And then I crashed into you [Charlie]

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Charlie détestait se sentir aussi faible. Ça aurait été tellement plus facile de faire face à Jethro s’il avait su rester énervé, s’il ne finissait pas par se décourager totalement devant son attitude et ses arguments. Il voulait être capable de lui tenir tête, de lui faire rentrer dans le crâne une bonne fois pour toutes qu’il ne pourrait pas continuer à faire ce qui lui plaisait sans en souffrir un jour les conséquences. Mais il savait qu’il était assez mal placé pour parler, et il voyait bien que ses paroles n’avaient jamais le moindre effet sur son beau-frère. Les rares fois où il avait réussi à lui soutirer autre chose qu’une provocation ou un sourire plein de sous-entendus, ça avait été quand il avait décidé de se montrer totalement honnête. Peut-être que c’était pour ça qu’il avait choisi de l’être à nouveau, ou bien peut-être que ça le faisait tout simplement chier d’être constamment en conflit avec Jethro. Peut-être qu’il avait envie de lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas obligés de continuer comme ça, qu’ils pourraient peut-être même réussir à se supporter, voire à s’entendre ! S’ils voulaient bien tous les deux juste faire quelques efforts. Visiblement Jethro n’était pas impressionné par les siens, il s’était attendu à quoi ? Une déclaration d’amour ? Alors ouais c’était peut-être pas un super compliment, et peut-être que c’était pas le truc le plus flatteur pour son égo qu’il aurait pu dire, mais merde ça lui en avait déjà assez coûté de dire ça. Il était sur le point de le contourner pour rentrer, de nouveau légèrement agacé que Jethro ne semble pas attraper la branche d’olivier qu’il s’efforçait de lui tendre, mais il resta sur place en entendant la suite. Et quelques secondes après il regretta de ne pas s’être enfui alors qu’il en avait encore l’occasion, maintenant que Jethro était revenu vers lui et tenait les pans de sa veste ça allait être plus difficile. Il haussa un sourcil en entendant sa question, il ne s’était pas attendu à ce qu’il demande ça de manière aussi… naturelle. Presque sérieuse. Il attendait quoi au juste comme réponse ? Un nombre de conneries limite avant que Charlie ne commence vraiment à péter des câbles ? Jusqu’où il pouvait aller ? « J’en sais rien. » Répondit-il en toute franchise, légèrement désarçonné par la question de Jethro malgré lui. Il haussa les épaules. « Je te le dirai quand tu seras allé trop loin. » Ajouta-t-il, ne sachant pas lui-même tout ce qu’il était prêt à supporter avant de cesser de faire des efforts et de prendre sur lui. Il savait ce que Jethro pourrait faire et qu’il ne supporterait pas, mais son beau-frère le savait lui aussi déjà très bien. S’il n’avait pas compris qu’il ne devait pas toucher Aaliyah alors il ne le comprendrait jamais et ça ne servirait à rien de le lui répéter. C’était peut-être le seul truc que Charlie était en mesure d’imaginer et qui le braquerait suffisamment pour ne plus avoir envie d’essayer. Ses sous-entendus et sa façon de venir le chercher comme il le faisait avaient cessé de vraiment l’agacer au moment où il avait choisi de lui rendre son baiser. Et pourtant il avait choisi de dire « quand tu iras trop loin » et pas « si tu vas trop loin », il savait qu’il finirait par franchir la ligne, dans sa tête c’était inéluctable. Il sentait bien que Jethro poussait et poussait juste pour voir jusqu’où il pourrait aller, et il ne s’arrêterait que quand il aurait compris qu’il aurait dû s’arrêter avant justement. Sa question en était d’ailleurs une preuve supplémentaire. « Si c’est pas m’énerver que tu cherches à faire en tout cas tu t’y prends très mal. » Commenta-t-il, sans le moindre énervement pourtant, avant de venir attraper à son tour la veste de Jethro et de la resserrer sur lui. Il lui donnait froid comme ça, n’empêche qu’ils avaient l’air malin maintenant. Ils auraient juste pu rentrer, ou tenir eux-même leurs vestes, mais non, ça aurait été trop simple. « Mais vas-y, explique-moi, si tu veux pas m’énerver alors c’est quoi que tu veux ? » Il releva les yeux vers le visage de Jethro. Il savait très bien la perche qu’il était en train de lui tendre à lui demander ça, et peut-être que c’était exactement ça qu’il cherchait. Il commençait à s’en rendre compte, peut-être qu’il avait envie que Jethro recommence à lui faire des avances, flatte son égo en lui disant qu’il avait envie de lui. Pourtant il avait posé la question de manière totalement sincère, il aurait également aimé vraiment comprendre ce qui se passait dans la tête de son beau-frère. Il aurait aimé l’entendre dire exactement ce qu’il cherchait en venant le chercher comme ça, alors qu’il aurait très pu ne pas le faire et aller s’amuser avec quelqu’un d’autre.

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Non, tant qu’il n’aurait pas dépassé les limites, Charlie serait incapable de déterminer exactement où il allait les placer, où il voulait les placer même. Si on lui avait demandé il y a encore un mois comment il aurait réagi si Jethro avait commencé à le draguer et était venu l’embrasser, il n’aurait très certainement pas répondu qu’il se serait laissé faire, et encore moins qu’il aurait aimé ça. Non, il aurait probablement dit qu’il en aurait parlé à Jade et aurait tout fait pour ne plus jamais le revoir. C’était bien la preuve que Charlie ne savait pas lui-même ce dont il était capable, ce qu’il était capable d’encaisser et pire encore, ce dont il avait secrètement envie. Mais sa réponse n’avait pas eu l’air de gêner particulièrement Jethro, au contraire même, ça devait bien l’arranger qu’il ne lui donne pas de réponse claire, nette et tranchée. Comme ça il pouvait bien continuer à n’en faire qu’à sa tête. En tout cas lui avait touché dans le mille avec sa question et ça devenait de plus en plus dur de réussir à se convaincre que ça n’avait pas été exactement ce qu’il avait cherché. Que Jethro recommence à se rapprocher, à venir le chercher, à lui lancer ce sourire malicieux qui lui donnait envie de fondre sur place et qui accélérait les battements de son cœur à chaque fois. Il voulait continuer à se faire croire qu’il était capable d’être raisonnable, qu’il n’avait pas envie de ça, de cette proximité, de ces moments volés, mais ça commençait à lui demander des efforts considérables. Des efforts qu’il n’avait plus envie de fournir quand Jethro resserrait ses mains sur sa veste pour le garder près de lui. « Je dis juste que si c’est ça ton but, tu aurais des moyens plus efficaces d’y arriver. » Des moyens beaucoup plus efficaces même, parce que lui le fait de s’énerver ça ne le mettait pas particulièrement dans le mood. Il préférait clairement quand Jethro se moquait gentiment et lui lançait ses regards plein de sous-entendus. Ça, de suite, ça marchait beaucoup mieux. Le souvenir de l’autre fois, du whisky et de la cuisine, le fit sourire malgré lui. Il aurait du se sentir coupable, et une partie de lui la ressentait bien cette culpabilité, elle n’était juste pas assez vocale pour lui couper toute envie de rester là et de repenser à ce qu’ils auraient pu partager si sa fille ne les avait pas interrompus. « Je pense pas que ce sera nécessaire. » Répondit-il, le souffle plus court déjà. Il aurait aimé le dire avec humour, d’un ton moqueur, mais il n’en avait pas été capable et les mots étaient sortis tout seuls, sans l’autorisation de son cerveau. Il n’avait pas envie de l’écouter de toute façon, il avait juste envie de retrouver la même sensation qu’il avait ressentie les deux autres fois. Cette sensation de ne plus être juste le père de famille raisonnable, le mari sur qui on pouvait compter, le nouveau malade et possible futur infirme, mais juste lui. Celui qui se découvrait des penchants insoupçonnés et qui avait envie de comprendre jusqu’où il était capable et avait envie d’aller. Il lâcha la veste de Jethro et laissa glisser ses mains sur lui jusqu’à venir trouver une place sur ses hanches. Lui non plus n’avait soudainement plus envie qu’il s’échappe. Comme l’autre fois pourtant ses gestes restaient timides, il ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer Jethro se moquer de lui et le rejeter, il ne l’aurait pas supporté. Tout ça c’était encore tellement nouveau pour lui, dans une certaine mesure, il ne pouvait pas juste prétendre que c’était facile, que c’était évident. Rien n’était évident pour lui dans cette situation, à part ce qu’il avait envie de faire. Il rapprocha son visage, doucement, lentement même, comme s’il avait peur. C’était le cas d’ailleurs, il avait peur, il était terrifié même. De ce qu’il faisait, de ce qu’il avait encore plus envie de faire, de la réaction de Jethro. Il avait l’impression d’être retombé en adolescence, c’était à la fois agaçant et enivrant. Il se rapprocha encore un peu et croisa rapidement le regard de Jethro avant de venir poser ses lèvres sur les siennes. Trop tard pour reculer maintenant, trop tard pour faire semblant qu’il n’en crevait pas d’envie depuis la dernière fois.

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Toute cette situation paraissait encore irréelle à Charlie, mais c’était plus fort que lui, plus fort que la voix dans sa tête qui ne cessait de lui répéter qu’il allait finir par le regretter, qu’il jouait avec le feu, que ça n’en valait pas la peine. Il avait cessé d’écouter. Il avait envie de savoir ce que ça faisait encore, il avait envie de voir ce petit sourire satisfait venir étirer les lèvres de Jethro, celui qu’il détestait autant qu’il l’adorait. Il avait envie de lui, c’était aussi simple que ça. C’était dans ce genre de moment qu’il se demandait pourquoi c’était aussi dur que ça à admettre pour lui, pourquoi il se faisait tant violence pour le garder loin de lui et ne pas craquer à nouveau, alors qu’à cet instant précis, ses lèvres contre les siennes lui paraissait être la chose la plus naturelle du monde. Il resserra sa prise sur les hanches de Jethro en sentant ses lèvres s’écarter, par pur réflexe. Non, il ne fallait pas qu’il s’éloigne, il n’avait pas le droit, et l’espace d’un instant Charlie sentit la panique l’envahir. Est-ce qu’il avait fait une connerie ? Heureusement que son beau-frère ne s’écarta pas complètement, au contraire, il s’était rapproché pour venir se coller contre lui quand il avait commencé à l’embrasser. Il ne fallait pas qu’il parle, non, ils étaient capable de dire une connerie et de recommencer à se prendre la tête et maintenant c’était bien la dernière chose dont Charlie avait envie, son esprit étant focalisé sur une autre façon d’occuper leur temps. Il ne savait pas si Jethro était dans le vrai, si c’était ce qui allait marcher à tous les coups, il n’avait pas envie d’y penser et une petite partie de lui n’avait pas envie de lui dire non plus ce qui allait marcher sur lui. Trop risqué. De toute façon il n’en savait rien lui-même, les dernières fois c’était la lassitude de devoir faire ce qu’on attendait de lui qui avait fini par le faire craquer. Il était trop près de lui, à venir éfrôler ses lèvres comme ça, à jouer avec ses nerfs, à l’empêcher de réfléchir correctement. C’était une très mauvaise idée et il le savait, mais il ne put s’empêcher de répondre, un petit sourire malicieux au coin des lèvres malgré lui : « Mal, probablement. » Mais son ton trahissait tout sauf de l’appréhension, au contraire même. Peut-être qu’il avait envie que ça finisse mal, peut-être qu’il ne rêvait que de ça même. Il remonta ses mains dans le dos de Jethro, sous sa veste, pour le rapprocher encore plus et l’empêcher de reculer à nouveau, avant de venir reprendre possession de ses lèvres. Ils n’avaient pas assez discuté comme ça franchement ? Rassuré sur le fait que son beau-frère ne risquait pas de s’éloigner de lui il ne cherchait plus à faire preuve d’autant de retenue. Il pouvait le sentir frissonner légèrement sous ses doigts, sans doute à cause du froid, mais il avait du mal à se forcer à s’écarter de lui assez longtemps pour leur permettre de rentrer. Il sentait l’excitation monter en lui et ce ne fut que quand il commença à vraiment ressentir la frustration de ne pas pouvoir faire beaucoup plus que l’embrasser qu’il le força à s’écarter doucement de lui, se dirigeant sans plus attendre vers la porte fenêtre. Il se tourna vers lui une fois dans l’encadrement de cette dernière. « Viens, on va finir par choper la crève si on reste là. » Il était déjà fier de lui d’avoir réussi à aligner trois mots sans balbutier ou se tromper, son cerveau ayant cessé de fonctionner depuis bien deux minutes maintenant. Il lança un petit sourire timide à Jethro, comme par peur que celui n’ai encore changé d’avis et décide de l’abandonner là et de rester dehors. Pour le coup, il aurait très mal pris, et il n’avait qu’une hâte : retrouver le corps de Jethro contre le sien.

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