learn my lesson (jethro)

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Charlie eut une once d’espoir en voyant la réaction de Jethro, il avait presque l’air surpris qu’il ait osé jouer cette carte. De toute évidence il ne s’y était pas attendu, quelque part ça le rendait fier. Comme à chaque fois qu’il réussissait à le surprendre. Ça voulait dire qu’il avait l’opportunité de prendre l’ascendant, d’obtenir ce qu’il voulait. Il avait fini par apprendre que quand les choses ne tournaient pas comme Jethro les avaient planifiées, c’était généralement bon signe pour lui. Il se força à ne pas réagir en l’entendant dire que c’était stupide, oui, ça l’était, et ce n’était définitivement pas son premier choix, mais il le ferait s’il le mettait au pied du mur et il fallait qu’il le comprenne. Il s’était demandé pendant un moment si ce n’était pas ce que Jethro avait voulu depuis le début, secrètement, détruire son mariage, mais de toute évidence ce n’était pas ça. Sa réaction était un peu trop naturelle pour qu’elle soit calculée. Mais alors qu’est-ce qu’il cherchait au juste ? Il voulait juste voir jusqu’où il pourrait le pousser et foutre sa vie en l’air ? Mais quoi ? Que sa sœur soit au courant c’était la goutte de trop ? Soudainement ce serait devenu trop sérieux ? Trop important ? Il n’y comprenait rien. Ce fut en revanche à son tour d’être surpris par la suite. Celle-là il ne l’avait pas vue venir, oh non. Il avait vraiment pensé avoir réussi à le convaincre, à le forcer à arrêter, mais de toute évidence il s’était réjoui un petit peu trop vite. Il tenta à nouveau de reculer en sentant la main de Jethro agripper son t-shirt, sans plus de succès que la première fois. Ce geste n’était pas sans lui rappeler la soirée de la dernière fois et il commençait à entendre des signaux de détresse dans sa tête. « C’est une façon originale de voir les choses. » Répliqua-t-il, sa voix moins assurée que tout à l’heure bien malgré lui. Ce n’était pas totalement vrai, s’ils s’arrêtaient là ils pourraient toujours essayer de se défendre en disant qu’ils avaient bu, que c’était une erreur d’une fois, mais s’ils continuaient là c’était tout de suite autre chose. Non pas que l’excuse du « j’étais bourré » aurait forcément du poids face à Jade, mais il était sûr que de se laisser faire une deuxième fois n’arrangerait pas son cas, tout comme ça n’arrangerait pas celui de Jethro. Mais il supposait que ça ne servait à rien de l’expliquer à son beau-frère, non, ça ne le ferait probablement pas changer d’avis. Il ne croyait pas qu’il oserait, que la menace était réelle, ou bien il s’en foutait, tout simplement. Ce n’était pas fait pour arranger Charlie. « Mais je pense pas que ce soit une bonne idée. » Oh non, c’était même une très mauvaise idée et ce, pour beaucoup de raisons différentes. Et pourtant Charlie ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’il ne l’avait pas repoussé, ou n’avait pas tenté de s’écarter. Il était bloqué par la table et ne pouvait pas reculer, mais rien ne l’empêchait de se décaler ou de repousser Jethro pour se frayer un chemin. Il tira sur son t-shirt pour forcer son beau-frère à lâcher sa prise dessus mais il laissa sa main posée sur son torse. Baby steps. « Figure-toi que ça m’arrangerait de ne rien lui dire, de garder ça entre nous. » Se sentit-il obligé d’expliquer, essayant d’être rationnel autant qu’il le pouvait face au comportement de Jethro, tout en supposant que ça ne serait d’aucune utilité. « Ce serait peut-être stupide de lui dire mais je le ferais si tu m’y forces. » Son ton était loin de la menace ou de la provocation cette fois-ci, il avait déclaré ça de manière totalement factuelle. « Il faut que t’arrête, je veux pas recommencer, pourquoi tu refuses de comprendre ça ? » Il n’avait pas haussé la voix, toujours par peur que les voisins ne les espionnent, mais son ton laissait transparaître sa frustration de ne pas réussir à le raisonner. Il savait que son argument était légèrement discrédité par le fait qu’il soit encore là face à lui, qu’il n’ait pas cherché à le repousser, mais il était beaucoup trop fier pour admettre que ce n’était pas réellement un problème d’envie. Trop fier pour admettre même à lui-même que si, justement, il en crevait d’envie, et que c’était autre chose qui le retenait.

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Charlie ne pouvait s’empêcher d’être en désaccord avec Jethro, il préférait voir les choses de façon différente. Il avait déconné, c’était fait, il ne pourrait jamais changer ça, mais ça ne voulait pas dire que c’était une raison pour recommencer. Alors oui, quitte à avoir des emmerdes autant que ça en vaille le coup mais ce n’était une justification acceptable pour rajouter des emmerdes par-dessus. Il en avait déjà bien assez à son goût et quelque part ça le rassurait un peu de se dire qu’il n’avait pas la même vision des choses que Jethro. C’était toujours bon signe, peut-être qu’il n’était pas encore totalement irrécupérable. Il ignora ses remarques moqueuses, n’étant pas tellement d’humeur à rire. Il avait vraiment espéré que cette discussion pourrait bien se passer, et il avait été naïf. Même si au final, vu ce que Jethro lui avait gardé en réserve pour la suite, il aurait presque préféré qu’il continue à se payer sa tête, c’était moins dangereux. Il jeta un nouveau coup d’oeil à droite et à gauche pour s’assurer que les voisins leur foutaient la paix, se rendant compte soudainement que même s’ils ne pourraient probablement pas entendre leur conversation, la position dans laquelle ils se trouvaient pouvait éveiller les soupçons quoiqu’il arrive. Il ne savait plus quoi dire ou faire pour convaincre Jethro d’arrêter, mais au fond, est-ce qu’il en avait vraiment envie ? Encore cette putain de curiosité malsaine, il ne pouvait s’empêcher d’avoir envie de craquer à nouveau. Il n’avait pas dû être très convaincant en disant à Jethro qu’il n’en avait pas envie, en tout cas c’était ce qu’il avait déduit de la réaction de ce dernier. Il n’avait pas l’air de beaucoup y croire et Charlie ne pouvait pas le blâmer. Il avait du mal à se convaincre lui-même. Il avait bien vu le regard de son beau-frère s’attarder à nouveau sur ses lèvres - comme si le médecin n’avait pas encore compris exactement ce qu’il était en train de chercher - et il détestait se rendre compte à quel point il avait envie de lâcher prise et de l’embrasser à nouveau. Et pas par curiosité comme semblait lui proposer Jethro, pas pour s’assurer que la dernière fois il ne s’était pas juste laissé entraîner par l’alcool, il n’avait pas besoin de ça. « C’est pas la peine, je connais déjà la réponse. » Il avait tenté de répondre de manière ferme, aidé par le fait qu’il était totalement honnête sur ce coup là. Oui il avait déjà la réponse, probablement pas celle que Jethro imaginait. Non il était assez vieux et il se connaissait assez bien pour savoir que si l’alcool lui avait certes permis de se laisser un peu aller, ça n’avait pas joué dans… Dans le fait que ça ait pu autant lui plaire. Il n’aurait probablement pas osé en étant sobre, mais l’alcool n’avait pas créé cette envie chez lui, il n’avait fait que l’exacerber. Mais ça, il n’était pas obligé de l’avouer à Jethro, ça n’arrangerait pas son cas. Il se força – à regret – à repousser gentiment Jehtro, fuyant son regard comme s’il avait peur de changer instantanément d’avis s’il le croisait. Il profita de ce soudain accès de volonté pour s’écarter aussi un peu et remettre de la distance entre eux. C’était tout de suite beaucoup plus facile de réfléchir et de se montrer raisonnable. « Ça me fait pas rire tu sais. » Lâcha-t-il avait même de se rendre compte qu’il avait les mots sur le bout des lèvres. Il s’était tourné vers Jethro après avoir enfoui ses mains dans les poches de son jean. S’il avait eu l’air en colère tout à l’heure, désormais il avait juste l’air peiné. Il ne comprenait pas bien les motivations de Jethro mais il imaginait peut-être que c’était un jeu qui les amusait tous les deux, ce n’était pas le cas. Charlie ressentit soudainement une extrême lassitude. Il était en train de vivre des moments compliqués dans sa vie et il n’avait parfois juste plus l’envie de se battre, ou en tout cas plus autant. S’être rendu compte de l’attirance qu’il pouvait avoir, au moins à un certain égard, pour Jethro était déjà suffisant pour remettre en question une grande partie de sa vie, mais sa relation avec Jade, la fausse couche, le cancer… Parfois c’était trop. « Arrête. S’il-te-plaît. Je suis sérieux. » Il ne savait plus quels mots employer pour faire rentrer ça dans la tête de Jethro, alors il était prêt à essayer une méthode un peu plus douce. Peut-être qu’il finirait par se sentir coupable de le faire tourner en bourrique. Toujours est-il qu’il n’aimait pas franchement se montrer vulnérable alors il détourna les yeux et rentra à l’intérieur de la maison sans avoir cherché à attendre de réponse. Il se dirigea aussitôt vers la cuisine et se servit un petit fond de whisky. Pas très raisonnable vu l’heure – et ce qu’il avait fait l’autre fois – mais il en ressentait le besoin.

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Charlie ne s’était pas attendu une seule seconde à ce que Jethro le rejoigne dans la cuisine. Il avait plutôt supposé qu’il resterait dehors à glander ou qu’il sortirait pour aller boire des coups. Il irait même peut-être à Brighton, en tout cas il avait été persuadé que leur conversation était terminée et que son beau-frère n’avait plus rien à lui dire. Lui avait prévu de se prendre quelques verres de son côté en attendant le retour de Jade, de réfléchir, de se triturer l’esprit encore plus parce que de toute évidence il ne s’était pas encore assez culpabiliser, de lire un bouquin peut-être s’il en avait le courage. Ce qu’il n’avait pas prévu en revanche c’était de devoir recommencer à se battre contre Jethro et très honnêtement il n’en avait plus aucune envie. Leur conversation avait au moins eu le mérite de crever un peu l’abcès, il n’avait plus envie de mourir de honte dès qu’il croisait le regard de son beau-frère, il n’avait pas tout perdu dans l’histoire, même s’il aurait préféré qu’ils aient une discussion plus posée. Il commençait à se rendre compte que c’était mission impossible avec Jehtro. Il le regarda se rapprocher en trombe de lui, son rythme cardiaque s’accélérant sans qu’il réussisse à le contrôler, par peur qu’il ne lui saute dessus à nouveau. Au final il ne fit que lui prendre son verre des mains et le finir d’une traite avant de le reposer sur le plan de travail sèchement. D’accord, donc il était encore énervé, au moins c’était clair. Charlie se força à ne pas lever les yeux au ciel en l’entendant le provoquer, c’était tellement puéril… Mais il ne voulait pas en rajouter et l’énerver encore plus, il était trop fatigué pour ça. Sans compter qu’ils n’allaient pas pouvoir se foutre sur la gueule comme ça ad vitam aeternam, il allait bien falloir qu’ils réussissent à coexister au moins le temps que Jethro puisse retourner vivre à Brighton. Enfin si ça arrivait un jour. Au lieu de s’énerver lui aussi, ou de râler sur Jethro pour lui avoir volé son whisky, il se retourna donc et ouvrit le placard pour en sortir un deuxième verre. Il le posa en silence à côté du premier et les remplit tous les deux. Il attrapa le verre qu’il s’était sorti à la base et dans lequel Jethro s’était servi et recommença à boire tranquillement. Il comptait bien y aller doucement, il était encore relativement tôt et s’il avait la même descente que l’autre fois il allait finir par terre avant que Jade ait le temps de rentrer du travail. « Je voulais juste me détendre. » Expliqua-t-il, sa voix étonnamment calme étant donné ce qu’il pouvait se passer entre eux et compte tenu de l’agacement visible de Jethro. Il alla même jusqu’à plaisanter. « Tu sais, le truc que tu me dis toujours que je devrais faire. » Ajouta-t-il, un petit sourire presque amusé au coin des lèvres. Peut-être que ça aiderait Jethro à se calmer, ou peut-être que son attitude ne ferait que l’énerver encore plus, il n’en savait rien. Mais lui en avait marre de s’énerver et il était prêt à prendre un peu sur lui si ça lui permettait de vivre juste quelques minutes de calme. Au fond il était un peu flatté que Jethro ne soit pas simplement parti, un peu comme lui avait pu le faire juste avant. Et même si ce n’était jamais agréable d’avoir quelqu’un d’énervé face à soi il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il préférait ça que d’être seul. Il observa Jethro, essayant de le comprendre, de trouver pourquoi justement il était énervé et pourquoi il ne s’était pas tout simplement barré. Pourquoi il semblait tenir à tout prix à le séduire. La réponse lui apparut subitement comme évidente. « En fait t'es juste vexé, c'est ça ? » Demanda-t-il d’un ton neutre, ne cherchant pas à se moquer de lui ou à rigoler de la situation. Il essayait vraiment de comprendre, aussi bête que ça puisse paraître. Il faisait tout ça par pur orgueil ? C’était possible, il avait l’air fier le Jethro, presque autant que l’était Charlie.

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Charlie n’avait pas été sûr que Jethro décide de rester après lui avoir sorti un verre et l’avoir servi. Il avait un peu compté dessus pour le calmer et à priori ça avait au moins un peu marché. Il ne s’était pas barré en claquant la porte, il avait même commencé à boire, Charlie comptait ça comme une victoire ! Il avait toujours l’air agacé, de toute évidence l’orage n’était pas encore complètement passé, mais il y avait du progrès. Il n’avait pas encore fait le moindre sous-entendu et il avait arrêté de se servir dans son verre. Il le porta à son tour à ses lèvres et prit une petite gorgée de whisky. L’odeur et le goût lui rappelaient les moments qu’ils avaient passé au bar, quand Charlie avait failli déraper une première fois, et s’il était totalement honnête c’était aussi pour ça que son choix s’était porté là-dessus. En temps normal il était plutôt du genre bière, mais il s’était senti d’humeur… nostalgique. Et tout bêtement ça lui avait donné envie de whisky. Il se mordit la lèvre pour s’empêcher de sourire en entendant la réponse de Jethro. Non, bien sûr que non, il n’avait pas l’air vexé du tout ! C’était une réponse tellement enfantine que ça en devenait presque touchant. Il avait l’air vraiment gêné en plus, les rôles s’étaient inversés en l’espace de moins de dix minutes, soudainement c’était Jethro qui semblait incapable de soutenir son regard. Il n’y avait pas à dire Charlie préférait largement se retrouver dans cette situation là ! S’il avait réussi à se retenir de sourire en entendant le début, il ne put empêcher un petit soupir amusé de lui échapper. Il lança un  sourire timide à son beau-frère pour essayer de lui faire comprendre qu’il n’avait pas fait ça pour se moquer, il avait juste été surpris par sa candeur. Très franchement il préférait très clairement l’entendre être honnête comme ça qu’essayer de le séduire avec ses sous-entendus. De le voir se montrer honnête de la sorte, c’était désarmant, et ça poussait Charlie à baisser son niveau de méfiance. « T’as une de ces façons d’expliquer ça... » Il lança un nouveau sourire en coin à Jethro avant de reprendre une gorgée de whisky. Au moins ça confirmait l’impression qu’il avait d’être un jeu aux yeux de son beau-frère, une distraction. Il devait s’ennuyer et il jouait avec ses nerfs parce que ça lui permettait d’occuper ses journées. Il n’y avait pas à dire, c’était loin d’être flatteur, mais Jethro avait été honnête et Charlie décida de suivre son exemple. « T’es pas le seul pour qui c’est frustrant. » Soupira-t-il, totalement sérieux, avant d’avoir eu le bon sens de se retenir de dire quoique ce soit. Il s’était résolu à être honnête mais il aurait peut-être dû l’être un peu moins. Mais après tout, à quoi bon mentir ? Jethro s’était à priori rendu compte qu’il réussissait à lui faire de l’effet, ça ne servait à rien de mentir contre l’évidence, à part à protéger son égo et sa fierté. Si Jethro était capable d’admettre sa frustration et le fait qu’il soit vexé, alors lui pouvait bien admettre qu’il ne le vivait pas forcément bien non plus. Il détourna les yeux et reprit une gorgée de whisky. Et merde, à ce rythme là il n’allait pas bien finir encore. « C’est dommage que tu cherches à tout prix à m’emmerder, je suis sûr que sinon je serais capable de te supporter, tu sais. » Quel compliment ! Il n’était pas capable de mieux, mais Jethro avait beau constamment lui taper sur le système, il aimait sa répartie et il avait la sensation qu’ils auraient pu assez bien s’entendre. Si les circonstances avaient été totalement différentes et que Jethro n’avait pas été un petit merdeux bien sûr. En bref on était loin du compte.

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Sa volonté d’être honnête avec Jethro avait l’air de payer pour l’instant, il s’était calmé et il avait même retrouvé son petit sourire moqueur. Charlie n’aurait jamais pensé que celui-ci lui manquerait mais il était content de le voir, c’était mieux que de le voir se refermer et tenter par tous les moyens de lui crier dessus. C’était plus agréable de discuter avec lui quand il était capable de rester calme, même si le médecin avait aussi conscience qu’il avait moins de chance de se lancer tenter s’il restait en colère, il n’aimait pas ça, c’était plus fort que lui. Il ne savait pas par quel miracle Jehtro avait aussi réussi à le calmer lui, il avait commencé la journée prêt à tout pour ne pas le croiser et ne plus jamais discuter de leur baiser et ils étaient là, à discuter presque comme deux amis et à boire un verre ensemble. C’était simple, c’était agréable, mais c’était aussi totalement inattendu. Pendant un instant, Charlie aurait même pu réussi à se convaincre qu’il ne s’était jamais rien passé. Quelque part c’était peut-être pire, parce que même alors qu’il s’en souvenait, même alors qu’il comprenait les risques, il réussissait quand même à apprécier la discussion qu’ils avaient. Il jouait avec le feu, il le savait, mais maintenant que sa gêne était passée il se sentait à nouveau vulnérable, prêt à craquer encore une fois. Il commençait à se demander s’il n’avait pas joué la scène du mari honteux juste pour alléger une partie de sa culpabilité. Autant dire qu’il n’aimait pas l’idée. Il perdit son sourire l’espace de quelques secondes, en entendant Jethro répondre qu’il serait incapable de le supporter quoiqu’il fasse, ne sachant pas s’il était sérieux. Si on lui avait demandé il y a un mois s’il se sentait capable d’apprécier un jour son beau-frère il aurait explosé de rire, ça aurait été inimaginable. Et maintenant c’était presque l’inverse, il commençait à apprendre à le connaître bien malgré lui et il le savait pas si détestable que ça. Enfin Jethro lui lança un sourire moqueur et Charlie se détendit. Il n’était pas sûr que son beau-frère ne le pense pas au moins en partie, mais il ne voulait pas revenir dessus. Il était là pour se détendre non ? Il reprit une gorgée de whisky et en remit un peu dans son verre, montrant la bouteille à Jethro pour lui proposer de remplir son verre également. Il leva les yeux au ciel de manière totalement exagérée en entendant le mensonge éhonté de Jethro, oui bien sûr, c’était lui qui s’énervait trop vite et lui ne faisait jamais rien pour l’énerver. Alors là il n’y croyait pas une seule seconde, mais son sourire amusé n’avait pas quitté ses lèvres. Oui, ça l’amusait plus qu’autre chose. La suite en revanche lui fit un peu plus peur, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce que Jethro serait capable de faire s’il voulait l’énerver et ce n’était pas fait pour le rassurer. Il secoua la tête, l’air faussement réprobateur, choisissant de prendre ses sous-entendus à la rigolade pour une fois, comme pour lui prouver qu’il n’était pas si coincé que ça. « Oui j’avais cru comprendre. On peut dire que tu perds pas le Nord. » Répliqua-t-il avant de reprendre juste un peu de whisky. Il fallait vraiment qu’il se calme. Il était sidéré par la façon dont Jethro était capable de passer de la crise de nerf à l’insolence en moins de deux minutes, c’était un don. « Si là t’essayes pas de m’énerver, alors s’il-te-plaît n’essaye jamais. Je sais pas ce que je ferais mais je pense pas que tu aimerais. » Expliqua-t-il, ne rigolant qu’à moitié. Il avait peur que Jethro se lance dans un jeu qui irait un peu trop loin, et Charlie savait déjà que s’il ne faisait que s’approcher de sa fille ça finirait mal. Et là il ne serait vraiment pas d’humeur à rigoler. Sans compter que Jethro perdrait le soutien de sa sœur. Non, il lui conseillait vraiment de s’en tenir à ses sous-entendus, c’était déjà bien assez agaçant comme ça. « T’as pas mieux à faire franchement ? Des potes à aller voir à Brighton ou d’autres personnes à aller draguer ? » Demanda-t-il d'un ton moqueur, comprenant pourtant dès que les mots avaient quitté sa bouche qu’il aurait été déçu qu’il réponde que si, il avait mieux à faire, et que d’ailleurs il n’allait pas tarder à décoller. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans sa tête ? Jethro avait une tendance naturelle à le désinhiber, comme si sa nonchalance déteignait sur lui. En moins d’une heure il avait presque réussi à lui faire oublier toute la culpabilité qui avait pu le torturer cette semaine, ou en tout cas il avait réussi à le forcer à se focaliser sur autre chose. Il croisa le regard de Jethro et sentit se joues prendre de la couleur. C'était beaucoup plus dur de prétendre qu'il n'avait pas envie de se jeter sur lui quand il le regardait comme ça. Il avait honte du nombre de fois où il avait repensé à leur baiser, à Jethro collé contre lui et le bloquant contre la voiture. Il crevait d'envie de ressentir l'adrénaline qu'il avait ressentie à ce moment là, et maintenant que c'était déjà arrivé une fois, Jethro avait raison, la barrière semblait un peu moins dure à franchir. Ce n'était pas bon signe. Loin de là. Il reposa son whisky sur le comptoir derrière lui, il avait peut-être déjà assez bu comme ça.

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C’était agréable de pouvoir discuter avec Jethro sans hurler, sans mentir et sans avoir besoin de se méfier constamment. C’était reposant, et Charlie était en train de se rendre compte que son beau-frère n’était pas si chiant que ça quand il voulait bien faire des efforts. S’il n’avait pas absolument cherché à le faire craquer et à le pousser à bout en le draguant, il aurait même pu ne pas détester sa présence à la maison. Au moins il agissait comme une distraction auprès de Jade et il leur servait inconsciemment de buffer. Ils n’étaient presque plus obligés de se parler maintenant que Jethro était là et Charlie avait honte d’avouer qu’il le vivait parfois comme un soulagement. Il fronça les sourcils en entendant le jeune homme lui avouer qu’il avait déjà trop mis les pieds à Brighton, c’était censé vouloir dire quoi ça ? Il lui avait déjà demandé l’autre fois mais il n’avait pas réussi à obtenir de réponse. Soit le sujet était sensible soit Jethro n’avait juste pas envie d’admettre dans quelles emmerdes il était probablement allé se fourrer. Dans tous les cas Charlie n’avait pas envie d’insister, pas si c’était pour essuyer un nouveau refus, il le laissa donc poursuivre sans rien dire. Il ne put réprimer un bref sourire en le voyant aller s’asseoir sur le comptoir de la cuisine, alors même qu’il venait de dire qu’il avait prévu de partir. Il était trop con, mais ça lui faisait plaisir qu’il reste. Il lâcha un soupir amusé en entendant sa petite provocation, il savait très bien qu’il l’avait juste dit pour le vexer mais l’insulte était un peu atténuée par ses tentatives constantes de drague. « Je vais choisir de prendre ça comme un compliment. » Répliqua-t-il donc immédiatement, un petit sourire fier placardé sur les lèvres. Si Jethro ne voulait pas draguer les péquenauds comme il le disait lui-même alors ça voulait dire que Charlie n’en était pas un. CQFD. Il savait pertinemment que ce n’était pas ce que Jethro avait voulu dire, mais tant pis, ça lui allait très bien de l’interpréter comme ça à la place. C’était tout de suite plus flatteur. Il fit la moue en le voyant reposer la bouteille de whisky à côté de son propre verre et le lui tendre. Il savait que ce n’était pas une très bonne idée, il ne voulait pas perdre encore le contrôle, mais la proposition de toast de Jethro ne se refusait pas. Il l’aurait probablement vexé. Il accepta donc son verre et trinqua avec son beau-frère. « Un nouveau record. » Commenta-t-il d’une voix amusée avant de reprendre une petite gorgée de whisky. Il se décala pour venir s’adosser au comptoir, juste à côté de Jethro, sachant très bien qu’il n’avait pas été obligé de venir se mettre aussi près. Le comptoir n’était pas gigantesque mais il aurait pu se décaler de bien trente centimètres pour éviter d’être contre lui comme ça. Dans sa position actuelle sa hanche effleurait le genou de Jethro dès qu’un des deux faisait le moindre mouvement, mais Charlie refusait d’admettre même à lui-même que ce geste avait été calculé. Ça avait été plus fort que lui. « Tu essayes encore de me faire boire. C’est bas. » Lança-t-il, les yeux plongés dans son verre plutôt que vers son beau-frère. « Et ça marchera pas cette fois-ci. » Ajouta-t-il d’un ton amusé tout en sachant que c’était totalement faux. Il savait que ça avait des chances de marcher, mais il n’allait pas non plus lui dire ça ! « fais-moi boire et j’arriverais plus à me retenir ! », c’était triste, il ne voulait pas l’admettre. La vérité, c’était que même maintenant il était déjà en train de se battre contre son envie de se rapprocher encore plus. Le baiser de la semaine dernière avait tout chamboulé dans sa vie, tout remit en question dans sa tête. Il n’avait pas réussi à se mentir bien longtemps sur le fait qu’il avait apprécié ça, qu’il avait aimé ça même, et il ne s’y était pas attendu. On ne pouvait pas simplement se réveiller un beau jour à quarante ans et découvrir qu’on aimait les hommes ! Ce n’était pas possible. Et pourtant cette pensée l’avait obsédée ces derniers jours, il ne comprenait pas bien ce qui se passait dans sa tête et il ne connaissait personne d’autre que Jethro à avoir ce « penchant ». Il prit une petite gorgée de whisky avant de reposer son verre à côté et de croiser les bras sur sa poitrine, un peu gêné à l’idée d’aborder ce sujet. Mais il était curieux. « Jade sait… enfin… elle sait que tu aimes aussi les hommes ? » Il se sentit rougir en prononçant ces mots. C’était stupide, on était en 2020 et il n’y était plus censé y avoir de tabou. Mais la réponse à cette question était doublement voire triplement intéressante pour lui. Est-ce que Jade risquait de se douter qu'il se passait quelque chose entre eux ? C'était plus probable si elle savait déjà pour Jethro. Est-ce qu’il pourrait un jour lui parler éventuellement du fait que peut-être il pourrait aussi être un peu attiré par les hommes ? Si c’était bien le cas d’ailleurs ! Si Jade savait pour son petit frère alors ça lui donnerait là aussi une bonne indication sur ce à quoi il pourrait s'attendre s'il décidait d'aborder le sujet. D'ici vingt ou trente ans, bien sûr.

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Le double-sens des mots employés par Jethro n’avait pas échappé à Charlie, mais il décida de ne pas commenter, ne voulant pas lui donner ce plaisir. Et puis, il le disait juste pour le chercher, répondre ça aurait été rentrer dans son jeu et le médecin était encore en train d’essayer de se convaincre que ce n’était pas ce qu’il voulait. Il gardait pourtant le minimum de distance possible entre eux sans que ça ne paraisse complètement louche et il était honnête dans ce qu’il disait. Seulement mentir aux autres et se sentir à soi-même étaient deux choses bien différentes. Il fut d’ailleurs amusé par la franchise de son beau-frère, c’était tout de suite moins énervant de savoir qu’il essayait de le pousser à la faute quand il était aussi prêt à l’admettre. Ça enlevait une partie du danger. Si Charlie avait bien conscience que c’était ça qu’il essayait de faire alors il n’allait pas tomber dans le panneau, pas vrai ? Du coup il avait moins besoin de se méfier. Il savait au fond que c’était faux, mais il n’avait pas envie de l’accepter. Il avait l’impression de constamment se battre contre lui-même, dans tout ce qu’il disait, tout ce qu’il faisait, et il n’avait pas envie de résister à Jethro quand il se comportait comme ça. Il en arrivait presque à se demander pourquoi ils avaient autant de mal à se supporter. « J’ai dit que ça marcherait pas, pas que j’avais fini de boire. » Répliqua-t-il, ne se débattant pourtant pas en regardant Jethro éloigner son verre. S’il voulait le forcer à être raisonnable, il n’allait pas se battre. Pas encore. A moins qu’il ne soit en train de tenter de la psychologie inversée ? Dans tous les cas Charlie n’avait pas soif à l’instant, il venait de lancer un sujet beaucoup plus sérieux et il fut, à nouveau, surpris que Jethro ne l’envoie pas chier ou ne tourne pas totalement le sujet en dérision. Depuis quand est-ce qu’il était capable de prendre quoique ce soit au sérieux ? Ce n’était pas pour déplaire à Charlie en tout cas, qui l’écouta avec attention, sentant son cœur se serrer légèrement en l’entendant. Ils n’avaient jamais vraiment parlé du sujet, ils n’avaient jamais eu de bonne raison de le faire, et il ne pensait pas que Jade réagirait nécessairement mal si elle savait que son frère aimait aussi les hommes, mais ce n’était pas forcément non plus un très bon signe qu’elle semble mettre la tête dans le sable. Quoique c’était un peu sa spécialité à Jade, ignorer ce qui ne lui plaisait pas. Au fond ça n’avait pas grand-chose d’étonnant, même si ce n’était pas ce que Charlie aurait voulu entendre. Il ne chercha pas à cacher sa déception, qui fut cependant de courte durée. Il laissa échapper un rire en entendant la question de Jethro, décidant d’ignorer complètement le fait qu’il soit venu coller sa jambe contre la sienne. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas conscience, tout l’inverse même, mais il ne voulait pas reconnaître qu’ils étaient inutilement proches l’un de l’autre, sinon il se serait senti obligé de s’éloigner. « Bien sûr que non, je le savais pas moi-même. » Répondit-il avant d’avoir eu trop le temps de réfléchir. Pour être honnête il n’était toujours pas certain de ce qu’il aimait ou non, c’était encore confus dans sa tête et il ne savait pas si ce qu’il ressentait était parfois dû à la gêne, à la curiosité, ou si c’était simplement qui il était. Il haussa les épaules, reprenant un ton plus sérieux. « Je le sais toujours pas d’ailleurs. Enfin je suis trop sûr de rien. » Expliqua-t-il en se tournant vers Jethro. Il n’avait pas le moindre doute sur ce dont il avait envie quand il le regardait, mais le reste du temps il doutait de tout. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas faire comme Jethro et arrêter de se prendre constamment la tête ? Il n’en savait rien, mais il avait comme la sensation que ça n’avait pas été aussi dur pour son beau-frère quand lui s’en était rendu compte. Il se sentait débile, débile et perdu. Il avait soudainement à nouveau envie de boire. « Je peux récupérer mon verre maintenant ? » Demanda-t-il d’un ton joueur, essayant de détendre un peu l’atmosphère après cette discussion étonnamment sérieuse vu leurs caractères. Il tendit la main vers celle de Jethro, celle qui jouait avec son verre, sans se douter que son beau-frère n’allait probablement pas accéder à sa demande aussi facilement. Il voulait le faire boire, non ? Ce n’était pas le but ?