-t-il avant de reprendre une petite gorgée de bourbon et de reposer le verre un peu plus loin de lui, pour éviter la tentation. Il pouvait déjà sentir les premiers effets de l’alcool et si ça l’aidait à se détendre, il ne voulait pas non plus finir par terre. Il n’avait pas franchement envie que Jamie le voit dans cet état là. « Mais si elle sait pas où que ça la dérange pas… Moi je veux bien, ouais. » Expliqua-t-il avec un peu moins d’enthousiasme qu’il ne l’aurait voulu, tout simplement parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se demander si c’était la meilleure des idées. Il était certain que la sœur de Jamie était sympa mais il venait de tenter de mettre un peu de distance entre eux, parce que plus rien n’était très clair dans sa tête, et il avait la sensation que travailler pour Charly ne ferait au contraire que les rapprocher encore plus. D’un autre côté, il n’avait pas franchement le choix, il voulait trouver un travail le plus vite possible et si ça pouvait se faire, il ne refuserait pas. Il en avait trop besoin. « En parlant de manger, tu veux pas qu’on commande un truc ? » Proposa-t-il en se rendant compte qu’il commençait à avoir vraiment faim. La nourriture de l’hôpital n’avait pas franchement réussi à le caler ces derniers jours. Il lança un petit sourire en coin à Jamie avant de contourner à nouveau le comptoir de la cuisine pour s’éloigner, comme pour tenter de clôturer la discussion. « A part si t’avais quelque chose d’autre de prévu, je peux me débrouiller. » Ajouta-t-il subitement en se rendant compte qu’on était samedi soir et que ce matin en se levant Jamie n’avait probablement pas prévu de devoir l’accueillir chez lui pour quelques nuits. Il avait peut-être prévu d’aller voir des amis, sa famille, son nouveau copain… Maxime s’efforça de faire taire le début de jalousie qui naissait en lui à cette idée et il attrapa son verre de bourbon avant de se diriger vers le canapé sans pour autant oser s’y asseoir. Il ne se sentait plus aussi à l’aise chez Jamie qu’il avait pu l’être un jour.