alan debenham - doesn't want to go ;)

Alan a grandi à Donwell, mais il a fait ses études à Brighton - il n’a pas toujours voulu être psychologue, au départ étant petit, il souhaitait devenir avocat - il a commencé des études pour être professeur de littérature anglaise, avant de se raviser et de faire de la psychologie - il est divorcé depuis quatre ans, parce que son boulot est sa priorité, après sa fille - il a ses habitudes au pub, même s’il évite de trop boire - il a la garde exclusive de sa fille, parce que son ex-femme ne s’occupait jamais d’elle - il ne changerait pour rien au monde son mode de vie un peu « à la campagne », tranquille - il adore aller au bord de la mer, pas pour faire de la bronzette ou se baigner, mais juste pour observer les vagues et se promener sur les sentiers côtiers - son péché mignon est le nougat chinois, il pourrait manger une boîte entière sans s’en rendre compte - il déteste le fromage, mais tuerait pour une bonne bouteille de vin rouge - il parle français et a suivi des cours de psycho à la fac en langue française qui ne comptaient pas dans son cursus - il déteste reconnaître qu’il a tort et il essaie de travailler sur lui-même depuis son divorce parce qu’il sait qu’il n’a pas un caractère facile tous les jours…  

Grandir dans une bourgade comme Donwell, dans les années 1980 et 1990, ce n’était peut-être pas ce qu’il y avait de plus passionnant. Pour Alan, cette ville a toujours été un berceau, sa ville de coeur, et quand bien même il s’y était copieusement ennuyé durant de longues années pendant son adolescence, y revenir après ses études avait été une évidence. D’abord, parce qu’elle était toute sa vie. Il y retrouvait ses parents, mais également sa sœur Penny, de quelques années sa cadette. Une famille unie, modèle, comme l’on en voyait très souvent dans les villages et petites villes d’Angleterre. La perfection, qu’il recherchait pour sa propre vie. Il n’aspirait pas à une vie riche, emplie de voyages, de grosses voitures, de popularité. Tout ce que ses parents avaient pu lui inculquer lui allait parfaitement bien.
Et puis, à Donwell, il y avait Juliet. Il avait quatre ans de plus qu’elle, c’était une amie de sa sœur, elles allaient à l’école ensemble. Alan n’y prêtait jamais attention, parce que c’était des gamines, et quand bien même il adorait et surprotégeait sa sœur, il ne voulait surtout pas traîner avec elle et ses copines. Comme tous les anglais, il passait son temps à jouer au football ou au rugby, à traîner dehors jusqu’à pas d’heure en faisant des courses de VTT, à se planquer dans des coins reculés du centre ville pour boire de la bière en cachette et fumer ses premières cigarettes… Pourtant, il était tombé amoureux d’elle, de Juliet. Sans comprendre pourquoi, quand il eut dix-sept ans, qu’il était en train de finir son secondaire, et qu’il s’apprêtait à aller étudier à Brighton, il avait posé un regard différent sur elle, et il avait ressenti ce que ses copains déjà en couple appelaient l’Amour… Il n’avait pas fallu longtemps avant qu’il ne l’aborde, amicalement au départ, parce qu’il se sentait totalement illégitime de par son âge, et puis, les années passant, elle devint sa copine, officiellement, alors qu’il avait commencé ses études à Brighton depuis quelques temps déjà.


Tess, c’est la chose la plus précieuse qu’Alan ait pu avoir dans sa vie. Elle est arrivée par surprise, sans que Juliet et lui ne s’y attendent. Ils étaient jeunes, mais pour Alan c’était une évidence, elle était le fruit de leur amour, et ils ne pouvaient que garder cette enfant qui ferait leur bonheur durant de longues années. C’était tout ce qu’il avait toujours voulu. Il finissait ses études, il avait déjà des pistes, grâce à ses parents, pour s’installer dans un cabinet bien à lui dans Donwell. Rien ne pouvait être plus beau pour ce début de carrière. Il serait proche de la maison, disponible à toute heure pour ses patients, mais aussi pour sa famille. Du moins c’était ce qu’il croyait. Il n’avait d’yeux que pour sa princesse, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux, mais il avait développé une telle passion pour son métier, pour l’écoute de ses patients, qui certes au départ n’étaient pas nombreux, mais dont le nombre commençait à croître, à son plus grand bonheur, jusqu’à avoir un agenda plein, semaine après semaine, qu’il passait de moins en moins de temps à la maison. Ce n’était pas si dramatique pour lui : quand il rentrait le soir, il profitait quand même, et il était heureux.

Néanmoins, ce n’était pas suffisant. Cela n’avait jamais été suffisant. Parce que Juliet n’avait jamais voulu d’enfant si jeune. Elle avait vingt ans quand Tess était arrivée dans leur vie, elle était paumée, et ne savait pas quoi faire de sa vie. Alan l’avait convaincue, il avait réussi à lui faire comprendre que l’instinct maternel allait venir, il était si heureux… sauf que l’instinct n’était jamais venu, et que Juliet ne savait pas s’occuper de cette enfant. Et Alan n’y voyait rien, il ne comprenait rien, il était investi à cent pour cent dans son cabinet, et prenait souvent du retard sur ses séances, ne rentrant que tard le soir, une fois que tout le monde était au lit. Et un jour, après une longue journée de labeur, Alan rentra chez lui pour découvrir sa fille couchée dans son lit, mais la maisonnée complètement vidée des affaires de Juliet. Elle était partie, sans dire un mot, sans prévenir, sans qu’il ne sache ce qu’il se passait, laissant la petite livrée à elle-même. Lorsqu’il la réveilla, histoire de voir si elle en savait quelque chose, Tess ne pipa mot, elle ne savait pas où était sa mère. Durant toute la soirée qui suivit cet évènement, Alan fit les cent pas dans le salon, persuadé que sa femme allait revenir. Elle ne revint jamais.


En réalité, il perdit un peu le fil du temps. Du jour au lendemain, il dut changer son mode de vie. Il devait toujours autant travailler, pour continuer à satisfaire sa patientèle, mais il devait aussi s’occuper seul de sa fille. Alan était têtu, et un obstacle n’avait jamais encore été haut pour lui. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, pour quelle raison Juliet était partie. Le lendemain, il avait appelé les parents de son épouse, qui ne savaient pas plus que lui ce qu’il s’était passé - ou du moins le cachaient rudement bien - puis il avait contacté les services de police pour lancer une procédure de recherche… qui n’avait conclu à rien dans les premiers temps. Il était paumé, Alan, parce qu’il était abruti d’amour et il avait toujours été persuadé que les décisions qu’ils avaient prises à deux étaient les bonnes. Rien ne clochait dans leur vie, tout le monde était heureux… non ? La police cessa de la chercher, concluant qu’elle s’était enfuie, et Alan ne pouvait y croire. De plus en plus abasourdi, il n’eut d’autre choix, de toute façon, que de s’occuper de sa fille et de continuer à travailler.
Jusqu’à ce qu’il reçoive un jour, par le courrier, une grande enveloppe en kraft, contenant des papiers tous signés et paraphés de la main de sa femme. Des papiers provenant d’un cabinet d’avocats. Des papiers de divorce. Le monde s’effondra autour de lui, mais il comprit enfin ce qu’il s’était passé. Qu’il avait été trop bête de croire qu’elle aurait pu être honnête et lui dire les choses en face. Qu’il s’était fait berner. Qu’elle n’avait jamais supporté qu’il lui fasse croire qu’elle allait être une bonne mère. Et après l’incompréhension vinrent la haine et la peine. L’envie de la revoir pour lui dire ses quatre vérités. L’impulsivité étant un vilain défaut, ce fut une chance pour elle qu’Alan ne l’ait revue qu’en présence d’avocats, pour clore le dossier de leur divorce… A partir de cet instant, sa priorité était devenue sa fille, quoi qu’il arrive, puisqu’elle lui avait « gracieusement » laissé la garde de leur enfant unique.


Tout cela s’est déroulé il y a quatre ans. Depuis, la petite Tess a bien grandi, et elle est toujours collée à son père. Si Alan nourrit toujours beaucoup de sentiments négatifs envers elle, il est certain qu’il éprouve encore une immense affection, malgré tout, à son égard. C’est la seule et unique femme qu’il ait aimé dans sa vie, sans jamais avoir eu l’occasion de tomber de nouveau amoureux. Quant à sa fille, elle déteste probablement sa mère, elle ne l’évoque pas énormément, et Alan n’est pas décidé à faire une séance de psychologie sur sa propre progéniture… La vie continue, malgré tout.