avant, t'étais à moi (elizabeth)

Elizabeth a une soeur jumelle, dont elle a été séparée très jeune, et dont elle ignore pour l’instant l’existence + Elle a une cicatrice sur le bras gauche qu’elle a récoltée dans un petit accident de vélo quand elle avait 6 ans. Son meilleur ami de l’époque lui avait parié qu’elle ne pouvait pas rouler jusqu’à la supérette du village sans toucher le guidon des mains. Il avait raison + Elizabeth déteste son prénom, elle le trouve trop bourgeois, trop petite aristocratie bien posée. Elle préfère qu’on l’appelle Lizzie, ou Liz + Elizabeth sait qu’elle a été adoptée et que ses parents sont morts, mais elle ne sait pas comment. Plus jeune, elle a posé la question à ses parents adoptifs, mais en voyant l’expression sur leur visage, elle a compris qu’elle ne saurait rien. Depuis, elle évite la question et essaie de se convaincre que, de toute façon, elle s’en fiche + Elizabeth sort avec beaucoup de garçons depuis le lycée, sans jamais s’attacher. Elle a perdu sa virginité à 15 ans, avec un gamin de l’équipe de rugby du lycée. Elle n’en garde pas un très bon souvenir, mais au moins c’est fait. Depuis, elle prend plaisir à papillonner d’un garçon à l’autre, mais jamais sérieusement + Elizabeth étudie le droit à l’université de Brighton, mais elle s’en fiche complètement. Elle a simplement pris ça pour faire plaisir à ses parents et parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut faire de sa vie. Et puis, le droit ça paraissait plus simple que médecine + Elizabeth couche régulièrement avec un homme marié, son professeur de droit international à l’université. Elle raconte à toutes ses amies qu’elle a une relation avec un homme mais qu’elle ne peut pas leur en dire plus. Elle leur en dit juste assez pour qu’elles comprennent que la relation est interdite, mais pas pour savoir avec qui. Elle se dit que c’est sa manière de se rebeller, de montrer à tout le monde qu’elle se fiche des codes, et qu’elle peut faire ce qu’elle veut. La vérité, c’est qu’elle s’est attachée à cet homme, et qu’elle commence à vraiment avoir des sentiments pour lui + Elizabeth dira à qui veut l’entendre qu’elle déteste les familles aisées de Donwell, qu’elle est pour un système plus égalitaire, et qu’elle pense que le règne de la bourgeoisie a assez duré. Dans les faits, elle est elle-même assez snob et ne se gêne pas pour profiter des privilèges dont sa famille jouit.

”Maman, je peux aller jouer avec Frank ? On peut appeler ses parents pour qu’ils l’amènent ici.” La mère d’Elizabeth laissa échapper un soupir avant de croiser les bras contre sa poitrine. Un mauvais signe, Lizzie le savait. Elle avait prit l’habitude d’obseerver les comportements de sa mère pour savoir quand elle pouvait lui demander des choses ou non. Les bras croisés sur la poitrine, ça voulait dire qu’elle avait fait une bêtise. ”Viens là, il faut qu’on parle. La petite secoua la tête, instinctivement. ”C’est pas moi qui l'ai fait, c’était Lydia.” La fille de la voisine, une petite peste que Lizzie détestait plus que toutes les autres filles de la classe. Blâmer Lydia, ça marchait toujours. ”Comment ça ? Arrête de dire des bêtises s’il-te-plaît, j’ai quelque chose à te dire. Quelque chose à lui dire ? Si ce n’était pas pour la punir, Lizzie ne savait pas pourquoi sa mère auprès pu prendre cet air sérieux. Quoi qu’il en soit, ça n’avait pas l’air d’être une bonne nouvelle. ”Frank ne pourra pas venir jouer avec toi cet après-midi. En fait, il ne pourra plus venir du tout.” Elle en était sûre. Ses parents avaient toujours détesté Frank, même s’ils faisaient semblant du contraire. Et ils voulaient leur interdire de jouer ensemble. Elizabeth fit un pas en avant pour parler, mais sa mère leva la main pour l’empêcher de lui couper la parole. ”Frank est parti, il a déménagé ce matin avec sa mère.” Plus tard, la petite Lizzie se demanderait pourquoi juste avec sa mère, et pourquoi son père n’était pas parti avec eux, mais à cet instant, tout ce qu’elle pouvait se dire, c’était que c’était un mensonge. Ce n’était pas possible. Non, sa mère lui mentait, ou alors si c’était vrai, c’était de sa faute. C’était elle qui avait fait fuire Frank, elle et son père. ”Non, il n’est pas parti !” Elle cria sur sa mère avant de se ruer dans sa chambre. Sa mère essaya bien de la retenir, mais elle décida finalement de la laisser pleurer tranquillement. Elle faisait souvent ça, sa mère.

Quelques heures plus tard, Lizzie sortit de chez elle pendant que sa mère était dans le jardin, et pendant que son père regardait la télé. Elle courut jusqu’au parc du village, là où elle avait l’habitude de jouer avec Frank. Elle l’attendit pendant des heures, mais sans le voir arriver. Quand un policier se pencha finalement vers elle, il était 19 heures passées, et le visage de la petite fille était couvert de larmes. ”Allez petite, il est temps de rentrer chez toi. Tes parents t’ont cherchée tout l’après-midi.”




”À ce qu’il parait, le prof de droit international est canon.” Elizabeth écoutait ses amies papoter dans les couloirs de la fac en route pour leur premier cours de droits international. Elle avait effectivement entendu des rumeurs comme quoi leur professeur était plutôt mignon. Un professeur d’une quarantaine d’années, avec les cheveux poivres et sels, toujours mal rasé, et avec un sourire à faire fondre les coeurs. Elizabeth refusait de se mêler à leur discussion. Qu’il soit mignon ou pas, ça n’allait pas changer grand chose à son programme pendant ses cours. Au mieux, elle attendrait 5 minutes pour s’endormir, le temps de se rincer l’oeil un peu, mais pas plus. Elle partit s’asseoir dans l’amphi, faisant glisser son sac sur son bureau pour l’utiliser comme oreiller. Elle ne prenait plus de livres dans son sac, ils étaient lourds et pas très confortables pour faire une sieste. À la place, elle avait commencé à glisser des écharpes ou des bonnets. C’était quand même plus agréable. Elle entendit la porte à côté de l’estrade s’ouvrir, puis se refermer, mais ce n’est que quand le professeur prit la parole qu’elle leva les yeux de son coussin de fortune. Le professeur avait une voix grave, du genre à vous rendre les ménagères un peu fébriles en l’entendant, et ce timbre si particulier attira son attention, qu’elle l’ait voulu ou non. Il commença à faire l’appel, et elle se retrouva comme hypnotisée, incapable de détourner le regard. Il finit par appeler son nom et se tourner dans sa direction, un petit sourire aux lèvres. C’était comme ça que tout avait commencé.