learn my lesson (jethro)

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« Ouais merci, tu m’aides vachement. » Avait-il répliqué d’un ton sarcastique à la remarque de Jethro. Non, il ne l’aidait pas, c’était même le moins qu’on puisse dire. Il avait passé quasiment quarante ans sans se poser toutes ces questions et très honnêtement il l’avait toujours bien vécu. Jusqu’à ce que Jethro débarque chez eux et ne vienne tout foutre en l’air, comme à son habitude. Mais il avait beau se moquer et tenter de dédramatiser, ça lui avait fait un peu de bien d’avoir quelqu’un à qui dire ça, juste ça. Quelqu’un à qui admettre qu’il se posait des questions et qu’il se sentait perdu, même si Jethro semblait le prendre à la rigolade alors que pour lui c’était complètement sérieux. Il se sentait moins seul d’avoir quelqu’un qu’il imaginait avoir peut-être vécu quelque chose du genre avant lui, aussi con que ça puisse paraître. Parce que Jethro avait beau donner l’impression de ne rien prendre au sérieux, Charlie avait cru détecter un peu d’agacement quand il avait expliqué que les gens ne voyaient que ce qu’ils voulaient voir. Comme si ça lui arrivait d’éprouver de la frustration que les gens autour de lui, et peut-être sa sœur, fassent semblant d’ignorer son penchant pour les hommes. Pour l’instant Charlie avait du mal à imaginer ce que ça faisait, lui aurait été ravi que ça reste en l’état et que personne ne l’apprenne jamais. En tout cas le moment des confidences semblait bel et bien passé et Jethro avait retrouvé son sourire moqueur. Charlie fronça les sourcils, l’air désespéré en comprenant qu’il n’avait aucunement l’intention de lui rendre son verre. Vraiment ? Il était chez lui là non ? Il n’avait même plus le droit de boire le whisky qu’il avait lui-même payé ? Il se doutait bien que ce n’était encore qu’un jeu aux yeux de Jethro, il voulait le forcer à venir le chercher et Charlie savait que c’était puéril, mais il était de trop bonne humeur pour s’énerver maintenant. Cette discussion lui avait fait du bien, il se sentait moins nul après avoir pu en parler avec Jethro et il avait réussit à alléger un peu sa conscience. Assez pour que ça ne lui triture pas l’esprit et ne l’empêche de prendre les choses un peu plus à la légère. « Vraiment ? Tu veux jouer à ça ? » Demanda-t-il d’un ton défiant, essayant de lui faire comprendre que s’il comptait s’interposer physiquement entre lui et son verre ça n’allait pas bien finir pour lui. Il n’était pas aussi musclé que Terry Crews mais il n’était pas non plus aussi gringalet que pouvait l’être Jethro. Très franchement s’il fallait en venir aux mains Charlie n’avait aucune inquiétude sur le fait qu’il réussirait à l’emporter. Il pivota, venant caler l’une de ses jambes entre celles de Jethro et laissant l’autre à sa place, tendant encore un peu plus le bras pour atteindre son verre. Il posa son autre main sur la cuisse de son beau-frère, comme pour l’empêcher de bouger ou de s’étendre encore un peu plus. Il n’était pas très musclé mais il n’était pas non plus particulièrement petit, heureusement Charlie avait le bras un peu plus long et il réussit à attraper doucement le poignet de Jethro pour l’empêcher d’éloigner encore un peu plus son verre. Il glissa sa main le long de celle de Jethro jusqu’à avoir une prise suffisante sur son verre pour pouvoir le reprendre s’il le voulait. « Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée. » Très mauvaise même, mais pas forcément pour les raisons auxquelles il avait pensé initialement. Il croisa le regard de Jethro et se rendit subitement compte de la position dans laquelle il s’était mis tout seul. Il récupéra son verre et le porta à ses lèvres, buvant ce qu’il lui restait de whisky d’une traite avant de le reposer là où il l’avait trouvé. Il se faisait embobiner bien trop facilement à son goût et Jethro réussissait à l'amener là où il le voulait avec une facilité déconcertante. Il releva les yeux vers son beau-frère, la gorge sèche même après avoir bu. « Tu m’emmerdes Jethro. » Lança-t-il dans un souffle, sa main encore sur sa cuisse, il était bien loin de l’énervement qu’il essayait de transmettre. Il savait qu’il aurait dû s’écarter mais il n’en avait aucune envie, il était bien là où il était. Ce fut à ce moment qu’il comprit à quel point il n’avait aucune chance de résister à la tentation, à quel point il n’en avait jamais eu la moindre. Depuis le début c’était exactement ça qu’il avait voulu, tout le reste n’avait été que faux-semblant. Il vint déposer ses lèvres sur celles de Jethro avant d’avoir eu le temps de réfléchir. C’était timide et bref, et il se détacha de lui presque aussi brusquement qu’il s’était lancé à l’assaut de ses lèvres. Il détourna aussitôt le regard et enleva sa main de la cuisse de Jethro, encore surpris par son propre geste. Surpris et honteux. « Pardon. » Lança-t-il quasiment immédiatement après, se sentant con. Il n’aurait pas dû faire ça, oh non.

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Qu’est-ce qu’il venait de faire encore ? Il commençait à avoir des flash-back de l’autre soir, la culpabilité était la même en tout cas. Quelque part, il s’était attendu à ce que ce soit pire. Cette fois-ci c’était lui qui était venu le chercher, alors certes, Jethro lui avait fait comprendre qu’il en avait envie et qu’il n’allait pas le lâcher tant qu’il n’aurait pas obtenu ce qu’il voulait, mais quand même. C’était lui qui était venu chercher ses lèvres, même brièvement, même s’il avait semblé se raviser juste après, c’était lui et non Jethro. Quand il s’était dit que jusqu’à présent il avait encore une excuse semi-crédible si jamais leur baiser arrivait jusqu’aux oreilles de Jade, il n’y avait pas vraiment cru. C’était juste un truc qu’il se disait pour essayer de faire taire sa culpabilité, pour alléger sa conscience, mais là il venait de faire le pas de trop, il avait dépassé la ligne qui lui aurait permis de demander le bénéfice du doute. Non, là, c’était officiel il n’y avait plus de retour en arrière possible, il n’aurait aucun argument à avancer si jamais Jade venait à l’apprendre. Alors quand il s’était excusé, il n’avait pas été très sûr de la personne envers laquelle il s’excusait. Jethro pour ne pas lui avoir laissé l’opportunité de le repousser, même si apparemment ça ne semblait pas l’avoir gêné ? Jade pour l’avoir trahie à nouveau ? Sa fille pour les mêmes raisons ? Ou lui-même, pour avoir gâché tout ce pour lequel il avait travaillé depuis des années, pour s’être à nouveau laissé aller ? Peut-être tous. En tout cas il ne fut pas le moins du monde surpris par la réaction de son beau-frère, parce que c’était exactement ce qu’il avait cherché, ce qu’il avait tenté de provoquer. Il commença à caresser doucement sa cuisse en sentant ses lèvres revenir chercher les siennes. Il ne chercha pas à se défendre ni à la repousser, trop soulagé qu’il soit revenu vers lui. La sensation de sa main sur sa nuque le fit frissonner sans qu’il puisse s’en empêcher. Il avait gardé des souvenirs vivaces de leur dernier baiser mais maintenant qu’il l’avait à nouveau contre lui il avait l’impression que ces derniers étaient ternes, rien en comparaison du moment présent en tout cas. Son autre main retrouva naturellement le chemin des cheveux de Jethro et il les agrippa doucement, sans force, comme s’il avait essayé de l’empêcher de s’éloigner. C’était stupide, il n’avait aucun moyen de lui échapper et Charlie était assez certain qu’il n’en avait non plus aucune envie. Comme l’autre fois il n’hésita pas longtemps avant de chercher à approfondir leur baiser et il n’eut bientôt plus rien de chaste, rien à voir avec le petit baiser innocent qu’il était venu déposer sur ses lèvres juste avant ça. Il finit par écarter légèrement ses lèvres, juste assez pour pouvoir respirer, mais sans reculer lui-même contrairement à l’autre fois. Ses yeux étaient fixés lui les lèvres de Jethro, nom de dieu qu’elles lui faisaient encore envie. Il n’osait pas relever les yeux pour affronter son regard, sans trop savoir pourquoi. Ce n’était pas comme s’il avait encore beaucoup de choses à lui cacher. Il remonta doucement sa main le long de sa cuisse puis de son torse, caressant timidement, comme s’il découvrait. Et c’était ça en quelque sorte. Il s’y connaissait assez bien niveau anatomie, mais le geste lui paraissait quand même surnaturel, ça restait une première pour lui. « Non je suis pas sérieux. » Souffla-t-il doucement. Il l’avait été en cherchant à s’excuser tout à l’heure, mais il ne l’était pas du tout maintenant. Ni désolé ni sérieux. Il avait l’impression d’avoir encore totalement perdu les pédales, et ce n’était pas si désagréable que ça. C’était même tout l’inverse. Il revint s’approprier les lèvres de Jethro, se forçant à moins s’emporter cette fois-ci, essayant tant bien que mal de ne pas y mettre autant de fougue. Il sentait l’excitation monter et ce qui pourrait arriver après lui faisait extrêmement peur, c’était déjà assez intimidant comme ça. Il avait aussi très bien conscience de l'heure qu'il était et du fait que sa fille n'allait probablement pas tarder à rentrer. Il n'avait décidé pas bien choisi son moment.

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C’était pas si mal, oh non, pour une fois Charlie était d’accord avec Jethro. C’était même loin d’être mal, à l’instant il avait du mal à comprendre pourquoi il s’était retenu de venir s’attaquer à ses lèvres pendant aussi longtemps. Il voulait rester ancré pourtant et ne pas complètement se laisser déborder par les évènements, il ne se sentait pas prêt, physiquement ou mentalement. Pour lui tout ça c’était encore nouveau, il découvrait des sensations différentes, auxquelles il n’aurait jamais pensé avoir le droit, alors même si de toute évidence Jethro s’impatientait lui faisait tout pour calmer au moins un peu le jeu. Il sentit la main de son beau-frère venir agripper son t-shirt, comme pour l’empêcher de s’échapper cette fois-ci, et Charlie ne pouvait pas le blâmer vu comment il s’était brutalement écarté la dernière fois. Il le laissa venir l’encercler de ses jambes et se coller encore plus à lui, soulagé de ce nouveau contact et à la fois encore plus frustré. L’excitation qu’il commençait à ressentir lui faisait peur, il pouvait sentir le contrôle lui échapper totalement et il savait qu’il n’allait pas tarder à atteindre un état où il serait prêt à tout pour faire taire sa frustration. Il agrippa malgré lui un peu plus fermement les cheveux de Jethro en sentant sa main descendre le long de son torse et s’approcher dangereusement du haut de son jean, encore plus quand il vint en défaire le bouton. Il n’avait pas encore totalement décidé de ce qu’il voulait faire quand il entendit la clé tourner dans la serrure de la porte d’entrée, l’empêchant de devoir prendre une décision. Quelque part il en fut presque soulagé. Il écarta ses lèvres de celles de Jethro aussi brusquement que s’il venait de recevoir un électrochoc et il le força à enlever sa main de son jean avant de reculer. Il avait sursauté en reconnaissant le bruit de la clé et il avait aussitôt compris que c’était sa fille qui arrivait. Il reboutonna son jean, les doigts tremblants, mettant quelques mètres de distance entre Jethro et lui, par peur que ce ne soit suspect s’ils se tenaient trop proche l’un de l’autre. Il passa sa main sur son visage, le frottant pour essayer de se remettre de ses émotions et de reprendre contenance. Il entendit la porte d’entrée se refermer et il alla se placer dans l’encadrure de la porte qui menait vers la cuisine pour venir saluer sa fille. Comme il le faisait quand il était à la maison. « Hello, tu as passé une bonne journée ? » Il pouvait sentir que sa voix n’était pas totalement naturelle, elle paraissait légèrement forcée, mais il était fier que ce ne soit pas pire vu les circonstances. Déjà il avait réussi à aligner deux mots et c’était pas mal. Il ne réfléchissait pas encore, tous ses gestes étaient alimentés par l’adrénaline uniquement. Il sentait son coeur battre la chamade dans sa cage thoracique, il savait très bien qu’il n’était pas passé si loin que ça de la catastrophe, et s’il était totalement honnête avec lui-même – chose qu’il n’avait vraiment pas envie de faire – il était frustré que sa fille soit rentrée à ce moment là. « Bof. » Fut la seule réponse de la jeune femme, accompagnée du traditionnel haussement d’épaule nonchalant. Il se rappelait de l’époque où elle venait lui sauter dans les bras dès qu’elle rentrait de l’école et que lui était présent. Cette époque lui paraissait bien lointaine. « Je vais prendre un coca. » Elle ne parut pas remarquer l’attitude légèrement différente de son père, probablement trop absorbée par ses propres problèmes d’adolescente pour faire vraiment attention. Il rentra à nouveau dans la cuisine pour lui permettre de passer et ne rata pas le changement d’attitude en voyant Jethro. Tout à coup elle souriait. « Hey Jethro, tu vas bien ? Je t’ai pas vu ce matin. » Charlie se retint de lever les yeux au ciel, il était probablement encore en train de dormir. Elle lui lança un petit sourire en coin avant d’aller ouvrir le frigo pour se servir. Charlie ne savait plus où se mettre et s’il n’avait déjà pas été enchanté par le petit béguin que sa fille cultivait pour Jethro avant, là c’était pire que tout. Il enfouit ses mains dans les poches de son jean, évitant soigneusement le regard de son beau-frère.

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Heureusement pour Charlie, il n’était pas encore totalement redescendu et l’adrénaline lui permettait d’agir sans encore vraiment paniquer ou paraître trop étrange. Il était mal à l’aise mais il n’était pas encore au stade de se renfermer sur lui-même et d’arrêter de parler pour ne pas s’incriminer. S’il avait réussi à se retenir tout à l’heure, il n’y arriva pas cette fois-ci et il leva les yeux au ciel en voyant la façon dont sa fille rigolait aux remarques de Jethro. Ce n’était pas si drôle que ça franchement, c’était à peine une blague à vrai dire. Mais elle avait l’air d’apprécier le simple fait qu’il prenne la peine de lui répondre. Il fallait dire qu’il affichait à présent un air tellement blasé que Charlie comprenait qu’elle soit contente d’avoir réussi à attirer son attention. Pendant un moment le médecin envisagea même de les laisser continuer leur petite discussion tranquillement, mais quelque chose l’en empêchait. La peur que Jethro ne se confie à Aaliyah sur ce qu’il venait de se passer – ou qu’il se trahisse bêtement – ou la crainte qu’ils ne se rapprochent. C’était un peu des deux. En tout cas il resta planté là, laissant l’opportunité à Jethro de venir le frôler alors qu’il allait mettre les deux verres dans l’évier. Charlie ne pouvait que supposer qu’il l’avait fait juste pour passer près de lui, après tout c’était bien la première fois qu’il le voyait ne serait-ce que ranger ses affaires ou mettre la moindre vaisselle dans l’évier. Il espérait qu’il n’aurait pas besoin de lui rouler des pelles à chaque fois qu’il allait lui demander de ranger ses merdes en tout cas. « Merci du conseil. » Souffla-t-il en réponse, son ton clairement sarcastique. C’était un peu tard pour lui faire remarquer non ? Ce n’était pas comme s’il allait pouvoir la ranger discrètement avec Aaliyah dans la pièce. Il serra les dents, agacé, il n’avait pas trop le choix. Jethro avait raison, il ne voulait pas que sa fille aperçoive la bouteille s’il pouvait l’en empêcher, ça la foutait un peu mal. Et comme l’avait dit son beau-frère, il ne tenait pas à lui donner un mauvais exemple. Il se dirigea donc le plus discrètement possible vers l’emplacement de la bouteille, profitant du fait qu’Aaliyah soit en train de chercher sa canette dans le frigo, et il vint s’adosser au comptoir, cachant ainsi la preuve incriminante. Du moins depuis l’endroit duquel sa fille se tenait pour l’instant. Elle allait probablement s’en aller rapidement pour retourner s’enfermer dans sa chambre, comme toujours. C’était ce qu’il s’était dit, mais de toute évidence il avait légèrement sous-estimé le béguin qu’elle avait pour Jethro et une fois qu’elle eut sorti sa canette elle se tourna vers le jeune homme, ignorant totalement son père. Elle n’avait même pas l’air d’avoir remarqué qu’il avait bougé. Il aurait peut-être même pu ranger la bouteille vu comment elle semblait faire attention à lui, tiens ! Elle s’apprêtait à dire quelque chose mais elle détourna à la dernière minute son attention sur son père, et Charlie ne put s’empêcher de froncer les sourcils, surpris. « Je peux sortir ce soir ? On a prévu d’aller traîner à la plage avec des amis. » Il faisait un peu frais encore pour une soirée plage mais soit. « Si ta mère est d’accord et que t’as fini tes devoirs pour demain, ok. » Il ne voulait pas l’empêcher de sortir, même s’il se méfiait, elle semblait déjà avoir assez de mal comme ça à les supporter Jade et lui en ce moment, il ne voulait pas se la mettre à dos. Et puis, c’était probablement innocent. C’était ce qu’il ne cessait de se répéter pour éviter de trop stresser dès qu’elle sortait. Mais elle était à un âge où elle était capable de s’attirer de vrais problèmes. Il rouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais Aaliyah lui coupa la parole : « Tout est fait et promis je rentre pas tard. » Elle avait déjà deviné ce qu’il allait lui dire. Il acquiesça donc en silence, jetant un coup d’oeil à Jethro malgré lui, comme s’il avait peur que son attitude trop malicieuse ne trahisse leur petit secret. Ce fut au tour de l’adolescente de reporter son attention sur Jethro et elle lui lança un petit sourire en coin, croyant probablement que son père ne le remarquerait pas. « Tu devrais venir, ça va être fun. » Proposa-t-elle au jeune homme et Charlie lui lança aussitôt un regard noir, essayant de le menacer. Il n’avait pas intérêt à accepter, il ne supporterait pas l’idée qu’il sorte avec sa fille, surtout maintenant qu’il savait ce qu’il prenait parfois en soirée. Mais il avait déjà donné son accord à Aaliyah et il ne savait pas comment revenir sur sa parole sans avoir à expliquer exactement les raisons de sa réticence.

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Charlie devait se faire vieux parce qu’il aurait du la voir venir celle-là. Il aurait du comprendre plus vite que sa fille comptait bien inviter Jethro à les rejoindre, et s’il n’avait pas été aussi perturbé peut-être qu’il l’aurait fait. Si ça avait été le cas il n’aurait eu aucun remord à dire non directement, mais c’était trop tard pour revenir sur sa promesse maintenant. Et il pouvait toujours courir pour réussir à convaincre Jade de dire qu’elle n’était pas d’accord si son petit frère adoré venait. Au contraire, elle serait capable de penser que c’était une très bonne idée ! Les jeunes n’étaient pas bien nombreux à Donwell et il y avait généralement des gens un peu plus âgés que les lycéens, des gens de l’âge de Jethro en somme, donc ça allait être l’occasion pour lui de discuter avec autre chose que des « vieux ». Charlie n’en revenait pas, et il comprit aussitôt en tentant de menacer Jethro qu’il aurait mieux fait de ne pas réagir. Il venait de lui faire comprendre qu’il ne voulait pas qu’il accepte alors bien sûr il allait se faire un malin plaisir d’aller à l’encontre de ses vœux. Il était trop con putain ! Il aurait dû faire semblant de l’encourager à inviter Jethro tiens, comme ça il aurait été forcé de refuser, juste pour ne pas lui faire plaisir. Mais non, il n’avait pas été assez sournois et pas assez rapide. C’était trop tard maintenant et il serra les dents en entendant la réponse de son beau-frère. Il s’attira un regard plein de reproches d’Aaliyah quand Jethro sous-entendit qu’il était content qu’il y aille pour qu’il puisse la surveiller. Il ne pouvait même pas commencer à expliquer à quel point c’était faux. « Je ne veux pas te surveiller. » Se contenta-t-il donc de se défendre, tout en sachant très bien que c’était inutile et qu’il avait déjà perdu la bataille. Aaliyah paraissait contrariée à l’idée que Jethro puisse rapporter la moindre information à son père. Il lança un regard noir à son beau-frère en l’entendant poursuivre, encore plus en entendant le choix de mot. Au moins désormais le doute n’était plus permis, il disait juste ça pour le faire chier. Et ça marchait un peu trop bien au goût du médecin. « Je ne comptais pas dire non. J'espère que vous vous amuserez bien. » Ça lui avait tellement coûté de le dire qu’il n’était pas sûr que sa fille l’ait cru sur parole. Mais il n’avait pas le choix, il s’était fait piéger. Il ne cessait d’entendre les mots de Jade résonner dans sa tête, il ne fallait pas qu’il dise à Aaliyah de se méfier de Jethro ou qu’il lui dise qu’il ne fallait pas qu’il se passe quoique ce soit sous peine de la pousser encore plus dans ses bras. L’adolescente sembla retrouver le sourire et elle se dirigea vers la sortie de la cuisine, se tournant juste vers Jethro en chemin pour ajouter qu’elle le préviendrait quand elle sortirait pour qu’ils puissent y aller ensemble, avant de disparaître à l’étage. Charlie attendit d’entendre la porte de sa chambre se refermer pour se tourner à son tour vers son beau-frère. « Tu ne comptes pas sérieusement y aller, si ? » Son ton était sévère et ses yeux exprimaient encore son énervement. Il détestait que Jethro s’amuse à jouer avec ses nerfs comme ça et il était inquiet à l’idée qu’il se rende vraiment sur la plage. Si c’était vraiment l’endroit où ils comptaient aller d’ailleurs. « Je pensais pas que c’était ton genre de traîner avec des ados. » Il avait essayé de faire sonner ça comme une insulte, prêt à sortir à peu près tous les arguments possibles pour l’empêcher de sortir avec sa fille ce soir. Il se retourna brièvement pour ranger le whisky dans le placard, comme un symbole. La fête était définitivement terminée.

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C’était à croire que Jethro faisait tout pour l’énerver. Il en avait bien conscience en plus, c’était ce qu’il lui avait reproché depuis le début même ! Mais il avait pensé qu’il serait passé à autre chose depuis le temps. Il avait pensé qu’il s’était trouvé une nouvelle façon de le faire sortir de ses gonds. Apparemment pas, ou alors il s’amusait tout autant avec cette autre stratégie. C’était exaspérant. Et bien entendu Charlie ne pouvait pas y faire grand-chose. Il n’allait pas interdire à sa fille de sortir juste parce que Jethro risquait d’y aller avec elle. Il détestait quand Jade avait raison ! Mais là-dessus elle avait marqué un point, l’obliger à ne pas voir Jethro c’était encore le meilleur moyen de renforcer encore un peu plus son béguin et ça, c’était bien la dernière chose dont Charlie avait envie. Il aurait voulu que son beau-frère se détache au maximum de sa famille et non l’inverse. Mais de toute évidence, il avait compris que ça l’énervait alors forcément il faisait tout l’opposé de ce qu’on lui demandait. Il croisa les bras sur sa poitrine, sur la défensive en voyant Jethro se rapprocher à nouveau de lui. Ce n’était pas plus mal, ils pourraient parler plus doucement et moins risquer de se faire entendre d’Aaliyah, mais il aurait aussi été rassuré de le voir garder ses distances pour changer. Il était loin d’avoir oublié ce qu’ils avaient été en train de faire avant de se faire interrompre par sa fille. Heureusement pour lui, l’inquiétude pour sa fille avait plus d’importance à ses yeux que l’embarras qu’il aurait pu ressentir à être à nouveau coincé avec Jethro. Il leva les yeux au ciel en entendant sa réponse, non il n’aimerait pas beaucoup plus qu’il aille traîner avec des vieux, surtout s’il les connaissait, mais il avait surtout pris ça comme une pique envers lui. Si passer du temps avec lui voulait dire qu’il n’était pas avec Aaliyah alors il était prêt à faire ce sacrifice. Pas encore prêt pour l’avouer par contre, ça lui aurait coûté trop de fierté. « Très drôle. » Se contenta-t-il donc de répliquer d’un ton sarcastique, faute de trouver mieux. On avait déjà connu mieux comme comeback, franchement. Il n’aimait pas l’idée que Jethro se cache derrière l’excuse de pouvoir espionner pour lui. Jusqu’à présent il avait toujours essayé de faire confiance à sa fille et à son jugement, il n’avait jamais eu besoin qu’on vienne lui rapporter ses faits et gestes. En tout cas pas avant l’arrivée de Jethro, c’était là que les problèmes avaient commencé. Il leva à nouveau les yeux au ciel en entendant la promesse de son beau-frère, il savait très bien que ce n’était pas de ce genre de trucs dont il avait peur ! « J’ai pas besoin que tu surveilles ma fille pour moi. Je lui fais confiance tant que tu n’es pas avec elle. » Lança-t-il, on ne peut sincère pour le coup. Il n’avait pas vraiment de mal à admettre à Jethro qu’il ne lui faisait pas confiance et qu’il avait peur de l’influence qu’il pourrait avoir sur sa fille. Le pire, c’était que son beau-frère risquait de mieux comprendre ce qu’il voulait dire que Jade, un comble. Mais Charlie l’avait vu faire, il se souvenait tout particulièrement du genre de trucs qu’il avait pris la dernière fois au bar et même si Jethro lui avait certifié qu’il n’en avait jamais sur lui et que c’était juste des potes qu’il taxait de temps en temps, Charlie ne pouvait s’empêcher de se méfier. De toute façon, le simple fait qu’il en prenne ne le rassurait pas sur le genre d’autres conneries qu’il était prêt à faire en soirée. En soirée avec sa fille. Non, ça n’allait pas arriver, no way. « C’est pas d’un fermier fou dont j’ai peur et tu le sais très bien. T’es pas exactement l’exemple que j’aimerais qu’elle suive, elle vaut mieux que ça. » Elle valait mieux que lui, c’était d’une telle évidence aux yeux de Charlie qu’il n’avait pas su se montrer autre chose que sincère encore une fois. « Fais ce que tu veux ce soir mais reste loin de ma fille. » Ajouta-t-il au cas où le message ne soit pas bien passé. Il savait qu’il était peut-être en train d’aggraver son cas, lui montrer à quel point ça l’énervait ça ne pouvait qu’inciter Jethro à le faire, mais c’était plus fort que lui. Et il espérait encore que ça réussisse à le convaincre.

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Charlie aurait vraiment aimé croire en l’innocence de Jethro, celle qu’il faisait semblant d’afficher. Mais c’était impossible, il ne pouvait pas croire que son beau-frère n’allait vraiment y aller que pour s’assurer que tout se passerait bien avec sa fille et qu’elle n’irait pas trop loin, oh non. Vu comment il se comportait avec lui il ne pouvait que supposer qu’il la pousserait au contraire à aller plus loin, comme ce qu’il faisait avec lui en somme. Alors oui, la forcer à boire ça faisait partie des choses que Charlie redoutait, et Jethro pouvait mettre toute l’ironie du monde dans le ton de sa voix ça ne changerait rien à l’opinion du médecin. Il avait aussi envie de le croire quand il se défendait que sa présence ne changerait rien, que s’il y avait déjà de la drogue sur place il n’empirerait pas les choses, mais Charlie n’y croyait pas. Pour le coup il ne pouvait presque pas blâmer Jethro, il avait juste peur que sa fille suive son exemple si elle le voyait en prendre et il espérait qu’elle ne toucherait pas à cette merde si elle n’avait pas quelqu’un qu’elle voulait impressionner. Quelqu’un comme Jethro. Alors il pouvait se défendre autant qu’il voulait, Charlie n’était pas prêt à l’écouter. Et les critiques de son beau-frère sur ses inquiétudes ne faisaient qu’empirer les choses. Bien sûr que lui voyait ça comme ça, bien sûr que lui pensait qu’elle avait le droit de s’amuser, Charlie n’aurait jamais dit le contraire. Il ne voulait juste pas qu’elle foute sa vie en l’air bêtement. Il voyait bien trop d’adolescents qui déconnaient en testant leurs limites et il ne voulait pas que ça arrive à sa Aaliyah. Le comportement de Jethro le mettait en tout cas hors de lui, il n’avait pas eu beaucoup d’espoir sur le fait de réussir à le convaincre de rester loin de sa fille, mais l’entendre le dire de manière aussi provocatrice ne faisait que l’énerver encore plus. Et le pire, c’était qu’il se sentait totalement impuissant. Il ne pouvait rien dire à Aaliyah, il n’avait aucun moyen de pression sur Jethro – c’était même plutôt l’inverse – et Jade refusait catégoriquement d’entendre raison sur le sujet. Il ne lui restait aucune option et ça le frustrait plus que n’importe quelle autre provocation que Jethro aurait pu lui lancer à la tronche. « C’est très malin ça. » Encore une fois, il n’avait rien de mieux à répliquer, il ne pouvait rien lui dire. Même s’il avait très peur de la façon dont il comptait « profiter de sa famille », parce que jusqu’à présent les résultats avaient plutôt été désastreux ! Il agrippa fermement le comptoir derrière lui, essayant de passer ses nerfs sur autre chose que sur le visage de Jethro. Pour le coup ça n'aurait fait qu’empirer les choses et ce n’était pas son genre. Mais bon dieu que c’était tentant des fois, comme quand il lui faisait des menaces à peine voilées sur sa fille par exemple. « Si j’étais toi j’en profiterais pas trop. » Lâcha-t-il, son ton exprimant très clairement le dégoût qu’il pouvait ressentir. Il avait du mal à croire qu’il ait pu commencer à l’apprécier vingt minutes plus tôt vu la haine viscérale qu’il lui inspirait à présent. Mais Charlie était très loin de plaisanter quand il s’agissait de sa fille et Jethro avait touché une corde très sensible. « Parce que si ta sœur te pardonne toutes tes conneries jusqu’à présent elle ne rigole pas non plus quand il s’agit d’Aaliyah. Et si tu ne fait que la toucher je te garantis que je n’aurais pas besoin de la convaincre de te foutre dehors. » Ils en avaient même parlé quelques jours auparavant, et sa femme avait été assez claire là-dessus. Elle ne croyait pas son petit frère capable de ça, elle avait même admis qu’ils pourraient rediscuter de la décision de le laisser vivre ici si jamais ça arrivait. Il espérait que cette menace serait suffisante, mais vu l'obstination de Jethro pour faire tout ce qui pourrait lui pourrir la vie, encore une fois, il en doutait. Mais il se devait d'essayer, il était incapable de laisser faire.

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Charlie pouvait voir qu’il l’avait vexé, juste à la façon qu’il avait de lui répondre que lui valait mieux que ça. Apparemment cette remarque n’était pas passée et avait agacé Jethro, eh bien tant pis, c’était la vérité après tout. Il n’allait quand même pas essayé de lui faire croire qu’il allait soudainement commencer à se comporter comme un ange ? Pour quoi ? Pour lui faire plaisir ? Charlie n’y croyait pas une seule seconde, et tant pis si ça l’avait vexé qu’il soit sincère avec lui. Il n’était pas d’humeur à lui accorder le bénéfice du doute, surtout qu’il faisait tout pour le faire baliser encore plus. Il se défendait en disant qu’il n’avait encore rien fait et qu’il n’avait pas l’intention de faire quoique ce soit pour le menacer et le provoquer l’instant d’après. Qu’est-ce que Charlie était censé croire au juste ? Parce que sous-entendre qu’Aaliyah n’avait aucune envie que Jethro garde ses distances ça ne risquait très certainement pas d’amadouer Charlie, bien au contraire même. Il avait voulu croire que Jethro n’avait pas remarqué, ou n’aurait pas été intéressé, mais il commençait très sérieusement à avoir peur. Son estomac se nouait rien que de penser que son beau-frère pourrait aller draguer sa fille maintenant. Dans d’autres circonstances il aurait pu laisser couler, mais c’était Jethro, la dernière personne qu’il voulait dans l’entourage de sa fille chérie. « J’ai pas besoin de lui demander son avis. » Répliqua-t-il, les dents toujours serrées. Il ne voulait pas se la mettre à dos ou l’empêcher de sortir mais sur le sujet Jethro elle n’aurait pas son mot à dire, pas tant que Charlie était vivant en tout cas. C’était inimaginable, et si même Jade était de son côté sur ce point là c’était qu’il avait forcément raison ! La suite ne fit que l’énerver davantage. Comment est-ce qu’il espérait se défendre s’il admettait lui-même que Charlie avait raison de se méfier ? Le médecin était trop en colère pour réfléchir réellement, il n’avait qu’une envie, empêcher Jethro de s’approcher de sa fille, par tous les moyens possibles. « Parce que je suis censé te donner le bénéfice du doute ? » Il avait haussé d’un ton sans le vouloir et il jeta un œil en direction de l’étage par réflexe, n’ayant pas particulièrement envie que sa fille entende leur discussion. Il se força donc à parler moins fort quand il poursuivit, son ton pas moins sec pour autant. « Parce que depuis que t’as débarqué ton comportement ne m’inspire pas vraiment confiance figure-toi ! » Il comprenait que Jethro n’aime pas se sentir attaqué, mais il ne fallait pas non plus déconner là ! Il allait essayer de lui faire croire qu’il était digne de confiance ? C’était un peu gros, et si Charlie savait que ça risquait de lui revenir en pleine gueule et que Jethro risquait de lui faire remarquer que lui non plus n’avait pas un comportement exemplaire, il avait fallu qu’il le dise. Et de toute façon, ce n’était pas de son attitude à lui qu’on était en train de parler. « Ça sert à rien de discuter avec toi, je vais courir. » Lâcha-t-il finalement, comprenant que ça ne servirait à rien de poursuivre. Il ne réussirait pas à le convaincre ou à le faire changer d’avis. Et s’il continuait il risquait de vraiment péter des câbles. Quand il était aussi énervé que ça, il allait courir, c’était le seul truc capable de le calmer. Et ça lui ferait du bien de ne plus voir la tête de Jethro et son sourire narquois. Il le contourna pour sortir de la cuisine et monter à l’étage.